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Architecture romaine

Publié le 08 mai 2014 par Aelezig

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Les Romains ne firent pas preuve d'un esprit original et créateur dans les arts : après avoir reçu des Etrusques les premières notions de l'architecture, ils devinrent les élèves des Grecs. Inférieurs à ces derniers par le goût, ils mirent dans leurs constructions moins de pureté et de simplicité ; mais ils imprimèrent à leurs oeuvres un caractère remarquable de solidité et d'utilité pratique, et s'appliquèrent à divers genres de monuments que les Grecs avaient négligés, tels que cloaques, aqueducs, amphithéâtres, mausolées, voies publiques, arcs de triomphe, thermes, etc.  

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Colisée à Rome

Dans leurs imitations des ordres grecs, ils s'attachèrent peu au dorique et à l'ionique ; mais ils s'approprièrent le corinthien, qui devint pour ainsi dire leur ordre national, et auquel ils surent donner des formes nouvelles, sans qu'il perdit ses traits distinctifs. Ainsi, le temple de Vesta à Tivoli diffère autant de celui de Jupiter Stator à Rome, que celui-ci du monument choragique de Lysicrate à Athènes, et cependant tous les trois comptent parmi les modèles les plus beaux de l'ordre corinthien. Les Romains ont porté cet ordre dans toutes les contrées soumises à leur domination, en Espagne, en Gaule, en Istrie, en Syrie, en Égypte, etc. 

L'emploi de l'arc, et, par suite, de la voûte, est un autre caractère de l'architecture romaine : plus de plates-bandes, plus de toits aigus comme dans le style grec, mais des arcades et des coupoles. A la place des poutres et des pierres d'un seul morceau et d'une étendue nécessairement limitée, qui formaient les plafonds et les entablements grecs, les Romains, par le moyen de l'arc, purent se servir de petits matériaux, surtout de briques, qui offraient encore l'avantage d'être peu dispendieuses et de pouvoir se préparer sur le lieu même où on en avait besoin. Dans les monuments qui nous sont parvenus, on ne trouve qu'une très petite quantité de colonnes et d'entablements en marbre ou en granit, et fort peu d'édifices en pierre travertine ; le reste est en briques. Le Colisée, le Mausolée d'Hadrien, le temple de la Fortune Virile et les anciens ponts du Tibre sont en travertin ; les colonnes des principaux temples, les colonnes intérieures du Panthéon, l'extérieur des arcs de triomphe, les colonnes des cénotaphes de Trajan et d'Antonin, sont en marbre : mais tous les autres monuments, tels que le Panthéon (excepté le portique et les colonnes), les temples de la Paix, de Vénus et Rome, les thermes de Titus, etc., sont en briques. 

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Aqueduc de Ségovie, Espagne

On doit attribuer à l'emploi de l'arc les vastes dimensions des édifices romains : mais ce moyen nouveau exigeait des points d'appui dont la masse fût assez solide, assez homogène pour résister au poids et à la poussée des voûtes ; il fallait des matériaux d'une parfaite cohésion, et dont toutes les parties, dépourvues d'élasticité, se maintinssent par leur parfaite adhérence. A la différence des Grecs, qui obtenaient la solidité par la seule observation des lois de la pesanteur et sans usage des mortiers, les Romains composèrent leurs maçonneries avec de petits matériaux, des pierrailles et des cailloux jetés à bain de mortier, et enfermèrent ces blocages dans un encaissement de brique, de moellon ou de pierre de taille. Ils formèrent leurs voûtes sur cintres au moyen d'arcs de brique ou de pierre en tête et de béton battu sur couchis de bois.

C'est une opinion généralement admise, que les Romains s'adressèrent, pour la construction de leurs monuments, à des architectes grecs : toutefois, il ne faut rien exagérer à cet égard. II serait étrange que des Grecs, devenus esclaves de maîtres barbares, eussent abandonné leurs traditions artistiques pour se plier si vite aux exigences d'un goût tout différent. Or, de même qu'on a trouvé à la villa d'Hadrien (près de Tivoli), à Herculanum et à Pompéi, des candélabres, des vases et autres objets en style grec, qui prouvent qu'on les avait importés de la Grèce ou que les artistes grecs employés en Italie avaient conservé leur genre propre de travail, de même il faut admettre qu'il y eut en architecture une direction essentiellement romaine. 

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Immeubles à Ostia Antica, Italie

Le style romain ne se distingue pas seulement du style grec par l'adoption presque exclusive de l'ordre corinthien et par l'emploi systématique de l'arc, mais encore par le mélange des arcades avec la disposition en colonnes. Ce mélange, qui fit naître les entre-colonnements inégaux et les entablements brisés, détruisit l'harmonie et la simplicité primitives de l'art grec ; on en vint aux combinaisons monstrueuses que présentent le palais de Dioclétien à Spalatro, le temple de Pallas et les ruines du Forum de Nerva à Rome. Que l'on compare l'intérieur du Panthéon dans son état primitif avec l'église actuelle de Sainte-Marie-des-Anges, ou le temple de Jupiter Stator avec celui de la Concorde, et l'on verra combien la chute fut profonde. C'est peut-être pour avoir senti qu'on ne pouvait maltraiter de la sorte l'ordre corinthien, que les Romains imaginèrent le système hybride qu'on nomme ordre composite.

