Notes pour une réponse éventuelle à des étudiants qui m’ont demandé un court texte impressionniste sur l’art de
La nouvelle, c’est le haïku du prosateur qui se refuse à l’architecture à oubliettes du roman pour exposer, à la lumière implacable de la brièveté, un réel transfiguré, ciselé, dénudé. La nouvelle est à la littérature ce que la toundra et le désert sont à la géographie : lieux impitoyables et minéraux, où l’œil boit les horizons et se doit de s’attacher à des fragments infimes pour éviter sa propre fragmentation, sa dissolution dans l’Être.
À l’opposé, le conte, furtif et aguicheur, sans cesse propose ses grimaces complices et ses minauderies, ses sentes nocturnes et lascives, où palpite et s’embusque la Vouivre… Mais le stylo continue, sur la page crème et poreuse, sa marche dégingandée – flèche de Zénon à centre fou, tension vers ce papier de riz où toute encre sèche et disparaît avant que le tracé ne s’inscrive.
Ouais… Au moins, ces étudiants apprendront-ils comment il ne faut pas écrire !
*
Mon recueil de novellas intitulé Trois visages d’Is progresse bien. La novella est un texte moyen, ni court, ni long, hérité de la culture médiévale d’Occitanie -un hybride ébahi qui, à la traîne dans une bretelle de l’autoroute littéraire, regarde passer les genres nobles et sourit avec la satisfaction de ceux qui savent avoir le temps, car leurs désirs ne les portent pas très loin. En fait, on écrit peut-être des novellas lorsque l’on se sent trop paresseux pour pondre un roman et pas assez talentueux pour ciseler une nouvelle.
L’auteur…
-
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon
du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet). On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).