je cherchais un moyen de fêter dignement comme il se doit le 220 ème anniversaire de la première abolition de l’esclavage, essayant de trouver un angle de rédaction original, lorsque la réalité m’en a donné enfin l’occasion. J’apprends en effet que des centaines d’habitants ont osé braver leur maire qui refusait contre tout attente démocratique de célébrer cette commémoration. Elle revêt pourtant une importance mémorielle d’autant plus nécessaire que la commune n’est pas n’importe laquelle, au regard de l’histoire de l’esclavage en France. Villers-Cotterêt abrite en effet la tombe du général Dumas, né esclave à Saint-Domingue, père d’Alexandre Dumas, et héros de la révolution française. Surnommé le diable noir, il fut à la tête de grand nombre de batailles et de faits de guerre signalés, que sa hardiesse teinte de gloire et de prouesses multiples. Il osa s’opposer à Napoléon et dût en assumer les conséquences à la fin de sa vie. Un grand homme, de caractère, comme je les aime.
Et donc, un vulgaire inconnu, banal représentant d’un parti qui ne représente qu’une minorité politique d’environ 15 % de la population au mieux, qui n’a été élu que par 1 862 voix sur une population totale de 10 490 habitants, de 6 835 inscrits et de 4 648 votants, soit 27 % de votants en sa faveur, ose s’opposer au respect de la mémoire du à un tel homme, au destin extraordinaire, qui fait tant honneur à notre pays, et que toute autre commune s’enorgueillirait de célébrer ? Sauf si une minorité numérique n’avait des raisons idéologiques, contre-révolutionnaires et, disons le, racistes au sens le plus strict de s’y opposer, simplement parce que cet homme était noir ?
Alors, en ce jour de mémoire, oui, je suis en effet très fier de ces Cotteréziennes et de ces Cotteréziens qui ont pris eux même les choses en main et ont défilé dans les rues de leur petite commune picarde pour respecter la mémoire de l’un de nos glorieux ancêtres. Et quand l’une de nos ministres – George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer, pour ne pas la nommer – se recueille devant la plaque commémorative du Général Dumas, cela n’en est que symboliquement plus fort. N’en déplaise au Front si peu National, manifestement, et dont l’amour du pays ne dépend que de la couleur de ceux et de celles qui l’ont porté et l’ont fait vivre. Voudraient-ils rétablir le code noir, comme le livret de circulation ?
Nous ne voulons pas de cette France là.
«L’histoire de l’esclavage n’est pas seulement l’histoire des descendants d’esclaves. La République ne connaît qu’une Histoire, celle de tous ses citoyens» (G.P. Langevin)