Bien que la construction du pont du Danube par Trajan soit un ouvrage des plus surprenants, les restes des constructions romaines publiques et privées font supposer que l'art de la charpenterie n'avait pas pris une grande extension ; autrement, les Romains ne se seraient pas donné la peine d'employer des arcs, là où la charpenterie aurait été préférable. II ne paraît pas non plus qu'ils aient connu la menuiserie : les parquets étaient remplacés par des pavages en mosaïque, et le stuc, destiné à recevoir ses ornements, tenait lieu de lambris.

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Ampithéâtre, Turquie

Au fil du temps.

Jusqu'à l'époque des guerres puniques, l'architecture romaine s'inspira des modèles étrusques. Sous les premiers rois, les temples furent de petits édifices carrés, couverts de roseaux, où la statue du dieu pouvait à peine trouver place ; les habitations n'étaient que de misérables cabanes, comme celle de Romulus, que l'on conserva soigneusement plusieurs siècles en la réparant. Ancus Marcius entoura Rome de murs, et creusa le port d'Ostie. Au temps de Tarquin l'Ancien s'élevèrent les premiers monuments remarquables, le Cirque, le temple du Capitole, et la Cloaque Maxime. Servius Tullius bâtit un temple à la Fortune sur le marché aux boeufs (Forum boarium), et la prison appelée de son nom Tullianum. Le plus ancien temple construit sous la République fut celui que Spurius Cassius dédia à Bacchus, à Cérès et à Proserpine : Démophile et Gorgase l'ornèrent de statues et de tableaux ; sur les tympans du fronton étaient des statues d'argile et d'airain doré. Quand les Gaulois incendièrent Rome, en l'an 390 av. J.-C., la plupart des temples échappèrent à la destruction : la ville fut reconstruite avec précipitation et sans plan. Dans les guerres que les Romains faisaient aux peuples voisins, les généraux vouaient des temples aux divinités dont ils imploraient l'assistance, et le butin fait sur les vaincus était en partie consacré aux dépenses : parmi les édifices de ce genre, celui de Quirinus, bâti par Papirius Cursor après sa victoire sur les Samnites, excita un intérêt tout particulier, parce qu'on y avait établi le premier cadran solaire. A la même époque appartiennent l'aqueduc et la voie que le censeur Appius Claudius (Voie Appienne) fit construire, et le tombeau de Scipion Barbatus.

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Forum de Rome

La conquête de la Sicile, et surtout celle de la Grèce, développèrent le goût des arts chez les Romains, et substituèrent le luxe et l'élégance à la simplicité antique. Longtemps encore le progrès se borna à décorer, avec les statues et autres objets emportés des pays conquis, les édifices que l'on continuait d'élever dans le goût ancien, et ce ne fut guère qu'au temps de Sylla qu'on se mit à imiter l'architecture des Grecs. Lorsqu'après la prise de Syracuse Marcellus rapporta à Rome de riches dépouilles, on tira du butin les ouvrages d'art pour en décorer un temple de l'Honneur et de la Vertu, dont C. Mutius fut l'architecte ; de même, des dalles de marbre enlevées au temple de Junon Lacinienne à Crotone servirent à couvrir le toit du temple que Fulvius Flaccus avait voué à la Fortune Équestre pendant la guerre des Celtibères.

Vers cette époque, les riches Romains, qui avaient vécu jusque-là à la campagne, se fixèrent à la ville, et Rome commença de s'embellir : Caton l'Ancien bâtit la basilique Porcia, et Titus Sempronius la basilique Sempronia; les censeurs Fulvius Flaccus et A. Postumius Albinus contribuèrent surtout à l'embellissement de la ville ; ils la firent paver et orner de portiques, agrandirent le Cirque, et établirent des voies publiques et des ponts au dehors de la ville. Le péperin et la brique avaient été employés presque exclusivement dans tes constructions ; Métellus le Macédonique fit bâtir le premier temple en marbre, celui de Jupiter Stator, oeuvre d'Hermodore de Salamine : toutefois on continua à se servir de briques pour remplir l'intérieur des murs et pour les voûtes, et de pierres de taille pour les parois des murs, le marbre étant généralement réservé pour les colonnes. Bien peu de Romains s'appliquaient à l'architecture et allaient l'étudier en Grèce : outre Mutius, que nous avons cité, on mentionne Cossutius, qu'Antiochus Épiphane prit à son service pour réédifier le temple de Jupiter Olympien à Athènes, et les frères Caïus et Marcus Stallius chargés par Ariobarzane, roi de Cappadoce, de reconstruire Odéon incendié pendant le siège de la même ville par Sylla 

