Il ne faut jamais dire les secrets si l'autre n'est pas préparé, s'il n'est pas passé par les mêmes tourments que vous, parce qu'alors votre secret lui paraît si pitoyable ou si encombrant qu'il vous laisse seul avec votre souffrance... et que vous n'avez d'autre recours que vous couvrir la langue de plomb ou vous pendre à une corde.
Leur échange est sublime sans être dégoulinant de bons sentiments, assez drôle parfois, cruel à d'autres moments.
Les secrets ne sont pas faits pour être échangés avec des inconnus.
On n'en apprend pas énormément sur l'homme; en revanche,
Malgré des apparences froides, Kay est une femme brisée qui a été complètement bousillée mais qui essaie bon gré mal gré de reprendre le dessus.
Je hais la douceur, la tendresse, la passion quand elles ne viennent pas de lui... De cet homme qui s'est éloigné, un beau matin, en battant sur le port. Que j'ai regardé partir en serrant la main d'un autre dans ma main.
I'll love you till the end, The Pogues. (Chanson du film P.S I love you...)
Que se passera-t-il entre nos deux protagonistes ? réussiront-ils à se voir? Je laisse le mystère planer car la résolution de l'affaire n'est pas du tout romanesque... A lire!
Ce roman a tous les ingrédients qu'il faut: la fragilité mais aussi la dérision des personnages, la description de sentiments sincères.
S'il est un thème que j'affectionne, c'est bien sûr celui de la rencontre :
Y-a-t-il une véritable destinée ou les rencontres ne sont-elles que pures coïncidences?
Un thème très Lévymarcien ( j'ai découvert le mot la semaine dernière donc je le réutilise...) et très Modianien ( alors celui-ci, j'ignore s'il existe)
Notre rencontre n'est peut-être pas fortuite.
Croyez-vous vraiment une notre rencontre - ou plutôt notre correspondance- ne soit pas le fruit du hasard? Qu'elle ait un sens qui nous échappe?
C'est très poétique tant dans le style, que dans la vision que chacun porte sur le monde, sur l'humain.
Et les années passaient mais on ne les voyait pas passer. Le bonheur ne laisse pas de traces. C'est une étoile filante. Il passe, c'est tout, il remplit la vie d'images éblouissantes qui défilent à toute allure et qu'on ne retient pas.
J'y ai trouvé un clin d'œil à Prévert... Volontaire ou involontaire?
J'ai aimé follement un homme qui est parti... Sans un mot. Sans explication. Sans même se retourner.
Et il est parti sous la pluie
Et moi, j'ai pris ma tête dans ma main
Le tout est lié par la relation épistolaire qui est le meilleur moyen lyrique, où l'expression du "je" semble véridique. Le sentiment amoureux dans les lettres est sans fioritures dans la mesure où les déclarations sont retenues: on ne montre pas à l'autre son attachement. On met des filtres et c'est toujours très mystérieux. On dit sans dire en se disant que l'autre va comprendre mais en même temps on espère qu'il ne décodera pas; on lit, on reçoit sans jamais interpréter pour ne pas se faire d'illusions. Je préfère largement ce genre de lettres plutôt que des lettres d'amour passionnées sans pudeur.
Un autre film avec une relation épistolaire intense et drôle...
J'ai dévoré ce roman en une soirée. Je l'ai trouvé passionnant. Certains passages ont eu tellement d'échos dans ma propre existence que c'en est devenu assez troublant.
On se raccroche au passé quand on n'a plus rien à vivre [...]
Outre l'intérêt de l'histoire, toutes les références citées permettent de faire de réels liens entre les œuvres. Ce roman m'invite donc à concevoir un nouveau challenge: le Défi Pancol.
Voici la liste des œuvres répertoriées et que je m'engage à lire:
Le fils de Bakounine de Sergio Atzeni.
Une vieille maîtresse de Barbey D'Aurevilly
Les hauts de Hurlevent d'Emily Brontë.
La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette
Les lettres d'une religieuse portugaise
Les sonnets d'Elizabeth Browning.
Ce que savait Maisie de James.
Amour de perdition de Camilo Castelo Branco
Confidence africaine de Roger Martin du Gard
Les rescapés du Télémaque de Simenon
Le silence de la mer de Vercors.
Film: Vincente Minelli Les ensorcelées