Evoquer les liens qu'Eric Clapton a pu nouer avec les Beatles, c'est parcourir presque quarante ans de musique. Pas moins. Ce guitariste, blues man tendance puriste, peut se targuer d'avoir gravé un solo sur un disque des Beatles mais également sur au moins un disque de chaque membre des Beatles en solo. C'est un fait unique en son genre.
Au delà des apparitions de Clapton sur ces disques, il faut aussi signaler la foule de collaborations que Clapton a pu faire avec George Harrison qui était probablement l'un de ses meilleurs amis. Ringo Starr et récemment Paul McCartney ne sont pas non plus en reste.
Et que dire des prestations en live ! Les publics qui ont pu voir Clapton avec un ex Beatles sur scène sont plutôt nombreux et encore une fois Clapton reste l'un des rares musiciens qui a eu le privilège de jouer sur scène avec les quatre Beatles.
Sur un plan plus intime, Eric Clapton a épousé en premières noces Pattie Boyd qui n'était autre que la première femme de George Harrison. Une idylle qui insuffla au guitariste certaines de ses meilleures compositions toutes périodes confondues.
Clapton est aussi passé par des phases pour le moins peu banales. Puriste blues au sein des Yardbirds, disciple de John Mayall parmi les Ballbreakers, Super héros avec Jack Bruce et Ginger Baker dans le groupe Cream, « Dieu », éphémère compère de Steve Winwood dans Blind Faith, Guitariste médusé du Plastic Ono Band, bon vivant auprès de Derek and the dominos, désespéré sur « Layla », héroïnomane, reclus, alcoolique, suiveur de soul, représentant involontaire des costumes Versace, fondateur d'une clinique contre l'accoutumance à l'alcool, père inconsolable...L'évolution protéiforme de Clapton est passionnante et elle mérite un I KNOW YOU fleuve.
Voir Eric Clapton en 2004 sur scène à Bercy est un instant inoubliable ne serait-ce que pour se souvenir que par bien des fois il est passé à un cheveu de la mort, souvent par abus de drogue ou d'alcool.
Qu'importe ses déboires, ne sont importants que les solos de celui que l'on surnomme depuis les Yardbirds « Slowhand ». L'un des musiciens trouvant effectivement que ses doigts sur sa guitare effectuaient des gestes bien trop rapides à suivre. Et lui avait demandé de ralentir le mouvement de sa main « SLOW HAND ! ». Le surnom est resté. Signe de dextérité eenfance déboussolante
Une enfance déboussolante
Si le père d'Eric Clapton avait vécu avec son fils, Clapton se serait appelé Eric Fryer. Son père est né en 1920 à Montréal. Il vécut en marge de la société canadienne, très vite fasciné par le milieu des musiciens de jazz que par l'école qu'il quitte très vite. Edward Fryer apprend à jouer du piano dans des clubs de jazz dès l'âge de quinze ans. Et c'est dans l'univers de la Prohibition, qu'il transgresse chaque soir, que le père d'Eric Clapton se prend de passion pour le blues. Coureur de jupons, il donne naissance à un fils en 1939 et se marie la même année. Mais, il ne devient pas un mari fidèle et préfère passer du bon temps loin de ses proches..
La guerre mondiale éclate : l'Angleterre est menacée en 1940. Edward Fryer se porte volontaire pour combattre auprès de sa Majesté.
De 1940 à 1944, Edward Fryer combattra au sein d'une unité basée au Sud de l'Angleterre dans le Surrey. Il délaisse très vite les ordres pour intégrer et même fonder des orchestres militaires, où il n'hésite pas à jouer du jazz et du blues. En 1944, il fait tout son possible pour ne pas intégrer les bataillons qui débarquent en Normandie pour le D Day. Mais il apprend chaque jour la mort d'amis à Omaha Beach ou dans le bocage Normand. La population locale a le blues et Edward Fryer leur en joue pour remonter le moral des troupes.
C'est au cours d'une soirée qu'il rencontre Patricia Molly Clapton. Au même moment, il sait que des renforts militaires doivent appuyer la libération française. Alors Edward Fryer décide de profiter de tout son temps avec la jeune Patricia Clapton. Et puis quinze jours après leur rencontre, Fryer disparaît. Car il est marié et militaire, et ne souhaite pas s'investir avec une gamine de quinze ans. Edward Fryer aurait sans doute participé au débarquement en Normandie et aurait survécut jusqu'à la fin de la guerre. Il rejoint sa famille à la fin de l'année 1945. Et ne prendra jamais de nouvelles de Patricia Clapton. Il ignorera jusqu'à la fin de sa vie qu'Eric Clapton est son fils.
Le 30 mars 1945, Patricia Clapton, seulement âgée de seize ans, met au monde un garçon : Eric à Ripley, une ville du Surrey. Mais la naissance d'Eric Clapton est vécue comme un traumatisme par la jeune fille, encore mineure. Dans l'Angleterre d'alors, le voisinage et la société voit d'un mauvais œil ce genre de situation. Patricia Clapton ignore même le nom de son ex-amant ( son nom n'a été retrouvé que bien plus tard) et elle garde donc son patronyme pour le baptême de son fils. Conspuée par les riverains, on pourra lire sur les murs de Ripley : « Patricia Clapton est une salope » là où près de 20 ans plus tard on lira : « Eric Clapton est Dieu ».
Mais les parents de Patricia font leur possible pour aider leur fille à élever l'enfant. Jack et Rose n'ont pas un sou et subissent les restrictions. Les habitants leur font la vie dure et Patricia Clapton ne supporte rapidement plus cette pression. A l'âge de 18 ans, elle s'entiche d'un soldat canadien, qu'elle épouse. Et part vivre, sans son fils, en Allemagne de l'Ouest. Les parents de Patricia Clapton vont élever le rejeton, comme si il s'agissait de leur fils.
Ce contexte historique est nécessaire pour comprendre le phénomène Clapton. Un peu à la manière de Lennon, l'abandon parental fera des ravages, qui se retranscriront tôt ou tard dans le style musical du guitariste. Pire encore, les parents de Patricia Clapton mentent au petit Eric et lui font croire qu'ils sont ses parents. Patricia est présentée comme sa grande sœur. Et son oncle comme son grand frère. Tout le monde ment à Eric Clapton qui commence à mener une vie banale.
C'est son oncle qui Ramène régulièrement des disques de blues et de jazz à la maison. Rose et Jack Clapton sont ouverts et Eric Clapton écoute alors Benny Goodman ou Lionel Hampton. Eric Clapton est un enfant studieux, calme mais souvent à part. Doué en dessin, bon élève, passionné de nature, il ne se fait pas d'amis pour autant. C'est dans les auto-tamponneuses locales qu'il écoute Elvis Presley et bien d'autres premiers standards de rock des années 50.
Mais à l'âge de neuf ans, Eric Clapton apprend que ses « parents » lui ont menti depuis le départ. Cette révélation aura des conséquences irréversibles. L'enfant devient encore plus solitaire et renfermé. Car il doit continuer de dire à son entourage le « mensonge » aux autres. Eric Clapton apprend l'existence d'un demi-frère. La seule consolation pour Clapton reste l'écoute d'un poste de radio à lampes qui diffuse moult programmes musicaux. Et très vite, il est capable de chanter près de cinquante chansons différentes. La musique noire fait écho à sa souffrance. Cette musique lui donne du réconfort et lui parle de façon édifiante.
Eric Clapton est maigrichon, on se moque de lui partout. Il devient paranoïaque et manque de confiance en lui. Il éprouve un sentiment de confusion et d'impuissance face à sa situation familiale.
Pour ses treize ans, il se fait offrir une guitare acoustique dont il rêvait depuis longtemps. Ses grands parents achètent aussi à crédit une télévision noir et blanc. Clapton est un privilégié qui peut alors voir toutes les stars qu'il entendait jusqu'alors. Buddy Holly, Elvis Presley, Gene Vincent... Personne pour lui enseigner les rudiments de la guitare. Il doit donc se démener tout seul et fait vraiment figure à part. Car aucun de ses copains d'enfance ne sait jouer de la six cordes.
Les débuts
En 1961, grâce à ses dessins et peintures, Clapton est admis dans un lycée artistique d'abord à la section des arts graphiques puis à la section des Beaux Arts. Mais il se rapproche surtout de Londres à cette époque où il passe des heures dans les magasins de disques à égrener les rayons. Il emprunte une vaste quantité de livres traitant du jazz et du blues et devient très vite un spécialiste du genre (dans les années 60, il sera même un expert).
Il va alors apprendre tout ce qu'il entend à la chaîne, passant des heures à s'entraîner à partir de l'âge de quinze ans. Il travaille d'arrache-pied pour maîtriser les passages les plus difficiles de certains titres. Il joue en 1962 pour la première fois dans des pubs de Londres et à Kingston. Il s'est surtout fait beaucoup d'amis aussi fous de blues que lui dont un certain Keith Rulf, futur Yardbirds.
Avec lui et d'autres, ils se procurent avant tout le monde des imports de notamment Robert Johnson, Willie Dixon, John Lee Hooker, Muddy Waters (dont le célèbre « Hoochie Coochie Man » sera un des moments phares de ses futurs concerts), BB King ou Buddy Guy. Des artistes que les Beatles ont aussi commencé à apprécier depuis Hambourg et dont ils jouent des reprises assez régulièrement. De tous, c'est sûrement Robert Johnson qui aura le plus d'impact sur le jeune Clapton.
Mais il ne suit plus les cours d'arts de l'école et se fait renvoyer en juillet 1962, au grand désespoir de ses grands parents. Clapton leur annonce alors qu'il va devenir musicien professionnel, et c'est une nouvelle aussi catastrophique pour eux que lorsque la Tante Mimi de John Lennon entendit le même genre de discours en 1958.
Clapton se fait de l'argent de poche en travaillent sur les chantiers de construction de son grand père Jack et passe le plus clair de son temps à Londres. Il apprend de nouveaux titres de blues et de rock quasiment tout le temps et ne fait plus que çà. Il traîne souvent au Healing, un club de jazz dirigé par un certain Alexis Korner et qui accueille tous les jeunes ados qui se sentiraient prêts à jouer quelque chose de potable. Il rencontre Brian Jones, Keith Richards et Mick Jagger qui le prennent de haut (ils ont tous quelques années de plus). Eric Clapton n'a pas de guitare électrique et se sent impuissant face à eux. Mais leurs personnalités le motivent à progresser davantage encore.
Et pourtant, à l'automne 1962, quand les Beatles sortent « Love Me Do », il convainc ses grands parents de lui acheter une guitare Gibson ES 335 et un ampli 30 watts. Une fortune pour eux et peu rassuré par la tournure des événements. Il écoute encore plein de disques et désire au début de l'année 1963 jouer de façon régulière dans un groupe.
Les Beatles sont en pleine gloire mais Eric Clapton les déteste car il préfère le blues (et il sera longtemps puriste) plutôt que « les ballades pour midinettes » qui inondent les radios anglaises. Au Healing, il fait la connaissance de Charlie Watts, de Ginger Baker et de Jack Bruce. Mais les Rolling Stones se forment et Clapton ne sera que spectateur de leur formation. Un certain Tom McGuiness des Roosters propose à Eric Clapton de le rejoindre. Clapton, dix-huit ans, joue pour la première fois dans un groupe.
Des Yarbirds aux Blues Breakers (1963-1965)
Les Yardbirds
Aux claviers, un certain Ben Palmer des Roosters affirme qu'Eric Clapton a un don inné pour le blues, capable de jouer des solos comme personne et d'en jouer jusqu'à plus soif. Pourtant Clapton n'a jamais appris à lire la musique ou quoi que ce soit. Mais les Roosters ont à leur bord un guitariste d'exception qui peut enfin s'entendre jouer. Les Roosters tournent dans le Surrey et dans le banlieue de Londres, sans le sou, devant un public peu nombreux avides de tubes des Beatles ce qu'ils refusent de faire. Amateurs de blues jusqu'à l'os, ils ne jouent que des reprises en cette année 1963. Comme en plus Ben Palmer a la trouille de jouer en public, le groupe se sépare à la fin de l'été. Clapton est désemparé et sans le sou.
Ils jouent peu de temps avec un groupe du nom de Casey Jones and the Engineers. Jones est originaire de Liverpool et Clapton ne le supporte pas. Le groupe chante des titres des Beatles le temps de quelques concerts (on n'ignore quelles chansons des Beatles ont été chantées mais il est légitime de penser qu'elles se sont restreintes à Please Please Me) mais Clapton n'aime pas du tout le style « grand public » et claque la porte. McGuiness fait de même et deviendra membre du Manfred Mann à la basse.
Son ami Keith Relf le rappelle en 1963 pour rejoindre les Yardbirds. Ce nom provient du musicien Charlie Parker, qui était surnommé Yardbird (que l'on peut traduire par « volailles »). Les Yardbirds sont invités à jouer au Crowdaddy de Richmond, ce célèbre club où ont commencé les Rolling Stones. Les Beatles avaient d'ailleurs fait la connaissance des Stones à cet endroit mais les Yardbirds n'y jouaient pas encore. Le propriétaire des lieux, Giorgio Gromlesky, sait que les Stones vont déserter l'endroit pour embrasser une carrière magistrale. Ils trouvent les Yardbirds meilleurs que les Stones et décide alors de les embaucher à temps plein pour donner des concerts. Et il devient même leur manager. Eric Clapton apporte sa faramineuse collection de disques et devient même l'un des DJ officiels du club, où les Rolling Stones reviennent de temps à autres. Paul Samwell-Smith est le leader et le bassiste du groupe. Chris Dreja au chant et Jim McCarthy à la batterie complètent le groupe. Les Yardbirds ont un excellent niveau. Ils savent jouer des titres obscurs en accélérant souvent le rythme. Clapton époustoufle déjà son entourage avec des solos bourrés de finesse.
Avec l'argent des premiers concerts, Clapton s'offre une Fender Telecaster. Le groupe se produit à Londres à Soho (où Brian Epstein ira les écouter en 1964), et dans toute l'agglomération londonienne. En décembre 1963 Clapton enregistre avec les Yardbirds son premier disque, un 45 tours avec deux reprises « Boom Boom » de John Lee Hooker et « Baby What's Wrong » de Jimmy Read. Il y'a aussi « Honey in your hips » que Keith Relf a composé. Mais le disque ne sort que de façon confidentielle.
A la fin de cette année 1963, les Yardbirds ont l'immense privilège de tourner avec Sonny Boy Williamson en Angleterre. Le bluesman, qui a connu Robert Johnson, va se comporter de façon imbuvable. Il gueule sur les Yardbirds, les traite d'incapables, change les morceaux des concerts sans prévenir et surtout les fait progresser très rapidement. Clapton en restera secoué et surtout motivé pour progresser. Les concerts s'étalent de décembre 1963 à février 1964. De cette tournée sortira un disque en 1965 du nom de SONNY BOY WILLIAMSON AND THE YARDBIRDS.
En février 1964, ils jouent dans un festival de blues à Birmingham auquel participe aussi le Spencer Davis Rythm'n blues Quartet où chante Steve Winwood, un futur ami de Clapton et de George Harrison. EMI décide alors de signer les Yardbirds car l'engouement pour le Rythm'n Blues est évident en Grande Bretagne. En plus EMI avait loupé les Stones et décide de se rattraper avec les Yardbirds. Un album live FIVE LIVE YARDBIRDS sortira en décembre 1964. Le but est de rendre hommage aux artistes du blues et pas d'écrire des chansons. Une voie que suivront aussi par exemple les Animals. Pour se différencier des autres, les Yardbirds cherchent les morceaux peu connus, et dans ce domaine, Eric Clapton excelle. En même temps, Willie Dixon sympathise avec le groupe et leur envoie même des démos pour qu'ils les reprennent avant tout le monde.
Très vite les Rolling Stones se sentent concurrencé par eux..et bien sûr aussi par les Beatles. Mais la grosse différence, c'est qu'il n'y a pas de Mick Jagger dans ce groupe. Seulement des musiciens qui tout à tour sont mis en avant dans les concerts. C'est pourtant plus d'une fois que Clapton se détache dans le groupe avec des solos qui commencent à faire des jaloux.
Ils enregistrent un autre single en mars 1964 aux studios Olympic (tuyautés par les Rolling Stones ?) qui a pour nom « I wish you would ». La face B est plutôt avant gardiste avec un son de Clapton saturé et s'appelle « A certain Girl ». Mais le disque ne se vend pas.
Alors que les Yardbirds essaient de délirer sur les photos de promotions, Clapton lui reste souvent impassible. Il s'habille classe, façon Beatles, avec aussi des costumes très élégants, chaussures toujours cirées, chemises Savile Row. Il s'intéresse à la mode et son style est rapidement copié.
Clapton devient donc un tombeur, dandy élégant, qui alterne les aventures d'un jour sur l'autre. Il prend confiance en lui, lui qui autrefois était raillé par tous.
Il développe un jeu qui devient spectaculaire. Il joue de plus en plus avec le vibrato pour prolonger le son de la corde pincée au médiator ce qui lui vaut de casser très régulièrement ses cordes. Chris Dreja demande alors au public de frapper doucement des mains, le temps que Clapton change ses cordes ( « slow handclap »). Ce qui vaut à Clapton le nom de Slowhand. Mais une autre version existe. Un ami du groupe, Hamish Grimes, avait observé que les doigts du guitariste bougeait de façon très rapide, souvent trop rapide à suivre. Aussi Grimes lui envoyait des piques en lui demandant de ralentir le rythme (d'où Slow Hand). Qu'importe, le surnom reste. Un surnom qui précède « Dieu ». Dans le disque FIVE LIVE YARDBIRDS, on peut entendre déjà le surnom de Eric « Slowhand » Clapton.
Clapton est très fier de ce surnom (que les autres n'ont pas). Il sait aussi que son jeu fait des envieux et des copieurs. L'un d'eux s'appelle Brian May (qui fera ensuite partie du groupe Queen) et décide même de bannir ses reprises des Shadows pour BB King. Il va devenir un spectateur récurrent des concerts des Yardbirds et un ami parfois proche, parfois lointain de Clapton. Mais Clapton est surtout le premier musicien en Angleterre à reléguer un chanteur au second plan. Chose tout à fait unique en son genre.
Peu après, à la fin du printemps 1964, il part en Allemagne revoir sa mère. Son beau-père lui ordonne de se raser les cheveux pour avoir de quoi manger. Il s'exécute malgré tout même si les retrouvailles ne sont pas spécialement réjouissante. Mais sa coupe « boule à zéro » fera des émules à son retour et durant l'été 1964, certains fans des Yardbirds arboreront cette coupe de cheveux. Ils jouent en Angleterre , en Irlande, en Ecosse...mais avec d'autre groupes à l'affiche comme Cliff Bennett, Billy J Kramer (qui est un poulain de Brian Epstein). Les Yardbirds ne jouent plus autant de morceaux qu'ils veulent et en pleine Beatlemania, Paul Samwell-Smith, grand fan des Shadows, a lifté le répertoire du groupe vers un style plus populaire et surtout plus « grand public ». Ce qui ne plait plus du tout à Clapton dès septembre 1964. Lui qui vouait son admiration à Sonny Boy Williamson un an plus tôt ne se reconnaît plus dans les intonations « Beatles » du groupe.
En octobre 1964, les Yardbirds enregistrent une reprise de Muddy Waters « Good Morning Little Schoolgirl » en 45 tours mais avec des « yeah yeah » qui déplaisent à Clapton. Celui-ic affirme qu'en écoutant « She Loves you » des Beatles pour le première fois, il a été à deux doigts de casser le disque. Ce deuxième 45 tours des Yardbirds ne lui plait pas du tout. Les autres membres du groupe veulent un « hit » et leur photos dans les magazines. Les Yarbirds n'ont pas la notoriété des Rolling Stones mais ils voudraient avoir le même succès. Car même les Stones n'avaient percé que sous la pression des « hits » et c'est les Beatles qui leur avaient donné « I Wanna Be Your Man ».
Eric Clapton n'aime pas l'idée d'une succession de singles et voudraient plutôt un solide album. C'est sans compter sur la pression de Giorgio Gomelsky, le manager, qui lui indique que les Yardbirds doivent enregistrer des singles vendeurs. Clapton fait donc de la résistance. Ce sera « For Your Love", un single qui donne la nausée à Clapton. Mais comme ce single et le précédent ont bien marché, leur manager annoncent une série de concerts entre Noël 1964 et le 28 janvier 1965 avec en vedette : LES Beatles. Ils n'en reviennent pas sauf Clapton qui n'est guère enchanté par la nouvelle et s'ennuie déjà à l'idée de se frotter au son « grand public qui ratisse large » des Beatles. A l'affiche aussi, Freddie and the Dreamers, Elkie Brooks.
Brian Epstein eut l'occasion en 1964 de pouvoir entendre plusieurs concerts des Yardbirds, notamment pendant la tournée de Billy J Kramer lors de l'été 1964. Et il tomba tout de suite sous le charme du groupe. Certaines mauvaises langues affirmèrent qu'Eric Clapton avait été approché par le manager des Beatles, dans un but purement sexuel dans un premier temps. Eric Clapton recevait en effet des appels de Brian Epstein, d'abord pour proposer aux Yardbirds, de figurer à l'affiche du Beatles Christmas Show en 1964. Et un jour, sans avoir rien demandé, Eric Clapton s'était vu offrir une magnifique montre par Brian Epstein.
C'est donc en décembre 1964 qu'Eric Clapton rencontre pour la première fois les quatre Beatles. Il sympathise tout de suite avec George Harrison mais moins intensément avec les autres Beatles. Il faut dire qu'Eric Clapton avait le sentiment d'être un peu à part au sein des Yardbirds. Lui qui espérait un groupe de blues pur et dur avait le sentiment de ne plus véritablement contrôler ce que le groupe offrait au public. Il n'aimait plus la tournure commerciale que prenaient les chansons de son groupe. Et c'est avec le même mépris qu'il considéra d'ailleurs la musique des Beatles à cette époque là.
Clapton se souvient de la rencontre avec eux qui eut lieu le lendemain de Noël. « Les Beatles arrivaient plusieurs heures avant le début du spectacle et passaient plusieurs heures à discuter avec nous. On s'échangeait même des idées et des accords. Paul McCartney m'empruntait tout le temps ma guitare. Comme il était gaucher, il sortait des sons vraiment bizarres sur la guitare, que j'ai ensuite d'ailleurs retravaillés. ».
