L'Algérie
" L’Algérie ayant chanté tout l’été
…
… se trouva fort dépourvue quand la bise (financière) fut venue » (d’après La Fontaine)
Nous avons souvent parlé de l'impasse financière vers laquelle se dirige l'Algérie :
outre ce graphique très parlant, encore faut-il qu'il y ait assez de pétrole et gaz à exporter. Il
faut se donc investir dans la production, de préférence avec des étrangers efficaces, et ne pas
trop consommer dans le pays, donc augmenter fortement le prix de vente aux citoyens. Inutile
de dire que tout cela n'est pas au programme.
La Tunisie
Le 1er mai l'assemblée constituante a salué le vote de la nouvelle loi électorale en
entonnant l'hymne national. La promulgation de la Constitution ayant eu du lieu le 27 janvier
dernier, les législatives et la présidentielle peuvent être organisées. On parle du début 2015
Il avait été envisagé que les responsables de l'époque Ben Ali soient inéligibles, mais «
curieusement », Ennahda a donné comme consigne de bloquer cette disposition, sans
d'ailleurs être suivi par toutes ses troupes, qui en « ont bavé » à cette époque. Cela a entraîné
un débat qui a occulté l'aspect technique de la loi, pourtant fondamental. Si j'ai bien compris,
cette loi est presque analogue à celle de 2011, qui avait beaucoup de défauts. Mais la parole
est aux Tunisiens.
Le Coran marocain
D'abord un petit rappel historique : l'imprimerie n'a été autorisée que très tardivement dans l'empire ottoman et plus tardivement encore au Maroc. Une des raisons, outre la réticence de toute de tout pouvoir fort envers la diffusion des « mauvaises idées », en est résistance des oulémas et des copistes, s'ajoutant aux sentiment que ce livre devait rester un objet non industriel.
L'époque a changé. Il y a de puissantes imprimeries au Liban, en Égypte, en Arabie, et bien sûr, au nord. Des dizaines de millions de Coran sont probablement imprimées chaque année. Le Maroc s'équiperait maintenant à son tour.
L'intérêt de l'imprimerie était par ailleurs limité par l'analphabétisme général. Mais depuis quelques dizaines d'années la proportion de la population pouvant lire l'arabe a beaucoup augmenté. Il y a eu une explosion des ventes de livres, scolaires au premier rang, le Coran au 2e, et la littérature générale ou d'essai très loin derrière.
Chaque Marocain possède plusieurs Coran, du grand format pour personnes âgées ou décoration, aux formats variés pour le lire dans différentes situations, notamment les groupes de discussions entre femmes.
En 2010 le roi a lancé un Coran « marocain » distribué aux mosquées et destiné à remplacer peu à peu tous les autres. Le texte est bien entendu le même, mais la décoration et l'écriture, maroco-andalouse, sont différentes, ainsi que certains détails, notamment de ponctuation qui sont liées au type de récitation : Warch, souvent utilisée au Maghreb, et non Hafs (orientale) comme dans la plus grande partie du reste du monde musulman. Bref la spécificité marocaine est cultivée, à la fois pour des raisons identitaires et pour se couper d'un Orient religieusement inquiétant. Cela complète la tentative de reprise en main royale du milieu les oulémas depuis 2006. La réaction des Marocains serait positive, mais l'hostilité des réseaux « du Golfe » est à craindre, alors que le royaume est en position de faiblesse vis-à-vis des États de cette région pour des raisons financières.
Une distribution dans les écoles est prévue ainsi que les manuels scolaires correspondants (point fondamental à mon avis, si c'est bien fait). Plus tard, la vente est prévue à environ 6 € le volume. Il aurait déjà un système analogue dans d'autres pays arabes notamment en Algérie (appel aux Algériens et Tunisiens pour complément d'information).
Une diffusion dans les pays d'Afrique occidentale est également prévue, toujours dans le même contexte de concurrence des Coran séoudiens dans un contexte wahhabite, alors que l'islam de cette région est malékite, comme au Maghreb. Cette diffusion du « Coran marocain » est également un élément de la poussée du royaume vers son « sud » dont nous avons souvent parlé.
Bisbille berbèro-salafiste au Maroc
Faut-il voir un exemple de cette diffusion de vocabulaire « oriental » dans l'incident ci-après ? Deux salafistes Hassan El Kettani et Omar Haddouchi, condamnés pour leur action dans les attentats du 16 mai 2003 et graciés depuis, fulminent contre la célébration du nouvel an berbère « qui n'est pas reconnu par les musulmans, interdite par la charia et réveille des séparatismes du temps de l’ignorance antéislamique (formule certes classique, mais désobligeante pour les intéressés) ».
Du coup le premier s'est plaint d'avoir été menacé par des « activistes nationalistes berbères » et le second a riposté en les traitant « d’agents à la solde des juifs, fils des singes et des porcs ». Vous reconnaissez le vocabulaire djihadiste qui est également utilisé par des affiliés d'Al Qaïda en Irak pour désigner les chiites.
Un portail « linguistique » à l’Institut français d’Algérie
Ce portail entièrement gratuit a été officiellement lancé mardi 6 mai.On peut s’y perfectionner en français ou s’informer sur les TCF, DELF, DALF. Une rubrique « Enseigner » et des espaces « scolaire» et «université-recherche» sont réservés aux enseignants. Côté culturel, vous pouvez y visiter le Louvre, écouter une radio francophone ou découvrir les vidéos de Canal IFA. http://if-algerie-langue-francaise.com