Salem est une nouvelle série diffusée sur les ondes de WGN America aux États-Unis et Space au Canada depuis la mi-avril. Comme le titre l’indique, on nous transporte en 1692 au Massachusetts dans la petite ville de Salem alors que les puritains mènent une campagne de peur au sein de la population en amorçant une chasse aux sorcières sous la supervision du jeune gouverneur Cotton Mather (Seth Gable). Cette traque s’avère être un véritable désastre puisque des innocentes sont pendues alors que c’est Mary Sibley (Janet Montgomery), la plus riche femme de la ville et sorcière qui tire les ficelles en jetant des sorts. Entre-temps, son amour de jeunesse, John Alden (Shane West) revient s’installer dans la ville après sept ans d’absence, ce qui vient passablement brouiller les cartes. Première production originale de WGN, Salem ne passe pas inaperçue. Si cette adaptation basée sur des faits réels ne manque pas de points forts, on en a vite ras le bol des scènes de violence et d’érotisme à outrance, qui viennent compenser un scénario faiblard.
Le mal est partout
Les premières scènes nous montrent une Mary jeune et innocente. Son fiancé John est parti faire la guerre aux Amérindiens et aux Français et est déclaré mort. Entretemps, celle-ci qui porte son enfant accepte de subir un avortement et avec l’aide d’une autre sorcière, Tituba (Ashley Madekwe) et en échange, vend son âme au diable. Elle marie ensuite George (Michael Mulheren), l’homme le plus riche de la ville qu’elle a tôt fait d’ensorceler, le rendant handicapé de presque tous ses membres. Dès lors, elle projette l’image de la femme dévouée, ce qui lui permet d’opérer en toute liberté puisqu’elle doit sacrifier neuf innocents avant la pleine lune. Mais les sorcières ne sont pas les seules responsables de ces crimes atroces puisqu’en fin de compte, c’est un groupe de puritains qui après un procès expéditif, envoie les femmes au bucher. Cotton est un fanatique qui voit le mal partout. Lui qui a vu Dieu dans les yeux de son grand-père avant qu’il ne rende son dernier soupir, est obsédé par la rédemption et s’il le faut, il est prêt à orchestrer toutes sortes de campagnes de peur pour arriver à ses fins.
Ce qui exaspère dans Salem, c’est qu’il n’y a que des méchants, autant chez ceux qui possèdent des pouvoirs magiques que chez les autorités en proie à un fanatisme sans limites, si bien qu’on n’a aucun contrepoids assez puissant pour éviter ces lynchages à répétition. Dans les premiers épisodes, Mary semble indestructible. La première chose qu’elle fait pour mettre son plan à exécution est d’ensorceler une jeune innocente, Mercy Lewis (Elise Eberle). La pauvre jeune femme est rendue folle et ressemble plus à un animal qu’un être humain. Mary a ensuite convaincu Cotton qu’il s’agissait d’une possédée capable d’identifier les sorcières, alors la populace se met à la vénérer et la considérer comme un ange venu rendre la justice. Lorsqu’une sage-femme est accusée de sorcellerie pour avoir tué un bébé lors d’un accouchement, Mercy, sous un sort de Mary, désigne l’innocente comme coupable et la malheureuse est pendue. Pour arriver à ses fins, Mary s’est alliée au magistrat Hale (Xandr Berkeley) qui fait aussi dans la sorcellerie. Lorsqu’il tente d’y aller de son propre agenda et d’accuser Isaac (Iddo Goldberg), un ami d’enfance de Mary, cette dernière passe à un cheveu de tuer la fille d’Hale, ce qui a tôt fait de le remettre dans les rangs. Quant au gouverneur Cotton, il pense faire le bien en purgeant la population des « déviants », mais en fin de compte, son fanatisme l’aveugle et il n’est guère mieux que Mary. John serait le seul à pouvoir contrer cette vendetta, mais pour le moment n’impressionne guère puisqu’il n’a ni l’autorité, ni des pouvoirs magiques. Dans ce combat entre le bien et le mal, les forces sont toutes, sauf égales.
Quand WGN veut faire sa place
Un autre aspect qui dérange dans Salem est qu’on passe sous silence une réalité historique troublante de cette fin de siècle aux États-Unis. En effet, il y a bel et bien eu des procès pour sorcellerie qui se sont déroulés au Massachusetts et soldés par 25 mises à mort et de nombreux emprisonnements. Les puritains sont les premiers à blâmer en raison de leur fanatisme religieux. En même temps, toute femme un tant soit peu émancipée à cette époque était vue d’un mauvais œil par ces dévots et ces procès peuvent être interprétés comme une tentative d’écrasement social de celles-ci. Dans la série, en faisant de Mary une sorcière, on donne un peu raison à ces fanatiques de s’être chargé de « purifier » la ville. Mais bon, on est en fiction…
Le pilote de Salem a enregistré d’impressionnantes cotes d’écoute avec 1,5 million de téléspectateurs, mais l’auditoire a fondu de moitié lors du second. Qu’à cela ne tienne, le 5 mai, au lendemain de la diffusion du troisième épisode, WGN a annoncé qu’elle renouvelait la série pour une seconde saison. Il est vrai qu’avec le temps, les personnages deviennent plus nuancés et les intrigues font un peu plus de sens. La série aura donc beaucoup de temps si elle veut se repositionner et faire moins dans le sensationnalisme.