L’accomplissement historique de Daniel 8 et de Daniel 11

Par Monarchomaque

Les quatre royaumes hellénistiques issus des Guerres des diadoques, vers 275 av. J.-C.

La reconquête de la Terre sainte contre les Grecs Séleucides de Syrie par les Maccabées puis les Asmonéens, de 175 à 76 av. J.-C.

Je reproduit intégralement (et avec permission) deux acticles parus sur le blogue Philochristos portant sur l’accomplissement historique des prophéties du Livre de Daniel, chapitres 8 et 11. Les versets sont cités d’après la traduction Louis Segond, avec juste en dessous l’évènement historique auquel ils se rapportent. Pour son interprétation, l’auteur s’appuie fortement sur le 1er Livre des Maccabées et le 2e Livre des Maccabées qui, bien qu’étant extra-canoniques (non-inspirés du Saint-Esprit et non-inerrants), contiennent quantité de renseignements historiques incontournables et peuvent donc être utiles pour à interpréter certaines prophéties. En préalable, je vous conseille de lire cette mise en contexte chronologique & politique sur le blogue Didascale : Israël durant la période grecque.

L’accomplissement historique de Daniel 8

 « Je levai les yeux, je regardai, et voici, un bélier se tenait devant le fleuve, et il avait des cornes; ces cornes étaient hautes, mais l’une était plus haute que l’autre, et elle s’éleva la dernière. Je vis le bélier qui frappait de ses cornes à l’occident, au septentrion et au midi; aucun animal ne pouvait lui résister, et il n’y avait personne pour délivrer ses victimes; il faisait ce qu’il voulait, et il devint puissant. »

Le bélier représente le royaume des Mèdes et des Perses (deux cornes).

Comme je regardais attentivement, voici, un bouc venait de l’occident, et parcourait toute la terre à sa surface, sans la toucher; ce bouc avait une grande corne entre les yeux. Il arriva jusqu’au bélier qui avait des cornes, et que j’avais vu se tenant devant le fleuve, et il courut sur lui dans toute sa fureur. Je le vis qui s’approchait du bélier et s’irritait contre lui; il frappa le bélier et lui brisa les deux cornes, sans que le bélier eût la force de lui résister; il le jeta par terre et le foula, et il n’y eut personne pour délivrer le bélier.

L’Empire [médo-perse] est conquis par les Grecs (le bouc) menés par Alexandre le Grand (la corne).

Le bouc devint très puissant; mais lorsqu’il fut puissant, sa grande corne se brisa. Quatre grandes cornes s’élevèrent pour la remplacer, aux quatre vents des cieux.

Alexandre commence la conquête du monde à 20 ans et meurt en pleine force de l’âge à 33 ans. Son empire est divisé entre ses « généraux » [les diadoques qui fondent les quatre royaumes hellénistiques].

De l’une d’elles sortit une petite corne, qui s’agrandit beaucoup vers le midi, vers l’orient, et vers le plus beau des pays. Elle s’éleva jusqu’à l’armée des cieux, elle fit tomber à terre une partie de cette armée et des étoiles, et elle les foula.

Parmi ces généraux, il y a Séleucos, qui fonde la dynastie des Séleucides qui règne sur la plus grande partie de l’ancien Empire médo-perse.

Elle s’éleva jusqu’au chef de l’armée, lui enleva le sacrifice perpétuel, et renversa le lieu de son sanctuaire.  L’armée fut livrée avec le sacrifice perpétuel, à cause du péché; la corne jeta la vérité par terre, et réussit dans ses entreprises.

Un des séleucides, Antiochus IV, impose l’hellénisation de la Judée, ordonne l’arrêt du culte et dédie le Temple de Jérusalem à Zeus Olympien.

Jusqu’à quand le sanctuaire et l’armée seront-ils foulés? Et il me dit: Deux mille trois cents soirs et matins; puis le sanctuaire sera purifié.

Soit 1150 jours ; 3 ans et demi, qui correspondent à la période allant de l’automne 167 (abolition du culte) jusqu’à décembre 164 (purification du Temple).

L’accomplissement historique de Daniel 11

La prophétie débute ainsi :

Maintenant, je vais te faire connaître la vérité. Voici, il y aura encore trois rois en Perse. Le quatrième amassera plus de richesses que tous les autres; et quand il sera puissant par ses richesses, il soulèvera tout contre le royaume de Javan.

Référence aux guerres médiques menées au Ve siècle. Javan étant le nom de la Grèce.

 Mais il s’élèvera un vaillant roi, qui dominera avec une grande puissance, et fera ce qu’il voudra.

Alexandre le Grand.

Et lorsqu’il se sera élevé, son royaume se brisera et sera divisé vers les quatre vents des cieux; il n’appartiendra pas à ses descendants, et il ne sera pas aussi puissant qu’il était, car il sera déchiré, et il passera à d’autres qu’à eux.

