Friends with better lives est une nouvelle sitcom diffusée depuis le début avril sur les ondes de CBS aux États-Unis et Global au Canada. D’un point de vue humoristique, elle met en scène les histoires de cœur (et de sexe) un groupe d’amis, à commencer par Andi (Majandra Delfino) et Bobby (Kevin Connolly) qui sont mariés depuis plusieurs années et attendent un second enfant. Il y a aussi Will (James Van Der Beek) qui vient tout juste de divorcer, Kate (Zoe Lister-Jones) l’éternelle célibataire aussi difficile qu’aigrie alors que Jules (Brooklyn Decker) vient d’éprouver le coup de foudre à l’égard de Lowell (Rick Donald). De son côté, Bad Teacher est un remake du film de 2011 du même nom dans lequel Meredith (Ari Graynor), récemment divorcée et sans le sou, parvient à se faire engager dans une école primaire d’un quartier huppé. Loin de vouloir instruire la jeune génération, elle cherche plutôt à mettre le grappin sur un des pères divorcés des élèves afin de vivre dans l’oisiveté pour le restant de ses jours. Après qu’un bon nombre de comédies de la saison 2013-14 n’aient pas gagné la faveur du public, on constate que dans ces deux cas, CBS a rejeté toute audace et préféré miser sur des concepts déjà exploités qui ont fait leur preuve, ce qui est d’ailleurs caractéristique de la chaîne. Si la première série est plus amusante que prévue, on peine à croire que le thème de la jeune femme à la recherche d’un sugar daddy que l’on retrouve dans la secondesoit encore exploité à la télévision en 2014.
Friends 2014?
Six hommes et six femmes dans la trentaine, très différents les uns des autres, mais qui forment un clan soudé; on se croirait dans un remake de Friends. Dans ce groupe, on a deux romantiques, deux pragmatiques, un naïf et une célibataire endurcie et leurs sujets principaux de conversations tournent autour de l’amour du sexe; de quoi nous rappeler aussi Sex & the city. C’est justement ce mélange que l’on retrouve dans Friends with better lives. Andi et Bobby sont ensemble depuis longtemps. Pour eux, la chose la plus jouissive qu’ils puissent faire un vendredi soir, c’est de regarder en rafale des épisodes de Homeland. Quand ils se comparent avec leurs amis, ils se trouvent ennuyeux et font tout pour mettre un peu de piquant dans leur couple. Ils hébergent Will qui se remet difficilement de son divorce qui vient d’être prononcé. Lorsqu’il tente de se remettre sur le marché, il se rend vite compte qu’il est loin d’être un Casanova et sa naïveté lui joue souvent des tours. Son opposée est Kate. Toujours célibataire, elle joue la femme fatale indépendante, mais on sent qu’elle jalouse la stabilité du couple de Bobby et d’Andi et surtout l’amour naissant entre Lowell et sa meilleure amie Jude. Cette dernière est mannequin et lui, propriétaire d’un restaurant végétarien. Dès leur rencontre, c’est l’amour fou et ils décident de se fiancer. Lowell vient d’Australie, et bien qu’un peu trop zen pour les autres membres du clan, il parvient néanmoins à s’intégrer.
Alors qu’on se retrouve en fin de saison régulière et à cause des récents flops du côté des comédies américaines exploitant l’amour et les rencards (Mixology est la pire), on a tendance à dénigrer à l’avance les nouveautés comme Friends with better lives. Mais comme l’écrit Dennett Wilford dans le Huffington Post : «But since expectations tend to be the biggest source of disappointment out there, I kept them low — which is really the best way to approach any new show. » C’est exactement ce que l’on ressent quand on se donne la peine de regarder la série. Certes, les personnages sont typés et on use un peu trop des mots « vagin » et « pénis » pour provoquer le rire chez l’audience, mais ces personnages sont sympathiques et se retrouvent dans des situations assez cocasses (Kate qui couche avec un prostitué sans le savoir, Will qui se fait expliquer les règles élémentaires des selfies sexy, un anniversaire de mariage organisé par Bobby pour sa femme et qui tourne au désastre, etc.). Quand on met en scène ces thèmes maintes fois exploités, il est très difficile d’être original sans tomber dans la caricature. À défaut d’être très drôle, on passe tout de même un bon moment avec Friends with better lives, notamment grâce aux dialogues incisifs.
