Pour cette deuxième semaine du mois de mai , Case Départ vous accompagne lors de ce long week-end et vous conseille les albums sortis il y a peu. Parmi eux, il y a quelques belles bandes dessinées. Dieter Lumpen : la réédition de l’intégrale de l’aventurier de Zentner et Pellejero, La technique du périnée : une histoire d’amour contemporaine de Ruppert & Mulot, le premier tome de la série jeunesse : Helmout, Mon cousin dans la mort : une histoire d’amitié dans la France des années 60, un album sur des émeutes dans une cité parisienne : Un monde libre, Caterina : une série jeunesse où les cheveux sont rois, l’ultime tome de la série humoristique : Amour, passion & Cx diesel, Lady Liberty : un album d’aventures historiques, le premier opus de la série historico-fantastique : Prospero, 4 albums pour enfants de la collection Premières bulles, S : une autobiographie de Gipi, le sixième volume du manga Silver Spoon, C’est la vie : une vision du quotidien d’une trentenaire et le 24e tome de Captain Tsubasa, plus connu sous le titre Olive & Tom. Bonnes lectures !
Dieter Lumpen : aventurier cosmopolite
Années 40. Dieter Lumpen, petit cousin d’un marin maltais, promène sa longue silhouette dégingandée des sables du désert à la forêt amazonienne. Braqueur nonchalant, il évolue dans un univers exotique à la poursuite d’amours improbables.
- Le poignard d’Istanbul. Dieter est engagé par une vielle dame très excentrique, romantique et sentimentale, Frau Berta. Chauffeur et homme-de-main, il doit retrouver un poignard serti de pierres précieuses. Objet d’une grande valeur affective, elle l’avait offert à son fiancé le professeur Frühling, qui avait caché un camé dans son manche. L’homme amoureux en avait fait donation à un musée de la cité turque mais il avait ensuite été dérobé. Persuadée qu’il est toujours dans les murs de la ville, la femme missionne Lumpen pour le retrouver…
- Jeux de hasard. Après avoir retrouvé le poignard, Dieter est un homme très riche. Joueur invétéré, il perd l’ensemble de son magot et pire, il a maintenant des dettes auprès de Kiryas, le plus grand tricheur de la Mer Egée. Pour l’effacer, l’homme le contraint à commettre un meurtre, celui de Kantzalis. Mais embarqué sur un navire, celui-ci fait naufrage et l’aventurier est secouru par l’homme qu’il recherche…
- Bombe à retardement. Membre d’équipage d’un cargo, Lumpen fait escale dans le port d’Haïfa. Il y rencontre Brigitte, trafiquante d’armes dans ce territoire disputé par les arabes et les anglais. Sans le vouloir, le baroudeur se retrouve au cœur de la livraison…
- La voix du maître. En Inde, Dieter retrouve Kurtz, un ami d’enfance, devenu riche grâce au commerce de l’ivoire. Il entraîne son compagnon dans sa quête de spiritualité et d’apaisement. A bord d’un side-car, ils cheminent sur les routes cahoteuses de ce pays à la recherche d’un temple…
- Question de peau. Kurtz place Lumpen à la tête de ses affaires. Il côtoie alors les riches hommes britanniques installés en Inde. Entre le tea time et le polo, il assiste impuissant aux révoltes des indiens face à leur colonisateur…
- Le méchant dans le film. Les affaires n’étant pas sa tasse de thé, Dieter décide d’aller visiter Ceylan où il croise la route d’un acteur de cinéma, spécialiste des rôles de méchants dans les films d’espionnage. Alors qu’il souhaite un autographe de sa part, l’aventurier découvre que c’est un agent d’Interpol, au détour d’un échange de coups de revolver…
- Les péchés de Cupidon. Fatigué de ses aventures autour du Monde, Lumpen achète un maison à Paris. L’agent immobilier lui confie alors les nombreuses légendes concernant la sublime demeure et notamment l’amour interdit d’une femme pour son petit frère…
- Boca Dourada. Magda, une riche héritière, invite tout frais payés, le baroudeur, à Manaus. Elle souhaite retrouver Paulino, un amour de jeunesse de sa grand-mère. S’ils s’attendent à trouver un vieillard, ils découvrent un brésilien dont les années n’ont pas eu de prise sur lui…
- Ennemis communs. En Tunisie, Dieter est invité par le commendatore Giuliani à voler au-dessus du désert en montgolfière. Il aide ainsi son ami dans son entreprise de voyage touristique. Mais une nuit, des brigands assomment l’aventurier et dérobent l’objet volant. Les deux hommes partent à la recherche de la montgolfière…
- Caraïbes. Lumpen goûte aux plaisirs d’un repos mérité dans les Caraïbes. Ornak, un très grand producteur hollywoodien débarque sur l’île pour y réaliser un film de pirates. Séduit par Dieter, il décide de l’embaucher sur le tournage, en tant qu’acteur…
- Le prix du Charon. Colorado. Le baroudeur se retrouve sur un route de cet état et fait de l’auto-stop en plein désert. Par une nuit pluvieuse, Charon, le drôle de chauffeur d’un corbillard, le prend et ils commencent leur long voyage. Pour faire passer le temps, Dieter lui raconte ses fabuleuses aventures en Italie mais aussi en Chine…
Dans la lignée de Corto Maltèse, Dieter Lumpen est un véritable aventurier. S’il se laisse bercer au gré du vent par les histoires et les femmes, il n’est néanmoins pas aussi naïf qu’on ne pourrait le penser. Le héros, imaginé par Jorge Zentner, apparaît sympathique, toujours prêt à rendre service, parfois moyennant de l’argent, mais souvent pour aider des amis. Détaché des événements qu’il subit, il s’avère fataliste vis-à-vis de ses aventures. Romantique, ce héros solitaire parcourt le monde sans véritable but. De Ceylan à Paris, en passant par la Tunisie ou l’Inde, les onze histoires (8 courtes et 3 longues), le scénariste de Sept balles pour Oxford, livre de très bons récits d’aventures, teintés parfois de surnaturel. Alternant habilement entre les scènes d’action et celles plus réflexives, la partie graphique est aussi d’une très grande qualité. Le trait réaliste de Ruben Pellejero est d’une très grande élégance.
