Basé sur un mélange d’auteurs qui laissent libre cours à leur créativité et un concept série B au look très vintage, Doggybags rend hommage au cinéma Grindhouse des années 60-70 et s’inspire du concept de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez pour leur diptyque Boulevard de la mort (Death Proof) / Planète terreur (Planet Terror). Le lecteur a donc droit à trois histoires bien trashs qui sortent des sentiers battus : des scénarios sans concession qui mêlent violence, humour bien macho, sexe et beaucoup d’hémoglobine. À l’inverse du troisième volet qui s’articulait autour d’un thème central mexicain, celui-ci part à nouveau dans tous les sens.
La première histoire, intitulée « Trapped », embarque les lecteurs dans les égouts de Miami en compagnie de deux braqueurs qui tentent d’échapper à la police. Ces derniers refusent cependant de s’y aventurer car un crocodile géant y ferait la loi. Ce huis-clos oppressant qui se déroule bien loin des rues ensoleillées de Miami permet de découvrir deux jeunes auteurs (El Puerto et Tomeus) qui revisitent avec brio cette légende urbaine.
Le deuxième récit, intitulé « D.O.A. Rampage », invite à suivre un ancien militaire qui plonge progressivement dans la folie. Cette histoire inspirée d’un fait réel est scénarisé par Aurélien Ducoudray (The Grocery) et dessiné par Neyef, un grand habitué de cette saga étant donné qu’il était déjà présent sur le troisième tome de Doggybags et qu’il est également aux manettes de l’excellent hors-série « South Central Stories ». La montée progressive de la folie du personnage principal est admirablement bien rendue par les deux auteurs, qui s’amusent à développer parallèlement l’imaginaire du personnage et la réalité qui l’entoure.
Pour « Death of a Nation », le troisième et dernier chapitre de cet album, Run et Aurélien Ducoudray emmènent le lecteur dans un parc d’attraction qui invite les visiteurs à revivre les grands moments de l’Histoire des États-Unis en compagnie de figurants assez spéciaux. Depuis l’épidémie de zombies de 2018, la loi Romero retire en effet tous leurs droits aux morts-vivants, ce qui permet de remplacer les ennemis d’antan par des zombies que les visiteurs peuvent dégommer avec des armes réelles. Si les dessins de Kartinka n’ont pas le même panache que ses deux prédécesseurs, le jeune artiste parvient néanmoins à donner « vie » à ce parc d’attractions hors-norme qui ne met pas vraiment le passé de l’Amérique en valeur.
Pour le reste, l’ambiance est à nouveau soignée jusque dans les moindres détails, de la maquette du livre au style rétro et usé de l’ensemble, en passant par les fausses publicités, un poster détachable en fin d’ouvrage, les mini-coupons à découper ou ce vrai-faux courrier des lecteurs, qui sont insérés avec minutie dans l’album, rappelant le bon souvenir des vieux comics underground.
Doggybags est une véritable tuerie, dont on ne se lasse pas au fil des tomes… bien au contraire !
Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top de l’année !