Pas rancunier pour un sou, George Harrison apprécia beaucoup Clapton car il avait enfin trouvé une sorte d'alter ego. George, lui aussi, était en retrait dans le groupe des Beatles à ce moment là et n'avait pu inclure qu'une seule de ses compositions ( « I Need You » sur WITH THE Beatles) . C'est ce sentiment de retrait qui rapprocha les deux musiciens. Clapton trouve surtout que George Harrison est un très bon guitariste. En revanche, Clapton est horrifié par le public qui vient voir les Yardbirds : pour la première fois, ils jouent sans s'entendre. Des cris de filles couvrent leurs sons et n'attendent qu'une chose, que les Beatles jouent. Clapton déteste durablement ce genre de public. Et envisage même, au contact des Beatles, de quitter le groupe des Yardbirds.
Dès 1965, et par la suite, George invitait souvent Eric Clapton chez lui à Esher avec parfois les trois autres Beatles. George était tout aussi proche de Brian Jones des Rolling Stones, qui avait le sentiment d'occuper une place similaire à celle de George au sein des Beatles.
C'est au cours de ces dîners à Esher qu'Eric Clapton finit par apprécier l'ouverture d'esprit musicale des quatre scarabées. Tout comme Eric Clapton, George Harrison se tenait souvent en retrait et paraissait être le plus calme et le plus posé du groupe. Eric Clapton dégageait exactement la même impression au sein des Yardbirds. Il ne comprenait pas l'engouement et le fanatisme car seule la musique comptaient pour lui. George Harrison ressentait la même chose avec la Beatlemania naissante. George Harrison lui demanda même des conseils pour se confectionner une discothèque Blues digne de ce nom. Clapton fut extrêmement heureux de pouvoir le conseiller.
La personnalité haute en couleur de John Lennon plut très rapidement à Eric Clapton même si il se trouvait intimidé par lui. En retour, Lennon voua dès cet instant et jusqu'à la fin de sa vie une admiration et un respect constant à Eric Clapton. Pas une fois, on ne put entendre dans la presse une remarque négative à l'encontre de « Slowhand » de la part de Lennon. Un exploit !. Ringo Starr, qui s'entendait bien avec tout le monde, gagna aussi rapidement la confiance et la sympathie d'Eric Clapton. D'ailleurs, par la suite, lorsque Clapton ne voulait pas se prendre la tête avec ses amis, c'est souvent Ringo Starr qu'il appelait, réputé pour son caractère jovial.
Par contre, Eric Clapton détesta Paul McCartney dans un premier temps. Pour lui, il représentait justement le caractère « midinette » de certaines chansons des Beatles. Tout ce qui au sein des Yardbirds lui donnait souvent la nausée. Mais ce n'était pas irréversible. Par la suite, lorsque Paul McCartney composa « Eleanor Rigby », il remonta beaucoup dans l'estime de Clapton, considéré déjà comme l'un des meilleurs guitaristes de Grande Bretagne.
En 1965, Brian Epstein, qui ne faisait plus aucune avance de séduction à John Lennon avait pour un temps tenté de charmer le guitariste des Yardbirds. Mais ce dernier, plus préoccupé à sa musique, déclina toutes les avances du manager. Il faut dire que dès 1965, une femme, celle de George Harrison, avait déjà tapé dans l'œil d'Eric Clapton. Elle s'appelle Pattie Boyd. Mais il est encore trop tôt pour en parler. Revenons aux Yardbirds de 1965.
« For Your Love » donne des boutons à Clapton. Il doit s'embarquer à contrecœur dans une tournée de promotion qu'il déteste. La face B en revanche de ce single paru en février 1965, se nomme « Got To Hurry » et c'est le premier instrumental que Clapton a véritablemant composé (même si le manager l'a sorti sous son propre nom). C'est par hasard en laissant sa guitare près d'un ampli que surgit ce son de feedback effrayant. Et en vingt minutes, le groupe dut se dépêcher (« Got To Hurry ») pour enregistrer des riffs à partir de cette trouvaille. Trouvaille que les Beatles avaient déjà utilisée dans « I Feel Fine ». En revanche le son saturé que l'on entend peut être attribué à Clapton. Un son que Jimmy Page et Jeff Beck, deux des meilleurs guitaristes du coin, allaient explorer davantage. Le single est un succès (il se classe 3ème en Angleterre) mais Clapton annonce qu'il va quitter le groupe.
Jimmy Page refuse de le remplacer (ses prestations de studio lui rapportant plus) mais il leur conseille Jeff Beck. Clapton a vingt ans mais il réagit violemment contre le « show business » et quitte le navire en plein prestige. Il faut avoir du culot à cet âge là pour refuser une telle gloire sous couvert d'être puriste du blues. Mais ainsi est Clapton. Il déménage de l'appartement de Keith Ralf, séjourne chez Ben Palmer (son ami des Roosters) et finit par revenir à Ripley chez ses grands-parents. Pour Clapton, tout est à refaire.
Les Bluesbreakers et The Glands
Pourtant, parmi les musiciens de blues chevronnés, il en est un qui a beaucoup aimé « Got To Hurry » et qui lui aussi n'est pas un obsédé du hit parade : c'est John Myall, originaire de Manchester. Il appelle Clapton qui accepte de faire partie des Bluesbreakers. Dès avril 1965, Clapton emménage chez John Myall et participe à une série de concerts.
Le 9 mai 1965, les Beatles voient Bob Dylan au Royal Albert Hall pour la première fois. Clapton aussi. Ils sympathisent tous et Dylan surtout avec George Harrison et Clapton. C'est lors de ce même concert qu'ils rencontrent tous Allen Ginsberg. Dylan jamme avec les Bluesbreakers dans les jours qui suivent. En Juin 1965, Clapton et les Bluesbreakers enregistrent un single : « I'm your witchdoctor/ Telephone Blues » produit par Jimmy Page. Le style musical alternant psychédélisme et blues frénétique plait nettement mieux à Clapton. Il a l'occasion de beaucoup improviser comme avec les autres musiciens. Et il s'offre même une Gibson les Paul dès l'été 1965, un modèle encore rare à ce moment là, qui lui permet de se perfectionner en feedback. A cette époque là, Clapton progresse à une vitesse proprement hallucinante. Il semble maîtriser la six cordes comme personne et ses prouesses donnent le vertige à John Mayall.
Clapton se souvient même d'une anecdote : « Lorsque j'habitais chez John Mayall, Paul McCartney est venu me voir un jour. Il semblait très timide mais il avait écouté les disques des Yardbirds et le premier single avec les Bluesbreakers. Un ami de Paul (Ivan Vaughan) m'a même demandé de jouer avec lui pour le prochain disque des Beatles ; mais j'ai refusé et Paul est reparti tout penaud. » La rumeur court comme quoi Clapton a refusé de jouer avec les Beatles, presque un crime de lèse majesté. Il n'empêche qu'Eric Clapton ne cherche qu'à jouer avec des puristes amateurs de blues et que pour rien au monde il ne quitterait les Bluesbreakers.
Mais il se lasse vite de la vie chez John Mayall où il habite une toute petite chambre. Alors il déménage dans un appartement de Londres avec Ben Palmer et l'acteur John Hurt (que vous pouvez voir en 2004 à l'affiche de HELLBOY). Et surtout, il commence à critiquer John Mayall. Il n'aime pas l'ambiance stricte du groupe (pas d'alcool) et commence à passer des soirées très arrosées avec ses amis. Il oublie même de venir à des concerts des Bluesbreakers mais Mayall ne le vire pas, car il sait qu'une bonne partie du public vient voir le jeune prodige. C'est alors qu'avec quelques amis, dont Palmer, il décide de former un groupe, The Glands, de partir en tournée à bord d'un bus en Europe, sans prévenir qui que ce soit, pas même John Mayall. Suivent une série de concerts à Athènes où le groupe des Glands se font arnaquer. Ils ne sont pas payés et doivent régler une note d'hôtel. Alors en contrepartie, ils sont obligés de jouer dix heures par jour et leur matériel est saisi par le tenancier. Lors d'un concert, une bagarre éclate et le groupe s'enfuit sauf Clapton qui est rattrapé par deux colosses. Mais Clapton réussira quand même à s'échapper avec sa guitare de ce trou à rats et rentrera avec Palmer en Angleterre au mois d'octobre 1965. Il rappelle Mayall et après quelques phrases houleuses, réintègre les Bluesbreakers.
Le bassiste du groupe, John McVie a été viré du groupe à la suite d'un concert où il était trop éméché. Mayall a recruté un excellent bassiste de 22ans : Jack Bruce qui jouait dans l'Alexis Korner Blues Incorporation. Clapton est fasciné par Jack Bruce, sa voix et son jeu de basse perfectionné après avoir commencé à la contrebasse. En plus Bruce sait composer de la musique et a une formation classique. Mais Bruce rejoint Manfred Mann et McVie réintègre le groupe. Un single est enregistré : « On Top Of The World ». Clapton voudrait créer un groupe avec Jack Bruce. Le groupe se produit régulièrement au Flamingo où les quatre Beatles se retrouvent très souvent avec les Rolling Stones et les Who. C'est lors de ces concerts fin 1965 que Hamish Grimes s'amuse à traiter « Slowhand » de « God ». Ce qui est d'abord une plaisanterie se transforme en graffitis dans le métro londonien. « Clapton est Dieu ». Et nous ne sommes qu'en 1965 !
1966
Eric Clapton n'a que 20ans mais il se taille une réputation énorme qui gonfle son égo. Il se fait courtiser par de nombreux musiciens. Brian Epstein souhaite l'intégrer parmi ses poulains de la NEMS. Mais rien n'y fait, Clapton reste fidèle à ses goûts musicaux et ne souhaite pas jouer autre chose que du Blues. En ce début de l'année 1966, rien moins que les Beatles, les Stones et Wilson Pickett lui ont proposé une place. Un excellent single sort alors : « Lonely Years/ Bernard Jenkins » enregistré seul avec Mayall. Et c'est un succès cette fois-ci. Clapton joue même avec les Stones (Mick Jagger, Bill Wyman) , Ian Stewart, Jimmy Page et Chris Winters mais les titres ne seront jamais publiés.
Au printemps 1966, en l'espace de trois nuits, est enregistré l'excellent BLUESBREAKERS WITH ERIC Clapton. Le titre est éloquent. Clapton a un rôle prépondérant dans cette formation. Ce disque est pour Clapton une énorme satisfaction. Il peut enfin proposer au grand public un répertoire sur disque qu'il aime. Il s'agit de reprises de Blues que Clapton a presque imposé. Mais les autres membres du groupe n'apprécient pas cette mise en avant et des dissensions apparaissent. Il coécrit avec Mayall trois titres sur l'album et obtient des critiques fabuleuses. D'ailleurs, tout guitariste en herbe qui se respecte peut écouter les yeux fermés ce disque qui est déjà un concentré de ce que Clapton sait faire le mieux : rivaliser avec des musiciens noirs. Sur la pochette du disque, Clapton est le seul à ne pas regarder l'objectif...comme pour dire qu'il est différent des autres.
Peu après, il rencontre et joue avec Muddy Waters. Bien que le vieux bluesman ne tarisse pas d'éloges sur lui, Clapton se sent désemparé. Il se rabaisse systématiquement par rapport à ses idoles qu'il rencontre les unes après les autres (sauf Robert Johnson bien sûr). Et cette confrontation avec les rois du blues va souvent lui faire perdre confiance en lui en fin de compte alors qu'il est le meilleur joueur de blues d'Angleterre et qu'il voudrait même vivre à Chicago.
Et pourtant, Clapton sent le besoin d'aller voir ailleurs et même de quitter (pour près de trente ans) le blues pur et dur. Il veut bosser avec Jack Bruce et s'ouvrir à d'autres courants musicaux. Les Beatles, via Rubber Soul, n'y sont pas pour rien. George Harrison, qui commence à aimer l'Inde, Bruce qui aime le jazz, les Stones qui ne cessent de progresser, Lennon, les œuvres classiques de McCarteny ont une influence sur Clapton. Il décide de changer de cap et de chercher ailleurs que dans les Bluesbreakers.
Et puis Clapton rencontre à nouveau Ginger Baker, qui fait partie du groupe Graham Bond Organisation. C'est un autre choc pour Clapton qui le considère alors comme le meilleur batteur qu'il ait pu rencontrer. Il ne connaît personne sachant battre avec deux grosses caisses et maîtriser les œuvres de jazz comme lui.
Le soir même, Baker demande à Clapton de faire partie d'un nouveau trio qu'il veut créer. Clapton accpete mais impose Jack Bruce. Et là les ennuis commencent. Bruce est Ecossais et Baker d'origine Irlandaise. Ils se connaissent pour s'être un jour bagarré lors d'un concert. Bruce avait détruit la batterie de Baker avec sa contrebasse.
Mais Baker accepte et des répétitions secrètes ont lieu en mai 1966. Sauf qu'en juin 1966, le Melody Maker annonce la création du groupe (comment ? c'est encore un mystère) et l'annonce ne fait pas vraiment plaisir à Mayall. Clapton joue jusqu'en juillet 1966 avec les Bluesbreakers. Mais très vite son nouveau groupe le passionne : Cream est né.
Cream
Robert Stigwood est imposé par Ginger Baker comme manager. Clapton sent que Baker et Bruce sont deux fortes têtes et, curieusement, il se met en retrait dans ce groupe qui s'engueule tout le temps, lui qui est surnommé Dieu. Cream participe très vite à de nombreux concerts et festivals dont un à Windsor où le groupe attire l'attention haut la main devant les Yardbirds (avec pourtant Jeff Beck et Jimmy Page), le Spencer Davis (emmené par Steve Winwood), the Small Faces et même les Who ! (imaginez l'affiche !). En plus l'album avec John Mayall sort et c'est un triomphe. Bizarrement, le style musical ne plait pas tout de suite à Clapton même si les reprises et les compos de Bruce et Baker sont des succès énormes. Le groupe se produit dans les meilleurs clubs de Londres où Paul McCartney et Ringo Starr iront les voir. Le groupe tente des décors complètement surréalistes avec des poules vivantes et des faux animaux qui sont un succès. Un disque est ensuite enregistré à la fin de l'été 1966 : « Wrapping Paper/ Cat's Squirrel » qui est décevant au regard des concerts de Cream. Les morceaux sont coécrits par Bruce et le poète Pete Brown. C'est aussi à ce moment là qu'est enregistré l'excellent single « I Feel Free/ NSA », un titre qui sera un succès énorme pour Cream et repris par quantité d'artistes (David Bowie en a fait une étonnante reprise « techno » avec Mick Ronson sur l'album BLACK TIE WHITE NOISE sorti en 1993).
Le 1er Octobre 1966, Cream accepte de faire jouer en première partie, un parfait inconnu : Jimi Hendrix. Celui-ci irradie littéralement la scène et Clapton n'ose même pas reprendre sa guitare. Il a enfin avec Hendrix un alter ego à sa mesure, un ami et surtout l'utopie musicale de ce qu'il voulait entendre. C'est un grand choc. Et Hendrix triomphe grace à Cream. Notons qu'Hendrix ne voulait jouer que parce qu'il avait entendu l'album des Bluesbreakers et qu'il voulait entendre Clapton jouer !
En octobre 1966, Robert Stigwood, le manager de Cream, s'associe à Brian Epstein au sein de la Nems. En effet, Brian Epstein souhaite à ce moment là céder une partie de son activité à une autre personne car il ne souhaite s'investir qu'avec deux artistes : les Beatles et Cilla Black. Il reçoit une quantité de propositions mais aucun d'entre eux ne retient son Attention. Sauf un : Robert Stigwood. Quand Epstein apprend que Stigwood s'occupe de Cream (et que Clapton en fait partie...), il souhaite le rencontrer. Epstein l'invite dans l'une de ses soirées mondaines qu'il organise à Waldon Court dans son appartement. Un soir, Stigwood arrive même avec les membres de Cream, très fiers de rencontrer le manager des Beatles. Mais un bémol attire son Attention : Stigwood avait demandé à Sir Joe Lockwood, le patron d'alors d'EMI, un emprunt de 10 000 livres pour soi disant des dettes personnelles. Or Stigwood avait en fait liquidé sa société et Epstein savait qu'il ne rembourserait pas facilement.
En 1966, Robert Stigwood avait fondé la RSO, Robert Stigwood Organisation, en s'associant avec un certain David Shaw, un homme d'affaire américain, qui avait une solide réputation dans les milieux financiers. Shaw avait déjà rencontré Brian Epstein en 1966, dans le Sud de la France, pour proposer de gérer habilement la fortune des Beatles. Mais Shaw avait trébuché dans le restaurant où ils mangeaient et était passé à travers une vitre épaisse. Il dut être hospitalisé sur le champ et ne rappela pas Brian Epstein tout de suite. Ceci dit, Shaw possédait une société du nom de Constellation, et qui gérait les revenus de certaines vedettes en privilégiant des placements juteux pour contrer le fisc. Et entre temps, le Parlement Britannique vota une loi qui a contraint David Shaw de liquider sa société.
Peu après la rencontre avec Robert Stigwood, Brian Epstein le reçut à Paris au Lancaster Hotel où il lui annonça qu'il souhaitait en fait se débarrasser de la Nems. Il était épuisé par ses fonctions et si les Beatles ne devaient plus donner de concerts, il ne souhaitait plus s'investir davantage. Stigwood et Shaw semblaient être les personnes rêvées pour tenir ce poste d'autant plus que Brian Epstein appréciait beaucoup l'élégance de Stigwood et avait toujours un faible pour Clapton. Il proposa alors de leur céder 51% du capital. Il resterait le directeur général et s'occuperait de Cilla Black et des Beatles. Tout le reste incomberait à Stigwood et David Shaw. Il proposa 500 000 livres (alors que parfois il recevait des propositions allant jusqu'à 20 millions de dollars).
Brian Epstein leur demanda de régler la somme en mai 1967 mais proposa VERBALEMENT (et c'est très important de le mentionner), d'attendre jusqu'à septembre 1967 si l'argent n'était pas trouvé d'ici là. Il ne voulut pas s'impliquer davantage et Peter Brown dut garder le secret. Il leur fit visiter les bureaux de la Nems en pleine nuit pour éviter que soit ébruité quoi que ce soit. Cream pas plus que les Beatles ne furent mis au courant de cette décision, qui n'était pas encore officielle.
Au même moment à Paris, l'attaché de presse de Brian Epstein, Simon Hayes, permet à Cream de passer à la radio française, Europe 1. La première radio qui diffuse leurs chansons. Eric Clapton sera alors régulièrement reçu par un certain Capdeville et même par le magazine Rock'n Folk naissant ! C'est Philippe Rault qui écrit les premiers articles de Clapton et de Cream. Pendant ce séjour de Cream en France, Brian Epstein fit des avances à Clapton et les rumeurs d'une liaison homosexuelle avec le manager des Beatles se firent pressentir. En vain, Clapton recevait des cadeaux mais ne céda jamais.
Cream se démarque des autres groupes avec des vêtements de samouraï, de militaires qui font le bonheur de la presse anglosaxone.
En novembre 1966, le groupe enregistre en très peu de temps un disque « live » du nom de FRESH CREAM. Le single « I Feel Free" fait un tabac. Et Stigwood annonce à Brian Epstein que le disque de Cream sortira fin décembre. Brian Epstein se trouvera enchanté par le groupe. Le disque est distribué par Polydor et sort sous le label de Stigwood : Reaction.
1967
En 1967, Eric Clapton n'est plus le puriste de Blues qui s'escrime à progresser tous les soirs chez John Mayall. Il fume des joints, s'affale sur ses canapés quand il a du temps libre, fait partie d'un groupe promis à un beau succès. Il écoute Bob Dylan en boucle, passe beaucoup de temps chez George Harrison (il commence d'ailleurs à avoir des vues sur Pattie Boyd) et tombe en admiration devant la musique de Ravi Shankar que George Harrison a popularisé dans Revolver (l'un des disques préférés de Clapton). D'ailleurs, les Beatles ont considérablement remonté dans son estime avec Rubber Soul et Revolver. Il adore des morceaux comme « Norwegian Wood », « Love You To », "Eleanor Rigby" ou "Tomorrow Never Knows". Il a même une petite amie française et pour lui faire plaisir, il joue même le début de la Marseillaise avant de jouer le titre « I'm So Glad » du nouvel album de Cream. Est-ce que c'est Clapton qui aurait suggéré aux Beatles l'utilisation de l'hymne français pour « All you Need Is Love », nul ne le sait. Mais c'est au moins une drôle de coïncidence.
Cream enregistre un clip hilarant en février 1967 pour « I Feel Free », qui est d'ailleurs assez voisin de « Strawberry Fields Forever ». Ils sont déguisés en faux moines et tentent de descendre d'un arbre avant de se déshabiller. Sans être très politisé, Eric Clapton adopte un look hippie, se fait friser les cheveux pour ressembler à Dylan et Hendrix, arbore des vêtements très « peace and love » et n'est plus du tout aussi puriste qu'avant. Il accepte même de faire preuve d'humour dans le clip de Cream.
C'est aussi à ce moment là qu'il accepte que Simon et Marijke, du groupe The Fool, redécore sa Gibson Les Paul avec toutes les couleurs de l'arc en ciel et un soleil rouge. C'est George Harrison et John Lennon qui lui ont présenté les deux artistes. Et avec ces peintures, Clapton s'immisce encore plus dans le mouvement Hippie.
En février 1967, Brian Epstein, les Beatles et surtout Pattie Boyd assistent à un concert de Cream avec Robert Stigwood au Saville Theater de Londres. Une fête réunit tout ce petit monde chez Brian Epstein après le concert. Aucun d'entre eux ne sait encore que Stigwood a déjà mis le pied dans les affaires de Brian Epstein.
Clapton sort dans le tout Londres du moment, boit des verres avec Brian Epstein très souvent, revoit Hendrix et McCartney (qui est un fan inconditionnel), assiste avec McCartney aux premiers concerts des Pink Floyd, se rend à la première de Soft Machine (qui joue avec Pete Townshend et les Pink Floyd) et revoit John Lennon à ce moment là, traîne avec les Who, avec George Harrison. Répertorier le nombre de fois où il rencontre tout ce petit monde et George Harrison est incalculable. Mais il fait véritablement partie du Swinging London et il se branche sur tout ce qui se passe alors. Il sympathise surtout avec Pete Townshend qui va devenir l'un de ses meilleurs amis avec George Harrison et Jimi Hendrix.