Dieter Lumpen : une sublime série d’aventures à (re)découvrir par l’un de plus beau tandem d’auteurs du 9e art, Zentner et Pellejero.
- Dieter Lumpen
- Auteurs : Jorge Zentner et Ruben Pellejero
- Editeur: Mosquito
- Prix: 30€
- Sortie: 09 mai 2014
L’amour 2.0
La technique du périnée est un album one-shot du duo Ruppert & Mulot publié dans la collection Aire Libre de Dupuis. Dans ce récit, ils nous livrent une histoire d’amour et de sexe souvent virtuels et parfois réels entre JH et Sarah, dont il tombe amoureux.JH, la trentaine, est un artiste qui conçoit des vidéos conceptuelles très avant-gardistes. Si sa première exposition avait connue un énorme succès, depuis et c’est lui qui le confesse, ses créations sont fades et n’ont que peu d’intérêt. Mais depuis quelques temps, il noue une relation virtuelle avec Sarah, une trentenaire, via Okcupid, un site de rencontre pour smartphone. Ils se livrent à des plans par caméra via Skype ; se matent, explorent des scenarii, s’exhibent et jouissent mais toujours de façon virtuelle. Mais voilà, le jeune homme en aimerait beaucoup plus avec cette femme mystérieuse. Elle ne lui donne pas d’informations sur sa vie privée et l’éconduit lorsqu’il lui demande de se rencontrer réellement.
JH parle aisément de ses drôles de relations avec Julie, son assistante, qui ne semble pas plus surprise que cela ou encore avec Jérémy, son monteur vidéo, qui passe son temps sur Grindr, une application smartphone pour gays.
Un jour, alors qu’il insiste pour la voir, Sarah accepte de le rencontrer lors d’une soirée libertine. Dans un très bel appartement parisien cossu, ils se retrouvent, tous les deux derrière un loup qui masque une partie de leur visage. Lors du dîner, elle le touche, ils se caressent mais cela en reste là ; JH s’étant endormi sur le canapé.
Avant de monter dans le taxi qui la ramènera chez elle, elle lui propose un défi : la technique du périnée, ce muscle qui permet de prendre du plaisir et qui, s’il est contracté, permet de se retenir d’éjaculer et donc de faire l’amour plusieurs fois de suite. S’il arrive à se retenir pendant les quatre mois où elle sera partie en voyage, alors elle acceptera de passer la nuit avec lui. Mais voilà, cet abstinence le rend irritable…
Sans jamais montrer de scènes explicites de sexe, Ruppert et Mulot s’éloignent de ce fait de l’album érotique et pornographique. Même si le langage est coloré et cru, tout est suggéré, évoqué, sous-entendu, ce qui permet au lecteur un grand vagabondage et un plaisir différent de lecture. Le récit poétique des auteurs de La Grande Odalisque (Aire Libre Dupuis, 2012) est très contemporain, parlant de sexe 2.0 via des sextos (textos explicitement sexuels), les applications smartphone dédiées ou la webcam via Skype. Souvent, quelques jeunes adultes consomment le sexe par ces différents réseaux de communication ; tout semble possible, il n’y a pas d’interdits. Pourtant les deux personnages sont finalement très isolés, seuls dans leur vie voire parfois individualiste dans cette société hyperconnectée, se raccrochant uniquement à ces tous petits moments de plaisir fréquents. Rien n’est d’ailleurs épargné à JH : ni la frustration, ni le manque, ni le plaisir tactile. Pré-publié sur lemonde.fr, les lecteurs furent plongés dans l’album par un préambule onirique et magnifique où deux personnages, en haut d’une grande tour blanche au milieu de nulle part, chutent le long de la paroi, équipés de katanas (sabres japonais), qui se déshabillent et font l’amour en tombant. Les visages sans expressions invitent au mystère, les dialogues explicites et les grandes cases sont le fruit d’une longue recherche de la part du tandem et permettent de mettre en valeur ce récit si original.
La technique du périnée : une histoire d’amour singulière où tous les sens des lecteurs sont en alerte.
- La technique du périnée
- Auteurs : Ruppert et Mulot
- Editeur: Dupuis, collection Aire Libre
- Prix: 20,50€
- Sortie: 09 mai 2014
Les aventures amusantes
d’un petit dinosaure
Helmout est un petit tyrannosaure, plutôt gentil, qui vit à l’époque de la Préhistoire. Avec ses deux amis, ils s’amusent, vont à l’école comme n’importe lequel petit dino normal. Y a plus de saisons ! est le premier tome de la nouvelle série jeunesse BD Kids, Helmout, scénarisée par Christophe Amalric et mise en image par Bruno Madaule.
Quelque part pendant la Préhistoire. Helmout, petit T-Rex, vit avec son papa tout rose, sa maman toute bleue et sa petite sœur Yumi. Le dino est un dino comme les autres, il va à l’école et à deux supers copains : Jean-Pierre, un ampelosaure jaune, sympa et rigolo, mais aussi Diego, un petit ptérodactyle orange très nerveux.
