"Lorsque tu cesseras de t'épuiser à chercher le bonheur, courir dans tous les sens, t'enchaîner à tes idées volages, te soumettre aux vagues de tes émotions….
Lorsque tu viendras juste t'asseoir à cette montagne qui n'a pas de sommet, alors voici fleurir sous tes yeux tout un monde de bonheurs, voici tes idées et tes pensées traverser le ciel de ton esprit sans t'enchaîner, voici tes émotions devenir tes maîtres d'impermanence.
Te voilà libre. Merveilleux et libre, comme au fond tu l'as toujours été avant tes illusions.
Ce jour-là, tu comprendras que le miracle n'est pas de marcher sur les eaux, mais d'être bel et bien ici, les pieds libres et joyeux sur cette belle terre.
Ce jour-là, tu réaliseras que la sagesse ne voit pas la beauté uniquement dans les choses belles, mais que ton cœur en toute chose peut goûter la beauté.
Ce jour-là tu ne seras ni un dieu ni un prophète, ni un bouddha ni un saint. Ni un homme ni une femme non plus.
Ce jour-là tu seras enfin la vie, l'incroyable vie mon ami."
Federico Dainin-Jôkô,
moine zen fondateur de La Montagne Sans Sommet
“Ma vie a toujours débordé de rencontres magnifiques, et je suis tellement chanceux d’être entouré de tant de belles personnes, de pouvoir vivre une infinité d'expériences incroyables; mais surtout d’avoir un jour reçu le plus précieux trésor, celui de l’absorption en moi au cœur du monde, zazen, la réconciliation avec mon histoire, la découverte de mes paysages intérieurs merveilleux , la perception de l’incroyable grandeur de l’homme, de l’indicible beauté de l’univers! Je dormais et je ne faisais que voir mes chutes, puis j’ai ouvert les yeux et j’ai vu toutes mes floraisons. Je pensais être séparé du monde et des autres, puis soudain en contemplant le Bouddha tourner la fleur entre ses doigts, j’ai ressenti qu’il n’y a pas de moi, ni de Bouddha, ni de fleur; tout m’est apparu unifié, et tout a aussitôt disparu; ce fut la grande liberté intérieure: ce fut l’expérience de zazen.
Alors il me semblait bon de pourvoir partager avec un cœur simple ces trésors que j’ai abondement reçu de mes maîtres zen certes, mais aussi la perception de la joie profonde de tous ces autres enseignements qui emplissent l’univers, le rire d’un enfant, un geste de bonté, le vol d’un oiseaux, la profondeur de l’océan, la grandeur de la montagne, la beauté d’une fleur, la douceur incroyable d’un fruit, un regard plein d’amour, le chant des bambous dans le vent; ce monde merveilleux qui sans cesse se fait et se défait, ces êtres vivants qui de leur fragilité sont si précieux.....l’importance et la beauté de la souffrance aussi quand on la reçoit et on la contemple les mains vides et le cœur fait de mansuétude...
Le zen est l’expérience originelle du Bouddha. Cet enseignement et ses abondances je les ai reçus gratuitement et copieusement. C’est copieusement et gratuitement que je veux les donner à mon tour.
Nous partageons le même ciel tels des nuages aux mille formes le traversant; le miracle n’est pas de marcher sur les eaux, mais bel et bien de marcher ici sur cette terre, instant après instant.”