Tous les descendants d’Alexandre ont été éliminés, et ce sont ses « généraux », les « diadoques », qui se sont partagés le royaume. Leurs divisions et leurs guerres continuelles ont bien sur contribué à l’affaiblissement de ce royaume.

Le roi du midi deviendra fort. Mais un de ses chefs sera plus fort que lui, et dominera; sa domination sera puissante. Au bout de quelques années ils s’allieront, et la fille du roi du midi viendra vers le roi du septentrion pour rétablir la concorde. Mais elle ne conservera pas la force de son bras, et il ne résistera pas, ni lui, ni son bras; elle sera livrée avec ceux qui l’auront amenée, avec son père et avec celui qui aura été son soutien dans ce temps-là.

Il s’agit des dynasties des lagides (roi du midi) et des séleucides (roi du septentrion). Antiochus II se marie avec Bénénice, la fille de Ptolémée II. Ils sont empoisonnés, eux et leurs enfants, par la première femme d’Antiochus II (246).

Un rejeton de ses racines s’élèvera à sa place; il viendra à l’armée, il entrera dans les forteresses du roi du septentrion, il en disposera à son gré, et il se rendra puissant.  Il enlèvera même et transportera en Egypte leurs dieux et leurs images de fonte, et leurs objets précieux d’argent et d’or.

Ptolémée III (roi d’Egypte), le frère de Bérénice, pille la cité d’Antioche (capitale des Séleucides) en 246.

Puis il restera quelques années éloigné du roi du septentrion. Et celui-ci marchera contre le royaume du roi du midi, et reviendra dans son pays.  Ses fils se mettront en campagne et rassembleront une multitude nombreuse de troupes; l’un d’eux s’avancera, se répandra comme un torrent, débordera, puis reviendra; et ils pousseront les hostilités jusqu’à la forteresse du roi du midi.

Séleucos II reconquiert la Syrie (246-241). Campagne d’Antiochus III contre l’Egypte (220), il s’empare de la Palestine qui était auparavant aux Lagides (souverains égyptiens).

Le roi du midi s’irritera, il sortira et attaquera le roi du septentrion; il soulèvera une grande multitude, et les troupes du roi du septentrion seront livrées entre ses mains. Cette multitude sera fière, et le coeur du roi s’enflera; il fera tomber des milliers, mais il ne triomphera pas.

Victoire de Ptolémée IV sur Antiochus III à la bataille de Raphia… qui ne servit pas à grand-chose.

Car le roi du septentrion reviendra et rassemblera une multitude plus nombreuse que la première; au bout de quelques temps, de quelques années, il se mettra en marche avec une grande armée et de grandes richesses.

Contre-offensive d’Antiochus III.

En ce temps-là, plusieurs s’élèveront contre le roi du midi, et des hommes violents parmi ton peuple se révolteront pour accomplir la vision, et ils succomberont.

Référence aux Judéens qui trahissent le roi lagide et soutiennent Antiochus.

Le roi du septentrion s’avancera, il élèvera des terrasses, et s’emparera des villes fortes. Les troupes du midi et l’élite du roi ne résisteront pas, elles manqueront de force pour résister.

Prise de Sidon.

Celui qui marchera contre lui fera ce qu’il voudra, et personne ne lui résistera; il s’arrêtera dans le plus beau des pays, exterminant ce qui tombera sous sa main.

Les Séleucides établissent leur domination en Palestine

Il se proposera d’arriver avec toutes les forces de son royaume, et de conclure la paix avec le roi du midi; il lui donnera sa fille pour femme, dans l’intention d’amener sa ruine; mais cela n’aura pas lieu, et ne lui réussira pas.

Antiochus III donne sa fille Cléopatre en mariage à Ptolémée V pour annexer l’Egypte. Mais Cléopatre s’attache à l’Egypte, refuse qu’elle soit annexée et demande l’aide des Romains.

Il tournera ses vues du côté des îles, et il en prendra plusieurs; mais un chef mettra fin à l’opprobre qu’il voulait lui attirer, et le fera retomber sur lui.

Antiochus III s’attaque aux régions est côtière mais est finalement vaincu par Lucius Scipion en 190.

 Il se dirigera ensuite vers les forteresses de son pays; et il chancellera, il tombera, et on ne le trouvera plus.

Antiochus III meurt en pillant un temple en Elam (juillet 187).

Celui qui le remplacera fera venir un exacteur dans la plus belle partie du royaume, mais en quelques jours il sera brisé, et ce ne sera ni par la colère ni par la guerre.

Son successeur, Séleucos IV envoie son ministre Héliodore (« l’exacteur ») prendre le trésor du Temple (« la plus belle partie du royaume »). Mais ce même ministre se retourne contre son maitre et l’assassine (175).

Un homme méprisé prendra sa place, sans être revêtu de la dignité royale; il paraîtra au milieu de la paix, et s’emparera du royaume par l’intrigue.