Comme toute bande d’amis qui se respecte, elle a des ennemis. Helmout est souvent embêté par Mario et ses deux copains pas très futés. Mais le gentil T-rex ne se laisse pas toujours faire.
Dans cet univers préhistorique, il y a aussi Aldebert, une vieil ermite qui prédit l’avenir depuis qu’une météorite lui est tombée sur la tête, ainsi que Madame Krétassé, l’institutrice.
En été, Diego et ses deux amis aiment jouer à la pétanque, se baigner dans un lac, bronzer au soleil, jouer au foot ou regarder les étoiles…
En automne, Jean-Pierre et ses amis regardent partir les oiseaux migrateurs, se mouillent sous des averses mais surtout ce qu’ils n’aiment pas, c’est la rentrée des classes !…
En hiver, Helmout et ses deux copains aiment aller écouter les prédictions d’Aldebert ou jouer dans la neige…
Et enfin, au printemps, la bande d’amis va à la pêche, élève des abeilles et écrit des exposés pour l’école…
Les aventures de Helmout sont écrites avec beaucoup de tendresse par Christophe Amalric. Teintée d’une touche d’écologie et de volonté de préserver la planète, les gags en une planche sont souvent amusants et bien adaptés au cœur de cible, c’est-à-dire les enfants à partir de 7 ans. L’humour omniprésent est souligné par des situations cocasses, les personnages attachants, les dialogues mais surtout une foule d’anachronismes bien trouvés. L’univers coloré de Bruno Madaule est plaisant et son trait très rond s’adapte parfaitement aux histoires amusantes de son compère scénariste. A noter que les mini-récits du gentil T-Rex sont prépubliés tous les mois dans le magazine pour enfants Wapiti.
- Helmout, tome 1 : Y a plus de saisons !
- Auteurs : Christophe Amalric et Bruno Madaule
- Editeur: BD Kids – Bayard
- Prix: 9,95€
- Sortie: 02 mai 2014
Mon cousin dans la mort
Lucien, qui vient de perdre son grand-père, rencontre son Cousin dans la mort en la personne de Maurice, dont les parents viennent de quitter l’Algérie dans les années 60, pour le petit village du jeune garçon. L’album est une réédition de l’histoire imaginée par François Duprat où se mêle Histoire et amitié.24 avril 1960, dans un village français du Sud-Ouest. Le quotidien local annonce le décès de Gaspard Laroche à l’âge de 72 ans. Pour lui rendre hommage, sa famille se rassemble dans le cimetière de la cité. Il y a là, Marcelle, sa veuve, Lucien et ses deux parents.
Le petit garçon, qui vient de se soulager, aperçoit Lili, fille excentrique dont le père alcoolique est fossoyeur, en train de discuter avec un mort sur sa tombe. En effet, elle aurait le don de parler avec les disparus, par l’intermédiaire de Madame Henriette, la concierge des morts. La considérant comme folle, elle est la risée de tous ses camarades de classe, mais elle ne se laisse pas marcher pour autant sur les pieds.
Lors d’une autre visite sur la tombe de son grand-père, Lili confie au jeune garçon que Gaspard a une nouvelle amie, Lucette Delpont. Heureux pour lui, il décide d’aller porter la bonne nouvelle à sa grand-mère. Pourtant, elle ne la prend pas de la meilleure des manières : son mari aurait déjà eu une aventure avec elle alors qu’ils étaient plus jeunes.
Un mois plus tard, l’instituteur présente à sa classe un nouvel élève : Maurice arrivant avec ses parents, d’Algérie, département français à l’époque. L’adaptation est délicate pour le garçon, seule Lili semble prête à accepter son amitié, mais il est méfiant.
Intrigué par une révélation sur le nouvel arrivant, Lucien vient demander conseil à Madame Henriette. Puisque Maurice est le neveu de Yvette Delpont, que son pépé et Lucette Delpont sont mariés dans la mort, alors Lucien et Maurice seraient des cousins dans la mort. La réponse positive le rend joyeux…
Après une première publication en noir et blanc, puis une autre en couleurs aux éditions Petit à Petit en 2001, Mon cousin dans la mort est réédité à La boîte à Bulles. Cette belle chronique sociale campagnarde est un très joli récit intimiste fort et sensible de François Duprat. Si les personnages sont des enfants, l’histoire est loin d’être idyllique et enfantine. Au-delà de l’amitié naissante entre les trois personnages principaux et leur insouciance, il y a des évocations tout en pudeur, souvent élégamment sous-entendues : la guerre d’Algérie, le déracinement, le racisme, la mort et ceux qui restent, mais aussi l’alcoolisme (sa grande violence sociale et humaine), l’adultère (délicat dans la France profonde des années 60) ou encore la perte d’un enfant. C’est ce qui fait sa grande force, son intemporalité et son côté très moderne. Et même si la guerre s’impose dans le discours des adultes, les enfants en semble épargnés. Le trait semi-réaliste et élégant de l’auteur de Space Kariboo est d’une grande fluidité de lecture.
Mon cousin dans la mort : un album sensible et bien conté, fondé sur des thématiques très profondes. Une véritable réussite !
- Mon cousin dans la mort
- Auteur : François Duprat
- Editeur: La boîte à bulles, collection La malle aux images
- Prix: 13€
- Sortie: 02 mai 2014
Pour un monde plus libre
Un monde libre est un drame contemporain imaginé par Halim Mahmoudi. Dans cet album, le lecteur pourra entrebâiller la porte et découvrir le quotidien pas toujours très rose de Khalil, un jeune garçon d’une cité française dans un moment de crispations intenses d’émeutes urbaines après le meurtre d’un gamin de banlieue.Les parents de Khalil quittent l’Algérie alors qu’ils sont encore adolescents. Alors que la France se prend de passion pour ce que l’on appelait alors « les événements d’Algérie » ; il n’était pas aisé de vivre en métropole, entre OAS et FLN, attentats et manifestations.
