Que d’eau, que d’eau aurait dit Mac Mahon ! En effet, Maillezais, à la confluence de la Vendée, des Deux-Sèvres et de la Charente-Maritime, est située au cœur du marais poitevin « humide ». Il suffit de regarder une carte pour s’en rendre compte : cela grouille de canaux, chenaux et zones mouillées. Ici, l’homme a du travailler dur pour façonner, d’un environnement ingrat, gorgé d’humidité et de moustiques, une terre propice aux à l’agriculture et aux activités humaines.
Un peu comme une île, se dresse l’abbaye de Maillezais, ou plutôt ce qu’il en reste. Malgré ses quatre siècles d’abandon et de pillage, les ruines grandioses qui demeurent donnent un aperçu de sa splendeur passée.
Construite au XIème siècle, elle accueille très tôt les dépouilles de plusieurs ducs d’Aquitaine. Richement dotée tant par le pouvoir temporel (duché) que spirituel (papauté), l’abbaye prospère tandis que ses bâtiments s’agrandissent avec, notamment, la construction d’une grande abbatiale de style gothique, abbatiale qui deviendra même cathédrale, car la ville a été pendant plusieurs siècles siège d’un diocèse, par démembrement de Poitiers, érigé le 11 juillet 1317, transféré à La Rochelle en 1648 – avec notamment pour titulaire Henri de Sourdis, l’oncle du célèbre cardinal bordelais François de Sourdis. Les moines vont mettre en valeur les marais environnants et le lieu deviendra un centre spirituel (et commercial) important. Pour l’anecdote, on pense que Rabelais y a étudié pendant cinq ans. Abandonnée à la fin du XVIIème siècle, après la période sombre des guerres de religion qui laisseront des traces sanglantes, elle est vendue comme bien national en 1791 et va servir, comme beaucoup d’autres abbayes, de carrière de pierre déjà taillée (pratique !).
L’actuel propriétaire des lieux a remis en valeur les bâtiments : l’abbatiale Saint-Pierre et ses 55 mètres sous voûtes (je ne suis pas allé vérifier, mais c’est ce qu’on dit, en tous cas, je peux vous dire que c’est haut…), la cuisine, le réfectoire des hôtes ou encore la cave à sel, qui sont autant de témoins du passé prestigieux et florissant de cette abbaye. Le visiteur est vraiment plongé dans l’univers monastique pour qu’il puisse s’imprégner d’une époque et d’un style de vie et non seulement de vieilles pierres. L’endroit est beau, calme et attend votre visite.
Sa petite sœur, l’abbaye Saint-Vincent de Nieul-sur-l’Autise est plus discrète, plus intime, mieux conservée aussi. Située à moins de 10 kilomètres de Maillezais, au cœur du village, dans un lieu plus « sec », elle est édifiée au Xème siècle. Louis VII lui décerne le titre d’abbaye royale et est donc accoutumée à recevoir la visite d’Aliénor d’Aquitaine. Comme Maillezais, elle est ruinée par les guerres de religion qui ont fait rage dans cette région. Outre la splendide abbatiale, actuelle église paroissiale, admirez le cloître roman d’un style très pur, l’un des plus grands qui nous soient parvenus intacts. Les galeries attenantes sont aussi ouvertes à la visite. Lorsqu’il fait beau (cela arrive), le soleil fait ressortir les chaudes couleurs de la pierre et c’est tout simplement magnifique. Joliment restaurée, l’abbaye propose un parcours original et varié, avec une galerie des instruments de musique anciens assez étonnante (j’ai eu la joie d’assister à son inauguration et je dois dire que c’est convaincant), ou bien la reproduction de chapiteaux en résine que l’on peut donc toucher (pour une fois qu’on ne nous dit pas de ne toucher qu’avec les yeux !). Et en mai et juin, participez au festival des Voûtes Célestes, avec tout une série de concerts de musique classique, assez éclectique (de Byrd à Villa-Lobos) mais de bonne qualité.
C’est simple, beau et de bon goût !
Alors, lors de vos prochaines vacances, n’hésitez pas, cela vaut vraiment le coup !