Cream continue de jouer des concerts en masse, de composer d'innombrables chansons qui seront toutes quasiment mémorables. Le rythme imposé par Stigwood est épuisant mais stimulant au plus haut point. C'est d'ailleurs à ce moment là que Cream commence à prendre aussi du LSD très régulièrement. Ils participent aux Etats-Unis avec les Who à une série d'apparitions au Murray the K Show, qui avait fait connaître les Beatles en 1964. Le comportement de Cream et des Who amène des cuites mémorables, des batailles d'œufs et les premiers trips de drogue. Clapton rencontre BB King et Frank Zappa, deux rencontres importantes pour lui, qui vont le marquer durablement. Il revoit Wilson Pickett, Hendrix et Bob Dylan aux Etats-Unis. Et ces amitiés vont perdurer.
Pendant ce temps, Stigwood assure des séances d'enregistrement aux studios Atlantic. Ces mythiques studios où le Blues a toute sa place. En avril et mai 1967, le groupe enregistre aux studios leur plus bel album selon les fans : DISRAELI GEARS.
Linda McCartney a pu rencontrer le groupe Cream à ce moment là et voici ce qu'elle écrivit dans son livre de Photographies des sixties :
« Dans les années 60, il était fréquent que les groupes se séparent rapidement. Cream se forma en 1966 et en novembre 1968, tout était fini. J'étais aux studios Atlantic lorsqu'ils enregistrèrent DISRAELI GEARS, produit par Felix Cavaliere. Jack Bruce s'était beaucoup investi dans cet enregistrement. Ginger Baker ressemblait à un gentil pirate à l'allure espiègle et à l'accent Cockney étouffé. Eric Clapton était, bien sûr, un beau musicien, et ses doigts longs et gracieux m'ont beaucoup impressionnée. Je lui dis que j'aimerais Photographier ses mains. Il ne me répondit rien mais un jour, alors que j'étais en train de prendre des photos, il mit les mains sur son visage et écarta les doigts.
C'est à cette époque que John Wenner me rendit visite, pour voir mon travail. Il emporta une série de photos noir et blanc, qu'il utilisa pour le premier numéro d'un magazine qu'il lançait, Rolling Stone. Plus tard, il utiliserait les photos de la séance d'enregistrement de DISRAELI GEARS. Il m'a donné 25 dollars par photo utilisée- j'imaginais qu'il se contenterait de me donner une avance.
J'ai vu Cream au Murray the K's Fifth Dimension, en 1967, puis je les ai revus en 1968 à Londres, lorsque je suis venue faire des photos pour un livre intitulé ROCK AND OTHER FOUR LETTER WORDS. ( « four letter words », signifie en anglais courant, « gros mots », il s'agit d'un jeu de mots pour éviter de dire « shit » ou « fuck ». « Rock » étant aussi un mot de 4 lettres.), un livre écrit pour le journal Bantam. Je reçus une avance pour ma participation au projet, que je dépensai en grande partie en billets d'avion pour San Francisco, Los Angeles et Londres. C'était une occasion inespérée de Photographier tous les groupes que je voulais, car j'avais le droit de les inclure tous. Je crois que la série où l'on voit Cream ensemble a été prise à l'hôtel Clumberland, près de Marble Arch à Londres. On était en train de les interviewer pour le livre. Ce que j'ignorais, c'est qu'ils étaient sur le point de se séparer. Çà ne marchait plus pour eux. Cela permet d'expliquer l'aspect tendu sur leurs visages.
Ce fut fabuleux de prendre des photos pendant la fabrication d'un album comme DISRAELI GEARS. Des chansons comme « Sunshine of Your Love » et « Tales of the Brave Ulysse" avec la guitare psychédélique d'Eric étaient révolutionnaires » ( extrait de Linda McCartney Sixties, publié en 1992).
Révolutionnaire, c'est bel et bien le meilleur adjectif. Car tous les titres de Cream de DISRAELI GEARS sont effectivement prodigieux. « Sunshine of Your Love", "Strange Brew", "She walks like A bearded Rainbow" et ce "Tales of the brave ulysse" (avec le premier solo de wah wah reconnu), « Dance The Night Away » (avec une douze cordes électrique)....Marijuana, humour absurde, LSD, sont aussi de puissants inspirateurs pour ce disque d'exception, encore considéré par les fans de Clapton comme le meilleur avec LAYLA. « Sunshine of Your love » est considéré comme le meilleur morceau et c'est aussi le plus connu. Un riff de basse de Jack Bruce et un solo de Clapton sont à l'origine de ce superbe morceau. D'ailleurs bien plus tard, de 1997 à 1999, Jack Bruce se fera un plaisir de reprendre ce morceau au sein du All Starr Band avec Ringo, Gary Brooker et Peter Frampton entre autres.
Les relations entre les membres de Cream sont au top niveau et leur permettent de composer dans une ambiance, encore stimulante. Eric Clapton a pris de l'envergure dans le groupe et s'investit beaucoup plus dans le disque mais sa voix n'est qu'au second plan et il ne chante que trois titres de l'album. Il laisse encore à Jack Bruce la part belle même si les chansons sont littéralement irradiées par Clapton.
L'album sortira en novembre 1967 et recevra des félicitations de Jimi Hendrix, de Paul McCartney, de George Harrison, des Who, des Stones, de Brain May...La critique est unanime. Cream est désormais un poids lourd de l'industrie du disque britannique...Clapton n'a que 22ans.
Par contre, du côté du management, Stigwood commence à agacer sérieusement le groupe. En effet, depuis qu'il est entré dans la Nems, Robert Stigwood, n'avait d'yeux que pour un nouveau groupe qui s'était spontanément présenté à lui : les Bee Gees. Coup de foudre immédiat. Sans même avertir Brian Epstein Stigwood décida de les signer au sein de la Nems. Brian Epstein détesta les Bee Gees dès qu'il les vit. Il détestait leur look et Stigwood annonça qu'il achèterait 51% de tout ce que les Bee Gees éditeraient à la Nems. Brian Epstein considéra tout çà comme une perte d'argent. En vain, les Bee Gees signèrent « New York Mining Disaster, 1941 » et ce fut un immense succès.
Mais Robert Stigwood se montrait autoritaire à la Nems. Il dépensait avec faste l'argent de la société en victuailles très coûteuses. Il se servait surtout des rentrées d'argent de Cream pour financer les Bee Gees et ceci ne plus pas du tout à Eric Clapton et aux deux autres.
Paul McCartney s'en aperçut très vite et venait même mettre son nez dans les affaires de la Nems tous les matins. Il fut le premier à dire aux autres que Stigwood était aux commandes de la Nems mais il considérait toujours que Brian Epstein en était le président. Paul McCartney était loin de se douter que les revenus de la Nems servaient tous les poulains de Stigwood. A ce même moment en avril 1967, Allen Klein, alors manager des Beatles se rendit pourtant dans les bureaux de la Nems et demanda de renégocier les contrats des Beatles. Brian Epstein et Stigwood le mirent plusieurs fois à la porte. Il revenait quand même toutes les semaines et fit même croire au personnel qu'il allait prendre la direction de la NEMS.
McCartney fut le seul à savoir que Klein venait à la NEMS et il en parla aux Stones qui en parlèrent à Cream. Du coup Klein fit diversion pour un temps sur Stigwood qui était bien décidé de privilégier les Bee Gees à Cream.
Cream continuait de donner des concerts en Angleterre en mai et juin 1967 alors qu'ils avaient reçu des propositions pour jouer en Californie au festival de Monterrey. Ils devint de plus en plus difficile de pouvoir joindre Robert Stigwood.
Mais Brian Epstein avait surtout une trouille bleue de l'annonce qu'il allait devoir faire aux Beatles sur les cessions de parts à Robert Stigwood. Mais les Beatles ne se soucièrent pas beaucoup de ces histoires et à plusieurs reprises, des réunions avec eux eurent lieu en mai 1967 sans que soit mentionné la Nems.
Alors Brian Epstein profita de cette occasion pour renégocier avec EMI un nouveau système progressif de royalties. A savoir 10% des ventes sur 100 000 exemplaires vendus, 15% au delà et 17% pour tout le marché américain. Une aubaine pour les Beatles. De cette somme colossale, Brian Epstein déduisait 25% pour lui et la Nems. Et les Beatles ne furent pas tout de suite mis au courant.
Par contre Robert Stigwood eut vent de ce contrat. Et c'est là que Brian Epstein fit une erreur de taille. Paul McCartney avoua à la presse qu'il prenait de la drogue et dans un élan de solidarité pour lui Brian Epstein avoua que lui aussi en avait déjà pris. Il fut alors de plus en plus délaissé par les Beatles, critiqué par Paul McCartney, qui s'immisçait davantage dans les affaires. Même Cilla Black commençait à se poser des questions.
Brian Epstein n'aimait donc pas la tournure de management de Stigwood et regrettait amèrement la proposition faite à Stigwood et Shaw. Stigwood se comportait de façon insolente, dépensant alors des frais incalculables pour les Bee Gees. Clapton le critiquait vivement, l'accusant de détourner l'argent de Cream pour financer les Bee Gees. On peut légitimement supposer que c'est Paul McCartney qui l'a mis sur la voie. Bien que ce ne soit pas confirmé avec précision encore aujourd'hui. Il n'empêche qu'au moment où Cream enregistrait aux studios Atlantic, Stigwood organisa une tournée promotionnelle à bord d'un voilier. Brian Epstein insinuait que Stigwood n'arriverait jamais à réunir les 500 000 livres alors que ce dernier prétendait le contraire.
Et au mois de mai 1967, Brian Epstein accepta de reporter à septembre 1967 l'accord de financement. Mais à ce moment précis, Cilla Black, qui se sentait délaissée, annonça qu'elle se retirait de la Nems. Ce fut un coup dur pour Brian Epstein. Et malgré tout, Brian Epstein organisa pour elle le « Cilla Black Show » qui fut un triomphe. Une nouvelle star était née. Dans un élan d'empathie, Brian Epstein lui promit de passer à l'Eurovision. Mais pour Cilla Black, ce fut une plaisanterie. Elle n'aimait pas le concours et ne voulait pas devenir une star de variété médiocre et trouva l'idée stupide. Pire, elle pensa changer de manager. Et elle ne supportait pas Robert Stigwood.
Mais en ce mois de Juin 1967, Cream, qui ne joue pas au festival de Monterrey commence à être connu outre-Atlantique. L'heure est au délire, à la bonne humeur. Jack Bruce s'est même fait repeindre sa basse aux couleurs de The Fool. Les séances de photo se multiplient. C'est l'été de l'amour et de l'insouciance. Même si les médias commencent déjà à envahir le tout. Ils créent la pochette de DISRAELI GEARS qui sera l'une des plus originales du mouvement psychédélique avec l'aide de Martin Sharp, le futur colocataire d'Eric Clapton. Les choses évoluent très vite cette année là. Eric Clapton commence à tenir un rythme de boisson incroyable, le tout accompagné de Marijuana et de LSD. Il a les cheveux frisés et est désormais l'un des représentants les plus dignes du Flower Power. Dans ses conditions où il ne prend plus les autres du haut de son blues, il accepte alors de chanter avec les Beatles.
Beatles, « All You Need Is Love », le 25 juin 1967
Eric Clapton fait partie des invités sélectionnés pour chanter avec les Beatles dans le chœur. C'est aussi pour Clapton le début d'une vaste série de collaborations avec les Beatles qui s'étale sur presque quarante ans. Le groupe The Fool avait crée les habits des Beatles pour l'occasion et même décoré la guitare d'Eric Clapton en février 1967.
« All You Need Is Love » est la première retransmission mondiale par satellite d'une émission de télévision et le message véhiculé ce jour là, l'amour, fut extrêmement percutant. Les Beatles, comme le dit Ringo Starr « avait mis dans le mille ». Les Beatles voulaient inviter en priorité les artistes qui avaient le look « love generation » et c'est tout naturellement que l'on peux y voir Eric Clapton, Marianne Faithfull, Keith Richards, Mick Jagger, Keith Moon, Graham Nash entre autres.
Une seule prise a été enregistrée le 25 juin 1967 mixée avec la rythmique enregistrée le 14 juin précédent. « Un disque merveilleusement beau et qui fait passer des frissons dans le dos » comme l'a précisé Brian Epstein. C'est en tous cas l'un des fleurons du Flower Power. Eric Clapton est devenu le pote de quasiment tous les participants de la chanson.
Eric Clapton chante avec Pattie Harrison et les deux commencent à avoir plus que des atomes crochus. Clapton va pourtant réfréner ses pulsions mais il n'en pense pas moins à ce moment là.
Cream tourne tout l'été 1967 en Ecosse, en Angleterre et au festival de Windsor. Ils essaient les acides et prennent de plus en plus souvent de la cocaïne et des acides. Ils jouent parfois des concerts entiers sous l'influence de ces drogues. George Harrison aura l'occasion de les voir jouer au Windsor Festival.
Et à la fin du mois d'Août 1967, ils jouent enfin à San Francisco, leur rêve depuis toujours. Clapton y expérimente ses premiers trips déprimants. Au Fillmore West Auditorium, plongés en plein hippisme avec Hell's Angles et Flower Power à tous les étages, ils sont de véritables stars et livrent sûrement leurs meilleurs concerts. Dans le public des inconnus comme Carlos Santana ou Steve Miller se souviendront de ces concerts très longtemps. Miller affirme même qu'il a toujours voulu sonner comme Eric Clapton et qu'il le considère comme son maître à penser. Si les morceaux en studio sont résolument pop, les concerts de Cream sont très sauvages. Et même souvent jazz avec énormément d'improvisations. Un véritable bonheur pour le public et surtout l'aubaine d'être admiré par des groupes locaux comme le Jefferson Airplane, Big Brother and The Holding Company (avec Janis Joplin) ou encore Buffalo Springfield (Neil Young et Stephen Stills deviennent proches de Clapton). Il participe même à un disque de Frank Zappa complètement barge WE'RE ONLY IN IT FOR THE MONEY. On lui prête une liaison avec Janis Joplin.Eric Clapton se laisse submerger par la vague hippie. Et pète même déjà les plombs.
Le succès de Cream est moins sûr sur la côté Ouest mais il leur offre l'occasion de rencontrer Willie Dixon, qui reçoit même une valise de billets pour les reprises que font Cream.
Les concerts leur apportent des sommes d'argent colossales. Et pour une fois c'est bien grace à Robert Stigwood.
Car le 27 Août 1967, Brian Epstein est retrouvé mort chez lui. Suicide ou pas, nous ne le saurons jamais. Mais par contre, sa mort attire tout de suite la convoitise de tout le monde pour la gestion de la Nems. Allen Klein s'en mêle déjà. Robert Stigwood aussi. Il considère que les fameuses 500 000 livres ne sont plus indispensables. Car Peter Brown fut désigné comme négociateur officiel et gérant de la Nems par Clive Epstein. Ce dernier dut faire face à d'énormes ponctions du Fisc anglais et la fortune de Brian Epstein fut même sous-estimée. Robert Stigwood et David Shaw insultèrent Brown, lui sommant de leur laisser la direction de la Nems. Mais les Beatles n'étaient toujours pas au courant de l'histoire. Et ils n'avaient pas pu réunir les 500 000 livres. Peter Brown informa les Beatles. Et début septembre 1967, ils se rendirent tous les quatre chez Stigwood pour leur dire « qu'ils n'étaient pas des marchandises à vendre. » Aussi les anciens salariés de la NEMS demandèrent à Clive Epstein de négocier le retrait de Stigwood. Ils renoncèrent, à une condition : participer à hauteur de 200 000 livres pour la fondation de la RSO (Robert Stigwood Organization). Peter Brown négocia la moitié de cette somme. Ils reçurent aussi 25 000 livres. Et les relations étaient donc au beau fixe.
Cet argent tout frais, perçu au début de septembre 1967, permit à Robert Stigwood de faire quelques folies pour les Bee Gees mais aussi de bien rétribuer le groupe Cream. Grace à Cream, la RSO est l'une des entreprises du Show Business les plus rentables d'Angleterre.
Et les Beatles y sont liés.
Eric Clapton peut donc s'offrir des voitures et un train de vie luxueux grâce aux nouveaux dividendes négociés avec Stigwood. Les tournées de Cream s'échelonnent jusqu'en octobre 1967. Eric Clapton change aussi de look, arborant des costumes, fréquentant la Jet-set londonienne comme les hippies de tout genre. Il a les cheveux longs et lisses. Une moustache de Viking. Il devient aussi très courtisé par tout le monde. Il commence à devenir demandé par de nombreux musiciens pour jouer sur quelques titres de certains albums comme par exemple Aretha Franklin, qui n'en revient pas. Et George Harrison fait aussi partie de cette longue liste de demandeurs.
Ouverture de la boutique Apple, le 7 décembre 1967
L'ouverture de la boutique Apple fut un évènement important auquel avait été convié Eric Clapton ainsi que les Rolling Stones, les Who, le groupe Traffic, Cilla Black et le collectif The Fool. C'est Simon Posthuma et Marjike Koger qui avaient présenté George Harrison à Joe Massot, le réalisateur de WONDERWALL peu avant cette fête. Joe Massot savait que George Harrison jouait de la musique indienne et d'ailleurs, avant George Harrison, les Bee Gees ainsi que Graham Nash avaient exprimé le souhait de collaborer pour la bande son du film. Et Joe Massot faisait partie des invités des Beatles.
Le groupe The Fool avait déjà travaillé avec les Beatles sur « All You Need Is Love ». Entre temps ils avaient repeint la Rolls Royce de John Lennon, ainsi que son piano (que l'on peux voir dans Magical Mystery Tour). Ils ont naturellement accepté de décorer la boutique Apple avec des motifs psychédéliques. A la même période ils ont décoré le bungalow de Esher de George Harrison.
1968
George Harrison, WONDERWALL MUSIC
Le disque Wonderwall Music paraît le 1er Novembre 1968 et sera officiellement le premier album solo d'un ex-Beatle. Bien qu'officieusement THE Family Way soit la première aventure solo de Paul McCartney.
WONDERWALL MUSIC est la bande sonore du film de Joe Massot présenté au festival de Cannes en 1968 et qui avait vu se déplacer George, Ringo ainsi que Jane Birkin qui était l'actrice principale du film. L'histoire évoque un professeur, célibataire endurci, qui un jour découvre un trou dans un mur de briques et qui lui permet d'observer la vie de Penny Lane (rôle de Jane Birkin), sa voisine jusqu'à virer au voyeurisme obsessionnel. Le jour où il l'espionne et que Penny Lane découvre qu'elle est enceinte, il tente de l'aider car son petit ami a pris la fuite, Penny Lane ayant tenté de se suicider.
Film mineur, symbolique du swinging London des années 60, George Harrison a néanmoins trouvé le projet intéressant et décida d'expérimenter plus en détails son goût pour la musique indienne mélangé à la musique occidentale. Un album fort décrié et tombé dans l'oubli le plus total mais qui peut quand même être considéré comme l'un des premiers disques de « World Music ».
Joe Massot savait que George Harrison jouait de la musique indienne et d'ailleurs, avant George Harrison, les Bee Gees ainsi que Graham Nash avaient exprimé le souhait de collaborer pour la bande son du film. Sur le coup, malgré l'enthousiasme de Ringo Starr, George Harrison avait été hésitant car il n'avait jamais écrit de bande sonore. Puis Massot convainquit Harrison peu avant la soirée d'inauguration de la boutique Apple. Soirée à laquelle participait Clapton et The Fool. George avait enregistré quelques bouts de chansons à Abbey Road en novembre 1967
Le lendemain de la fête d'inauguration d'Apple, George Harrison visionna le film et trouva l'occasion rêvée pour offrir au monde occidental un aperçu très bref de la musique indienne. Il proposa alors à Eric Clapton de l'aider pour la bande son. Avec Ringo Starr, Tony Ashton, les Remo Four, John Barham et Tommy Reilly, ils enregistrèrent de temps à autres quelques moutures de chansons à Abbey Road en décembre 1967. Notons que les musiciens ne jouent pas sur tous les titres. L'essentiel de la musique que l'on entend a été enregistré par la suite en Inde. « Ski-ing » et « Party Seacombe » restent les titres où la guitare de Clapton est particulièrement mise en avant.
En janvier 1968, George Harrison décida ensuite de s'envoler à Bombay et il passa une semaine entière du 7 au 13 janvier dans un studio d'Abbey Road avec des musiciens indiens. Les conditions de sonorisations n'étant que rudimentaires en Inde, on peut entendre par moments la vie diurne de Bombay. Ce fut pour George Harrison une expérience fascinante que de pouvoir enregistrer des titres en Inde. Et de perfectionner encore ses expériences au sitar ou au sarod. Il profita aussi de son séjour pour enregistrer « The Inner Light ». Les musiciens qui accompagnèrent George sont Sharad Jadev et Shankar Gosh aux sitars, Shiv Kumar Sharmar au santorr, Shandra Shakher au sur-bahar et Vinayak Vohra au taar-shenai. Le neveu de Ravi Shankar, Aashish Khan, apportât également un coup de main à l'album au sarod.
Voici ce que George disait pour le livre ANTHOLOGY : « Joe Massot m'a dit que quoi que je lui donne, il l'utiliserait. Du coup j'ai eu à cœur de refiler une anthologie de la musique indienne, pour initier les hippies »
Puis dans les quinze derniers jours de janvier 1968, George Harrison se chargea de réenregistrer certaines parties de WONDERWALL avec notamment Eric Clapton et Ringo Starr. George Harrison se rendait aussi sur les studios de Twickenham pour synchroniser la musique et préparer avec précision les séances d'enregistrement. A plusieurs reprises en janvier 1968, il fut accompagné d'Eric Clapton et de The Remo Four pour leur montrer l'avancement du film.
Avant que les Beatles ne partent pour l'Inde en février 1968, la bande son était déjà quasiment en boîte. Lorsque le disque sortit en Novembre 1968, le nom d'Eric Clapton avait été remplacé par Eddie Clayton pour des raisons de contrat entre maisons de disque.
