Publié le 11 mai 2014 par Universcomics
@Josemaniette
Vous ne trouverez personne pour soutenir que Moon Knight est un des personnages les plus équilibrés de l'univers Marvel. Tourmenté entre ses différentes identités, et doté d'un passé pour le moins cahotique, ce justicier urbain, qui a hérité ses pouvoirs en cadeau d'une déité lunaire, n'a jamais vraiment fait partie des cadors. Au panthéon des héros en collant, il a toujours joué en seconde division, malgré des périodes un peu plus fastes ou artistiquement créatives, comme celle où s'est illustré Bill Sienkiewicz, dans les années 80. Pour cette maxi série en douze parties, scénarisée par Bendis l'inévitable, et dessinée par le compère Alex Maleev, Marc Spector part s'établir sur la côte Ouest qu'il connaît bien (ancien siège des Avengers West Coast, les Avengers de seconde division) et il s'y installe en tant que producteur d'une série télévisée consacrée à ses premiers exploits en tant que justicier. Un travail biographique pas franchement récompensé de succès (une parabole du destin de la série, sur le papier) mais qui permet au vigilante de reprendre peu à peu du service. En effet, un individu mystérieux tente de devenir le nouveau "kingpin" de la la ville (le maître de la pègre, en gros), notamment en mettant la main sur une tête d'Ultron, ce robot intelligent destiné à conquérir un jour notre planète. Moon Knight s'empare de la précieuse tête, et se lance dans sa propre enquête musclée, avec l'aide des Avengers. Sauf que ces Avengers là sont surtout le fruit de visions psychotiques. En gros Spector se parle à lui même, il délire!
Quand Moon Knight se déguise en Spider-man, qu'il use d'un bouclier offensif, ou installe des griffes sous son costume, on obtient une sorte de patchwork d'Avengers, le tout avec en bonus un esprit quelque peu dérangé. Dans cette longue aventure, nous retrouvons aussi Echo, entraînée par Wilson Fisk pour abattre Daredevil, puis incorporée aux Vengeurs sous le costume de Ronin; mais également le Comte Nefaria, et bien sur les vrai Avengers. Si vous aimez Maleev et ses ambiances glauques et plus suggérées que représentées, vous serez aux anges. J'ai trouvé ses planches encore plus dérangeantes et abstraites que d'habitude, et c'est vers la fin, dans les derniers épisodes, que j'ai d'avantage apprécié son style si identifiable. Bendis choisit de traiter Moon Knight avec un certain décalage dans l'esprit. Pour lui ce héros est avant tout un individu déséquilibré et obsessionnel, mais qui sait gagner la confiance de ses pairs grâce à une résistance et un acharnement remarquables, qui en font un adversaire coriace. L'humour et les dialogues fusent, jouent sur la répétition et le comique de situation, instaurent un climat de sitcom superhéroïque assez badin qui fait souvent mouche et rend la lecture agréable. En conclusion, l'auteur place également plusieurs références à ce qui va suivre (Ultron qui dominera un jour le monde) faisant ainsi le pont entre ce travail, et le reste de son oeuvre à venir. Bendis a conscience qu'il est un des architectes en chef de l'univers Marvel, et partout où il passe il se plait à déposer sa griffe; à labourer le terrain pour de futures semailles, ou à cueillir les fruits de ses labeurs d'autrefois. Avec Moon Knight, il signe un récit plaisant et allègre, proposé par Panini dans deux volumes de la collection 100% Marvel. (Tome 1 Vengeur Tome 2 Bas les masques)