Carte postale : Cambodge en vrac

Publié le 11 mai 2014 par Diana

Chaleur. Aéroport. Douane. Pots-de-vin. Je conduis sans permis. Pots-de-vin. En moto sans casque (pour le conducteur, pas le(s) passager(s)), pot-de-vin. Je suis blanc, un barang, je pense avoir du succès avec les filles et puis non, en fait j’en ai plus avec les mecs ! Les gens ici sont doux, tactiles, gentil(le) et souriant(e). Je décide de marcher, me fais harceler par les tuk-tuk et les motodop pressant, oppressant. Il fait chaud, je m’enfile une bière avec des glaçons. J’ai faim, tape dans la street food, attrapent un vendeur ambulant stationné dans les pots d’échappements. Quelques brochettes, papiers toilettes comme serviette, les khmers rotent ne s’excusent pas. Mon pote Fred y trouverait son royaume au « Royaume des Sourires » où tout le monde sourit, ou presque, aimant se faire photographier. Je paie en dollar, on me rend le change en riel. Je me balade le long de ces maisons sur pilotis, vieille bâtisse en bois, battisses modernes cimentées. Je continue à me balader le long de ces maisons avec des grilles aux fenêtres. La vie est dans la rue, et les portes d’entrée de maison ouvertes jusqu’au couché des résidents. Voiture stationnée devant, la nuit dedans, dans le salon. Cherche mon chemin passant du 134 au 31 puis au 7 avant de retrouver un peu plus loin, dans cette même rue un autre 134. Je me perds dans les mariages qui pullulent à partir de novembre, s’étalant sur les trottoirs et les routes. J’esquive ces estropiés mendiants, longeant les murs tristes de S-21, bâtiment si banal, perdu au milieu de ce nulle part. Je croise ces gosses et cette grand-mère qui fouillent dans les poubelles. Les khmers sont les champions du tri sélectif ! Je retire constamment mes chaussures à l’entrée d’une maison, d’un appart’, de certaines boutiques,… aux toilettes, il n’y a pas de papier toilette mais… un jet d’eau (?) Au resto, je jette mes détritus par terre. On ne trinque pas qu’une fois… mais à chaque fois qu’on porte notre verre à notre bouche. Bar à péripatéticiennes qui se jouxtent, péripatéticiennes de la rue qui tapinent, massage à 10 000 riels synonyme de passe, blancs cheveux blancs avec jeunes et belles khmères, rien ne choque plus. On s’habitue à tout en jalousant leur célibat. Elles, rêvant peut-être de trouver un « riche » qui les sortira de là. C’est ce que me dit mon guide de Mondolkiri qui en rit jaune en se plaignant qu’elles sont toutes comme ça : matérialistes, qu’elles ne te voient que si tu es véhiculé et que la dote, c’est en milliers de dollars. En attendant, les gosses des temples qui vendent des cartes postales et bracelets te causent 36 langues, te jaugent à la tronche et devinent ta nationalité : Barang. Ici, Phnom Penh je n’achète pas en prêt-à-porter mais sur-mesure au milieu de cette bourgeoisie en 4x4, de cette jeunesse coréanisée, de ces filles en bande habillées du maillot de foot du Barça, de cet immobilier à l’arrêt tandis que cette oligarchie politique s’affaire dans l’affairisme, lorsque je compte en centaine les expulsions. Je me promène. J’adore Phnom Penh. J’ai la turista. J’aime moins Phnom Penh. J’aimerais donner à ce petit qui vend son jasmin au feu tricolore comme j’aimerai donner à tous ces petits qui mendient. Mais ce ne serait pas les aider mais aider ceux qui les exploitent. J’oublie juste que je suis radin lorsque je m’enrhume avec 30° dehors. La cause ? Ces climatisations mal réglées. Au milieu des contestations réprimées dans le sang (élections législatives et manifestations de décembre 2013), je dis oui à un Cambodge sans clim’ ! Je me mouche, à ce que l’on dit se moucher en public est le pire des affronts ici. Je continue à me promener sur le marché, les mouches sur les étals à viandes, à poissons presque à même le sol, posés sur une bâche en plastique. Je me trouve pathétique de marchander des souvenirs qui coûtent trois fois rien pour trois fois rien de rien. J’arrive à la fin. Je joins mes mains et vous salue bien.
                              I.D.