Le jeune garçon, né en France, habite dans un quartier populaire de la région parisienne. Alors que son père a repris sa valise pour rentrer dans son pays natal, il est donc élevé avec sa sœur Amel, par une femme seule, aimante et protectrice. Un jour, alors qu’elle rentre dans sa chambre, elle découvre un secret que Khalil porte au fond de lui : le racisme, ce sentiment effroyable qu’il a pu suscité à son égard. Pour exhorter ses craintes, il a écrit les mots entendus sur de petits papiers qu’il garde précieusement dans une boîte à chaussures.
Khalil passe sa jeunesse dehors entre les filles, les galères, la rue, les problèmes mais aussi une grande partie de sa journée au collège Foccart. Il aime aussi écouter les histoires fantaisistes de Popo, un vieil homme qui vit dans la rue et pour lequel il a une infinie tendresse.
Mais un soir, à la suite d’un règlement de compte, des adolescents et jeunes majeurs sont en prise avec la police. Cocktails molotov contre matraques de policiers. Tout cela s’envenime et une nouvelle émeute éclate. Khalil est dehors et devient un spectateur de cet affreux événement. Alors qu’il rentre chez lui, il n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé. Tout est allé si vite. Anéanti, il apprend quelques jours plus tard, l’emprisonnement pour homicide involontaire de William, son ami.
L’album s’ouvre magnifiquement par un conte arabe, une très belle allégorie de l’Amour sauvé par le temps ; comme une plongée en douceur dans cette histoire qui deviendra pourtant sombre au fil des pages (Les planches de ce préambule sont exposées de façon permanente au Musée National de l’Histoire et de l’Immigration). Un monde libre est un très beau roman graphique de Halim Mahmoudi. Ecrit comme une chronique sociale forte, l’auteur raconte habilement l’immigration des parents de Khalil et les difficultés de se fondre dans la masse d’un nouveau pays, mais aussi les cités populaires parisiennes où le chômage explose, la jeunesse désenchantée et sans avenir, se révolte. L’auteur de Arabico explique ainsi sa volonté d’écriture : « Il s’agissait avec cet album de parler d’immigration, de ségrégation raciale, économique et sociale, de gestion punitive et carcérale [...] » Ce récit de vie fort, sensible et touchant est une auto-fiction, c’est-à-dire le mélange de vraies anecdotes de la vie de l’auteur et une histoire romancée. Mahmoudi souligne la difficulté qu’il a pu avoir pour écrire cet album : « […] que j’ai mis deux ans à écrire, à mettre en place, puis à dessiner. Je porte pourtant cette histoire depuis mon enfance. Et mes parents la portaient aussi. ». Malgré toutes difficultés rencontrées, Khalil va prendre son destin en main et changer le monde qui l’entoure ; et c’est là qu’est la grande force de ce récit. Entrecoupé de belles maximes, cet album est d’ailleurs divisé en trois parties.
Un monde libre : une belle utopie politique pour un monde meilleur, « C’est en allant à contre-courant, que nous prenons de l’avance » confiera l’auteur.
- Un monde libre
- Auteur : Halim Mahmoudi
- Editeur: Des ronds dans l’o
- Prix: 17€
- Sortie: 15 mai 2014
Caterina et le gang des chevelus
Caterina est une petite fille très autonome, qui vit seule. Sa seule crainte : le coiffeur ! Le gang des chevelus est le premier tome de la série jeunesse humoristique Caterina signée Alessandro Tota.Milieu de la campagne. Caterina, toute petite fille à l’énorme chevelure, vit seule dans une maison où les arbres ont une place de choix. Elle s’y est d’ailleurs construite une cabane dans l’un d’eux. Son père, construit des montgolfière, tandis que sa mère explore les fonds marins. Actuellement, ils sont tous les deux partis en voyage. Lorsqu’ils sont loin d’elle, c’est son oncle Moustache, dentiste, qui veille sur elle. Pour passer le temps, la petite fille aimer chanter, courir ou cueillir des fleurs.
Lors de l’une de ses nombreuses cueillettes, elle entre sur le territoire des Chevelus, gang composé de seulement deux garçons. Alors qu’ils se moquent d’elle, Caterina souhaite intégrer leur bande. Pour cela, les deux enfants lui proposent des défis (marcher sur les mains et voler un œuf de coucou) qu’elle réussit aisément. Elle devient ainsi le chef des Chevelus. Première mission : construire un lieu pour se réunir dans un gros arbre. Ce repaire est très fonctionnel : salle de réunion, chambres pour dormir, douche, poste de surveillance, plate-forme montgolfière pour s’enfuir au cas où et une chaise anti-casse-pied.
Gigi s’assoie sur la chaise, est éjecté très loin, passant dans les nuages et atterrit dans le palais Xanadu de Monsieur Riche, l’homme le plus riche du monde. Caterina et son copain décident alors d’aller chercher Gigi. Pour cela, ils doivent traverser une vieille forêt où se tient la champi-maison de l’Homme-qui-pue !…
Après son premier ouvrage pour enfants, Président ! (L’école des loisirs, 2013), Alessandro Tota publie Caterina, une nouvelle série jeunesse chez Dargaud. Le récit joyeux de l’auteur de Terre d’accueil (Sarbacane) est un peu décalé et parfois déjanté. L’univers coloré très original est peuplé de personnages bizarres (M. Riche, L’homme-qui-pue…) et de héros farfelus : Caterina, petite fille espiègle, joyeuse et n’ayant pas froid aux yeux. Intrépide, cela ne lui fait pas peur de vivre seule et de partir à la recherche de Gigi même en étant obligée de passer dans des lieux dangereux. Les belles valeurs véhiculées par l’album raviront les enfants : entraide, respect, amitié… Les planches aérées de ce monde magique et enchanteur sont agrémentées d’un graphisme vif et de couleurs pétillantes.