Le groupe The Fool s'occupa de réaliser une peinture pour l'album mais finalement c'est l'artiste Bob Gill qui signa la pochette. Paul McCartney, qui venait de s'acheter une peinture de Magritte (Au Revoir), suggéra de s'inspirer de l'univers pictural du peintre. Et c'est aussi à partir de la pomme de ce tableau que Paul avait proposé le logo d'Apple. A la dernière minute, George Harrison demanda à Bob Gill de retirer une brique pour marquer le rapprochement entre l'Occident et l'Orient.
A l'issue de la sortie du film, Joe Massot, sur les conseils d'Eric Clapton, proposa à George Harrison l'écriture de la bande son d'un deuxième film, ZACHARIAH. Le film sera tourné jusqu'à fin 1969 et qui inclut au générique, Ginger Baker, le batteur de Cream, grand ami de Clapton. George Harrison avait donc été contacté mais il ne donna jamais suite à ce moment là.
WONDERWALL sortit en juin 1968 et ce fut un bide total. George Harrison lui même avait complètement oublié des détails du film et de la musique à cause de cet échec qu'il n'a pas véritablement encaissé à l'époque. Il avait même oublié que Jane Birkin l'avait accompagné à Cannes à ce moment là. Ce n'est qu'en relisant les notes de Derek Taylor qu'il s'en est souvenu, a-t-il admis dans le livre ANTHOLOGY.
La qualité de la musique est pourtant indéniable. Le disque comprend de très bons moments comme par exemple « Ski-ing » avec un excellent riff de Clapton sous fond de sitar avec des guitares traitées avec des effets étonnants. L'ensemble du disque s'écoute réellement sans déplaisir et mérite d'être redécouvert, malgré des critiques particulièrement éreintantes à l'époque de la sortie du disque. Il semble même pas honteux de pouvoir dire que ce disque est effectivement un bon concentré de musiques indiennes variées, tel que l'avait voulu George Harrison. Que le son a aussi véritablement bien traversé les décennies (ce qui n'est pas le cas d'autres disques de George Harrison comme Gone Troppo). Mais que surtout, la musique, d'un bout à l'autre du disque, pour peu qu'on veuille bien mettre un peu de côté le rock ou la pop sur certains titres, est d'excellente facture.
WONDERWALL MUSIC est un disque injustement oublié, à peine mis en valeur par une édition en CD, qui reste très méconnu et qui pourtant est l'un des premiers disques de « world music ». Un morceau comme « Red Lady Too » avec son jeu de guitare cristallin et les cymbales de Ringo est par exemple un très beau morceau encore inconnu, même par la plupart des fans des Beatles. « Drilling a Home » est un intermédiaire aux accents country et jazz très surprenant avec un piano bourré d'effets. « Party Seacombe » avec ses orgues psychédéliques et ses guitares est l'un des meilleurs moments du disque. « Wonderwall to be here » est un joli intermède avec l'une des plus belles parties de piano sur un disque de George Harrison. A la fin de l'album, on peut entendre George, Ringo et Eric Clapton chanter à l'unisson le son « Om » (sur « Singing Om ») sur fond de flûte indienne et de ce qui ressemble à un harmonium. Un moment musical étonnant et serein, probablement à l'origine d'une future chanson de Ringo Starr parue en 1999 sur le disque I WANNA BE SANTA KLAUS, « Pax Um Biscum ».
WONDERWALL MUSIC a été réédité le 30 juin 1992 en version remasterisée par Ron Furmanek.
Le réalisateur Joe Massot a sorti un livre en l'an 2000 en édition limité qui donne une foule de détails sur le film ainsi que sur la bande son de George Harrison. Il comprend quelques photos de George et Ringo à Cannes ainsi que des photos des sessions d'enregistrement où l'on peut voir Clapton jouer avec les autres.
Une version DVD est sortie en 2002. Elle comporte la bande sonore en son 5.1 Son Surround, un morceau inédit d'Eric Clapton qui est plus une improvisation qu'autre chose, un poème de John Lennon du nom de « John's Poem » et un reportage sur The Fool et des séquences inédites du film mais sans musique inédite. Une version limitée du DVD comprend aussi le 45 tours « In The First Place » par les Remo Four et des autocollants réalisés par Marjike Koger.
En février 1968, tandis que les Beatles sont en Inde, Cream entame une monstrueuse tournée qui va détériorer le climat du groupe. En quelque sorte, le succès est effrayant. Voire même déboussolant pour Clapton. Il ne supporte tout simplement plus les sautes d'humeur de Jack Bruce et de Ginger Baker qui se bagarrent de plus en plus souvent. A la suite d'un concert, Jack Bruce tente même de prendre un avion pour repartir en Angleterre mais il est rattrapé à la dernière minute. Quatre mois de tournées, parfois sept jours sur sept. C'est un rythme que ni les Beatles ni les Rolling Stones n'ont jamais pu tenir. La rivalité est énorme et Clapton se terre dans un mutisme qui lui laissera des traces par la suite. Tous se sont mis à l'héroïne. Et consomment encore plus d'alcool ce qui n'arrange vraiment rien du tout.
Les trois musiciens ne se voient plus autant qu'avant, descendent dans des hôtels différents, ne se voient pas après les concerts. Eric Clapton traîne souvent avec Neil Young et Stephen Stills. Le groupe joue pourtant des reprises souvent hallucinantes. Comme « Stepping Out » pendant presque 40 minutes. Le public en redemande et se produit alors une surenchère de reprises et d'improvisations qui laisse le groupe laminé. Si bien que très vite la qualité de certains concerts laisse à désirer. Pour un excellent concert, trois autres sont moins réussis et même bâclés. En plus de cela, le volume sonore est poussé à l'extrême et le groupe pousse même le rythme au rock progressif. Ce qui laissera à chacun des problèmes d'audition par la suite.
Eric Clapton reçoit des critiques négatives de certains journaux qui l'accusent de se répéter très souvent pendant les concerts. Et il se prend de passion pour le groupe The Band en mai 1968. Il annonce alors à ses compères qu'il veut quitter le navire à ce moment là, mais les engagements ne le permettent pas tout de suite. Le groupe doit assurer la promotion de « Anyone For Tennis ? » avec parfois des décors d'émissions de télé abrutissants et Clapton traîne des pieds à chaque fois qu'il doit chanter ce titre qui ne lui plait plus du tout.
En juin 1968, Cream loue les studios Atlantic pour enregistrer un nouvel album : WHEELS OF FIRE. Eric Clapton ne s'investit plus du tout, ne chante jamais seul mais il a quand même l'occasion de graver une fois de plus des solos terribles comme sur « Politician » ou « Deserted Cities Of The Heart ». « White Room » reste le fleuron du disque avec le traitement de la guitare de Clapton et ses wah wah remarquables. Et Clapton choisit également quelques reprises de blues.
Mais l'ambiance dans les studios est tendue. Les photos de Linda McCartney qu'elle prend peu après le montre bien. Le grand public ignore souvent que Cream va se séparer dans peu de temps. Les morceaux sont augmentés de violons, trompettes, cloches ce qui ne plait pas vraiment à Eric Clapton.
L'album comprend surtout quatre très bons titres, dont une reprise de Robert Johnson, « Crossroads », qui va devenir un immense succès pour Eric Clapton. « Toad » est aussi une très grande réussite sur WHEELS OF FIRE. Malgré tout, Eric Clapton ne comprendra jamais pourquoi tout le monde s'extasie sur « Crossroads » (qui deviendra quand même le nom d'une compilation). Pour lui la reprise est tout simplement à oublier et à contre temps. Mais pour la génération 68, c'est un point d'ancrage. Le disque sort en juillet 1968 et c'est encore un énorme succès.
En Août, la nouvelle de la séparation de Cream est vécue comme un cataclysme par tous les contemporains d'alors. Mais Stigwood, qui veut encore exploiter le filon leur ordonne une dernière tournée et un dernier disque. Ceci dit, pendant tout cet été, Clapton fait ce que bon lui semble. Alors il part suivre le Band en tournée. Parmi eux, il y'a Rick Danko et Levon Helm qui feront plus tard partie du premier ALL Starr BAND de Ringo Starr. Clapton passe beaucoup de temps avec Bob Dylan. Pour Clapton c'est l'occasion de recharger ses batteries et de ne plus penser aux bagarres de Cream. A la fin de l'été 1968, Eric Clapton revient à Londres et passe beaucoup de temps chez George Harrison et Ringo Starr. Il devient de plus en plus amoureux de Pattie Boyd et va surtout participer au WHITE ALBUM. Grand moment.
Beatles, WHITE ALBUM, 1968 : “Not Guilty”
On a longtemps cru que Clapton avait pris part à l'enregistrement du titre mais il se trouve que son nom ne figure pas dans les Recording Sessions. Version d'autant plus plausible que Clapton fut invité par George Harrison le 6 septembre 1968 et que ce jour là fut pour lui la première fois qu'il enregistra une partie de guitare avec les Beatles. Et « Not Guilty » fut effectivement enregistrée en trois nuits en Août 1968 les 8, 9 et 12 août. Il n'est par contre pas impossible qu'Eric Clapton ait bien participé à l'élaboration du titre même si on ne retrouve aucune trace d'une quelconque piste de guitare dans le livre de Mark Lewishon.
Clapton avait par ailleurs offert à George Harrison une superbe Gibson les Paul, qu'il baptisa Lucy, et que George utilisa pour la première fois dans cette chanson. C'est un titre qui avait été écrit en Inde et qui évoquait les problèmes liés à Apple. Le titre finit par un beau duel de guitares entre George Harrison et John Lennon. Et probablement aussi avec des riffs d'Eric Clapton. Mais comme Clapton passait encore du temps aux Etats-Unis avec le Band, il est difficile de croire qu'il a pu venir enregistrer avec les Beatles à ce moment là.
En 1979, George la réenregistra sur le disque GEORGE Harrison, dans une version plus lente et acoustique. La version des Beatles sera commercialisée seulement en 1996 dans le troisième volume de l'ANTHOLOGY.
Beatles, WHITE ALBUM, 1968 : “While My guitar gently weeps”
Les séances d'enregistrement au studio 2 d'Abbey Road étaient devenues tendues. Ringo Starr avait notamment le sentiment de ne plus servir à rien. Les autres arrivaient souvent en retard et il les attendait longtemps avant de jouer. Il avait surtout fini par être convaincu par Paul McCartney qu'il n'était pas un bon batteur et il avait même plusieurs fois dû céder son tabouret au bassiste. C'est lors d'une de ces séances pour « Back in the USSR » que Ringo claque la porte, prend des vacances pour ne revenir que le 3 septembre 1968. Planning prévu : « While My Guitar Gently Weeps ». Les séances reprenaient mais ce qui était auparavant ponctué de rires était devenu souvent triste, entrecoupé de réunions de bureau pas franchement toujours drôles dans les bureaux d'Apple, assombris par des insultes, des cris et des colères. Paul, très autoritaire, dictait ses ordres aux autres tandis que John Lennon imposait la présence de Yoko Ono. Bien sûr toutes les sessions d'enregistrement n'étaient pas désagréables mais ce n'était pas bon signe. C'est lors d'une séance houleuse de trop au début du mois de septembre 1968 que Geoff Emerick présenta sa démission. Finalement, trop de talent finissait par nuire réellement même si il pleuvait trois chefs d'œuvre par jour.
A cela s'ajoutait toujours un problème d'ego de la part de John et Paul. George Harrison composait davantage de titres depuis son retour en Inde mais les deux leaders du groupe n'avaient pas l'air d'y prêter la moindre Attention. Et la première fois que George leur joua « While My Guitar Gently Weeps », ils firent la sourde oreille alors qu'on peut la considérer comme la première grande composition de la carrière de George Harrison et sans doute la plus émouvante du WHITE ALBUM.
A l'origine du titre, George était entrain de lire le Yi-King, un livre chinois qui évoque les transformations et décida d'appliquer le concept, fondé sur le hasard, à la composition d'une nouvelle chanson. Le livre évoque entre autres le concept de la coïncidence et ses diverses appréciations entre l'Occident et l'Orient. Dans la maison de ses parents, dans le Lancashire, il prit un jour un roman sur une étagère et avait décidé que les premiers mots lus serviraient de base à une nouvelle chanson. Et les mots en question étaient « Gently Weeps ».
« While My Guitar Gently Weeps » fait partie de ces 23 chansons dont les Beatles réalisèrent des démos chez George Harrison et qui comportent notamment « Blackbird », « Dear Prudence », « Julia », « Back in the USSR », « Revolution »...Or si la plupart des titres avaient été gardé très proches de leur versions originelles, « While My Guitar Gently Weeps » connut des changements spectaculaires et aussi radicaux que ceux de « Strawberry Fields Forever ».
Ce n'est que le 25 juillet 1968 que les Beatles, près de deux mois après les premières sessions du WHITE ALBUM, commencèrent l'enregistrement de « While My guitar Gently Weeps ». Elle n'intéressait pourtant pas les trois autres alors que Harrison savait que c'était pour lui l'une de ses meilleures. Le 25 juillet, il enregistra une version solo qui est considérée comme l'une des meilleures qui soient. La voix douce et méditative avec les sons de la guitare sèche sont admirables et donnent même la chair de poule. George Harrison joue sur la guitare Lucie, une Gibson les Paul que Clapton lui avait offerte lors de l'été 1968. Paul McCartney accompagne George sur un harmonium discret. Une version dépouillée jusqu'à ce 6 septembre 1968.
Ce jour là, George Harrison passa prendre Eric Clapton en voiture dans le Surrey et il l'invita à participer à l'enregistrement de sa chanson sûrement pour se venger des querelles avec les autres. George lui proposa de les rejoindre sur la route et Clapton fut pris de court en refusant d'abord, prétextant que personne en dehors du groupe ne joue sur un disque des Beatles. Sauf que George Harrison précisa que si John Lennon pouvait amener Yoko Ono (et la faire chanter sur « The Continuing Story of Bungalow Bill » et sur « Birthday »), il n'y avait pas de raisons de refuser l'invitation du meilleur guitariste d'alors de Grande Bretagne (n'ayons pas peur des mots). Le 3 septembre 1968, George Harrison avait passé huit heures en studio pour essayer d'enregistrer les pleurs d'une guitare avec des effets divers. Mais aucun résultat n'avait été probant et il avait fallu recommencer toute la prise.
Tous (sauf John Lennon qui n'est pas présent ce jour là) durent alors se comporter de façon exemplaire, même si Eric Clapton n'était pas vraiment dupe quant aux relations entre les Beatles ( il était tenu informé par George Harrison en temps réel). Ce jour là, Paul trouva une jolie introduction au piano, George Harrison enregistra sa partie vocale, Paul enregistra sa partie de basse avec un effet fuzz, Ringo agrémenta son jeu de batterie avec des effets supplémentaires. Et à seulement 23 ans, Eric Clapton enregistra un solo de maître, qui surpasse tous les autres instruments du titre. Clapton joua sur une Gibson les Paul.
Tout comme « Revolution » allait bénéficier d'un traitement de faveur, c'est à dire sortir sous deux versions, George Harrison ambitionnait que la version acoustique alliée à la version électrique avec Eric Clapton, sortiraient elles aussi. En vain. Il fallut attendre 1996 au grand public le volume 3 de l'ANTHOLOGY pour que l'on puisse y entendre la superbe version acoustique. Des générations de fans se sont régulièrement battus verbalement pour savoir si la version électrique ou acoustique était la meilleure. Débat éternel...Néanmoins, les Beatles disposaient déjà de beaucoup de titres et ils devaient même écarter certaines chansons comme « Not Guilty ». Aussi le projet de sortir sur le même disque deux versions de « While My Guitar Gently Weeps » fut rapidement avorté. Surtout qu'à ce moment là George Martin considérait encore que seul un simple 33 tours suffisait. Il n'était pas convaincu que les Beatles avaient assez de chansons de qualité pour un double album.
Pour des raisons de contrats, on préféra dire à la sortie du disque que c'était un certain Eddie Clayton qui tenait la guitare, un pseudonyme qui avait déjà été utilisé par George Harrison pour le disque Wonderwall Music. Le nom d'Eddie Clayton était peut-être le fruit du hasard mais il se trouve qu'en 1957 Ringo Starr avait joué dans un groupe du nom de Eddie Clayton Skiffle Group avant de jouer avec Rory Storm and The Hurricanes.
En 1975, George Harrison adressa un clin d'œil amical à cette composition en écrivant « This Guitar (Can't Keep From Crying) parue sur le disque Extra Texture. Mais les fans considèrent les glandes lacrymales du WHITE ALBUM malgré tout plus mémorables.
Cette chanson est encore aujourd'hui un triomphe pour quiconque l'interprète sur scène. Que ce soit Clapton au Jubilée de la Reine, Steve Lukather avec Toto au concert d'Amsterdam, paru en DVD en 2003, ou encore Peter Frampton sur son dernier disque, aucune de ces reprises n'est médiocre. Même si, bien sûr, seul Clapton sait la jouer mieux que personne. Cette chanson sera chantée au concert du Bangladesh, lors de la tournée de 1974 et de la tournée du Japon en 1991. George la chante aussi lors du concert du Prince Trust en 1987 ainsi qu'au concert du Royal Albert Hall le 6 avril 1992.
Beatles, WHITE ALBUM, 1968 : “Savoy Truffle”
Il ne fait aucun doute que George Harrison et Eric Clapton étaient devenus de très bons amis. « Savoy Truffle » était une plaisanterie sur le goût immodéré d'Eric Clapton pour le chocolat. D'ailleurs cette mauvaise habitude avait eu pour effet de rendre la dentition de Clapton absolument désastreuse. Et George le taquinait régulièrement en lui disant que s'il mangeait un chocolat de plus on lui arracherait toutes ses dents ( « You'll have to have them all pulled out »). Les paroles de la chanson reprennent en fait le contenu de la boîte de chocolat Good News que commercialisait la société Mackintosh. George a tout simplement composé la chanson en se rendant un jour chez Eric Clapton et il n'eut qu'à s'inspirer de l'assortiment : Creme Tangerine, Montelimart, Ginger Sling, Pineapple heart et Coconut Fudge.
Derek Taylor fut à l'origine d'un vers de la chanson « You Know that what you eat you are » parce qu'il venait de voir au cinéma le film « You Are What You Eat », réalisé par Alan Pariser et Barry Feinstein.
La chanson a été enregistrée en octobre 1968 aux studios d'Abbey Road et aux studios Trident. Eric Clapton n'a pas pris part à l'enregistrement mais il demeure sans aucun doute l'une des rares figures du rock qui inspira une chanson aux Beatles. Même à cause d'une dentition en piteux état.
Eric Clapton offrit même sa guitare Gibson peinte par The Fool à George Harrison à ce moment là. Mais George Harrison ne l'utilisa quasiment pas puisqu'il l'offrit à Jackie Lomax à la fin de l'année 1968. Et c'est ensuite Todd Rundgren qui la récupéra jusque dans les années 1990. L'amitié entre Eric Clapton et George Harrison est désormais profonde et durable. Pendant près de deux ans, ils ne vont quasiment plus se quitter.
WHEELS OF FIRE est certifié double album de platine avant même la sortie du WHITE ALBUM (un privilège). Et ce pendant une tournée américaine triomphale à l'automne 1968. Mais le cœur n'y est plus. Les drogues et l'alcool font le reste. En vain, Clapton n'en peut plus de jouer avec Jack Bruce et Ginger Baker.
En novembre 1968, le groupe enregistre GOODBYE en choisissant trois titres live, trois titres pour chacun des membres et « Anyone For Tennis ». Curieusement, le séances d'enregistrement se passent remarquablement bien même si tous savent que c'est la fin. Le Cream de GOODBYE ressemble fort aux Beatles de Abbey Road. Et George Harrison tout comme Ringo Starr viennent souvent voir le groupe en studio. Sans véritablement savoir que c'est la fin des haricots. GOODBYE sortira en mars 1969. Et deux albums live (LIVE CREAM, vol1 puis vol2) en 1970 et 1972. De l'avis de tous ce sont les concerts de 1967 qui furent les meilleurs mais aucun d'entre eux n'avait été enregistré.
Cream donnera deux concerts d'adieu qui seront retransmis à la radio et à la télévision le 26 novembre 1968. George Harrison et Ringo Starr seront dans le public ce jour là. Et Jimi Hendrix avouera plus tard que ce fut un triste jour pour le rock'n roll.
Durant l'époque de Cream, les progrès de Clapton furent absolument constants et perpétuels. Quasiment tous les titres de Cream méritent le détour et sont d'une qualité encore éblouissante aujourd'hui. Cream ouvra même par endroits le voie du heavy metal et du hard rock. Et d'ailleurs Jimmy Page avait proposé à Jack Bruce de tenir la basse pour Led Zeppelin. D'ailleurs Jimmy Page utilisait aussi une Gibson comme Clapton et les influences du groupe comprenaient bien sûr Cream.
Eric Clapton, sous la pression du management, n'est plus un joueur de blues talentueux, mais une rock-star planétaire. Et il ne le supporte pas vraiment encore bien.
Mais en décembre 1968, Eric Clapton en va pas rester inactif très longtemps. Il voit très souvent George Harrison et rentre même dans une phase plutôt mystique avec l'aide de son ami, qui le branche sur la religion. Il reçoit aussi un coup de fil de Mick Jagger lui proposant dans un premier temps de remplacer Brian Jones à la guitare. Mais Eric Clapton refuse. Il redoute surtout la réaction de Keith Richards qui serait presque relégué au second plan.
Rock and Roll Circus, 10 et 11 décembre 1968
Pas démonté pour autant, Mick Jagger rappele Clapton pour l'inviter à un show télé délirant, le Rock and Roll Circus des Rolling Stones. John Lennon et Yoko Ono ont répondu à l'appel avec aussi les Who, Mitch Mitchell (le batteur de Hendrix), Marianne Faithfull, le Taj Mahal et un nouveau groupe, les Jethro Tull.
