"Avoir un corps est la trajectoire d’une enfant qui devient fille, puis femme, racontée du point de vue du corps, une traversée de l’existence, véritable aventure au quotidien où il est question d’éducation, de pudeur, de séduction, d’équilibre, d’amour, de sensualité, de travail, de maternité, d’ivresse, de deuil et de métamorphoses. L’écriture au réalisme vibrant, sensible et souvent drôle, interroge ce corps qui échappe parfois, qui ravit ou qui trahit. Un roman qui rappelle que la tête et le corps entretiennent un dialogue des plus serrés, des plus énigmatiques." Extrait de la quatrième de couverture.
Avoir un corps, de Brigitte Giraud © StockBrigitte Giraud, née en 1960 à Sidi Bel Abbes (Algérie) est une auteure de romans et nouvelles : elle a reçu la mention spéciale du Prix Wepler en 2001 pour son roman "A préssent" et a été lauréate en 2007 du Goncourt de la Nouvelle pour "L’amour est très surestimé".
Brigitte Giraud © babelio.comBrigitte Giraud © babelio.comCe que j’en ai pensé ?
Au début, le style m’essouffle… B.Giraud écrit en phrases courtes, rapides. Le sujet évolue vite et donne juste des phrases, des mots, et saute d’un moment à un autre de sa vie. Ça va si vite, pas le temps de se poser, d’imaginer, juste le temps de ressentir… et l’on ressent aussi rapidement qu’elle écrit toutes les émotions traversées en se rappelant soi-même en tant que "fille" ce que l’on a traversé, et/ou vécu, et/ou perçu…
Et puis à partir du second chapitre, même si le style reste le même, on a pris le rythme en cours, on s’est habitué et on arrive à lire aussi vite que les émotions déboulent, on déclenche ses propres souvenirs et on pose le livre pour y repenser, s’en rappeler et tenter de se rappeler ce que nous mêmes nous avons pu ressentir à ces moments de découverte… En fait je me suis dit tout au long de la lecture que le titre "Avoir un corps" n’était pas le juste titre… ce n’est pas seulement l’histoire de la découverte d’un corps, ça va bien au delà de tout cela…. c’est ma perception, bien sûr ! Je suis une femme et ce livre est l’histoire d’une fille qui devient une femme !
J’ai lu, non j’ai avalé le livre et plus j’approchais de la fin, et plus je voulais savoir, comprendre car ce que la "fille" vivait, ça me touchait personnellement, à l’intérieur, à l’extérieur, je la comprenais, je l’enviais aussi, j’aurai presque voulu la connaître cette… "fille".
Et puis est venue la fin, le dernier chapitre… je me suis pris claque sur claque, j’ai surligné tellement de choses dans le livre qu’il me faudra une seconde lecture pour replonger dans un univers qui est si proche du mien… pourquoi ? peut être pour m’aider à me comprendre, comprendre mes propres peurs, mes propres interrogations, pourquoi je me ferme comme la "fille" à certains moments de ma vie… et peut être avoir la chance de la "fille" et m’ouvrir comme elle le fait… Elle a réussi… je l’envie…. Je suis persuadée que beaucoup de jeunes femmes ou de femmes plus âgées auront plaisir à se prendre ce flot d’émotions et qu’elles s’y retrouveront à diverses étapes !
En fait, la fin s’est conclue pour moi par un flot d’émotions que je ressens au plus profond sans pouvoir l’exprimer clairement, un mélange de sentiments que j’aimerais pouvoir libérer mais dont j’ai si peur… la peur de s’écrouler alors qu’on refuse obstinément pour rester maître de soi même et des événements de sa vie, la peur de s’écrouler parce qu’on est celle sur qui on compte tout le temps, la peur de s’ouvrir parce qu’on a peur d’avoir mal encore et de ne plus avoir la force de s’en remettre… la peur de dire je t’aime à quelqu’un pour ne pas le voir fuir… la peur de pleurer un être disparu parce que c’est se rendre compte qu’on est finalement seul….sourire sans jamais dire qui on est vraiment parce qu’il est tellement plus facile de se protéger par une carapace…
Un livre en tout cas qui ouvre aux questionnements personnels et que je recommande aux femmes dont la sensibilité est aussi exacerbée que chez moi… Les hommes auront sans doute un sentiment mitigé car ils sont avant tout des hommes mais une telle lecture peut aussi leur faire prendre conscience qu’une femme, c’est un être bourré de qualités qui est capable de faire des choses incroyables !
Morceau choisi
« Des vêtements à peine écartés, des ventres et des reins maladroitement caressés. Des intentions plus que des actes. On donne, on offre, on laisse à l’autre le soin de prendre, de saisir, de posséder. Mais l’autre est dans le trouble de la conquête, avec le trop-plein de lumière qui éclaire la chambre. Il est difficile d’accéder au secret en plein jour. Alors les yeux se ferment, les doigts s’agrippent et les cuisses s’extraient des pantalons. Il cherche, soulève, accélère. Je veux bien, veux tout, ne résiste pas. »