** Sonnet 25 **
Mon amour, avant de t’aimer je n’avais rien :
j’hésitai à travers les choses et les rues :
rien ne parlait pour moi et rien n’avait de nom :
le monde appartenait à l’attente de l’air.
Je connus alors les salons couleur de cendre,
je connus des tunnels habités par la lune,
et les hangars cruels où l’on prenait congé,
et sur le sable l’insistance des questions.
Tout n’était plus que vide, et que mort et silence,
chute dans l’abandon et tout était déchu,
inaliénablement tout était aliéné,
tout appartenait aux autres et à personne,
jusqu’à ce que ta beauté et ta pauvreté
ne donnent cet automne empli de leurs cadeaux.
*****
Ce sonnet fait partie, une fois de plus, de La Centaine d’amour, publié par Poésie/Gallimard dans une version bilingue (traduction de Jean Marcenac et André Bonhomme).