Un rayon de soleil sur un mur gris, moderne et triste, un graffitti en rose "Les gens heureux sourient" , je passe ici par hasard, perdu volontaire dans le ville, préférant les impasses ou les rues pavées anciennes aux boulevards infernaux de bruits et de circulation.
La peinture semble couler, à peine sèche, le loup doit être encore tout proche, dans ce coin de jardin citadin, en quête d'autres forfaits romantiques. Je regarde les vieilles devantures des années 50 qui parent le haut des rez-de-chaussée, des boutiques devenus lofts fort onéreux. Une touche vintage dans un quartier cerné d'immeubles et de résidences sans charme, sans vie sauf celle d'un interphone lumineux, symbole d'une modernité impersonnelle. L'air du printemps m'accompagne dans ma quête d'un coin de jardin, d'un square ou simplement de quelques marches au soleil. Parfois la magie donne des lieux magiques, là cachés derrière les murs, des alcôves d'un autre temps.
Des messages aussi.
Mes livres dans ma besace de cuir, mon portable pour laisser libre cours à mes mots, je lis les uns, je m'amuse avec les autres. Avec cette saison, l'amour s'offre un duo commun avec l'amour, avec quelques couples qui flânent ici, trouvant un paradis pour leur bonheur, des sourires sur leurs visages. Les oiseaux chantent, les chats se pavanent sur les rebords de fenêtres, maîtres de leurs appartements, pachas intrigués par quelques papillons ou d'autres reflets de soleil sur les vitres.
Là-bas je l'aperçois, une jeune femme, un petit sac à dos, un pull gris, un short rose sur un collant opaque plein de dessins poétiques, des ballerines, un carton à dessin sous son bras. Elle s'arrête, repère sa proie, entre deux pots décorés d'arbustes, des pivoines arbustives roses au coeur jaune d'or, là elle fond. Un pochoir sorti de son carton, un choix rapide, une bombe sortie de nulle part, un jet de peinture rose, quelques retouches, aussi dit, aussi fait, aussitôt disparu. Complice de cet acte poétique, de cet acte revendicatif, de cet instant de création artistique.
La fée disparaît à petits pas, légère et heureuse de son forfait, elle marche vers d'autres rayons de soleil, suivant le chemin du printemps. Moi aussi, je suis ce hâlo entre deux nuages, cette ouverture venue du ciel, juste là dans cette ruelle.
Quelques pas encore, un coup d'oeil, un sourire encore, face à son message, face à cette liberté qui se compose de petits bonheurs. "Je suis à la recherche de l'amour ... suivez-moi ..."
Nylonement