Ce n’est qu’au 18ème siècle qu’est apparu dans la langue française le mot d’oxymore, même si à l’époque on disait plutôt « oxymoron ». Le terme qui ne se trouve pas dans la Littré mais chez son contemporain le Larousse du XIXème siècle, désigne une figure de rhétorique qui rassemble dans une même expression des éléments contradictoires : une obscure clarté.
C’est à ce type d’absurdité auquel je pensais en voyant dans Sud Ouest du 7 mai 2014 le challenge « Ma thèse en 180 secondes ». Je croyais qu’une thèse était le résultat inédit de recherches de haut niveau qui exigeait la présentation des travaux antérieurs sur le sujet et celle des découvertes effectuées dont il faut présenter les preuves. Cela explique souvent – en tout cas dans les sciences humaines – leur caractère laborieux qui n’enlève rien à leur sérieux.
Dès lors, je ne vois pas comment peuvent se concilier les exigences d’une recherche qui ne soit pas la compilation de dossiers antérieurs et les 3 minutes données par ce jeu stupide. Il est vrai que dans ces temps de Power Point dans lequel certains cherchent à enfermer les étudiants, la créativité et l’invention ne peuvent que se réfugier dans les jeux de mots… durant 180 secondes.
Bernard Traimond
Bibliographie
CHAUVIER, Eric, Somaland, Paris, Allia, 2012.
FROMMER, Franck, La pensée power point. Le logiciel qui rend stupide, Paris, Pocket, 2012.