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Jardins, Portugal

De ce personnage date une période nouvelle de l'architecture romaine. Peu de temps avant la 3e guerre Punique, le Sénat avait refusé au censeur Messala  l'autorisation d'élever un théâtre à Rome : à partir de Sylla, les constructions de ce genre se multiplièrent. Le théâtre de Scaurus, construit en bois, fut assez vaste pour contenir 80 000 spectateurs ; Pompée en fit bâtir un en pierre ; Curion imagina les amphithéâtres. A cette époque appartiennent le Tabulaire (Archives et Trésor), qui se dressait sur la pente du Capitole, le temple de la Fortune Virile (auj. Ste-Marie-l'Egyptienne), et le temple de la Fortune à Préneste. Les constructions particulières se ressentirent aussi de cet essor des arts : on vit un Clodius habiter une maison qui lui coûtait 15 millions de sesterces; les Scaurus et les Lucullus rivalisèrent de magnificence dans leurs palais et leurs villas.

La période impériale.

Mais c'est surtout le règne d'Auguste qu'on peut regarder comme l'apogée de l'architecture romaine. L'ancien triumvir avait voulu faire de Rome la ville la plus belle de l'univers, et il put dire qu'après avoir trouvé une ville bâtie en briques, il en laissait une bâtie en marbre. Alors en effet, s'élevèrent les portiques du cirque Flaminius, le portique d'Octavie, la pyramide de Cestius, le théâtre de Marcellus, le temple de Jupiter Tonnant, le mausolée d'Auguste, le Panthéon d'Agrippa, l'amphithéâtre de Statilius Taurus, une foule d'aqueducs, de bains, de fontaines, etc. Des architectes grecs furent amenés à Rome comme esclaves, d'autres y vinrent librement, mais nous n'en connaissons qu'un très petit nombre, Cyrus, Posphorus, Saurus, Batrachus. Parmi les Romains, on remarque : L. Coccéius Auctus, qui creusa sous la montagne cette route qu'on appelle la Grotte de Pouzzoles, et que l'on suppose avoir bâti le temple de Pouzzoles dédié à Auguste; Valérius d'Ostie, architecte du Panthéon, et qui imagina de couvrir les amphithéâtres; enfin Vitruve, le plus important dont le nom nous reste connu grâce à son Traité d'architecture, le seul ouvrage qui soit resté de l'Antiquité sur cette matière.

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Mur d'Hadrien, Ecosse, Royaume-Uni

Après Auguste, l'architecture ne tarda pas à décliner. Déjà l'arc de triomphe élevé par Tibère à son prédécesseur est démesurément large, soutenu par des piliers de maçonnerie, avec deux maigres colonnes, et un fronton mal posé qui les relie ; dans celui de Titus, les colonnes ont jusqu'à 9 diamètres et demi, et ce défaut sera encore exagéré dans la suite. Celui de Trajan à Ancône pêche par l'excès contraire, écrasé qu'il est entre deux piliers, et les soubassements, très élevés, sont surchargés de moulures insignifiantes. Le goût des empereurs devait nuire aux beaux-arts : après l'incendie de Rome sous Néron, ce prince employa Céler et Sévérus à la reconstruction de plusieurs édifices, et principalement à cette Maison dorée. Le Colisée de Vespasien et la colonne Trajane sont les seuls monuments de Rome qui portent encore un caractère de grandeur. Il n'y a pas de prince qui ait ordonné autant de constructions qu'Hadrien, et son nom était écrit sur tant d'édifices, qu'on l'avait surnommé le Pariétaire : il fit bâtir le Môle ou Mausolée qui porta son nom (c'est aujourd'hui le Château Saint-Ange) et le pont Aelius à Rome, une villa à Tivoli (Villa d'Hadrien), un amphithéâtre à Capoue, une muraille destinée à protéger les Bretons contre les incursions des Pictes et des Scots (Le Mur d'Hadrien), etc. Les architectes connus de cette période sont Frontin, Rabirius, Apollodore de Damas, Julius Lacérus, Détrianus. Entre autres innovations qui éloignaient des modèles grecs les monuments romains, nous citerons les piédestaux sous les colonnes, les colonnes accouplées, les bas-reliefs sur les cotés extérieurs du bâtiment, les frontons ronds et de profil. 

Sous les Antonins, on remarque le temple d'Antonin et de Faustine, la colonne Antonine et celle de Marc-Aurèle. Puis, on ne rencontre plus, avec des traces de déclin de plus en plus visibles, que l'arc de Septime Sévère, les thermes de Caracalla, le palais de Dioclétien à Spalatro, et l'arc de Constantin. La translation du siège de l'Empire à Byzance porta le dernier coup aux arts.

 

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