Caterina : attention série jeunesse décalée à l’humour ravageur et aux personnages très chevelus.
- Caterina, tome 1 : le gang des chevelus
- Auteur : Alessandro Tota
- Editeur: Dargaud
- Prix: 11,99€
- Sortie: 02 mai 2014
Saga familiale très décalée
En avril sortait le troisième et ultime tome de la série d’humour Amour, passion & CX diesel chez Fluide Glacial. Irrésistible saga familiale, elle est signé d’un trio d’auteurs décapant James, Fabcaro et Bengrrr. Dans ce nouvel opus, le lecteur retrouvera avec une grande délectation, le clan du patriarche Harold, en fin de vie. Les héritiers cherchant toujours à se partager le trésor de la famille : la CX diesel.Harold, chef d’une grande famille de 80 ans et grand-père très heureux, commence à perdre la mémoire, ou plutôt s’arrange avec sa mémoire. N’ayant pas la langue dans sa poche, ce sont souvent ses fils, Bill et Brandon, ainsi que sa femme qui en font les frais.
Entre Brandon et Jessifer, sa femme, rien ne va plus dans leur vie maritale. Pour égayer leur couple, madame souhaite sortir plus souvent, mais il faut penser à faire garder leur enfant Steve. Ce cher petit ange pose des soucis de gardes à ses parents. Pour trouver une baby-sitter, ce n’est pas gagné, surtout que la femme veut sortir souvent et notamment à l’opéra, au grand dam de son mari. Un soir, Sonia, étudiante en philo arrive à la maison pour garder l’enfant ; ce qui enchante Bill, qui commence à la draguer.
Dans la famille, il y a aussi, Jean-Mortens, en couple avec Elton. Mais ce dernier veut aller voir ailleurs des hommes plus jeunes et quitte son compagnon. Jean-Mortens déprime, essaie d’en parler à son entourage mais personne ne l’écoute. Il est au bord du suicide mais rencontre alors Abdelatif, qui lui redonne espoir.
Pour Bill, le frère de Brandon, ce n’est pas mieux, il est l’amant de sa femme, Jessifer et le vrai père de Steve.
Et enfin, il y a Pamela, la femme de Tony, qui trouve que sa poitrine est flétrie à cause des années qui passent et veut se refaire les seins. Une opération law coast va dégénérer et elle va se retrouver avec un sein sur le bras…
Voilà un saga pas piquée des hannetons ! Entre un grand-père qui n’a pas sa langue dans sa poche, un peu sénile, ses deux fils, ses petits-enfants et ses belles-filles, pas la temps de s’ennuyer ! Le scénario, digne des sitcoms américaines des années 80, tel que Dallas ou Les feux de l’amour, est absurde, drôle et très décalé. Les situations cocasses, la vie des personnages, les dialogues savoureux, les non-dits et le manque de communication forment un cocktail explosif qui déride les zygomatiques. Le parti-pris zoomorphe pour la partie graphique est très juste et permet de coller au mieux avec l’ambiance humoristique de la série. En refermant l’ultime album de Amour, passion et CX diesel, nous sommes presque déçus qu’il n’y ait pas une nouvelle aventure tant nous avons apprécié cet opus.
- Amour, passion & CX diesel, tome 3/3
- Auteurs : James, Fabcaro et Bengrrr
- Editeur: Fluide Glacial
- Prix: 12€
- Sortie: 30 avril 2014
Lady Liberty ou la Révolution américaine
La chevalière d’Eon et sa fille adoptive Lya, espionnes, vont se retrouver au cœur de l’Histoire, celle de la naissance des Etats-Unis d’Amérique. C’est cette fiction historique qu’ont voulu conter Jean-Luc Sala et Aurore dans le premier tome de la série Lady Liberty, intitulé Le secret du roi.Le Secret du roi est un réseau d’espionnage du roi Louis XV. Parmi ses membres, il y a Beaumarchais (avant sa carrière d’écrivain), La chevalière d’Eon et Lya de Beaumont, sa fille adoptive. Les missions affectées par le roi à ce réseau : intrigues et assassinats des sujets britanniques.
Alors qu’elles sont en mission en Angleterre, sur la plage de Farley, en mai 1774, elles devaient y observer les manœuvres de la Royal Navy et les peindre pour le compte du royaume de France, elles sont interrompues par Beaumarchais qui leur apprend le décès de Louis XV. Son dauphin, Louis XVI, a eu vent de l’existence du Secret du Roi et souhaite le démanteler. Si ce nouveau souverain coupe les vivres des deux femmes, le futur écrivain a une nouvelle mission : récupérer les documents secrets de la potentielle invasion de la France par les Britanniques, établis par la chevalière. Mis en lumière, cela déclencherait une guerre entre les deux pays, or, les caisses françaises sont vides ; il est hors de question d’engager le pays dans une longue guerre coûteuse. Mais cette dernière refuse de les livrer parce qu’elle sait qu’ils seront sa seule chance de survie. S’ensuit alors un combat entre le gentilhomme et sa fille, qui le blesse à la poitrine.