Les avantages de la beauté
Le monde de Meredith s’écroule lorsque son divorce d’avec un homme très riche est prononcé. C’est qu’elle avait signé à l’époque un contrat prénuptial qui stipulait qu’en cas de séparation, elle renonçait aux avoirs de son mari. À la recherche d’une nouvelle « proie », elle copie un C.V. trouvé sur Internet et parvient à se faire engager par Carl (David Alan Grier), un directeur un peu trop sensible à ses charmes et lui aussi récemment divorcé. En classe, elle fait remplir à ses élèves des questionnaires quant à leurs parents, dans lequel elle demande leur âge, statut matrimonial, avoirs… de quoi dénicher la perle rare en temps voulu. Elle va même jusqu’à inviter certains pères à l’école afin qu’ils donnent des mini conférences sur leur travail, ce qui lui donne une bonne excuse pour faire plus ample connaissance. Ces stratagèmes amusent sont ancienne flamme, Joel (Ryan Hansen), qui est l’actuel professeur d’éducation physique et Irene (Sara Gilbert), une autre enseignante mal dans sa peau qui vénère la nouvelle venue. Seule Ginny (Kirstin Davis), une autre enseignante autoritaire voit clair dans son jeu et fait tout ce qu’elle peut pour obtenir sa démission… sans succès.
Tout comme Friends with better lives, l’influence d’autres séries produites cette année crève les yeux dans Bad teacher. Le personnage de Meredith ressemble beaucoup à celui de Rudi Wilson dans Mother Up! (superficielle, égocentrique, plus intéressée à ses chaussures qu’à ses enfants, etc.) De plus, Meredith a tendance à prendre le parti des jeunes élèves laissés pour compte, tout comme Will dans About a boy. Ce mash-up d’influences qui fait qu’on touche à tout sans vraiment explorer une de ses avenues à fond à inspiré Brian Lowry ce nouveau titre pour la série : « Teacher With Bad Impulses and High Heels, but a Good Heart ». En effet, on retrouve le même leitmotiv au cours des épisodes. Au commencement, Meredith ne pense qu’à draguer, puis elle rencontre un homme (aussi égocentrique qu’elle) et flirte avec lui, pour finalement être réaliser qu’elle doit prioriser les élèves qui ont besoin d’elle. En théorie, la formule fonctionne, mais est-ce que le thème de la blonde pulpeuse à la recherche d’un mari riche n’est pas un peu suranné dans notre paysage télévisuel? D’autant plus qu’elle n’y va pas de main morte lorsqu’elle veut séduire les pères divorcés. À l’un d’eux, elle se présente en décolleté avec un suçon à la bouche et elle lui dit en guise d’introduction : « I have an oral fixation »… un scénario aussi subtil qu’original.
Friends with better lives a rassemblé 7,63 millions de téléspectateurs pour sa première alors que Bad Teacher en comptait 7,8. Cependant, les deux séries ont perdu environ 1 million d’entre eux à l’épisode suivant. Peu novatrices, la première peut au moins compter sur plusieurs blagues bien placées, alors que la seconde est remplie de clichés. On aurait espéré que dans ces deux cas, CBS prenne un peu plus de risques, mais ce ne semble pas être dans son ADN. Pour preuve, dans la semaine du 5 mai 2014, elle annonçait neuf projets de fiction en développement et cinq d’entre eux sont des policiers; si l’audace ne paie pas, la chaîne doit être extrêmement profitable.