On l'a dit : le cap symbolique des 400 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique a été atteint le 9 mai 2013. Une concentration recorddepuis plusieurs millions d'années. Mais un autre seuil a été franchi, cette fois en avril 2014 : pour la première fois, la concentration de CO2 a dépassé ce niveau un mois entier durant, selon les données de la station de Mauna Loa (Hawaï), qui appartient à l'agence américaine responsable de l'étude de l'océan et de l'atmosphère (NOAA). Un niveau sans précédent, comme le montre une animation réalisée par l'Institut coopératif de recherche en sciences de l'environnement, l'un des centres de la NOAA.
Ce que montre cette vidéo, c'est qu'au cours des 2 000 dernières années, la concentration de CO2 atmosphérique, principal gaz à effet de serre, est restée à peu près stable autour de 280 ppm. Mais à partir de la révolution industrielle, elle n'a cessé d'augmenter (à la fois dans l'hémisphère Nord, en rouge, et l'hémisphère Sud, en bleu), grimpant à 315 ppm en 1960, 350 ppm en 1989 – le seuil de CO2atmosphérique à ne pas dépasser selon le climatologue James Hansen, ancien directeur du Goddard Institute for Space Studies de la NASA – pour atteindre 400 ppm en 2013.Notons également que depuis 800 000 ans, l'alternance entre périodes glaciaires et périodes interglaciaires se traduit par une oscillation de la concentration en CO2entre 180 ppm et 270 ppm environ, soit une variation de 90 ppm – des chiffres obtenus par l'analyse de l'air piégé dans les carottes de glace, ainsi que des mesures isotopiques des sédiments marins."Lors des périodes glaciaires, les océans absorbent plus de CO2, qui se dissout plus facilement dans l'eau froide. En cas de réchauffement du climat et de sortie d'une glaciation, sous l'effet de causes astronomiques (comme les variations de l'orbite terrestre), les océans relarguent davantage de CO2, explique Jean-Pascal van Ypersele, professeur à l'université catholique de Louvain et vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Dans les âges géologiques, la concentration de CO2 a donc suivi la température, tout en venant également l'amplifier en raison de l'effet de serre."La différence entre la période actuelle et la période préindustrielle est, elle, de 120 ppm. "C'est énorme et cela va entraîner des changements considérables sur la planète, d'autant que cette valeur va encore augmenter", précise le climatologue. Ainsi, le scénario le plus pessimiste (business as usual) du dernier rapport du GIECtable sur une concentration en CO2 d'environ 900 ppm en 2100. Elle se traduirait, selon les experts du climat, par une augmentation de la température terrestre de 4,8 °C pour la période 2081-2100 par rapport à la moyenne de 1986-2005, une élévation du niveau des mers de presque un mètre, une multiplication des événements climatiques extrêmes (tels que les sécheresses, pluies diluviennes et ouragans plus fréquents) ainsi qu'une insécurité alimentaire exacerbée.Audrey GarricSuivez-moi sur Twitter : @audreygarric et Facebook : Eco(lo)Photo : AFP/Byambasuren Byamba-Ochir