A Boston, onze mois plus tard, les britanniques débarquent dans la cité pour mâter la rébellion organisée par les Sons of Liberty, qui souhaitent une égalité devant l’impôt levé à la suite de la Guerre de 7 ans. Le soir de la bataille, Margareth Kemble Gage, la femme du général commandant les forces anglaises, est arrêtée pour haute trahison ; elle aurait espionné pour le compte des insurgés. Elle est acheminée par bateau à Londres pour son procès. Lya et sa mère décident alors de délivrer la jeune femme…
Le récit basé sur des faits historiques de Jean-Luc Sala est intéressant. Ecrit comme une belle saga d’aventure, il mêle habilement l’espionnage, les combats de cape et d’épée et les complots géopolitiques. Si tous les personnages ont réellement existé (La chevalière d’Eon, Beaumarchais, le couple Kemble Gage…), celui de Lya de Beaumont est une pure invention ; une subtil mélange d’agents ayant existé tel Molly Pitcher ou Deborah Sampson. La jeune femme, éprise de justice, est une fine lame et grande tacticienne comme sa mère adoptive. Très documentée, l’histoire est aussi fondée sur des faits historiques. Divertissant, il est complété par une partie graphique rafraîchissante de la part de Aurore. Bercée par les mangas et les dessins animés du Club Dorothée, son trait subit donc beaucoup d’influence des graphismes japonais. Les scènes de combats et les courses-poursuites sur les toits comportent beaucoup de mouvements, comme dans les séries manga. Les costumes et les robes sont magnifiquement reproduits, mis en valeur par de belles couleurs.
Lady Liberty : belle saga historique, au premier tome prometteur. On attend le deuxième tome pour que l’aventure nous fasse (enfin?) chavirer.
- Lady Liberty, tome 1 : Le secret du roi
- Auteurs : Jean-Luc Sala et Aurore
- Editeur: Soleil
- Prix: 14,50€
- Sortie: 16 avril 2014
Magie à Milan
Le mage de Milan est le premier tome de la nouvelle série historico-fantastique Prospero du tandem Jean-Blaise Djian et Olivier Legrand. Pour la partie graphique, ils ont fait appel à Julie Ricossé. A Milan, au 16e siècle, une société secrète tente de renverser le Duc qui règne sur la cité.
Milan, 16e sicèle. Maître Giordano établit ses comptes, lorsqu’il est surpris par deux hommes d’une société secrète. Ils lui rappellent qu’il n’a pas payé son dû au Sceau noir. Pour ce manquement, il est assassiné.
Le lendemain, le Duc de Milan convoque une réunion pour tenter de faire la lumière sur cette affaire. Pourtant, personne n’a pu découvrir quels sont les véritables commanditaires du meurtre ; les chefs de l’organisation ne sont pas démasqués. Pris d’une énorme colère, le puissant homme confie alors l’enquête à son grand chambellan et Prospero, son fils aîné et futur héritier. Pourtant, le jeune homme n’est guère emballé par les affaires et les intrigues de la ville, préférant passer ses journées à lire des ouvrages de sciences. D’ailleurs, Prospero s’essaie à de nouvelles expériences occultes qu’il veut partager avec Lorenzo, son ami poète. Après quelques incantations autour du feu, il fait apparaître Pyramanda, une femme salamandre qui exaucera ses vœux.
De leurs côtés, les membres du Sceau Noir mettent au point une stratégie pour éliminer le duc. A la tête de l’organisation se tient Alfieri qui confie alors cette mission au Signor Montelepre, un sorcier. En effet, pour ne pas éveiller les soupçons, la mort doit être douce et sans trace. Après avoir fabriqué une statuette à l’effigie du duc, il lui délivre un sortilège de magie noire. Au même moment, lors d’une réception, le gouverneur de la ville s’effondre…
Prospero est un personnage de William Shakespeare que les deux scénaristes vont librement adapter dans cette série éponyme. Alors que Jean-Blaise Djian et Olivier Legrand nous font voyager dans le Londres de l’époque victorienne avec la formidable série Les 4 de Baker Street, ils nous emmènent dans le Milan du 16e dans cette histoire. Teinté de fantastique et de magie, le récit est solide et captivant. Mêlant intrigues et meurtre dès la première planche, l’histoire tient le lecteur en haleine jusqu’au bout. Le décor et les personnages sont mis en place rapidement pour l’accrocher et la vision de Pyramanda apporte un souffle agréable à l’intrigue. Le trait quasi réaliste de Julie Ricossé est agréable à l’œil et permet une lecture fluide. La jeune dessinatrice à fort potentiel graphique, réussit le pari de mettre en image ce récit historico-fantastique. Bien documenté, les décors et les costumes sont parfaits de réalisme.
Prospero : une belle saga d’aventure fantastique grand public qui démarre d’une très belle manière.
- Prospero, tome 1 : Le mage de Milan
- Auteurs : Jean-Blaise Djian, Olivier Legrand et Julie Ricossé
- Editeur: Vents d’Ouest
- Prix: 14,50€ par album
- Sortie: 23 avril 2014
4 albums « Premières bulles »
- Mon père ce héron (Jul) : Petit étang au milieu de la nature. Cinq jeunes grenouilles discutent de la profession de leur papa. L’une d’elles explique que le sien passe à la télé, une autre que le sien défie les toréros, la troisième que son père est styliste, la suivante qu’il est chanteur et la dernière, que son père est un héron !Un petit livre amusant sur l’affabulation des enfants et leurs envies d’une vie meilleure. Beaucoup d’entre nous ont eu cette envie ou sont passés à l’acte pour impressionner nos amis. Jul fait preuve d’un bel humour décalé, comme il en a l’habitude dans ces autres ouvrages et notamment Silex and the city. Le trait si original de l’auteur est toujours aussi efficace et d’un naturel humoristique.
