Toujours attentifs à la programmation du théâtre du Châtelet, nous avons vu cet opéra de John Adams sans trop savoir à quoi nous attendre. L'affiche nous a séduit. Nous avons pris des places. Nous nous sommes retrouvés dans une salle assez peu remplie (ponts de mai obligent).
Sur scène, un épouvantail (Franco Pomponi), qui n'est autre que le narrateur, nous annonce une histoire d'amour et de douleur. Celle de Kumudha et de son prince. Kumudha est une jeune et jolie indienne (incarnée par Pauline Pfeiffer) qui peut se transformer en arbre. C'est un peu Daphné, mais sans Apollon qui la poursuit. Émerveillé par cette vision, le prince ne désire qu'une chose, l'épouser. Mais une sœur envieuse va séparer les deux amants...
On retrouve avec amusement David Curry (un des princes de Into the woods) dans ce conte indien aux couleurs vives. Des décors simples (jarres, statues de Shiva et de Maya) et des jeux sur la lumière, font de ce spectacle un moment esthétique. Les danseurs, qui doublent le prince et Kumudha, ajoutent une dimension lascive et charnelle aux mouvements des chanteurs et leurs gestes disent tout ce que les paroles ne peuvent exprimer. Seules les marionnettes n'ont pas ici une folle valeur ajoutée. L'ensemble est à la fois exotique et très poétique.
Musicalement, la partie n'est pas des plus aisées. Elle fait la part belle aux cuivres et aux percussions. Quant au chœur, on regrette de ne pas l'entendre plus car chacune de ses apparitions est inventive et étonnante.
Bref, un spectacle plaisant qui sort de l'ordinaire (et c'est la première fois que j'entends autant parler d'éléphant dans un opéra) et qui fait voyager malgré l'universalité du sujet traité.