Elle s'appelle ruby - 7,5/10

Un film de Jonathan Dayton et Valerie Faris (2012 - USA) avec Paul Dano, Zoe Kazan, Chris Messina, Annette Bening, Antonio Banderas, Steve Coogan

Une comédie sentimentale RAFRAICHISSANTE, sans gros mots !!!

L'histoire : Calvin est un jeune écrivain prodige. Il a écrit un best-seller, il est adulé... mais, au grand désespoir de son éditeur, il n'arrive pas à commencer son deuxième roman, tant attendu par les fans. Dans la vie, ce garçon charmant mais timide et solitaire, voire légèrement coincé, ne se remet pas de sa dernière rupture. Les filles sont folles et personne ne l'aime. Heureusement, dans ses rêves apparaît une jolie et douce Ruby qui semble correspondre à tout ce qu'il souhaite trouver chez une femme... Cette relation onirique est si merveilleuse qu'il se sent enfin inspiré pour son nouveau livre : il va parler de Ruby. Mais celle-ci apparaît soudain dans sa vie, en chair et en os, comme si elle était sa petite amie depuis longtemps... Devient-il dingue ? Non... les autres aussi voient Ruby et l'apprécient... Mais d'où sort-elle donc ?

Mon avis : Et oui, c'est possible. Dayton et Faris l'ont fait : une gentille comédie sentimentale, tendre, drôle et sans vulgarité ! Ca existe ! Et il est heureux de constater que les réalisateurs, mari et femme à la ville, sont aussi ceux du délicieux Miss Little Sunshine, qui résonnait déjà de ce ton original : des vrais bons personnages, de la tendresse, de la fraîcheur, du réalisme, sans aucune vulgarité. Le seul problème, c'est qu'il s'est écoulé six ans entre les deux... Faut vraiment attendre 2019 avant de voir un nouvel opus du tandem ?

Le film n'est pas une comédie romantique à proprement parler (c'est pour ça que moi je classe dans "comédies sentimentales") : pas d'antagonisme entre les personnages, pas de multiples complications avant une fin annoncée avec gâteau meringues et demoiselles d'honneur en robe bustier... Non, une fantaisie onirique qui se révèle peu à peu réflexion sur l'amour, sur la dépendance vis-à-vis de l'autre, sur la liberté au sein du couple, sur l'inspiration artistique aussi... Le thème de la muse, ou celui de Pygmalion amoureux d'une statue qu'il a sculptée, est redessiné avec modernité et c'est tant mieux. Des jolis variations, qui sont abordées, comme dans Miss Little Sunshine, avec humour, tendresse et une certaine poésie. Le couple Dano / Kazan (également unis dans la vie) fonctionne admirablement, ils sont charmants et nous font croire à leur curieuse histoire... dont on se demande bien comment elle va se terminer. Les seconds rôles sont tout aussi épatants ! Et ça n'a rien de roudoudou, car Calvin s'avère parfois méchant avec sa trop jolie fée... histoire de voir ce qu'elle a dans le ventre, ou fatigué de sa soumission à tous ses caprices ! Une cruauté qui renvoie directement aux vacheries que l'on peut s'envoyer dans un couple, inutiles, (auto)destructrices.

Aucune réponse ne nous sera donnée quant à la matérialisation de ce fantasme, Ruby... car les autres la voient donc elle n'est pas qu'un rêve issu de l'imagination de Calvin ! Mais au final on s'en fout ! On a aimé Ruby nous aussi ; fantasme, muse, femme universelle, elle apprend à Calvin à sortir de sa chrysalide boudeuse pour affronter le vrai monde et les vraies femmes.

C'est mignon, c'est frais, ça fait du bien. La fin était casse-gueule, mais le duo de réalisateurs trouve la parade, charmante bien sûr.

La presse généraliste se montre enthousiaste, la presse intello a la dent dure. Le public a été séduit en majorité.

A savoir : le scénario a été écrit par Zoe Kazan.