- Des canards trop bizarres (Cécil Castellucci et Sara Varon) : Gwendoline est une belle petite canard qui vit seule dans un belle demeure à la campagne. Entre gymnastique du matin, chant, natation, courses au supermarché, chez l’épicier, à la mercerie, un petit tour à la bibliothèque ; sa vie est belle. Son petit plaisir : après un bon dîner, elle lève les yeux vers le ciel pour faire un vœu dès que la première étoile apparaît. En effet, elle souhaite que rien ne change parce qu’elle apprécie sa modeste vie. Mais un jour, elle aperçoit un camion de déménagement devant la maison voisine, vide depuis très longtemps. Elle a désormais, un nouveau voisin. Et quel voisin ! Tout son opposé : sa maison ressemble à un taudis et sa pelouse est jonchée de sculptures très bizarres. Comme elle est très aimable, Gwendoline prépare un gâteau et l’apporte à Elvis, le nouvel arrivant. Plumes de travers, mal lissées et de toutes le couleurs, il prend le soleil dans son jardin. Après avoir dégusté le gâteau, elle a une certitude : ils ne seront jamais amis !
L’album pour enfants Des canards trop bizarres de Cécil Castellucci et Sara Varon est un bel ouvrage conciliant belle histoire et très beau graphisme. Le récit porte de belles valeurs (amitié, entraide) pourtant tout sépare ces deux canards. Les deux volatiles sont à l’extrême opposé, ayant des vies très dissemblables. Et c’est ce duo improbable qui fait la force de l’histoire. Le trait de Sara Varon est très agréable à l’oeil, tout en rondeur pour les personnages. Les décors intérieurs sont magnifiques et fourmillent de détails, quant aux décors extérieurs, ils sont a minima pour mettre en valeur les deux protagonistes.
- Les Tchouks, On a vu la mer ! (Benjamin Richard et Kerascoët). Les Tchouks, ce sont 20 enfants qui forment une vraie bande d’amis et qui vivent des aventures du quotidien : entre amitié et humour . Les enfants partent en car à la mer pour passer la journée et faire du bateau. En attendant la balade, Patatchouk construit un cerf-volant, Tchougris propose de faire un énorme château de sable ou escalade de rochers…
- Les Tchouks, On fait une cabane ! (Benjamin Richard et Kerascoët). C’est l’été et les Tchouks décident de construire une cabane. Alors que tous souhaitent une grande cabane, Patatchouk préfère une plus petite pour que les grands ne puissent pas rentrer dedans. Tchougris commence à réfléchir a un plan et tout le monde monte les planches dans un gros arbres…
L’univers de Tchouks est formidable, les amis sont une véritable bande et constituent presque une mini-société où les humeurs et les parties de rigolades sont légions. Les récits de Benjamin Richard sont délicats et sensibles. Le trait tout en rondeur des Kerascoët mettent parfaitement en valeur les histoires. Les auteurs de Miss pas touche livrent des illustrations très légères et très lisibles.
Premières bulles : une nouvelle collection de très bons albums pour les 5/8 ans où l’on retrouve les talentueux dessinateurs Jul et Kerascoët. Case Départ vous recommande leurs lectures.
- Albums Premières Bulles
- Auteurs : Jul, Kerascoët, Benjamin Richard, Cecil Castellucci et Sara Varon
- Editeur: Rue de Sèvres
- Prix: 7,50€ par album
- Sortie: 14 mai 2014
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
S.
Publié une première fois chez Vertige graphique en 2006, S. de Gipi est réédité par Futuropolis. Cette autobiographie sensible et touchante raconte la vie du père de l’auteur.Décédé peu de temps avant 2006, Gipi dessine quelques moments clés de la vie de son père S. Pour nous livrer ses sentiments, il entremêle ses propres souvenirs d’enfant et d’adolescent, souvent amplifiés, déformés, sous forme de petites anecdotes du quotidien. Lorsqu’il dépeint son propre père, il reconstruit une image de lui, impressionnant, aimé et admiré.
Ce sont aussi les souvenirs de la dernière guerre, des bombardements et des morts. Des histoires de peur au ventre, celle d’un père caché dans les clapiers à lapins, pendant que les bombes sifflent, celle d’un fils, la nuit seul avec son cousin sur une plage déserte dans un toile de tente en plein vent…
Cet album pourra quelque peu déstabiliser le lecteur avec une narration déstructurée, qui mêle et entremêle les périodes de la vie de S mais aussi de Gipi. Un peu comme s’il suivait le tourbillon de la mémoire pour nous livrer ces moments qui viennent comme cela de son esprit. Ces anecdotes sont-elles vraies ? Y a-t-il une part de vérité ? Est-ce inventé ? Néanmoins, il décode d’une fort belle manière les relations père-fils, les problèmes de filiation, les incompréhensions voire les conflits sourds qui peuvent agiter une famille. Des scènes sont bouleversantes d’humanité voire d’inhumanité, comme celle du bombardement du village natal des ses parents, mais encore le début de l’histoire d’amour de ses parents et enfin la scène dans la toile de tente avec son cousin. Le dessin percutant de l’auteur de Vois comme ton ombre s’allonge est d’une grande force malgré une belle simplicité. Un bel album !
- S.
