Arthur Newman // De Dante Ariola. Avec Colin Firth, Emily Blunt et Lucas Hedges.
Arthur Newman c’est un petit road movie sans prétention qui nous emmène d’un point A (la vie particulièrement morose de Wallace Avery) à un point B (sa transformation en
Arthur Newman). L’histoire de cet homme est assez classique d’un point de vue de la construction du scénario. La première partie est gonflée de petites trouvailles amusantes qui
rendent l’histoire assez surprenante. La seconde partie est un peu plus posée, moins originale mais le charme qui se dégage de cette relation entre Arthur Newman et Michaela
Fitzgerald fonctionne terriblement bien. Pour un premier film, Dante Ariola ne fait pas nécessairement grand chose pour transformer tout ça en quelque chose de réellement fort
émotionnellement (le seul moment touchant de Arthur Newman est à mon sens la dernière image) mais on se laisse tout de même avoir par cette petite histoire car la relation est
suffisamment mignonne et intéressante pour nous donner envie de voir comment tout cela peut réellement se décanter. Surtout que le personnage d’Arthur Newman a une vie qu’il a
abandonné mais qu’il ne peut décemment pas, pour la morale, laisser complètement de côté. Ce film n’est pas un film d’espionnage après tout.
Wallace Avery ne supporte plus sa vie. Divorcé et insatisfait en amour, il a même laissé la distance s’installer entre lui et son fils. Il opte alors pour une solution radicale : il met en
scène sa propre mort, s’achète une nouvelle identité – Arthur Newman – et met le cap sur son paradis personnel – Terre Haute dans l’Indiana – où il espère pouvoir devenir golfeur professionnel.
Car pour avoir droit à une deuxième chance, Wallace estime qu’il lui faut se glisser dans la peau de quelqu’un d’autre. Mais ses plans sont remis en question quand il croise la route de Michaela
Fitzgerald qu’il découvre sans connaissance au bord de la piscine d’un motel. Tandis qu’elle met deux heures à comprendre qui se cache derrière «Arthur Newman», il faut bien plus de temps à
Wallace pour percer à jour la véritable identité de la jeune femme… Peu à peu, ces deux êtres qui tentent désespérément de changer d’identité s’accepteront tels qu’ils sont et s’éprendront l’un
de l’autre…
L’atout charme de Arthur Newman c’est d’avoir réussi à faire un film intemporel. On n’a pas l’impression que ce film soit réellement situé dans une année (même si l’on peut faire
quelques liens avec les voitures). C’est donc une relation qui se tisse sans situation temporelle ce qui rend presque le tout infini. On n’a donc pas l’impression de quitter ces personnages mais
de vivre avec eux pendant des semaines, des mois. Le sujet principal de Arthur Newman c’est bien évidemment la crise existentielle. Arrivé à un moment de sa vie le héros se
demande si finalement il n’a pas raté sa vie et s’il n’est pas possible pour lui de tenter à nouveau sans chance dans la vie. Puis il y a la seconde partie du film. Certainement la plus
problématique. Le film n’arrive pas à trouver un juste milieu entre les bons sentiments un peu pesants et l’histoire qu’il tente de raconter. Arthur Newman s’englue donc dans un
truc pas toujours efficace et c’est bien dommage. Du coup, les personnages, bien que sympathiques, n’ont pas toujours grand intérêt pour le spectateur. Ce n’est pas en nous excluant plus ou moins
que l’on va parvenir à réellement nous surprendre.
David Ariola réalise donc ici quelque chose d’assez correct sans être trop surprenant. C’est bien dommage car il y avait largement de quoi faire du point de vue de la mise en
scène. Arthur Newman fait partie de ces petits films qui ne cherchent aucune ambition si ce n’est de nous raconter l’histoire qu’ils voulaient nous raconter au premier abord.
Colin Firth et Emily Blunt forment cependant un duo efficace. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’ils soient tous les deux aussi attachants mais preuve en est
que tout cela fonctionne très bien finalement. Colin Firth est peut-être un peu moins touchant que Emily Blunt. Cette dernière incarne un personnage un peu
décalé, cabossé par la vie qui tente d’animer sa vie tant qu’elle peut. Cela manque aussi sûrement de personnages secondaires. La vie passée d’Arthur Newman n’est pas très bien
exploitée (notamment le fils qui mène sa petite enquête sur son propre père). Il y a donc des faiblesses un peu de partout mais cela se laisse déguster sans trop de difficultés.
Note : 5/10. En bref, sans être exceptionnel le charme du duo Colin Firth - Emily Blunt fait son effet malgré tout.