Clapton devient pour deux jours le guitariste d'un groupe délirant : le Winston Legthigh and the Dirty Macs, qui comprend John Lennon, Keith Richards et Mitch Mitchell avec Clapton. Tout le monde se déguise (Yoko est en sorcière) et malgré tout, Clapton garde tout son sérieux pour la prestation. Il joue avec ce groupe le titre « Yer Blues » du WHITE ALBUM (qui plait beaucoup à Clapton), une reprise de « Peggy Sue » ainsi qu'une jam bizarre emmenée par Yoko Ono et qui s'intitule tout simplement « Yoko Ono Jam ». Lennon et Clapton jouent tous les deux sur une Gibson et l'entente passe remarquablement bien. Les deux musiciens se sont souvent croisé mais jamais ils n'eurent vraiment l'occasion de jouer ensemble. C'est chose faite et c'est à nouveau pour Eric Clapton le début d'une longue amitié. Malgré tout, le concert ne plait pas du tout à Mick Jagger qui décide de ne pas publier le disque prévu du concert. Il sera quand même publié en 1996, presque trente ans plus tard.
1969
Au début de l'année 1969, Clapton reçoit à plusieurs reprises des avances de Mick Jagger pour rejoindre les Stones. Clapton jouera quand même avec eux sur LET IT BLEED mais Brian Jones sera remplacé par Mick Taylor, un admirateur des Bluesbreakers et de Cream.
En réalité à ce moment là, Clapton apprend la dissolution du groupe Traffic, que Steve Winwood dirigeait. Il connaît le chanteur et le revoit. L'entente est excellente et les deux compères avaient même enregistré un disque sous le nom de Eric Clapton & the Powerhouse en 1966 avec notamment Steve Winwood et Jack Bruce. Entre temps, Steve Winwood a eu la chance de jouer avec Jimi Hendrix sur ELECTRIC LADYLAND.
Winwood et lui jamment plusieurs jours chez Clapton. En plus Winwood aime The Band et il joue de l'orgue Hammond comme personne. Ils décident de créer un groupe dans la foulée. La rumeur se fait savoir et quand Ginger Baker l'apprend, il demande tout de suite à en faire partie. Si Clapton est plutôt méfiant, il se laisse convaincre par Steve Winwood qui apprécie beaucoup le jeu du batteur. Et si en 1966, les membres de Cream étaient perçus comme de bons musiciens, les trois musiciens de 1969 sont des superstars (le rock-business venait de prendre une envolée terrible, pour ne pas dire exponentielle).
Et Clapton a déjà peur de cette situation, mais il ne dit rien. Il ne se confie qu'à George Harrison (qui est vraiment son alter ego de l'époque).
Eric Clapton ne veut pas de trio à la Cream et demande à Rick Grech de tenir la basse : Blind Faith est né. Robert Stigwood prend les rênes de ce groupe et impose un album et des concerts dont un gratuit à Hyde Park en juin 1969. Et Clapton se sent pris au piège.
Cream, GOODBYE, « Badge », mars 1969
Puisque les séances d'enregistrement s'étaient remarquablement bien passées pour le WHITE ALBUM, George Harrison accepte de prêter main forte au super groupe Cream. A la fin de 1968, peu avant la séparation du groupe, George et Ringo rejoignent Clapton qui enregistre l'album GOODBYE avec Jack Bruce et Ginger Baker. George apporte une bonne partie de la musicalité d'un titre, « Badge ». Le nom de la chanson est une confusion de Ringo Starr qui avait confondu les mots « Bridge » et « Badge ». Ringo Starr apporte aussi quelques vers à la chanson. La chanson est un modèle de concision pour Clapton au regard des solos monstrueux de Cream joués sur scène.
L'album paraît en mars 1969 alors que Cream est déjà séparé. Eric Clapton rejouera très souvent ce titre sur scène de 1969 à 2004, ce sera un immense succès. Depuis 2001, c'est souvent avec ce titre qu'Eric Clapton rendra hommage à George Harrison.
Notons aussi que pendant l'enregistrement de GOODBYE, Clapton eut l'occasion de tester la cabine Leslie destinée à la base à créer un son pour l'orgue Hammond destiné à l'amplifier et à donner au son un système rotatif très particulier. Clapton en joue sur le titre « Doing That Scrapyard Thing ». Et George Harrison va par la suite se servir de cette idée sur le solo de guitare de « Let It Be » à la grande joie du groupe. D'ailleurs ce solo s'inspire très largement des idées et du style d'Eric Clapton.
En avril 1969, Eric Clapton s'achète un manoir dans le Surrey près des lieux de son enfance. C'est Hurtwood Edge à Ewhurst dans le Surrey. Une demeure qu'il possède encore aujourd'hui et où George Harrison se rend très régulièrement pour décompresser avec Pattie. Steve Winwood passe avec eux de nombreuses soirées puisque Blind Faith va élire domicile chez Clapton. George Harrison jamme très souvent avec le groupe en avril 1969. Mais Eric Clapton tombe raide dingue amoureux de Patti Harrison à ce moment là. Il sort même avec Paula Boyd car elle ressemble beaucoup à Patti mais cette union ne dure qu'un temps. Et puis il rencontre une certaine Alice Ormsby-Gore, qui s'attache à lui et vice-versa, mais Clapton a fait une fixation sur Patti Boyd.
Et pour rajouter à ce tableau hors du commun, Clapton le coureur de jupons apprend que George Harrison n'est pas vraiment fidèle à Pattie Boyd. Il l'a souvent trompée sans qu'elle ne le sache vraiment. Il a par exemple eu une aventure en Inde avec Prudence Farrow, la sœur de l'actrice Mia Farrow, et à qui John Lennon écrivit « Dear Prudence ». Même si George ne parle que de méditation et de mantras, Clapton n'est pas dupe. George Harrison aurait dragué une copine officielle d'Eric Clapton en 1968, et Clapton décide de lui rendre la pareille à cette époque en draguant Patti. Celle-ci en profite pour rendre son mari jaloux et Clapton tombe littéralement amoureux d'elle.
Mais pour Clapton, George Harrison est encore un Beatles. Et Harrison est sur un piédestal. Il a deux ans de plus que lui et personne n'a encore osé s'attaquer à la femme d'un Beatles. La relation de Clapton avec Pattie reste platonique mais les liens se scellent de façon très forte lorsque Clapton emménage dans le Surrey. Certains disent que cette demeure n'était pas loin de la maison de Escher de George Harrison, et que ce n'était pas le fruit du hasard. Clapton prétexta aussi le besoin de se rapprocher de ses racines de Ripley, situation ambiguë.
Mais George Harrison ne remarque rien (Steve Winwood lui aurait paraît-t-il fait quelques remarques) et considère Clapton comme un puissant soutien en ces temps de bagarre entre les Beatles.
Billy Preston, THAT’S THE WAY GOD PLANNED IT, été 1969
Eric Clapton, en parallèle de ses sessions avec Blind Faith, joue sur le disque de Billy Preston. Ce dernier avait été le seul et unique musicien dont le nom avait été rattaché aux Beatles. Musicien, connu depuis les concerts de Hambourg, il avait été appelé à la rescousse aux claviers pour les sessions finales de Let It Be. Une amitié durable s'était nouée entre lui, George Harrison et Ringo Starr. C'est tout naturellement aussi qu'Eric Clapton sympathisa avec lui au courant de l'année 1969. En février 1969, Eric Clapton est invité par George Harrison pour jouer sur l'intégralité des titres qui constitueront le disque THAT'S THE WAY GOD PLANNED IT. Les sessions s'achèvent en avril 1969. Un album avec aussi Doris Troy dans les chœurs, Keith Richards à la guitare et Ginger Baker à la batterie. De l'avis de beaucoup, ce disque est l'une des meilleures productions jamais effectuée par George Harrison. Le disque connut un succès relatif durant l'été 1969. Doris Troy cosigne le titre « This Is It » et tous rendent un hommage à Jimi Hendrix via « Hey Brother ». Ringo Starr ne jouera que sur quelques titres comme le titre éponyme.
Billy Preston devient un ami fidèle de Clapton puisqu'en 2004, il joue encore en tournée avec lui.
Jackie Lomax, IS THAT WHAT YOU WANT ?, été 1969
Au début de l'année 1969, un autre projet va occuper Clapton : le disque de Jackie Lomax. Ce musicien originaire de Liverpool avait partagé l'affiche avec les Beatles dès le début des années 60 que ce soit à Liverpool ou à Hambourg. Peu après la création d'Apple, il se porta immédiatement candidat pour enregistrer sous le label. Jackie Lomax eut donc droit en 1968 à une chanson écrite par George Harrison, « Sour Milk Sea ». Le single, qui pourtant a aussi reçu de l'aide de la part de Paul McCartney et Ringo Starr, fit un flop dès sa sortie en octobre 1968. Ce même mois, George Harrison se rendit à Los Angeles et enregistra avec Jackie Lomax quelques pistes pour un futur disque, produit par Phil Spector. Dans les studios Sound Recorders, ils firent appel à Bernie Brause au synthétiseur, un instrument que George lui demanda d'expérimenter pour Electronic Sounds à cette même époque. Jackie Lomax a pu donc suivre l'élaboration de ce projet solo de George Harrison.
En 1969, George Harrison à Londres, proposa de l'aide pour améliorer les bandes de l'album en cours d'enregistrement. Paul McCartney enregistra quelques parties de basse et de chœurs la veille de son mariage, le 11 mars 1969. Au même moment, George Harrison demanda, en pleines séances du disque de Billy Preston, à Eric Clapton et Leon Russell de venir collaborer au disque, ce qu'ils firent sans se faire prier bien entendu.
Malgré tout, le disque ne fut pas un véritable succès. Et Jackie Lomax tomba alors rapidement dans l'oubli et fut même évincé par Allen Klein lorsque ce dernier procéda à une « épuration » des comptes d'Apple.
Retour à Blind Faith. En mai 1969, tout s'accélère. Stigwood négocie pour plusieurs millions de dollars une tournée américaine juteuse. Une nouvelle qui fait évidemment plaisir à Ginger Baker et Rick Grech. Mais Clapton et Steve Winwood ne sont guère enchanté par la tournure des événements. En mai, les sessions de l'album BLIND FAITH commencent et vont durer un mois. George Harrison aura la chance de pouvoir assister à la plupart des répétitions du groupe.
Le 7 juin 1969, le concert de Hyde Park à Londres n'est pas un franc succès car le groupe n'est pas vraiment prêt. Et Clapton a l'impression de s'être laissé enfermé dans un piège. Ce qui ne lui plait guère. Aussi le public est partiellement déçu et l'ambiance fiévreuse des concerts de Cream n'est pas au rendez-vous. Le groupe tourne en Scandinavie et termine les séances d'enregistrement en juin 1969. Il n'y aura que six titres sélectionnés mais il en existe bien d'autres. « Can't Find My Way Home » et "Presence of The Lord".
Ce dernier titre témoigne de l'ouverture spirituelle d'Eric Clapton intiée par George Harrison. Il est évident que toutes les paroles ici sont le résultat des récitations de mantras que George avait l'habitude de faire en présence de tous ses amis. Clapton n'échappe pas à la règle et il le témoigne de cette manière dans BLIND FAITH.
Robert Stigwood organise une tournée estivale aux Etats-Unis et une fois de plus, la déception du public est intense. Car le public qui espérait entendre la rage de Cream n'est pas rassasié. Loin de là. Le groupe, malgré les interventions d'Eric Clapton joue des mélodies autrement plus sereines et moins brutales, portées par la voix de Steve Winwood.
Les disputes ne tardent pas à éclater. Ginger Baker s'en prend à Winwood et critique aussi Clapton. Car il souhaite un succès immense, une adulation perpétuelle du public. Un fanatisme auxquels les deux musiciens n'adhèrent que très modérément.
En plus pour la première fois le public est composé de hippies qui manifestent contre le Viet Nam et ce de façon souvent violente. Les forces de l'ordre constituent un cordon qui déstabilise les musiciens (aujourd'hui on trouve normal d'en voir à des concerts mais à ce moment là c'était peu courant).
Clapton décide donc de se rapprocher de la troupe Delaney and Bonnie qui voyage en bus et avec qui le contact est autrement plus décontracté et exempt de tensions les plus diverses. Clapton délaisse les palaces et les limousines. Voyage en bus, se rase sur le bord de la route, joue des maracas et adore cette ambiance à un tel point qu'il souhaite très vite ne continuer la route qu'ave eux.
Le 24 Août, Blind Faith donne son dernier concert et les musiciens ne conviennent même pas de se revoir. C'en est fini du super groupe et çà aura duré quelques mois.
Blind Faith, BLIND FAITH, septembre 1969
Blind Faith est le témoignage de ces super groupes formés à la fin des années 60 par des musiciens prestigieux et parmi lesquels on peut évidemment citer Crosby, Stills, Nash and Young. Eric Clapton fonde Blind Faith avec Steve Winwood, Ginger Baker, le batteur de Cream et Rick Gretch. Le groupe n'enregistrera qu'un seul album BLIND FAITH, ne fera qu'une seule tournée durant l'été 1969 et le groupe ne dure que l'espace de quelques mois cet été là. George Harrison n'est pas crédité sur le disque mais il a joué avec ce groupe et a enregistré deux titres toujours inédits............
Beatles, ABBEY ROAD, “Here Comes The Sun”, 26 septembre 1969
« Here Comes The Sun » a été écrite en avril 1969. Les séances de travail ainsi que les problèmes de business auxquels les Beatles devaient faire face avaient rendu George Harrison aigri et parfois malheureux.
« Apple était devenue une sorte d'école. Il fallait de plus en plus jouer aux hommes d'affaires en signant des contrats tous les jours. J'avais donc décidé de « sécher » un jour et c'était un merveilleux soulagement de pouvoir m'échapper une journée de tous ces comptables abrutis. C'était une telle libération pour moi » expliqua George. « Les paroles me sont venues toutes seules ».
Un jour, George Harrison décide au milieu de tout ce tumulte de passer une journée chez Eric Clapton dans le Surrey dans sa propriété de Hurtwood Edge à Hewhurst. George Harrison expliquait que c'est souvent chez Clapton qu'il aimait se ressourcer en se promenant dans son immense jardin. Un jour donc, il prit une guitare acoustique de Clapton et composa en une journée la monture de « Here Comes The Sun ». George explique qu'en Angleterre le printemps tarde souvent à venir et que l'hiver est interminable. C'est une sorte de renouveau que lui a inspiré le jardin de Clapton.
Au milieu de la chanson, lorsque George Harrison chante « Sun, sun, sun, here it comes », on peut noter un clin d'œil évident aux arpèges de « Badge » que George avait composé pour le groupe Cream. Les deux morceaux sont très complémentaires et forment à eux deux un diptyque savoureux. Clapton devait participer à l'enregistrement du titre mais entre temps il avait formé Blind Faith et avait décidé d'une tournée avec son nouveau groupe. Aussi entre juillet et Août 1969 George Harrison enregistre le titre. John Lennon en raison de son accident ne participera quasiment pas au titre se limitant juste aux claquements de mains au milieu du titre. C'est George qui joue du Moog (alors que Paul en joue souvent aussi), instrument phare de son disque Electronic Sounds paru en mai 1969.
Avec « Something » et « While My guitar Gently Weeps" George venait de signer un superbe brelan de chansons, qui sont encore considérées comme ses trois meilleures. Et Eric Clapton peux se targuer d'avoir participé (musicalement et involontairement) à deux d'entre elles.
On peut enfin mentionner le solo de « Octopuss's garden » qui semble avoir été découpé dans une bande d'enregsitrement d'Eric Clapton.
Plastic Ono Band, LIVE PEACE IN TORONTO ( 13 septembre 1969)
Clapton passe quelques semaines chez Delaney Bramlett en Californie. Et le 11 septembre 1969, il revient chez lui, complètement décalqué par le décalage horaire. Le soir du 12 septembre 1969,Terry Doran, l'assistant de George Harrison essaie de joindre Clapton, lui demandant de rappeler au plus vite John Lennon. John Lennon vient de recevoir une invitation pour un festival à Toronto où vont jouer entre autres Chuck Berry et Jerry Lee Lewis. Il décide alors que lui aussi pourrait remonter sur scène avec des musiciens amateurs de blues et de bon rock. Il choisit alors Alan White (le futur batteur de Yes), Klaus Voorman, qui se défend bien à la basse. Mais il veut Eric Clapton à tous prix. Et donc le soir de ce 12 septembre, Lennon est prêt à se décommander. Terry Doran appelle jusqu'à 9 heures du matin et finit par tomber sur le guitariste. Clapton décroche le téléphone et lorsque Lennon lui annonce que le concert doit avoir lieu le jour même et qu'un avion décolle deux heures plus, il commence par refuser puis dans un élan d'amitié avec Lennon, il accepte.
Les musiciens ont à peine le temps de répéter dans l'avion (en première classe) quelques reprises de rock. Ils répètent aussi « Yer Blues » que Clapton a déjà joué au Rock and Roll Circus. A l'arrivée, John et Yoko foncent dans une limousine tandis que les trois autres musiciens doivent se débrouiller tous seuls avec leurs instruments et amplis pour arriver sur le site du concert. Clapton prend tellement de cocaïne, qu'il s'évanouit et doit être allongé par terre une heure avant de jouer. Ce n'est qu'une demi-heure avant de jouer qu'il réalise que ce groupe fondé en toute hâte doit soutenir la comparaison avec des grands noms du rock.
John Lennon n'a pas rejoué devant un public depuis 1966 et il se nourrit d'héroïne. L'affiche est prestigieuse puisqu'en plus de Chuck Berry et Jerry Lee Lewis, il y'a aussi les Doors et Alice Cooper, Little Richard et Gene Vincent. Le Plastic Ono Band est né et clôt le festival de Toronto.
Ils jouent « Dizzy Miss Lizzy », « Money », "Blue Suede Shoes". Vient ensuite un "Yer Blues » d'anthologie où Clapton exécute des solos prodigieux. Suit « Cold Turkey » et « Give Peace A Chance » ; puis le morceau de Yoko « Don't Worry Kyoko » qui rend le public complètement hébété devant les cris de Yoko. A la fin du morceau on peut même voir Clapton et Lennon lâcher leurs guitares contre les amplis et Yoko crie contre des larsens en boucle. Elle termine le spectacle par « John John ». Pendant le début du spectacle, Yoko était enfermée dans un sac en papier sans mot dire ce qui a bien énervé les autres musiciens complètement éberlué par son attitude.
Le groupe revient enfin pour « Give Peace A chance ». Lennon s'est laissé pousser cheveux et barbe, Clapton également. Le lendemain de ce concert, le groupe est invité par un riche canadien à séjourner tout le dimanche dans une luxueuse propriété où tous évitent de se droguer.
John Lennon parle de ce concert en ces termes dans le magazine Rolling Stone du 4 février 1971 : « Je n'avais pas Souvenir d'un aussi bon moment depuis longtemps. On a fondé le groupe très vite et on a rejoué tous les vieux trucs du temps de la Cavern à Liverpool. Yoko, qui dirons-nous jouait du sac, tenait devant moi une feuille de papier avec les paroles des chansons. Et puis voilà qu'elle disparaît soudain dans son sac au beau milieu du concert, si bien que j'ai dû improviser : je ne les avais plus chantées depuis si longtemps que j'en avais oublié la plupart ; apparemment, çà n'a gêné personne. »
C'est d'ailleurs après ce concert à Toronto que John Lennon décide de continuer à jouer des reprises de rock. Dans l'avion qui le Ramène à Londres, il souhaite que le Plastic Ono Band redonne d'autres concerts et il entend bien l'annoncer à Paul McCartney et Allen Klein. Précisons tout de même que Lennon n'entend pas nécessairement quitter les Beatles de façon définitive. Pour lui, le Plastic Ono Band serait une alternative heureuse à des projets Beatles plus espacés dans le temps.
« J'avais annoncé à Eric Clapton et Klaus Voorman mon départ du groupe et je leur avait dit que j'aimerais bien les avoirs éventuellement dans un groupe. Je n'étais pas encore fixé sur les détails-savoir notamment si ce groupe serait permanent ou pas. Mais c'est à Toronto que j'ai décidé de quitter les Beatles. J'ai annoncé à Allen Klein la nouvelle dès que je suis rentré à Londres mais il m'a dit de plutôt la jouer « coulos » avec les autres car il y'avait plein d'intérêts financiers en jeu. Et donc, on était là dans son bureau à discuter de nouveaux projets et je disais non à tout ce que Paul proposait. Et j'ai bien dû finir par m'expliquer évidemment. Quand Paul a dit : « Qu'est-ce que çà veut dire ? » j'ai fini par lui dire « çà veut dire que le groupe, c'est terminé. Je m'en vais ».
Cette expérience renouvelée avec Clapton scelle à nouveau leur amitié. Dès que Lennon envisage d'embaucher un guitariste pour ses sessions, en cette fin d'année 1969, il pense d'office à Eric Clapton.
Pour le remercier d'avoir fait appel à lui, Eric Clapton signera au verso de la pochette la mention « Hare Krishna » sur le disque commercialisé le 12 décembre 1969. Il y aura aussi la mention « avec l'aimable autorisation des disques Polydor »). De ce concert sera issu un film réalisé par D.A. Pennebaker et diffusé en salles en 1970. Il contient les performances de Bo Diddley, Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Little Richard et du Plastic Ono Band. Le film fut longtemps disponible en vidéo (sortie en 1988, en même temps que le film fut projeté dans quelques cinémas) et il est sorti en DVD en 2002 sous le nom SWEET TORONTO.
Bien que Paul McCartney endossa la séparation des Beatles en avril 1970, c'est le 13 septembre 1969 que Lennon avait décidé d'en finir avec les Scarabées. Et Clapton peut encore se targuer d'y avoir participé à ce moment inattendu.
