« Celui qui ouvre une école, ferme une prison », proclame Victor Hugo. Dans ces mots, simples et vrais, justes et salvateurs, le génial poète français résume ainsi l’importance que revêt l’auberge du savoir, et les conséquences néfastes de son absence au cœur d’une cité. Plus une société éduquera ses fils et ses filles, plus elle s’élèvera.
Dommage que toute cette glose échappe à la sagacité de Boko Haram. Ce mouvement islamiste nigérian, franchement abominable, qui a décidé, depuis le 14 avril, de priver 223 collégiennes et lycéennes de leur liberté. Leur unique tort est d’avoir voulu aller école afin que s’éloignent d’elles les effluves de l’ignorance.
En apprenant ce rapt, certaines nations du monde, notamment la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, n’ont pas tardé à exprimer leur indignation. Comment ne ferait-on pas nôtre leur juste courroux ? D’autant que tous les ingrédients sont réunis pour mettre en lumière les sales desseins de cette troupe de criminels et de voyous. A savoir faire de ces pauvres innocentes, des esclaves. Puis, les marier de force. Certains observateurs affirment même que les élèves ne sont plus au Nigeria, qu’on les a déjà vendues pour 12 dollars. 12 dollars ? Est-ce le prix d'une vie humaine ? Assurément, non.
Cependant, rien d’étonnant. L’existence de Boko Haram (ou l’éducation occidentale est un péché) illustre que les grandes mégalopoles du Nigeria sont loin d’être exemptes d’une nouvelle forme de nihilisme. Un nihilisme qui, sans connaître les véritables lumières du coran, est capable de s’en revendiquer et détruire tout ce qui garantit le vivre-ensemble. Ses adeptes ont déjà causé la mort de plus d’un millier de personnes. Mis au feu des églises, des mosquées, des édifices étatiques. Bref, tout ce qui porte une empreinte de la civilisation leur est insupportable. Ils veulent tout écraser, ils veulent tout changer pour que vive leur obscurantisme nauséeux.
Guillaume Camara