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Santé connectée: "Nous donnons les outils à l’utilisateur pour qu’il se prenne en charge dans la durée"

Publié le 09 mai 2014 par Pnordey @latelier

Placer l’utilisateur au centre et l’accompagner sur le long terme sont les fondements pour réussir dans le secteur de la santé numérique et apporter des solutions disruptives.

Entretien avec Alexis Normand, Directeur du Développement Commercial Santé chez Withings, société française développant et commercialisant des objets connectés, à la suite de son intervention au sommet européen mSanté à Berlin sur la "Révolution de la santé connectée"

L’Atelier : Chez Withings, travaillez-vous en partenariat avec des professionnels de la santé ?

Alexis Normand : Oui, nous vendons des produits aux médecins pour un usage en l’état comme c’est le cas avec l’Hôpital Européen Georges Pompidou qui possède une dizaine de nos tensiomètres et les prête à ses patients pour qu’ils puissent s’auto-mesurer à domicile. Ensuite, nous allons plus loin avec des hôpitaux qui équipent leurs patients et mettent en place un système de récupération de données de notre plateforme vers la leur pour créer des alertes à l’intérieur de systèmes d’expert. Par exemple, nous équipons le CHU de Toulouse qui a développé un système de suivi des patients atteints de diabète, et lorsque ces personnes prennent rapidement du poids, cela peut transmettre une alerte à un médecin. Ou bien l’hôpital de l’Université de Norvège qui suit l’insuffisance cardiaque de ses patients avec nos pèse-personnes. En outre, nous collaborons avec des instituts de recherche en épidémiologie à l’Inserm sur la gestion des données.

Décririez-vous vos produits comme du wearable ?

Oui et non. Nous nous plaçons dans le "quantified self" mais tout n’est pas forcément porté. La balance par exemple. Elle reste chez vous et a une durée de vie plus longue que les wearable. Le risque du wearable c’est d’être des objets de mode donc qui, par définition, se démodent. Notre objectif est d’avoir une relation dans la durée avec l’utilisateur. Le wearable fait partie de nos activités mais n’en est pas le centre.

Diriez-vous que le wearable est cool ou effrayant ?

Nous nous efforçons de le rendre cool et sexy car c’est ce qui va donner envie aux gens de s’en servir, ce n’est donc pas un objectif superficiel. Mais aujourd’hui, les craintes qui nous sont souvent exprimées concernent l’utilisation des données. Nous plaçons la protection des données utilisateur et de la vie privée au cœur de nos préoccupations. Nous avons dans notre équipe un "data privacy officer" dont le rôle est précisément de gérer ces problématiques. Il faut en effet rassurer les utilisateurs sur ces questions.

Maintenant, nous observons un angle médiatique en France assez fréquent qui est de tout de suite voir le risque dans ce que nous faisons. Alors que les Anglo-saxons sont beaucoup plus dans une approche de risques-avantages. À l’époque, les mêmes questions s’étaient posées lorsque la carte bleue a fait son apparition. Puis nous nous sommes vite rendus compte que c’était beaucoup plus pratique et qu’il était possible de faire un traitement anonyme des données.

En quoi peut-on dire que Withings apporte des solutions disruptives ?

Nous sommes disruptifs dans la mesure où nous nous intéressons à l’utilisateur. Le sens originel de la santé et de la médecine sous-entend qu’il y ait prévention et soin. Nous donnons donc de nouveaux outils à l’aspect de la prévention. C’est disruptif car aujourd’hui, le système de soins est centré sur le médical et il est très performant, mais nous donnons aujourd’hui les outils à l’utilisateur et au patient pour se prendre en charge dans la durée. Cela signifie que ce ne sont plus les mêmes modèles de financement, ce n’est plus de la télé-médecine car les technologies numériques ont pris une telle importance que les médecins sont obligés de s’adapter. Et cela bouscule aussi la médecine traditionnelle.


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