Plastic Ono Band, "Cold Turkey/ Don't Worry Kyoko" (20 octobre 1969)
A l'origine sur le 45 tours, John Lennon avait demandé à ce que soit mentionné « Play Loud » (Monter le son), un excellent moyen de promouvoir ce qui est sans doute le rock le plus violent jamais enregistré par John Lennon. Eric Clapton fait une nouvelle fois partie du groupe qui joue avec John en septembre 1969, peu de temps après le concert de Toronto. Pendant les dernières sessions d'enregistrement d'ABBEY ROAD, John Lennon avait chanté le titre à Paul McCartney mais celui-ci refusa de l'inclure dans l'album. Lennon en fut extrêmement vexé et décida de sortir coûte que coûte la chanson par ses propres moyens. Aussi, sachant que les Beatles venaient véritablement de ne plus décider d'enregistrer quoi que ce soit en studio, John Lennon garda son personnel du Plastic Ono Band et peu après avoir dit à Paul que les Beatles çà serait fini, il décida de graver une effrayante chanson sur les effets de l'héroine, un peu à la manière de Lou Reed via « Heroin », composé avec le Velvet Underground. Les cris de John Lennon, imitant les pulsions d'un drogué en manque sont absolument terrifiantes et c'est sur ce déferlement vocal qu'Eric Clapton improvise des solos de guitare absolument exceptionnels et déglingués. Klaus Voorman et Alan White sont respectivement à la basse et à la batterie. John Lennon hurle véritablement comme un écorché vif, ce qui valut au titre un certain succès.
Mais hélas, la chanson ne rencontra que la treizième place des hit parades et John Lennon accusa le coût à la sortie du single le 24 octobre 1969. Aussi le 25 novembre 1969, Lennon renvoya « affectueusement » sa médaille de l'empire Britannique à la Reine Elizabeth en protestation contre l'engagement de l'Angleterre dans la guerre du Biafra et contre la baisse de « Cold Turkey » dans les hit parade (sic !). Un geste héroïque et ridicule qui sera abondamment critiqué ou acclamé par les hippies chevelus et pacifistes.
Néanmoins, avec « While My Guitar Gently Weeps", on peut légitimement dire que cette collaboration de Clapton est inoubliable. La rythmique hargneuse est tenue par John Lennon mais c'est Eric Clapton qui irradie le morceau avec des poussées de guitare de génie, rendant un très bon titre de John en un véritable tour de force musical.
La face B est une improvisation guère inoubliable où les larsens de John Lennon et d'Eric Clapton se fondent dans les cris de désespoir de Yoko Ono. Elle dure plus de 17 minutes et il est encore aujourd'hui assez dur de pouvoir supporter l'écoute de ce titre expérimental.
Delaney and Bonnie and Friends ( 6 décembre 1969- janvier 1970)
Durant la tournée Blind Faith, Eric Clapton avait choisi de se rapprocher de la troupe Delaney and Bonnie qui faisait la première partie du groupe. Aussi il choisit de vivre au rythme de la troupe. Il voyage en bus, mange et dort avec eux et délaisse le luxe déployé pour les trois autres musiciens de Blind Faith. Naîtra alors une amitié avec Jim Gordon, Carl Radle et Bobby Whitlock. Tous se droguent mais les conditions de voyage sont idylliques.
Clapton en a assez des super groupes comme Cream ou Blind Faith. Il souhaite de l'anonymat et va en trouver un peu avec Delaney and Bonnie.
Au menu, des reprises de Robert Johnson, des morceaux de blues de Delaney and Bonnie, une chanson de Clapton et Delaney, « Comin'Home », des reprises de Little Richard.
Peu après l'arrêt des enregistrements des Beatles, le désir de rejouer sur scène taraudait beaucoup George Harrison. Aussi, il décida de rejoindre Eric Clapton qui jouait au sein du groupe Delaney & Bonnie & Friends en Angleterre et en Scandinavie. Ils avaient été repérés par Eric Clapton et ce dernier leur avait demandé de faire la première partie de la tournée de Blind Faith durant l'été 1969. John Lennon les aimait aussi beaucoup et leur demanda de participer à son concert pour l'Unicef au London Lyceum Ballroom le 15 décembre 1969. Parmi les musiciens de cette formation protéiforme, on retrouve des futurs fidèles compagnons de George Harrison sur ses albums solos. Avec notamment Billy Preston aux claviers, Jim Gordon à la batterie, Bobby Whitlock aux claviers, Jim Price, Bobby keys aux cuivres et dans les chœurs Rita Coolidge.
Le groupe avait été fondé par Bonnie qui avait rencontré Delaney Bramlett en 1967 et une semaine après leur rencontre, ils avaient décidé de se marier. George Harrison, lors d'un voyage à Los Angeles en octobre 1968, assista à un concert du groupe et il décida immédiatement de commercialiser leurs enregistrements chez Apple. ACCEPT NO SUBSTITUTE a donc reçu un numéro de référence chez Apple, Sapcor 7 et la date de sortie fut décidée pour le 23 mai 1969. Mais par la suite, c'est le label Elektra qui décida de promouvoir le disque sous leur catalogue.
Clapton pouvait continuer à jouer avec le Plastic Ono Band mais au lieu de çà, il décide de parainner une tournée pour Delaney and Bonnie. Il fait jouer ses contacts en septembre 1969 et parvient à leur organiser des concerts en Angleterre. George Harrison accepte de peaufiner un contrat en bonne et due forme chez Apple pour leur permettre la sortie d'un disque live consécutif à la tournée. En Novembre 1969, le groupe arrive en Angleterre où ils dorment et mangent aux frais de Clapton et de George Harrison. Il s'en suit des nuits et des jours qui font un bien fou aux deux guitaristes. Des amitiés profondes se tissent avec Jim Gordon, Carl Radle, Billy Preston et Bobby Whitlock. Le groupe joue à partir de la fin du mois de novembre et les sons de Clapton sont littéralement noyés dans la masse sonore du groupe.
La tournée du groupe laissa malgré tout en 1969 le public déçu, un public qui espérait entendre les grands standards de Cream. En vain, Clapton ne joua rien de sa gloire au sein de Cream. Par contre, le groupe accueillit aussi l'ex-guitariste du groupe Traffic, Dave Mason pour une série de concerts avec entre autres George Harrison. C'est après un concert au Royal Albert Hall, le 1er décembre 1969 que George est allé voir Delaney Bramlett pour lui demander s'il pouvait se joindre à eux pour le groupe. John Lennon et Ringo Starr auraient aussi assisté à ce concert.
Quelques jours plus tard, le 6 décembre, George Harrison avait préparé tout son matériel et il avait prévenu Pattie à la dernière minute, ce qui ne lui fit pas vraiment plaisir. George joua donc au Bristol Colston Hall et au Liverpool Empire en décembre 1969. George Harrison n'était jamais annoncé ni par affiche ni par voie de presse. Les critiques avaient quand même fini par être excellente et c'est sans aucun doute cette tournée qui lia encore plus George Harrison à Eric Clapton.
Au début de l'année 1970, la tournée se poursuit en Scnadinavie et au Danemark avec George Harrison. Dave Mason les quitte à ce moment là.
Un album de cette tournée est sorti en 1970 et s'intitule DELANEY & BONNIE & FRIENDS - ON TOUR WITH ERIC Clapton. George Harrison joue sur tous les titres du concert mais il n'est pas crédité officiellement. C'est donc sous le pseudonyme de l'Angelo Mysterioso que George est officieusement présenté. Un documentaire pour la télévision a été filmé au Falkoner Theater et on a alors cru que George Harrison n'avait participé qu'à ce seul concert. L'album fut un énorme succès sûrement parce qu'il mentionnait dans son titre « with Eric Clapton ».
George Harrison vivait une période pour le moins déconcertante. Il ne fumait plus, ne buvait plus, ne se droguait plus et avait fait même vœu de chasteté, au grand dam de Pattie. Il n'avait jamais eu la barbe et les cheveux aussi longs comme le témoignera la pochette de l'album All Things Must Pass en 1970. Mais lors de la tournée de Delaney and Bonnie, George fit une entorse à ses choix de vie spartiates pour se joindre à la bonne humeur, teintée de bière et de marijuana.
Le groupe tourna jusqu'en janvier 1970 avec Eric Clapton. Mais en contrepartie, George garda la quasi intégralité du groupe et de sa bonne humeur pour enregistrer l'album All Things Must Pass. Eric Clapton allait passer la majeur partie de son temps en compagnie de George et de Pattie et c'est peu après la tournée avec Delaney and Bonnie qu'il se prit d'une passion incontrôlée pour Pattie Harrison, sans oser le dire en face à la femme de celui qu'il considérait maintenant comme son meilleur ami.
Concert du Lyceum de Londres (15 décembre 1969) et le Festival de la Paix
Le 15 décembre 1969, John et Yoko couronnent leur année par une campagne de paix pour Noel avec le fameux slogan : « War is Over ! if you want it » (la guerre est finie ! si vous le voulez). Ils inaugurent leur campagne par un concert au Lyceum de Londres au bénéfice du fonds des Nations Unies pour l'enfance. A ce concert Eric Clapton est invité et joue sur scène avec aussi George Harrison, Keith Moon et Billy Preston. Toute la troupe du groupe Delaney and Bonnie est réunie au grand complet pour jouer avec eux. Les prestations de ce concert seront perçues comme assez cacophoniques mais « Cold Turkey » et « Don't Worry Kyoko » figureront tout de même sur Sometime In New York City.
Le lendemain, John et Yoko s'envolent pour Toronto où doit avoir lieu en juillet 1970 le premier festival de rock pour la paix. Le concert est prévu dans le Mosport Park qui est à proximité de Toronto. Ils élisent domicile dans la ferme du chanteur Ronnie Hawkins et ils accueillent une foule de journalistes et d'autres visiteurs. Parmi les célébrités attendues au festival de Toronto, Eric Clapton avait bien entendu répondu présent. John Lennon contacte le maximum de radios américaines et canadiennes afin de relayer l'événement. Il participe aussi à un débat télévisé avec Marshall McLuhan qui est retransmis sur CBS et lors duquel John Lennon indique que « Henry Ford savait comment vendre des voitures grace à la publicité. Je vends de la paix. Yoko et moi ne sommes qu'une vaste campagne de publicité. Çà peut faire rire les gens mais çà peut aussi les faire réfléchir. Franchement c'est çà nous sommes Monsieur et Madame Paix ». La chaîne Atv (qui vient de racheter le catalogue Nothern Songs) désigne Lennon comme « l'homme de la décennie ») au même rang que John Fitzgerald Kennedy et le Président Mao. Il rencontre même Pierre Trudeau, le premier ministre canadien, qui l'invite à bord d'un train panoramique à discuter de paix mais aussi de prévention contre la drogue (un comble).
En janvier 1970, Lennon baptise même la nouvelle année « l'An Un de la Paix » sous une nouvelle apparence : ils s'est fait tondre les cheveux et les utilise pour financer un centre culturel noir avec le concours de Michael Abdul Malik (alias Michael X) qui était un activiste du Notting Hill Gate. Mais hélas le centre culturel en question sera détruit par un incendie quelques mois plus tard. Tandis qu'en 1973, Michael X sera arrêté pour vol et surtout condamné à mort par pendaison pour deux meurtres).
Le 26 février 1970, John Lennon finit par désavouer toute nouvelle collaboration de sa part pour l'organisation du Festival de la Paix de Toronto, dont l'organisation s'était révélée être un désastre et qui d'ailleurs n'aura jamais lieu.
1970
Eric Clapton entame cette nouvelle année (qui va être très faste) en studio avec la troupe Delaney and Bonnie plus Stephen Stills et Leon Russell pour enregistrer un disque, le premier album solo de Clapton ERIC Clapton. Il a hésité longtemps car c'est le premier disque sorti en son nom propre même si il déborde de musiciens et que la plupart des titres sont coécrits avec Delaney Bramlett. Qu'importe, on est loin ici du style Cream ou même Blind Faith. Clapton grave « After Midnight » , « Blues Power » et l'excellent « Let It Rain » (qui sert encore parfois d'introduction à ses concerts, même en 2004). Le niveau est remarquable et le reste de l'album s'écoute sans déplaisir. Il a même superbement résisté à l'épreuve du temps.
John Lennon, « Instant Karma », 6 férvier 1970
Billy Oakes, alors employé d'Apple se souvient de la gestation de cette chanson. « Un jour John Lennon était venu aux bureaux d'Apple en janvier 1970 (le 26 pour être précis) à l'époque de sa campagne pour la paix. Et il s'est dit que son idée de festival de la Paix avait tout du « karma instantané ». Il s'est alors mis au piano et a commencé à composer « Instant Karma ». Puis il m'a demande de trouver sur le champ deux ou trois gars pour enregistrer le titre. Il se trouve qu'Eric Clapton n'avait rien prévu ce soir là et c'est moi qui l'ait contacté. J'ai aussi fait appel à Alan White, à George Harrison et à Klaus Voorman ; le soir même ils sont allé en studio. C'est le 27 janvier 1970 que John Lennon enregistra la chanson aux studios d'Abbey Road avec George Harrison, Billy Preston aux claviers, Klaus Voorman à la basse, Alan White à la batterie et John Lennon au piano. Yoko Ono chante dans les chœurs. Phil Spector produisit le disque. John Lennon avait également convoqué Gary Wright aux claviers et Pete Ham (de Badfinger) mais leurs prises ne furent pas sélectionnées pour le mixage final. John Lennon préférant garder les parties de George Harrison et Billy Preston.
Le 28 janvier, George Harrison revint avec Eric Clapton qui enregistrèrent d'autres parties de guitare. Notons que les deux musiciens revenaient de la tournée de Delany and Bonnie, qui finalement ne se sont pas joint à la chanson. Par manque de temps, John Lennon voulait une sortie très rapide du disque.
La chanson fut en effet un modèle de rapidité et de spontanéité. Bourrée d'échos en tous genre Clapton accompagne Lennon à la guitare et chante même dans les chœurs du refrain. Refrain qui est depuis devenu sans doute avec celui d' « Imagine », le plus mémorable jamais écrit par John Lennon. Un morceau encore utilisé pour la publicité de Volkswagen.
« Instant Karma » est sortie en single le 6 février 1970 avec en face B, une douce chanson de Yoko Ono « Who has seen the wind ? ». La chanson figure sur les disques Shaved Fish (1975), Lennon LEGEND (1990) ainsi que sur la Lennon ANTHOLOGY sortie en 1998.
En février 1970, le groupe Delaney and Bonnie repart en tournée aux Etats-Unis cette fois. Mais dans le courant du mois de mars 1970, le couple commence à se bagarrer avec Clapton, réclamant toujours plus d'argent au guitariste (qui finance toujours tout). Le groupe a aussi pris la grosse tête depuis qu'ils ont joué avec George Harrison et John Lennon. Bobby Whitlock prend énormément de cocaine et Clapton fait de même avec tout ce qui lui passe sous la main. Il devient dépendant durant cette tournée avec le couple. Et pour courroner le tout, le couple Delaney and Bonnie se chamaille et l'ambiance devient insupportable. Clapton décide donc de les garder à distance. La production de l'album d'Eric Clapton s'achève quand même mais Clapton repart dégoûté en Angleterre. Le disque ERIC Clapton ne sortira qu'en Août 1970.
Howlin’Wolf, LONDON HOWLIN WOLF SESSIONS
Clapton revient au blues et décide de prendre en charge une série de séances d'enregistrement qui commencent le 7 avril 1970. Ce jour là, Clapton a réuni Ringo Starr, Bill Wyman et Charlie Watts, Ian Stewart et Steve Winwood. L'entente est exceptionnelle avec le vieux bluesman qui n'en revient pas d'avoir autant de talentueux jeunes gens à son service. Les séances sont très rapides et durent huit jours. Au départ les maisons de disques ne voulaient que Clapton et Wolf mais Slowhand a imposé les autres musiciens ainsi que Hubert Sumlin, le musicien fétiche de Wolf qui a finalement joué sous la pression de Clapton.
C'est un excellent album de blues qui est à redécouvrir de toute urgence. Sans doute l'un des meilleurs enregistrements auxquels Ringo a été convié dans sa carrière solo.
A la fin de ce mois d'avril 1970 Eric Clapton voit quotidiennement Pattie et George Harrison. Ils sont rejoints par Carl Radle, Jim Gordon et Bobby Whitlock qui viennent de se faire virer du groupe de Delaney and Bonnie après avoir réclamé une augmentation. Clapton accepte de les accueillir chez lui à Hurtwood Edge.
Les musiciens emménagent donc chez Eric Clapton et au début du mois de mai 1970, George Harrison joue régulièrement ses futures compositions de All Things Must Pass avec l'ensemble des musiciens. Carl Radle et Jim Gordon finissent quand même par être recruté par Joe Cocker (grâce à George Harrison ?) pour une tournée en Angleterre. A la mi mai, tout ce petit monde vit quotidiennement à Hurtwood Edge et ils sont rejoints par Dave Mason, ex membre de Traffic. Ils vont alors devenir le nouveau groupe d'Eric Clapton et ce dernier devra même dire non à Jim Keltner qui ne lui pardonnera pas de sitôt cet affront.
Eric Clapton goûte à l'héroïne. Il consomme quotidiennement la substance en plus de coke, marijuana, acides le tout arrosé de grandes quantités d'alcool. Tous les musiciens s'y mettent aussi et cela occasionne des séances de musiques de plus de 24 heures parfois. Les musiciens jouent jour et nuit dans la maison d'Eric Clapton. Et très vite le 26 mai 1970, ils sont invités par George Harrison à venir jouer sur ses démos de All Things Must Pass.
Aashish Khan, YOUNG MASTER OF SAROD, Août 1970
Ce musicien est le neveu de Ravi Shankar et le fils de Ali Akbar Khan, l'un des grands joueurs de sarod en Inde. George Harrison avait surtout fait sa connaissance en janvier 1968 aux studios de Bombay lors de l'enregistrement de l'album Wonderwall Music. En 1970, George Harrison enregistra des parties de guitares pour un titre « In Praise Of The Lord » et ce avec Ringo Starr et Eric Clapton (une fois de plus), probablement durant les sessions d'enregistrement de All Things Must Pass. En toute logique, un film devait être tourné dans l'école de musique indienne de Los Angeles, où Aashish Khan enseignait déjà en 1970 le Sarod. Finalement, le film de ne se fit pas mais il semble que George, Ringo et Eric Clapton aient filmé quelques plans de leur enregistrement. George Harrison accepta tout de même d'écrire les notes de l'album qui parut en Août 1970. Par la suite, en 1974, George Harrison produira le disque SHANKAR FAMILY AND FRIENDS sur lequel joue Aashish Khan.
Billy Preston, ENCOURAGING WORDS, septembre 1970
Au cours du printemps 1970, George Harrison (qui décidément ne se repose pas) convoque l'ensemble du groupe d'ALL THINGS MUST PASS pour le nouvel album de Billy Preston. Eric Clapton est donc recruté pour l'occasion et joue à nouveau avec George Harrison. Pour l'occasion Billy Preston enregistre et chante une version de « My Sweet Lord », de « All Things Must Pass » et même de « I've Got A Feeling ». « My Sweet Lord » est même prévu pour sortir en single avec la chanson « Long As I Got My Baby » mais EMI, consciente du potentiel de ce titre a refusé la sortie du 45 tours avant que ne sorte celui de George Harrison. Et donc la version de Billy Preston est donc restée méconnue et pour cause, quand elle était sortie, George Harrison avait déjà vendu plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires de la chanson.
Doris Troy, DORIS TROY, septembre 1970
L'équipe de All Things Must Pass plait tellement à George Harrison, qu'il décide de garder la quasi intégralité des musiciens pour prêter main forte à l'album de Doris Troy. Eric Clapton sera une nouvelle fois du voyage et joue sur tous les titres du disque de Doris Troy. George Harrison convoque pour elle une foule de stars incroyable en juin 1970 comme Ringo Starr, Eric Clapton, Stephen Stills, Peter Frampton (qui joue bel et bien sur All Things Must Pass), Jim Gordon et Alan White, ex-membre du Plastic Ono Band. Les chanteuses Madeline Bell, Eliza Strike et Nenette Workman la rejoignent. Il y'a aussi Gary Wright, Jackie Lomax, Leon Russell, Klaus Voormann, l'ancien ami des Beatles de la période d'Hambourg, Carl Radle à la pedal steel, Delaney and Bonnie Bramlett, Bobby Keys et Jim Price.
Le résultat de ces sessions donnera des titres cosignés avec les ex-Beatles
George Harrison cosigne « Ain't That Cute » et "Give Me Back My Dynamite". Avec aussi Ringo Starr et Stephen Stills, ils cosignent "Gonna Get My Baby Back » et "You Give Me Joy Joy". George Harrison joue de la guitare sur tous les titres sauf « Exactly Like You ».
Ringo Starr joue de la batterie sur les titres « Ain't That Cute », « Special Care », « Give Me Back My Dynamite », « Gonna Get My Baby Back », "I've got to be strong", "So Far", "You Give Me Joy Joy" et "Don't Call Me no more".
C'est lors de l'enregistrement de la chanson « Ain't That Cute » que George Harrison apprend que sa mère Louise Harrison est entrée à l'hôpital pour un cancer. Il écrit « Deep Blue » pendant les sessions d'enregistrement de l'album Doris Troy.
Deux singles sortiront, « Ain't That Cute » et « Jacob's Ladder » qui aura pour face B une reprise de « Get Back » enregsitrée le 28 Août 1970. Il reste aussi de ces sessions une jam inédite du nom de « Pete Drake's Talking Steel Guitar ». Un medley qui comprend entre autres une reprise de « Bridge Over Troubled Water » avec le vocoder de Peter Frampton.
« Ain't That Cute » et « Vaya Con Dios » avaient été enregistrés le 13 février 1970. Tout le reste de l'album sera enregistré en juin 1970. L'album est publié chez Apple le 11 septembre 1970.
En 1992, le disque est réédité en CD et augmenté de cinq titres. « All That I've Got » est coécrit avec Preston tandis que figure surtout l'excellente reprise de « Get Back » de Doris Troy. Ringo Starr et George Harrison jouent tous deux sur les titres « All That I've Got », « Dearest Darling » et « What you will Blues ».
L'album est commercialisé le 11 septembre 1970. Malgré la présence de George et Ringo et de la foule d'invités, Doris Troy ressent un désaveu de promotion pour son disque. Il faut dire que George Harrison est aussi occupé par All Things Must Pass mais également par le disque de Billy Preston et l'imminent procès des Beatles. Aussi décide-t-elle quelques mois après de quitter le label, déçue par le service après-vente.
