Le sort ignoble réservé à ces deux cents lycéennes enlevées par les fanatiques de Boko Haram le mois dernier au Nigeria est en train de soulever une vague de protestation mondiale. L'événement qui était plutôt passé inaperçu dans un premier temps est en train de susciter une énorme colère dans le pays et partout ailleurs.
Au Nigeria, les familles accusent l'armée d'avoir laissé faire les groupes armés, qui ont impunément capturé ces deux cents lycéennes. Pourquoi ces rapts ? Parce que selon ces ravisseurs, les filles ne doivent pas avoir accès à l'éducation et doivent rester auprès de leur mari. Lundi, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a revendiqué l'enlèvement et expliqué qu'il va «vendre (les lycéennes) sur le marché» et qu'elles sont traitées en «esclaves».
Une telle barbarie a même suscité une protestation des religieux musulmans eux-mêmes : hier, Al-Azhar, plus haute autorité religieuse de l'islam sunnite, a appelé Boko Haram à relâcher les lycéennes, soulignant que faire du mal à ces jeunes filles est «totalement contraire aux enseignements de l'islam et à ses principes de tolérance», et appelé «à la libération immédiate» des lycéennes.
Le reste du monde aussi est effaré par ce rapt. «Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur cette preuve évidente de barbarie», a déclaré lundi la sénatrice démocrate américaine Amy Klobuchar. Le chef de la diplomatie britannique, dénonçant des kidnappings «écœurants», a indiqué que Londres apportait une «aide concrète» au Nigeria dans cette affaire. Vendre les adolescentes s'apparente à un crime contre l'humanité, a prévenu l'ONU. Une «cruauté inimaginable», a dit Angelina Jolie à Paris.
Pour Enoch Mark, critique virulent du gouvernement depuis que sa fille a été enlevée, l'action de l'armée nigériane reste largement insuffisante. Les insurgés de «Boko Haram ne sont pas des esprits ou des créatures extraterrestres qui ne peuvent pas être suivies et maîtrisées», a-t-il déclaré. «Le gouvernement doit retrouver nos filles ou demander une assistance internationale s'il n'y arrive pas».
Hier, huit adolescentes ont été kidnappées dans le nord-est du Nigeria par des membres présumés du groupe islamiste armé Boko Haram.
La Dépêche du Midi- 07 05 2014