Toute personne qui entreprend de pénétrer le monde financier pour apprendre et comprendre l'évolution des choses, se heurte le plus souvent à des termes techniques. En compulsant un glossaire même succinctement, le plus souvent chacun arrive à y associer une notion et trouve un éclairage assez rapide qu'il pourra étayer par quelques recherches complémentaires. Il existe cependant des expressions beaucoup plus pernicieuses pour la juste compréhension du déroulé des évènements qui sont pour la plupart inlassablement évoquées dans les analyses, communiqués, commentaires et autres discours. A force, plus personne ne les remarque vraiment, n'arrive à les situer, à saisir leur véritable nature ni à mettre le doigt sur la situation réelle à laquelle elles se rapportent.Au début des 90's, la récession avait également engendré un tel mouvement comme en 2000. Pour la seconde moitié des 90's, comme évoqué dans
L'un des domaines de prédilection pour ce type d'énoncé difficilement palpable et concret concerne la politique monétaire. Langage abscons des banquiers centraux, jeu de cache-cache avec les analystes pour ne pas en dire trop, favorisent toutes les spéculations, on le voit à chaque fois qu'une banque centrale prend une décision ou s'exprime. Anticipations avant le verdict, puis (pof !) dans la seconde qui suit, mille nouvelles spéculations et disséquassions du communiqué pour tenter de percer les inflexions à venir. S'expriment donc ensuite devant vous, dans les journaux, à la télé et ailleurs très souvent différents experts qui qualifient telle politique monétaire de restrictive ou d'accommodante. L'un trouve la politique 'accommodante', l'autre qu'elle est plus 'restrictive' qu'il n'y paraît avec autant de graduations et d'anticipations qu'il existe de personnes invitées. Enchanté au départ par le sujet, tout le monde finit un peu par s'y perdre.
Voilà 2 qualificatifs qui se rapportent à une appréciation personnelle d'un analyste ou d'une banque, d'un journal financier ou d'un organisme économique mais qui ont trait, sur le fond, à la définition et à la qualification du rapport entre les objectifs de la politique monétaire et les instruments utilisés pour y parvenir dans une situation donnée.
Les grands objectifs sont :
- la stabilité des prix (plutôt l'orientation de la BCE)
- ou la stabilité des prix et la croissance, le plein-emploi entres autres (plutôt l'orientation de la Fed).
Parmi les instruments, comme vous pouvez le découvrir au fil des mois, l'action se fait essentiellement :
- via la liquidité apportée aux banques
- et via l'action sur les taux d'intérêts (dits 'courts', soit les taux à court terme)
Très schématiquement : plus l'activité économique ralentie, plus la banque centrale va avoir tendance à adopter un biais dit 'accomodant' pour aider la croissance. Concrètement, elle va choisir de baisser ses taux.
Plus l'inflation a tendance à se raffermir, plus le biais va être à l'inverse 'restrictif' avec une action sur les taux à la hausse. Ce sont les 2 pressions essentielles avec une multitude de configurations concrètes suivant la conjoncture et le cycle économique, la hausse des taux pouvant provenir par exemple d'une 'normalisation' de ceux-ci pour eviter 'une surchauffe' économique après qu'on les ait baissé pour la faire redémarrer. On prévient ainsi l'apparition d'inflation.
Il nous reste à voir donc 'la situation donnée', soit la conjoncture actuelle qui mêle hausse de l'inflation et ralentissement de la croissance avec des taux directeurs de la Banque centrale américaine (FED) qui sont passés de 5,25 % à 2 % en quelques mois pour aider l'économie. l'article sur le cuivre, l'anticipation d'une récession ne s'est en fait pas matérialisée, d'où ce mouvement erratique ou plus 'fin' (cf.graphe)
Les taux dits 'nominaux' (taux facial de 2 % ou taux 'brut') actuel de la Fed (en rouge) expriment une politique accommodante mais moindre qu'en 2003/2004. Cela relativement au cycle de croissance économique.
En évaluant la chose maintenant non plus avec des taux bruts mais à l'aide de taux 'réels' dont on retranche l'inflation l'appréciation est différente :
- en tenant compte de l'indice 'core' (hors alimentation et énergie, éléments volatils) soit la courbe en marron, on observe que l'action de la Fed a eu pour effet d'amener les taux réels à O (zéro) Le crédit est donc 'gratuit' en quelque sorte. Voilà une politique 'accomodante' dans l'absolu pourtant au même niveau sur ce point qu'en 92/93 alors que les taux étaient 50 % plus hauts à 3 %.
- en continuant avec l'inflation globale, on voit par contre que les taux réels sont devenus en quelques semaines négatifs de - 2 % comme au plus fort de la précédente récession. Si la politique monétaire US était très accommodante la dernière fois en 2003, alors elle l'est aussi de ce point de vue aujourd'hui avec des taux nominaux pourtant au double.
On perçoit ici à quel point, le crédit était si peu cher pendant de longs mois en 2003/2004. On comprend également mieux que si la Fed doit baisser encore ses taux pour aider éventuellement l'économie à l'avenir, l'inflation est un déterminant de sa politique très important. A inflation comparable mais situation économique plus dégradée, elle ferait alors entrer sa politique monétaire dans une zone encore plus accommodante. Toute modération de l'inflation libère donc pour elle du potentiel de baisse sur les taux pour aider le cas échéant l'économie.
Voilà pour l'action via les taux. Qu'en est-il pour celle via la liquidité offerte aux banques ? Les injections de liquidités ne cessent d'augmenter en montant et de s'ancrer plus durablement dans le temps, sans oublier le sauvetage d'une banque d'affaires il y a 2 mois. Semaine dernière, une proposition a été faite au Sénat US (accueillie favorablement) de rémunérer les réserves des banques détenues par la FEd pour accroître encore la liquidité.(et plus forte
Je vous laisse me dire si ces points sont plutôt 'accommodants' ou 'restrictifs' ...
Conclusion : Voici globalement un 'remède de cheval' injecté à grande vitesse.
En cas de crise courte et d'inflation temporaire, tout le monde applaudira. Si l'économie entre en zone de récession avérée a fortiori) avec une inflation qui s'installe (sans parler d'autres hausses) les marges de manoeuvre deviendront très étroites. Dès lors, si nous ne sommes qu'en début de crise, beaucoup de cartouches ont déjà été 'tirées' pour la contrer.