George Harrison, ALL THINGS MUST PASS, Novembre 1970
George Harrison possède une masse incroyable de titres achevés ou non. A tel point qu'il souhaite tous les sortir rapidement mais un double album ne suffirait pas à tout inclure. Aussi envisage-t-il un triple album. « Je savais que j'avais d'excellentes chansons en stock et beaucoup d'énergie à dépenser. Pour moi, faire mon propre disque, c'était le rêve des rêves. »
Les séances d'enregistrement commencent pour une durée de trois mois à Abbey Road le 26 mai 1970. George Harrison avait commencé ses premières moutures en mars 1970. Pour mettre au point le fameux Wall Of Sound désiré par Phil Spector, il fallait laisser jouer les musiciens pendant des périodes très très longues. Les chansons étaient parfois répétées à l'infini comme « My Sweet Lord », « Isn't it a pity » ou « Let It Down » jusqu'à obtenir l'effet escompté. Eric Clapton fait partie de l'équipe de rêve qui entoure George Harrison pour All Things Must Pass. Parmi les autres musiciens, on peut aussi citer Ringo Starr, Carl Radle à la basse, Bobby Whitlock aux claviers, Jim Gordon à la batterie, Klaus Vormann à la basse, Billy Preston aux claviers, Doris Troy dans les chœurs, Gary Wright, Gary Brooker de Procol Harum, Pete Drake à la pedal Steel ainsi qu'Alan White le futur batteur du groupe Yes. Peter Frampton et Phil Collins ne seront mentionnés que bien plus tard en 2001, « oubliés » à l'époque dans la liste des musiciens crédités.
Eric Clapton joue de la guitare sur la quasi totalité des titres. Il ne joue pas sur « If Not For You », "It's Johnny's Birthday" et "Behind that locked door". C'est en revanche Eric Clapton que l'on peut entendre chanter avec George et Bobby Whitlock sur le titre « All Things Must Pass ». Mais son intervention la plus mémorable reste son extraordinaire solo sur « The Art Of Dying », probablement l'un des plus beaux moments du disque.
Eric Clapton joue surtout sur l'excellente jam session sans fin qui composait à l'origine le troisième disque de All Things Must Pass. Les morceaux d'orignes étaient « Out Of The Blue", "It's Johnny's Birthday", "Plug Me In", « I Remember Jeep » et « Thanks for the Pepperoni ».
Phil Spector avait pour habitude de boire une quantité de cognacs effrayante et de parfois faire rejouer pendant plusieurs heures les musiciens ensemble sans avoir pris la peine d'écouter certaines parties. Méthode surprenante et irritante dont se souvient Clapton, qui avait parfois les doigts en sang après plusieurs heures d'accords plaqués.
Mais les sessions étaient loin d'être de tout repos. Car en plus de l'attitude imprévisible de Phil Spector, les membres de la secte Radha Krishna vivaient à Friar Park et allaient aux studios à chaque séance d'enregistrement. Plusieurs fois ils s'amusaient à se cacher pour ensuite apparaître par surprise en foutant la trouille à George.
Durant les séances d'enregistrement, Clapton était constamment obsédé par Pattie. Bobby Whitlock aussi et pour jeter de l'huile sur le feu, il sortait alors avec Paula Boyd, la sœur de Pattie. Tous les musiciens savaient pertinemment ce qu'il se passait et curieusement George Harrison ne bronchait jamais. Eric Clapton ne savait pas comment réagir. Le plus souvent en s'effaçant et surtout en prenant de l'héroïne. Pendant l'enregistrement de All Things Must Pass, Bobby Whitlock s'était mis à la cocaïne et ils se sont très souvent bagarré, au grand dam de George, plutôt pacifique.
Et dans le même temps, George Harrison produisait les disques de Billy Preston et de Doris Troy. Peu de temps avant la fin des séances d'enregistrement, George Harrison avait reçu une proposition d'un compositeur de musiques de films, Nichol Williamson. Eric Clapton, Ringo Starr, Klaus Voorman, Roy Young ont également enregistré quelques titres instrumentaux, mais tout est resté inédit et le projet n'a jamais vu le jour.
Le 31 Août 1970, les sessions furent terminées et l'album parut le 19 décembre 1970. Ce fut un succès exceptionnel, détrônant cette année là toutes les productions des ex-Beatles, pourtant de bonne facture. L'album fut classé numéro Un dans tous les pays où le disque sortit et se vendit à plus de trois millions d'exemplaires.
John Lennon fut particulièrement critique à l'égard de George. Il avait même dit à ce moment là : « En écoutant ce disque et surtout « My Sweet Lord », je finis pas croire qu'il existe un dieu (alors qu'il venait de sortir la chanson « God » sur Plastic Ono Band). Et cette pochette...on dirait Leon Russell avec de l'asthme. ». En réalité John Lennon était très jaloux des ventes de All Things Must Pass et du single « My Sweet Lord » qui étaient très supérieures à celles de Plastic Ono Band.
ALL THINGS MUST PASS fut édité en CD en 1987 dans une version sonore très médiocre et dans un packaging peu attractif.
En l'an 2000, George décida alors de remasteriser l'ensemble pour une sortie à la fin de l'an 2000 afin de commémorer le trentième anniversaire de la sortie du disque. Mais comme One et le livre ANTHOLOGY étaient prévus pour sortir à la fin de cette année, George accepta de repousser la sortie du disque à janvier 2001. Il décida de priver les chansons de la lourdeur de la production de Phil Spector en retirant notamment la réverbération du fameux Wall Of Sound. On peut entendre une version alternative de « What Is Life ? » sur laquelle joue Clapton avec une introduction à la trompette.
Ashton, Gardner and Dyke, THE WORST OF ASHTON, GARDNER AND DYKE, 1970
Le groupe qui a déjà travaillé sur Wonderwall Music (à l'exception de Gardner) sous le nom de Remo Four. Ils ont ensuite assuré la première partie de Delaney and Bonnie en décembre 1969 et janvier 1970. Ils ont beaucoup jammé avec George Harrison et Eric Clapton à ce moment là. Et sous le pseudo de George O'Hara Smith, George Harrison leur donne un coup de main pour leur premier album ensemble. Un pseudo que l'on pourra revoir dans les notes de All Things Must Pass. L'album contient des parties de guitare de George et Eric Clapton. Il y'a surtout une chanson de plus dédiée à Pattie (qui décidément fait des émules), « Sweet Pattie O'Hara Smith ». Cet album est enregistré en même temps que les séances de All Things Must Pass mais ne sera pas un succès planétaire. Il est toutefois très intéressant à écouter, ne serait-ce que pour se replonger dans cette délicieuse époque baba.
Derek and the dominos, LAYLA AND OTHER ASSORTED LOVE SONGS, Décembre 1970
Ce groupe mythique nait le 14 juin 1970 pendant un concert au Lyceum de Londres auquel assiste Ringo Starr (George Harrison est obnubilé par son disque et ceux de Billy Preston et Doris Troy). Les musiciens choisissent de s'appeler Derek and the Dominos.
Eric Clapton parvient encore une fois à 25ans de pouvoir s'affranchir de la célébrité en dirigeant cette fois ci un groupe (ce qui n'était pas le cas jusqu'ici même avec Cream). Il vient surtout de composer une foule de chansons en cet été 1970 et ce en côtoyant Pattie Harrison. Et Derek and the Dominos vont graver sur disque ce qu'on peut encore considérer comme le meilleur disque d'Eric Clapton ou tout du moins celui qui sera le plus populaire. L'album de LAYLA. Et le comble, c'est que George Harrison va y participer à ce disque.
Depuis la rencontre avec George Harrison en 1964, Eric Clapton avait été incroyablement séduit par la femme de celui qu'il considérait comme son meilleur ami. Un disque, LAYLA, sans doute le meilleur jamais enregistré par Eric Clapton, allait être le témoignage des démons et des sentiments destructeurs qu'Eric Clapton éprouvait à cette époque.
Eric Clapton affirmait : « Dès 1965, j'étais souvent invité chez les Harrison. Et parfois il y'avait John ou Ringo. A chaque fois, je passais un très bon moment. Mais au moment de repartir chez moi, j'éprouvais systématiquement un sentiment de vide profond qui me déprimait chaque fois davantage. J'étais absolument persuadé que jamais je ne pourrais rencontrer et séduire une femme aussi belle et attirante que Pattie. Dès que je l'ai vue la première fois, je suis tout de suite tombé amoureux. Et çà allait crescendo à chaque fois. ». Le pire, c'est que Pattie trouva en Eric Clapton, une sorte de confident, à qui elle se confiait systématiquement quand une dispute éclatait avec George Harrison.
Peter Brown, dans son livre, Yesterday THE Beatles, évoque les premières querelles entre George et Pattie et surtout les premières avances d'Eric Clapton à Pattie.
« La suite des événements fut des plus dures pour Eric Clapton, une sorte de descente aux enfers qui commence en cette fin de l'année 1970. A ce moment là, George Harrison, qui venait de remporter son plus grand succès avec All Things Must Pass, restait malgré tout totalement insatisfait. Hormis quelques proches comme Eric Clapton, il délaissait tous ses amis et il exprimait une rancœur particulièrement tenace à l'encontre de Paul McCartney. Sentiment encore amplifié à la fin de l'année 1970, quand Paul entama un procès contre les Beatles pour contrer les manœuvres fourbes d'Allen Klein. Paul, qui bien entendu avait été écœuré de voir George et Ringo enregistrer All Things Must Pass avec Phil Spector aux manettes. George Harrison délaissa donc ses amis, se livrait à la méditation, récitait des mantras à tous ceux qu'il rencontrait. Il avait même décidé de poursuivre sa quête spirituelle en se retirant plusieurs jours tout seul, en Cornouailles, au sommet d'une colline inhabitée, dixit Peter Brown.
John Lennon hurlait le Cri Primal pour se débarrasser de ses démons intérieurs. Paul McCartney ne se rasait plus et avait le sentiment d'être devenu chômeur. Et Ringo Starr dormait avec une bouteille. Cette débandade des Beatles ne pouvait évidemment pas remonter le moral d'Eric Clapton.
En 1970, George était tombé littéralement amoureux de la demeure de sir Frank Crisp, dont il fit une chanson sur All Things Must Pass, « Ballad of sir Frankie Crisp (let it roll) ». Cette demeure excentrique, qui comptait quatre-vingt pièces, semblait interminable. Chaque mur et chaque interrupteur était orné d'une tête de Turc. Ces pièces vastes, décorées avec fastes, et augmentées de décorations exotiques, recevaient la visite permanente de la secte Krishna.
Dans ce cadre de vie quasi monastique, Pattie Harrison était devenue absolument malheureuse, ce qui ne manqua d'attirer l'attention d'Eric Clapton. George était devenu « prêchi-prêcha », préférant cultiver son jardin plutôt que de passer du temps avec ses amis. Il ne parlait plus et bien entendu ne souhaitait plus avoir de relations sexuelles avec sa femme. Il voulait également convertir tous ceux qu'il pouvait dans son obscurantisme. Eric Clapton fut particulièrement déconcerté par cette attitude. Pattie, souvent en larmes, l'appelait en urgence pour venir ou encore pour passer la nuit chez lui dans le Surrey à Hurtwood Edge.
Pattie Harrison avait renoncé à tous ses espoirs de réussite professionnelle pour suivre la vie de George Harrison. Elle aimait la frénésie de la vie citadine londonienne et ne supportait plus de vivre en ermite à Friar Park. Elle crevait de solitude et par dessus tout souhaitait avoir des enfants avec George Harrison. Mais au bout de six ans de mariage, elle désespérait d'en avoir un jour. George était d'ailleurs le seul Beatles à ne toujours pas avoir d'enfant et cette situation poussa le couple en 1970 à se soumettre à des examens médicaux. George Harrison confia alors à Eric Clapton qu'il présentait des symptômes de stérilité. Et Pattie n'en sut rien du tout dans un premier temps. Etait-ce pour épargner Pattie de cette impossibilité d'avoir un enfant qu'il se réfugia dans l'obscurantisme ?
Pourtant George Harrison ne tarda pas à le dire à Pattie. Celle-ci proposa alors l'adoption d'un enfant mais George, pour une raison inconnue, refusa cette perspective et s'entêta dans cette direction pour un long moment. A tel point que George et Pattie, en présence d'Eric Clapton, s'affrontèrent très souvent à ce sujet. Un jour Pattie fut tellement exaspérée par son mari qu'elle monta en haut d'une tourelle de Friar Park pour planter un drapeau qu'elle venait de peindre : un crâne entouré de deux tibias sur un fond noir.
Pattie n'avait donc comme seul confident Eric Clapton et quelques amis londoniens dont Maureen Starkey. Eric Clapton venait de connaître une consécration sans faille et s'afficher avec l'une des plus belles femmes d'Angleterre le rendait très fier et bien sûr incroyablement amoureux. Quiconque voyait Eric et Pattie pouvait instantanément dire qu'ils étaient amoureux comme personne. George Harrison ne tarda pas à s'en apercevoir très rapidement Mais Pattie utilisait avant tout l'adoration sans failles de Clapton pour provoquer George. Clapton reconnut bien sûr cet état de fait mais il avouait à tous qu'il l'aimait quand même malgré tout. »
Peter Brown raconte « Cela n'empêchait pas les trois amis de sortir ensemble régulièrement et d'accumuler, plus ou moins consciemment, une kyrielle de griefs qui ne manqueraient pas d'attiser, un jour de crise, le feu de leur colère. Je fus le témoin de cette inévitable explosion. Le soir de la première de OH CALCUTTA ! à Londres (le 27 juillet), dont Robert Stigwood, le manager d'Eric Clapton, était le producteur, George dut aller travailler à son album All Things Must Pass dans son studio et Pattie m'accompagna seule au théâtre. Après les spectacle, Stigwood avait organisé une réception dans sa nouvelle maison de campagne, près de Londres à Stanmore.
Au préalable de cet épisode douloureux, Clapton avait téléphoné souvent à Pattie (qui restait encore souvent à Friar Park). Pattie ne voulait pas être la Yoko Ono de service que l'on critiquait parce qu'elle venait en studio. Et George Harrison ne voulait pas non plus du syndrome Linda McCartney. Mais Eric Clapton l'invita un soir à Hurtwood Edge avec une de ses amies. Clapton ignora l'amie et ne voulait parler qu'à Pattie. Il écrivit une lettre quelques jours après où il lui déclarait : « j'ai besoin de te voir et je t'aime » sans signer. Pattie montra la lettre à George et ils pensèrent à un givré fan des Beatles. Sauf que peu de temps après, Eric Clapton appela Pattie pour lui demander si elle avait reçu la lettre. Pattie ne sut que répondre. Mais lors de la première du film OH CALCUTTA, les deux amoureux se revoient. Et passent la nuit ensemble chez Robert Stigwood.
L'aube se levait quand George vint nous rejoindre après avoir passé une nuit à Abbey Road. Il gara sa voiture près de la maison, car toutes les places de parking étaient occupées. Epuisé par sa longue séance de travail en studio, il ne pensait qu'à retrouver Pattie et rentrer à la maison. Il la chercha partout. En vain. Il me demanda alors si je savais où elle était allée. Je dus bien lui dire que je l'ignorais, mais la dernière fois qu'on l'avait vue elle se trouvait en compagnie d'Eric Clapton.
George, furieux qu'ils se soient absentés ensemble si longtemps, regagna sa voiture et fit demi-tour pour rentrer seul chez lui. Il n'avait pas parcouru quelques mètres que ses phares révélèrent dans la brume du petit matin, deux silhouettes qui se tenaient par la main. George reconnut Pattie et Eric. Il freina à mort, jaillit hors de la voiture et se mit à crier si fort qu'on pouvait l'entendre depuis la maison. Il leur interdit de se revoir, attrapa Pattie par le bras, la jeta dans la voiture et démarra comme un fou. ». George interdit Pattie de revoir Clapton. Ce dernier désespéré se drogue de plus belle à l'héroine. Et atteint parfois des doses énormes.
LAYLA fut écrit en 1970 à une époque où peu de choses entre Eric Clapton et Pattie Harrison ne s'était encore passées. Sous le nom de Derek and the Dominos, il décida de sortir le disque LAYLA où Pattie était la figure centrale du disque. Le titre qui rendit célèbre Eric Clapton, est en fait tiré d'un poème arabe, « Layla et Majnum » du poète Nizami, qui chante l'amour d'un homme pour une femme mariée. C'est un ami de Clapton, un certain Ian Dallas qui lui prête le livre. Ce Dallas s'est récemment reconverti à l'Islam. Laila et Majnum ne peuvent pas s'unir et doivent se suicider pour pouvoir se retrouver. Clapton trouve un écho dans ce récit à sa situation personnelle. Il va alors transposer cette histoire pour composer ce qui est sûrement l'une des plus belles chansons d'amour du rock. A cette époque, il reprend même une relation avec Paula Boyd, pour mieux essayer d'atteindre Pattie. »
Pour remercier Clapton de l'avoir aidé sur All Things Must Pass, George Harrison offre des heures de studio à Clapton et son groupe et va même participer un peu à la production de l'album. Le 5 Août 1970, George Harrison assiste à l'enregistrement de « Tell The Truth » et au mixage de « Roll It Over ». Ce dernier titre a été enregistré pendant les séances de ALL THINGS MUST PASS. Ici, que du blues, proche des originaux, sans influence quelconque. Tout est cosigné avec Bobby Whitlock. Sur « Tell The Turth », Clapton a sorti la slide guitar, une technique que George Harrison a commencé à expérimenter sur All Things Must Pass et qui va devenir sa marque de fabrique par la suite.
George Harrison joue sur « Roll It Over" et Clapton joue un solo de guitare wah wah absolument exceptionnel.
En Août 1970, Clapton décide de se raser de près et de changer de look pour avoir l'air méconnaissable. Il décide de partir un mois en tournée avec ses musiciens mais sans Dave Mason qui a quitté le navire. Il s'en suit un mois de concerts à Londres et en Angleterre où le groupe se produit sans la mention d'Eric Clapton à la guitare. Cette formation le rend heureux.
La démesure de Cream et de Blind Faith s'est envolée. Le public est aux anges et peu nombreux hélas. Tandis que Clapton se ressent plus le besoin d'époustoufler. Par là même il se rapproche encore plus des idéaux de blues qu'il ambitionnait dès les Yardbirds. Il prend enfin du plaisir sur scène et peaufine son jeu de façon remarquable. Moins technique mais plus sentimentale.
Mais chaque jour qui passe, c'est quand même un gramme d'héroïne qui passe pour oublier Pattie Boyd. Le guitariste s'évanouit parfois sur scène mais il tient remarquablement bien le coup. Il a décidé de ne pas s'injecter la substance et démultiplie ainsi les risques si l'on peut dire. Il récite des poèmes de Nizami. Et vient parfois sur scène avec une cuillère doseuse destinée à la cocaïne. Les concerts s'échelonnent encore et c'est avec la rage qu'il décide de rentrer en studio malgré le flop du single « Tell The Truth ». Il ressens le besoin d'exprimer sa passion dévorante pour Pattie. Il n'a qu'elle en tête.
Le groupe de Clapton débarque à Miami le 22 Août 1970 et deux jours plus tard, les sessions commencent. Au départ, l'ampli est branché de telle façon que le son apparaît saturé et « sale », un peu à la manière du futur mouvement « grunge ». Il décide de faire venir jouer Duane Allman et Tom Dowd, deux musiciens des Allman Brothersqui se prêtent à des séances d'enregistrement de plus de seize heures (l'héritage de All Things Must Pass). Les musiciens et les ingénieurs du son sont lessivés. La drogue est extrêmement simple à trouver à Miami et les musiciens se poudrent le nez à l'extrême. Comme jamais.
Les séances avancent pourtant très vite. Et en peu de temps, l'album est quasiment en boîte. Début septembre 1970, les séances progressent et des chef d'œuvre comme « Keep on Growing », « It's Too Late », « Bell Bottom Blues », « Why does Love Got To Be So Sad ?" apparaissent. Clapton ne dort quasiment plus mais il s'en moque. Pattie l'obsède toujours. « Key To The Highway" est éloquent et témoigne de ces sessions par son titre. Les neuf minutes trente du titre sont pourtant une réduction du temps de la chanson. Il y'a aussi une nouvelle version de « Crossroads », un peu plus lente.
Le groupe grave une somptueuse reprise de « Little Wing » de Jimi Hendrix. Reprise qu'il n'aura jamais l'occasion d'écouter.
Puis vient « Layla », qui est essentiellement le boulot de Clapton. Un titre déjà écrit en Angleterre. Duane Allman en a quand même trouvé le riff principal en s'inspirant du titre « As the years Go Passing By » de Albert King. La partie de piano qui suit les refrains couplets est en fait l'œuvre de Jim Gordon. Le batteur du groupe revenait de temps en temps en douce pour graver des démos au piano et à la batterie pour un premier album solo sans avoir prévenu les autres. Un soir, Clapton l'a surpris et lui a demandé si il pouvait lui donner ce passage. Jim Gordon fut tout content de pouvoir apporter sa contribution au groupe de cette façon. A l'origine, même si Jim Gordon est le co-auteur de ce titre, il s'agit en fait d'une mélodie écrite par Jim Horn, le saxophoniste de Delaney and Bonnie. La chanson est terminée le 9 septembre 1970. C'est un chef d'œuvre dont les auteurs n'ont pas encore conscience. Et c'est la chanson de Clapton que tout le monde connaît. Elle a même l'encombrant privilège d'être justement la plus populaire et elle a souvent masqué le reste du disque LAYLA AND OTHER ASSORTED LOVE SONGS. Un peu comme ce que HARVEST de Neil Young est au reste de la très belle carrière du musicien canadien.
Quatorze titres donc. Qui sont quatorze messages subliminaux à Pattie Harrison. Rien moins que çà. Jamais dans l'histoire du rock on n'avait encore vu autant de titres dans un disque dédiés à une seule et même personne. Eric Clapton semble se mettre à genoux devant Pattie Harrison. Il apparaît impuissant et la traduction de toutes les chansons le prouve. Il ne joue que des parties de guitares excellentes. Il chante parfois de façon approximative mais tout ce qu'il chante est avec ses tripes. Tout.
La pochette du disque est tout aussi symbolique puisqu'il s'agit d'un visage de femme, coiffé d'une grande larme. Toutes les chansons traduisent l'état intérieur d'Eric Clapton, tels que « Why Does Love Got To Be So Sad ? », « Bell Bottom Blues » et le très célèbre « Have You ever Loved A Woman ». Malgré des tendances suicidaires, les amis d'Eric Clapton le poussèrent, au bord de l'épuisement, à faire le voyage à Miami pour enregistrer ce superbe album. Ce ne fut que la pensée de Pattie qui lui insuffla suffisamment de forces pour qu'il puisse graver LAYLA. Cet album demeure sans doute le plus beau chant d'amour de toute la musique pop. Le plus dévorant aussi.
