Plathelminthes ou Platodes
Platyhelminthes
Des vers plats d'un nouveau genre, venus d'ailleurs et invasifs
s'attaquent à nos bons vers de terre et à nos gastéropodes
et représentent une menace écologique majeure.
Mai 2014, je n'ai pas - encore ? - trouvé personnellement un de ces prédateurs dans mon jardin dans le Loiret...et c'est tant mieux !
Mais dois-je m'en réjouir ?
La menace plane ! Aussi, je pense qu'il est opportun de relayer l'information sur ces nouveaux envahisseurs.
L'introduction d'espèces exotiques envahissantes en France, voire en Europe, comme le frelon asiatique (Vespa velutina), comme l'écureuil de Corée (Tamia sibericus). et comme les Plathelminthes terrestres (Platyhelminthes), est une des conséquences de l'accroissement des échanges internationaux entre les continents.
Il y a un an à peine, personne ne savait que les plathelminthes terrestres étaient arrivés en France et on connait presque rien sur ces vers dont certaines espèces n'ont même pas pu être identifiées.
L'inventaire de la présence des Plathelminthes invasifs terrestres en France a commencé en avril 2013. L'équipe du Muséum National d'Histoire Naturelle. conduite par Jean-Lou Justine, en charge de l'étude a lancé un avis de recherche auprès du public, notamment des jardiniers, au niveau national afin de les aider à évaluer l'importance de l'invasion dans l'exagone. Toutefois, si un Plathelminthe invasif terrestre est mentionné dans un nouveau département, il ne faut pas en déduire trop hâtivement qu'il a étendu son aire d'invasion, mais tout simplement que de nouveaux signalements sont parvenus auprès de l'équipe du MNHN.
A ce jour, 7 espèces de Plathelminthes terrestres introduites malencontreusement en France ont ainsi été recensées (source MNHN). Elles sont toutes des prédateurs de la faune du sol :
Espèce n°1: Nom inconnu à ce jour Espèce n°2: Parakontikia ventrolineata
Geoplanidae - allongée, marron à ligne jaune Geoplanidae - allongée, noire avec à ligne bleue
déjà présent dans 20 départements (Photo Pierre Gros) (Photo JL Justine)
Espèce n°3 : Planaria (?) - 3 cm - Geoplanidae Espèce n°4 : Bipalium kewense - Geoplanidae¹
Espèce marron, plate, la plus répandue en France Jusqu'à 20 cm de long, tête en marteau
(Photo Xavier Japiot) (Photo JL Justine)
1. Geoplanidae ou Bipaliidae, selon les classifications
Espèce n°5 - Geoplanidae - 5 à 10 cm de long
Caenoplana coerulea, dos noir, dessous bleu,
Vu une seule fois en France en 2002
(Photos Gérard Peaucellier)
Espèce n°6 - Geoplanidae - observé une seule fois dans les Pyrénées-orientales
Australoplana sanguinea sp. alba, dont la couleur est variable du rose à l'orange selon son repas.
Présente en Australie, Nouvelle-Zélande, Grande-Bretagne, et diverses localités en Europe
(Photos Gérard Peaucellier)
L'équipe du Muséum National d'Histoire Naturelle signale une autre espèce : Le Plathelminthe de Nouvelle-Guinée qui a été découvert dans une serre du jardin botanique de la ville de Caen. Ces vers plats dont la présence n'était connue jusqu'alors qu'en Asie et dans le Pacifique, figurent dans la liste des 100 espèces exotiques envahissantes, les plus néfastes de la planète.
Ces vers prédateurs carnivores qui mesurent 5 cm de long sont reconnaissables par leur couleur sombre sur le dos et leur ventre de couleur claire. Sur la photo (ci-dessous) d'un des spécimens découverts à Caen, on voit que le Plathelminthe de Nouvelle-Guinée n'hésite pas à s'attaquer à des escargots qu'il ingurgite avec sa bouche qui n'est pas située sur la tête mais sous le corps au milieu du ventre.
Espèce n°7 : Platydemus manokwari ou Plathelminthe de Nouvelle-Guinée (Photo Pierre Gros)
Famille des Geoplanidae - trouvé dans les serres de la ville de Caen, en train de manger un escargot.
Les Plathelminthes de Nouvelle-Guinée comme les 6 autres espèces de Plathelminthes, sont capables d'élargir leurs repas aux vers de terre.
S'ils font à terme disparaître les populations de lombrics qui sont essentiels dans l'équilibre du sol et dans la chaîne alimentaire, servant de repas à nombre de petits animaux (hérissons, oiseaux, amphibiens), ils porteront atteinte à sa fertilité et ce serait une catastrophe naturelle majeure qui pourrait avoir des conséquences très graves pour la biodiversité et l'agriculture.
Le côté rassurant est qu'à ce jour (mai 2014), le Plathelminthe de Nouvelle-Guinée n'a été trouvé qu'à un seul endroit, la ville de Caen.
A noter que ces vers sont toxiques; il est fortement conseillé de surveiller les enfants et les animaux domestiques et de se laver les mains si vous avait dû les toucher.
Cartes de répartion des Plathelminthes invasifs terrestres en France
Cartes mises à jour le au 07 avril 2014
Quels sont les moyens pour lutter contre cette invasion ?
En Grande-Bretagne, confrontée à ce fléau depuis près de 20 ans, aucune parade n'a été trouvée à ce jour. Les lombrics indigènes y sont de moins en moins nombreux et aurait même disparu dans certaines contrées touchant par ricochet les taupes qui s'en nourrissaient.
En France, nous sommes tout aussi démunis devant ces vers qui n'ont à priori ni prédateurs, ni parasites qui puissent freiner leur expansion. La seule solution est de les écraser si vous en trouvez !
Préventivement, évitez d'acheter des plantes en pot dont vous ne connaissez pas la provenance, les Plathelminthes terrestres étant transportés par les plantes en pot.
Si vous trouvez un Plathelminthe terrestre dans votre jardin,
témoignez de la présence de cet intrus auprès
du Muséum National d'Histoire Naturelle
- Avant tout, assurez-vous qu'il s'agit bien d'un de ces vers (servez-vous des photos existantes).
- Faites des photos de près, en mettant à côté de l'animal une échelle (une règle graduée, une pièce de monnaie).
- Envoyez les photos par email au professeur Jean-Lou Justine [email protected] ou à Jessica Thévenot [email protected].
- Précisez le lieu d'observation (votre jardin, ailleurs, dans la terre, sous un pot ?), la date et le nom de l'observateur.
- Dans certains cas, il serait intéressant d'avoir l'animal lui-même vivant, mettez-le dans une boîte fermée avec un peu de terre humide. Il vous faudra contacter un organisme local comme la FREDON qui pourra s'en occuper, le fixer de manière appropriée et l'envoyer au MNHN.
Explications de Jean-Lou Justine,
chercheur au Muséum National d'Histoire Naturelle à Paris
Vidéo publiée le 3 avril 2014
PS: Les photos proviennent de Wikimédia et sont protégées par la licence CC-BY-SA-3.0 ou 4.0 qui autorise l'utilisation ces photos à condition d'indiquer l'auteur.