- Auteur : Gipi
- Editeur: Futuropolis
- Prix: 18€
- Sortie: 05 mai 2014
Silver spoon,
volume 6
Case Départ vous a déjà parlé de Silver Spoon, ce surprenant manga dans le monde de l’agriculture de Hiromu Arakawa. Les éditions Kurokawa nous livrent le sixième volume de cette série mêlant le drame contemporaine avec un humour dévastateur.On retrouve Yûgo, le lycéen doué débarqué de la ville ; Aki, fille d’élèveurs ; Ichirô, pilier du club de base-ball et futur fermier ; Vice-président, le chien recueilli par Yûgo, ou encore Shinnosuke, futur vétérinaire. Tout ce petit monde vit dans l’internat du lycée agricole japonais Ohezo. Entre cours, équitation, futurs amours, conflits et rires…
Débordé par l’organisation de la fête de l’école, Yûgo en aurait presque oublié la grande compétition d’automne à laquelle participent tous les membres du club d’équitation. L’occasion de prouver que son dur entraînement avec Noisette n’a pas été vain mais aussi de faire la rencontre d’Ayame, la surprenante amie d’enfance d’Aki.
Prépublié dans le magazine japonais Weekly Shônen Sunday, Silver spoon fut créé en 2011 et compte 11 tomes dans son pays d’origine. Alors qu’un film live est sorti sur les écrans nippons en mars, une série animée est visible en France sur Wakanim, une plate-forme de téléchargement légale. Le lecteur prendra toujours autant de plaisir à suivre les aventures fermières de Yûgo et de ses camarades. Le récit de Hiromu Arakawa est très drôle et les moments de rire permettent de bons sas de décompression lorsque l’histoire prend une tournure avec un peu de tension. Ce volume 6 tourne autour du cheval et du concours d’équitation dans lequel Yûgo est engagé. Noisette lui faisant voir de toutes les couleurs ; il a toujours autant de mal dans sa relation avec cette jument. Et n’oublions pas non plus, la demande du jeune lycéen à sa camarade Aki. Décidément, ce shonen est une des très bonnes séries que l’on peut suivre actuellement en France.
- Silver Spoon, volume 6
- Auteur : Hiromu Arakawa
- Editeur: Kurokawa
- Prix: 6,80€
- Sortie: 10 avril 2014
C’est la vie
Avoir plus de 30 ans, un chat qui parle, des problèmes métaphysiques et la peur du dentiste, ce n’est pas toujours facile ! Clémence Lallemand met en scène sa vie dans un livre proche de l’illustration : C’est la vie publié aux éditions Jungle.Adapté de son blog, cet album éponyme raconte sur des gags en une page, les tranches de vie de cette trentenaire célibataire et de sa chatte Mitsou. La jeune dessinatrice se retrouve souvent sous le joug de son animal de compagnie qui lui en fait voir de toutes les couleurs. Après une petite présentation sur une double-page de son enfance et de son adolescence, plutôt agréables, elle nous parle de ses problèmes de réveil, ses rendez-vous chez le dentiste et son devis à 7500€, de son absence cruelle d’enfants lorsqu’elle reçoit ses amis qui en ont déjà 4, de ses cours de gym municipaux, ou encore de ses multiples rencontres avec des hommes honnis par Mitsou.
Clémence Lallemand met en scène ses petits tracas du quotidien, s’amuse avec ses interrogations quasi métaphysiques. Son personnage est attachant même si toutes les situations ne prêtent pas à rire, quelques gags tombant parfois à plat. Même si les trentenaires se reconnaîtront dans ses soucis, l’auteur de Rillettes au sucre (Delcourt) ne convainc pas à chaque page. Son style graphique simple voire enfantin est néanmoins très efficace.
- C’est la vie
- Auteur : Clémence Lallemand
- Editeur: Jungle
- Prix: 13,95€
- Sortie: 02 avril 2014
Captain Tsubasa,
tome 24
Glénat Manga possède de belles valeurs sûres, de belles séries manga comme One Piece, Gangsta ou encore Captain Tsubasa. Connu des trentenaires grâce à sa diffusion sur TF1 dans le Club Dorothée, la série animée était alors appelée Olive et Tom (128 épisodes de 22 minutes, depuis 1983 au Japon et 1988 en France). Histoire créée par Yoichi Takahashi pour le magazine Weekly Shônen Jump entre 1981 et 1988, elle fut compilée dans 37 volumes au Japon. Edité une première fois en France par J’ai Lu, depuis 2010, c’est Glénat qui le réédite.Tsubasa Ozora (Olivier Atton) n’a qu’un seul rêve, faire gagner la coupe du monde à son équipe nationale, le Japon. Croisant la route de Roberto, un très grand joueur brésilien, qui va l’entraîner, il va devenir un excellent footballeur.
Dans ce tome, malgré les blessures, Tsubasa parvient à égaliser contre le Centre Toho, en finale du tournoi des collèges. Mais, vaincu par la fatigue, il s’écroule avant d’être réveillé par un tir puissant de Kojiro, reçu de plein fouet ! Le capitaine de Nankatsu fonce alors vers les cages de Toho, mais l’arbitre siffle la fin du match sur une égalité. Toho et Nankatsu devront donc se départager lors des prolongations…
Belle série que Captain Tsubasa. Même si les dessins ont légèrement vieilli (ils datent du début des années 80), on retrouve avec beaucoup de bonheur les histoires footballistiques de notre enfance. Les tensions sportives, les intrigues, les trahisons, les réussites, l’amitié et le sport numéro 1 dans le monde, voilà la force des récits de Yoichi Takahashi. A (re)lire !
- Captain Tsubasa, tome 24
- Auteur : Yoichi Takahashi
- Editeur: Glénat manga
- Prix: 6,90€
- Sortie: 07 mai 2014