Antiochus IV, frère de Séleucos IV, vole la royauté au fils de celui-ci (qui aurait du succéder à son père).

Les troupes qui se répandront comme un torrent seront submergées devant lui, et anéanties, de même qu’un chef de l’alliance.

Onias III, le grand prêtre, est éliminé.

 Après qu’on se sera joint à lui, il usera de tromperie; il se mettra en marche, et il aura le dessus avec peu de monde.

Intrigues menées par Antiochus.

Il entrera, au sein de la paix, dans les lieux les plus fertiles de la province; il fera ce que n’avaient pas fait ses pères, ni les pères de ses pères; il distribuera le butin, les dépouilles et les richesses; il formera des projets contre les forteresses, et cela pendant un certain temps.  A la tête d’une grande armée il emploiera sa force et son ardeur contre le roi du midi. Et le roi du midi s’engagera dans la guerre avec une armée nombreuse et très puissante;

Antiochus IV attaque Ptolémée VI.

mais il ne résistera pas, car on méditera contre lui de mauvais desseins. Ceux qui mangeront des mets de sa table causeront sa perte; ses troupes se répandront comme un torrent, et les morts tomberont en grand nombre.

L’ennuque Eulaeus conseilla à Ptolémée VI de s’enfuir à Samothrace.

 Les deux rois chercheront en leur coeur à faire le mal, et à la même table ils parleront avec fausseté. Mais cela ne réussira pas, car la fin n’arrivera qu’au temps marqué.

Ptolémée VI est fait prisonnier par Antiochus IV.

 Il retournera dans son pays avec de grandes richesses; il sera dans son coeur hostile à l’alliance sainte, il agira contre elle, puis retournera dans son pays.

En retournant chez lui, Antiochus IV pille le Temple de Jérusalem (169).

À une époque fixée, il marchera de nouveau contre le midi; mais cette dernière fois les choses ne se passeront pas comme précédemment.

Nouvelle campagne d’Antiochus IV contre l’Egypte (168).

 Des navires de Kittim s’avanceront contre lui; découragé, il rentrera dans son pays.

Intervention de la flotte romaine. Le Sénat romain, par l’intermédiaire du légat Popilius Laenas, ordonne à Antiochus IV d’évacuer l’Egypte et Chypre.

Puis, furieux contre l’alliance sainte, il ne restera pas inactif; à son retour, il portera ses regards sur ceux qui auront abandonné l’alliance sainte. Des troupes se présenteront sur son ordre; elles profaneront le sanctuaire, la forteresse, elles feront cesser le sacrifice perpétuel, et dresseront l’abomination du dévastateur.

Antiochus se venge sur les Judéens. Il envoie le mysarque Apollonius à Jérusalem pour construire la citadelle de l’Acra,  interrompre le culte (automne 167) et consacrer le Temple à Zeus olympien (décembre 167).

Il séduira par des flatteries les traîtres de l’alliance. Mais ceux du peuple qui connaîtront leur Dieu agiront avec fermeté,  et les plus sages parmi eux donneront instruction à la multitude. Il en est qui succomberont pour un temps à l’épée et à la flamme, à la captivité et au pillage.

Certains Judéens soutiennent Antiochus, d’autres résistent et sont persécutés.

Dans le temps où ils succomberont, ils seront un peu secourus, et plusieurs se joindront à eux par hypocrisie. Quelques-uns des hommes sages succomberont, afin qu’ils soient épurés, purifiés et blanchis, jusqu’au temps de la fin, car elle n’arrivera qu’au temps marqué.

Début de la Révolte des Maccabées.

Le roi fera ce qu’il voudra; il s’élèvera, il se glorifiera au-dessus de tous les dieux, et il dira des choses incroyables contre le Dieu des dieux; il prospérera jusqu’à ce que la colère soit consommée, car ce qui est arrêté s’accomplira.

Antiochus IV, prend le surnom « d’Epiphane », qui veut dire « Dieu manifesté ».

Il n’aura égard ni aux dieux de ses pères, ni à la divinité qui fait les délices des femmes; il n’aura égard à aucun dieu, car il se glorifiera au-dessus de tous.

Antiochus abandonne les cultes traditionnels syriens (« de ses pères ») et celui d’Adonis-Tammouz (« la divinité qui fait les délices des femmes »).

Toutefois il honorera le dieu des forteresses sur son piédestal; à ce dieu, que ne connaissaient pas ses pères, il rendra des hommages avec de l’or et de l’argent, avec des pierres précieuses et des objets de prix. C’est avec le dieu étranger qu’il agira contre les lieux fortifiés; et il comblera d’honneurs ceux qui le reconnaîtront, il les fera dominer sur plusieurs, il leur distribuera des terres pour récompense.

Le dieu des forteresses est Zeus Olympien.