Un chef d'œuvre artistique et aussi commercial puisqu'il se classa en première place des classements de vente en Angleterre.
En septembre 1970, Eric Clapton rappelle Jimi Hendrix pour assister à un concert de Sly and The Family Stone auquel participe Ginger Baker et Mitch Mitchell. Jimi Hendrix doit jouer au Speakeasy. Et Clapton attend toute la nuit la venue de Hendrix. Les musiciens jouent sans lui. Et le lendemain matin, le 18 septembre 1970, le monde entier apprend la mort de Jimi Hendrix, qui était un ami aussi proche de Clapton que ne l'était George Harrison. Car en plus Hendrix, depuis quelques mois refusait de se sacrifier à son spectacle habituel (brûler sa guitare), préférait jouer sans bouger, se gavait d'héroine, présentait même des envies suicidaires. Clapton a peur d'y passer aussi quand il apprend la mort de Jimi Hendrix. C'est une perte immense pour lui. Un vide monstrueux. Qui le fait encore plus plonger que d'habitude. Il aurait aimer lui faire entendre LAYLA.
Eric Clapton fait écouter LAYLA à Paula Boyd. Celle-ci le quitte immédiatement, comprenant de qui il s'agit dans les paroles. Eric sait qu'il vient d'enregistrer son meilleur album depuis longtemps. A la fin de septembre 1970, il invite plusieurs fois Pattie Boyd en douce pour lui faire écouter LAYLA. A ce moment là Derek and the dominos est en tournée en Angleterre. Et Pattie revoit Clapton en douce. Elle est fascinée par le disque. Elle s'aperçoit que tout l'album a été écrit pour elle et elle en est très émue. Elle revoit Clapton très régulièrement sans que George Harrison ne le sache. Et ce qui devait arriver arriva : Pattie trompe George Harrison.
En octobre 1970, Clapton et les Dominos s'embarquent pour une tournée aux USA. L'album et le single ne sont pas sortis et les billets ne se vendent pas. Alors Robert Stigwood fait imprimer la mention WITH ERIC Clapton sur les billets et les affiches. Le public a du mal à croire à l'incognito de Clapton sur la tournée. Clapton a le moral gonflé à bloc après avoir revu Pattie et joue excellemment bien. Deux disques témoignent de ces très bons concerts IN CONCERT (1973) et LIVE AT THE FILLMORE (1994). Sans doute parmi les meilleurs live de Clapton.
Son grand-père meurt et il revient en Angleterre. Ce décès va le miner au plus haut point. Ravivant ses Souvenirs d'enfance. Il décide de se changer les idées et part quelques jours dans le Tennessee. Un jour dans un magasin, il tombe sur un stock de Stratocaster, de Telecaster et de Fender. Tout le monde (grace à lui depuis Cream), jouait sur des Gibson. Il achète le stock. Il en offrira une à George Harrison, une à Steve Winwood et une à Pete Townshend. Avec les trois restantes, il se confectionne un modèle bricolé qui devient Blackie, sa célèbre guitare, son emblème. Un instrument mascotte.
Mais la tournée se termine en novembre 1970 dans de très mauvaises conditions. Clapton ne peut plus joindre Pattie et tombe dans une consommation de drogue frénétique. Encore pire que tout ce qu'il avait eu l'habitude de prendre. Il joue de façon approximative. S'engueule avec les membres du groupe. Il vient de perdre Jimi Hendrix, son grand-père. Janis Joplin vient elle aussi de mourir. Il revoit Delaney and Bonnie, BB King, Duane Allman. Mais Eric Clapton se coupe de tout le monde. N'a plus goût à rien du tout. Il est réellement en danger perpétuel à ce moment là. Et il n'en a même pas conscience. Tout se termine en décembre 1970.
Peu de temps après, Pattie et George revinrent une dernière fois à Hurtwood Edge. L'album LAYLA n'est pas encore sorti et Clapton n'a pas eu le courage de le faire écouter à George Harrison. Pattie avoua à Clapton qu'il était plus prudent pour tous de ne plus se revoir dans l'immédiat. Car Pattie aime encore George Harrison. Elle ne veut pas lui être encore infidèle et ne veut plus détruire sa vie de couple. Même si il y'a de l'eau dans le gaz. Eric Clapton s'entête mais Pattie revient une dernière fois lui dire que c'est terminé entre eux.
Eric fit alors du chantage à Pattie. Il menaça de sniffer en deux jours un énorme sachet d'héroïne, sensé lui permettre de tenir pendant deux semaines. Pattie ne céda pas à ce chantage. Eric Clapton ne parla pas en l'air et absorba l'énorme quantité de drogue en à peine 24 heures. Et par miracle survécut à cette folie suicidaire. D'autres de ses contemporains n'eurent pas cette chance C'est dans des conditions tout à fait similaires que Janis Joplin disparut le 4 octobre 1970, des suites d'une overdose de la même substance.
Lorsque l'album sort finalement en décembre 1970, il ne se vend pas du tout malgré un immense succès critique. La pochette est une peinture d'un ami, le peintre Frandsen de Schonberg. La pochette ne mentionne pas le nom de l'album, de Clapton ou des musiciens du groupe. Rien d'autre que cette peinture. Stigwood est furieux mais accepte quand même de sortir ce disque qui défie les lois du marketing visuel des pochettes de disque. C'est en plus un double album, qui se vend toujours m
oins bien qu'un simple (sauf exceptions bien sûr comme les Beatles et les Who). Mais en plus, on peut le percevoir comme un suicide artistique. Un peu comme si sachant que Pattie lui échappait, Clapton décidait de suicider son disque. On ne pouvait en plus rêver mieux pour se cacher du show business en s'appelant Derek and the Dominos et non pas Clapton. Le guitariste atteint là le summum de ses rêves anti-business. LAYLA est un manifeste contre le show-business, celui là même qui a détruit les Beatles. L'annonce du procès de Paul McCartney contre les Beatles choque beaucoup Clapton. Tout comme le succès de All Things Must Pass qui détrône LAYLA. Clapton a l'impression que le couple Harrison l'enfonce encore plus dans sa dépression et son accoutumance à l'héroine. Plastic Ono Band de Lennon choque beaucoup Clapton aussi. Car le Lennon qui essaie de renoncer à la drogue et qui se replonge dans le passé lui fait bien sûr penser à la mort de son grand-père et à sa propre condition. C'est un album qui lui fait presque peur et n'arrange pas du tout son état nerveux. Mais surtout en 1970, Eric Clapton n'a pas arrêté de jouer. Il ne dort plus, il joue de façon prodigieuse et la drogue l'a complètement envahi.
Il sort quand même pour le réveillon de fin d'année. Ringo Starr a organisé une fête au Ronnie Scott's Club de Londres. Un concert impromptu rassemble Ringo, Eric Clapton, Charlie Watts, Bobby Keys, Klaus Voorman, Maurice Gibb des Bee Gees et Georgie Frame. Ils se gavent tous de drogue et de champagne ce soir là.
1971
Bobby Whitlock
Durant les sessions de All Things Must Pass, George Harrison avait participé à des enregistrements destinés au premier album de Bobby Whitlock. Eric Clapton y participe de façon intégrale et Derek and the dominos vont aussi l'aider à le terminer en janvier 1971. Sur ce disque, Jim Gordon, Carl Radle et Clapton jouent donc des parties supplémentaires sur les pistes déjà enregistrées par George Harrison.
Et malgré cela, Derek and The Dominos se réunit à nouveau pour enregistrer un second disque en février 1970. Les sessions sont extrêmement tendues. Seulement cinq titres parviennent à être enregistrés. Les musiciens avancent à un rythme extrêmement lent. Surtout après les sessions de l'album BOBBY WHITLOCK. Il y'aura quand même un extraordianire morceau enregistré durant ces sessions : « Got To Get Better in a little While ». Où Eric Clapton fait parler sa guitare avec une pédale wah wah. Et où il chante « Je sniffe des trucs qui ne sont pas bons pour moi. Je tombe à toute vitesse, pourrais-tu réciter une prière pour moi ? ». On ne peut pas dire mieux pour dépeindre l'état de Clapton. Et c'est d'ailleurs étonnant qu'il accepte de la jouer encore sur scène dans les années 2000. Les musiciens sont ravagés. A la suite d'une engueulade de plus, Jim Gordon claque la porte. Eric Clapton décide de se cloîtrer à Hurtwood Edge. Bobby Whitlock essaira à plusieurs reprises de lui demander d'ouvrir la porte. Mais rien n'y fait, l'ermite Clapton, n'a que 26ans. Et il a décidé de se couper du monde. Derek and the dominos, c'est fini. Commence alors une période horrible.
Ecouter LAYLA c'est surtout s'apercevoir qu'une grande partie des musiciens n'existent plus. Duane Allman est mort en 1971 dans un accident de moto. Carl Radle mourra en 1980 d'une overdose. Jim Gordon, sur un accès de folie, tue sa mère en 1983 et passera seize ans en prison. Il a été libéré en l'an 2000 et il vit dans un hôpital psychiatrique. Bobby Whitlock fait encore des disques, joue avec Art Garfunkel et se produit de façon confidentielle dans des émissions de radio ou des concerts. Et c'est finalement Clapton, le plus en danger qui va encore le mieux trente ans plus tard. Mais en 1971, il avait mille fois l'occasion d'y passer.
Eric Clapton sort avec Alice Ormsby Gore, qui n'a que dix-neuf ans. Il se lève à seize heures, cesse de voir ses amis. Il avait même affirmé à George Harrison qu'il voulait « faire un voyage dans le noir, seul, pour voir comment çà fait. Et ensuite sortir de l'autre côté. Il dit la même chose à Leon Russell.
Il se lève à seize heures, sniffe trois grammes d'héroÏne par jour, ne mange plus que des biscuits et des chocolats, peint de maquettes d'avion, joue de la guitare toute la nuit mais sans en sortir rien de bon, écoute la radio en boucle, se met en colère dès que sa copine lui fait la moindre remarque, maigrit puis regrossit, ne dort pas pendant plusieurs jours, refuse de voir qui que ce soit (sa copine explique que Clapton est malade ou dort beaucoup). Clapton se remet de presque huit ans de dur labeur où il n'a pas arrêté. Il n'arrive pas à pouvoir se mettre en tête qu'il est un artiste reconnu et populaire. Un dieu de la guitare. Il régresse littéralement. Il aime toujours Pattie et sa copine soufre de cette situation nuit et jour. Mais elle le soutient même si Clapton ne fera aucun effort pour lui accorder de l'importance. Elle devient à son tour héroinomane. Et par moments, la drogue ne fait plus aucun effet sur Eric Clapton. A tel point qu'il hésite à s'injecter la drogue par intraveineuse. Mais il résiste car il sait qu'il peut y passer.
Pourtant, George Harrison va réussir temporairement à le sortir de sa vie monacale de Hurtwood Edge.
George Harrison, « Concert pour le Bangladesh », le 1er Août 1971
Ravi Shankar est Bengali et se retrouva bouleversé par le massacre orchestré par le général Yahya Khan au Pakistan Oriental et qui fit un million de morts en mars 1971 et les mois qui suivirent. C'était le premier génocide aussi massif depuis l'extermination des juifs durant la seconde guerre mondiale. L'Inde s'en mêla et le Bangladesh put alors devenir indépendant. Dix millions de réfugiés s'étaient enfui à Calcutta, vivant dans des conditions sanitaires absolument déplorables où le choléra fit des ravages. En 1971, Ravi Shankar sortit un 45 Tours en hommage aux Bengalis, avec les titres « Oh Bhaugowan » et « Joi Bangla » pour soutenir la population du Bangladesh.
George fit de même en composant « Bangla Desh » en juin 1971. Il était alors prévu d'enregistrer un album entier avec Phil Spector, Leon Russell, Jim Keltner et Klaus Voormann. Mais Ravi Shankar décida alors de faire un concert de charité. Or si seul son nom était à l'affiche, il ne pourrait pas nécessairement amasser beaucoup d'argent. Alors que si George Harrison s'en mêlait.
George ne put donc refuser cette proposition mais poussé par une timidité maladive, demanda à tous ses amis de le soutenir. Ringo, qui tournait le film Blindman accepta tout de suite. John Lennon avait accepté. Il s'était même installé quelques jours au Park Lane Hotel de New York avec Yoko Ono. Mais George refusa que Yoko monte sur scène et Lennon, furieux quitta New York dans la journée qui suivit. Paul McCartney n'était pas disponible car il envisageait de former un nouveau groupe, les Wings. Et surtout il ne souhaitait pas faire croire à une réunion des Beatles et avait refusé de façon catégorique de monter sur scène avec George Harrison. Allen Klein, qui était encore le manager pour George Harrison, envisageait de réunir les quatre Beatles mais il n'en fut rien du tout. Eric Clapton dut être littéralement arraché de Hurtwood Edge par sa petite amie Alice Ormsby Gore. En arrivant à New York, il ne put trouver que des substituts d'héroïne qui ne lui faisaient plus aucun effet. Il est donc resté dans sa chambre d'hôtel nuit et jour sans pouvoir se lever tandis qu'Alice Ormsby Gore parcourait les rues à l'affût des meilleurs dealers. Ce fut à tel point qu'Eric Clapton en manque terrible est passé à deux doigts de s'injecter l'héroïne mais sa copine l'en empêcha plusieurs fois. Le 26 juillet 1971, Eric Clapton fut victime d'un malaise terrible et sa copine appela même Allen Klein au secours. Klein demanda au docteur William Zahn de remettre Eric Clapton sur pied avec de la méthadone. Clapton ne put malgré tout se rendre aux répétitions que la veille du spectacle.
Le concert était prévu pour le 1er Août 1971 au Madison Square Garden. Et Clapton ne fit qu'une seule répétition aux studios Nola, situé dans la 57ème rue. Bob Dylan, Leon Russell, Jim Horn, Carl Radle, Pete Ham, Jim Horn, Jesse Ed Davis, Tom Evans, Joey Molland, Mike Gibbons, Klaus Voormann, Jim Keltner avaient répondu présent.
Lorsque Clapton dut monter sur scène, il était incapable de tenir de bout et s'est même évanoui avant de rentrer pour jouer. Il dut être ranimé et prendre à nouveau une dose de méthadone. Sa prestation fut extrêmement brouillonne, sans âme et il ne put jouer sur tous les titres. C'est pourquoi on ne l'entend que sur « While My Guitar Gently Weeps » et « Bangla Desh ». Clapton n'avait pas revu la plupart des participants depuis quelques mois. Il avait grossi, était devenu bouffi, au look hirsute et déployait une masse d'efforts pour jouer correctement ses solos. Il revit naturellement Pattie ce jour là et il en fut encore plus malheureux et c'est probablement parce qu'elle se trouvait à proximité qu'Eric Clapton rassembla son énergie pour jouer.
Bob Dylan ne confirma sa présence que le matin du 1er Août et c'était sa première prestation scénique depuis le festival de l'Ile de Wight.
Ravi Shankar et ses musiciens se sont accordé pendant de longues minutes et avant de débuter le concert, le public a applaudi, à la grande surprise des musiciens. Si bien que dans le film on peut voir Shankar dire au public : « Puisque vous appréciez tellement que nous nous accordions, j'espère que vous apprécierez encore davantage le concert lui-même ».
A l'origine, un seul concert était prévu à 20 heures mais devant la telle affluence un second a été planifié à 15 heures 30.
Un film a été tourné par Soul Swimmer, le producteur de Blindman. Mais il y eut des problèmes de projecteurs qui rendirent inutilisables de nombreuses scènes. Et d'autres scènes étaient filmées alors que des câbles se trouvaient devant l'objectif. Si bien que le montage du film fut un véritable imbroglio de scènes coupées qui parfois n'avaient même plus de rapports avec la chanson interprétée.
Il y eut un travail de post production orchestré par George Harrison et Bob Dylan. Chaque intervenant a eu droit à un test pressing du concert pour éventuellement exiger des changements. Il n'y eut que des retouches sur « While My Guitar Gently Weeps » (dû à l'état d'Eric Clapton), « Wah Wah » et le medley avec Leon Russell. Eric Clapton en reçut un mais ne rappela jamais pour donner ou non son accord. De toute façon, il n'était même plus en état de pouvoir se concentrer sur une tâche aussi simple.
Par la suite, les fonds du disque devaient être versés à l'UNICEF, mais le Fisc américain et anglais parvinrent à bloquer la sortie des fonds puisque le disque et le film du concert étaient des produits commercialisables. En outre, chaque membre participant le faisait bénévolement et CBS, le label de Bob Dylan, demanda malgré tout que soit versé un cachet. George Harrison sentait aussi que Bashkar Benon, le président de Capitol n'aidait en rien la réalisation du disque et George expliqua qu'il menaçait de sortir le disque chez CBS. A cette occasion, David Peel et John Lennon, écœurés par l'attitude de Capitol organisèrent une manifestation devant les bureaux de Capitol le 3 décembre 1971.
Le 9 janvier 1972, le coffret de disques sortait enfin. Les billets avaient permis de récolter près de 245 000 dollars mais George Harrison dut verser un million de livres Sterling le 25 juillet 1973 pour pouvoir s'acquitter des taxes. Sachant cela, il fonda la Material World Foundation le 26 avril 1973 pour éditer toutes ses chansons.
Le coffret se hissa à la tête des hits parades et se vendit à 600 000 exemplaires. Un Grammy Awards a été obtenu en 1973 et a permis de reverser 14 millions de dollars à l'Unicef malgré tout.
Malgré tout George Harrison avait été tout simplement l'instigateur de la première action humanitaire musicale. Eric Clapton, bien que drogué à l'extrême, était une fois de plus du voyage et collectionnait désormais des collaborations prestigieuses depuis « All You Need Is Love ». Un privilège rare.
Quant à Ravi Shankar, il déclara récemment : « Lorsque je me rends au Bangladesh, je suis reçu comme un chef d'Etat. Même encore aujourd'hui, certains me prennent la main et me sont reconnaissants d'avoir fait connaître leur pays. C'est quelque chose qui est arrivé au bon moment. Le monde a immédiatement été mis au courant de ce qui se passait. »
Eric Clapton reprend sa vie de routine. Il refuse de voir Ben Palmer ou même sa mère Patricia Clapton. Seule sa grand-mère parvient à le revoir furtivement et prend peur en le voyant dans cet état là. Il ne fait plus rien et c'est encore un ex-beatles qui va le sortir de son antre : John Lennon.
John Lennon, fête d’anniversaire, le 9 octobre 1971
John et Yoko viennent d'élire domicile aux Etats-Unis et ils n'ont pas vraiment revu Eric Clapton depuis des lustres. Ringo Starr informe John de l'état larvaire de Clapton. Alors Lennon convainc le guitariste de venir quelques jours aux Etats-Unis pour se changer les idées. Ils invitent donc le guitariste pour l'ouverture de l'expo de Yoko Ono THIS IS NOT HERE, qui s'ouvre à l'Everson Museum de Nex York. C'est une expo qui retrace dix années des œuvres de Yoko. L'évenement est hautement médiatisé et sera diffusé à la télévision américaine le 11 mai 1972, sous le nom de John And Yoko IN SYRACUSE, NEW YORK. Dans la galerie, on peut apercevoir Ringo et Maureen, Allen Klein, Jack Nicholson, Dick Cavett, John Cage, Frank Zappa, Andy Warhol, Phil Spector, Bob Dylan, Dennis Hopper et Spike Milligan. Clapton est trop fatigué pour assister à l'événement.
Le soir même, dans l'hôtel Syracuse, John et Yoko rassemblent Allen Ginsberg, Ringo Starr, Eric Clapton, Klaus Voorman, Jim Keltner, Mal Evans, Neil Aspinall pour une nuit de musique. Les invités de la galerie sont aussi conviés à ce concert fabuleux. Ils enregsitrent même ce concert organisé pour les 31 ans de Lennon. Un enregistrement qui a fait le bonheur des collectionneurs de disques pirates. THE LOST Lennon TAPES en contient d'ailleurs une bonne partie et voici ce qui à notre connaissance à été enregsitré ce soir là : « Yellow Submarine », « What I'd Say », « On Top Of Old Smokey », « Goodnight Irene », « Take This Hammer », « He's got the whole world in his hands », « Like a rolling Stone", "Twist and shout", "Louie Louie", "La Bamba", "Bring It On Home To Me", "Yesterday", " Tandoori Chicken", "Power To The People", "Maybe Baby", " Peggy Sue", "Bring Out The Joints" (qui est un inédit de John Lennon), "My Baby Left Me", "Heartbreak Hotel", "Blue Suede Shoes", "Crippled Inside", "Give Peace A Chance", une deuxième version de "Crippled Inside", une reprise moqueuse de "Uncle Albert" de Paul McCartney de l'album Ram, "My Sweet Lord", "Imagine" et "Oh Yoko". Une affiche prestigieuse pour une série de titres qui ne le sont pas moins.
Ce concert donne des ailes à John Lennon. L'album Imagine est un succès phénoménal et John Lennon tente, dans une lettre de donner une chance à Eric Clapton de s'en sortir. Cette lettre, Clapton la reçoit à Hurtwood Edge en 1971. Elle a été subtilisée par Fred Seaman en 1981 qui l'avait rendue en version intégrale dans la presse. John et Yoko envisagent à la suite de ce concert de partir en croisière avec Clapton, sa copine, Klaus Voorman, Jim Keltner, Nicky Hopkins et Phil Spector sur un immense bâteau. De filmer le tout avec compagnes, musiciens et producteurs. De donner tous les jours une vidéo des films pour une émission de télévision (une sorte de loft avant l'heure...lol). Et puis d'en faire par la suite un grand film sur le rock'n roll. De temps en temps, le bateau s'arrêterait dans un port pour donner un concert.
En voici le contenu partiel : « Nous voulons de plus en plus jouer en public, mais pas comme nous le faisions avec les Beatles- une torture, nuit après nuit. Nous voulons prendre du bon temps, y aller cool, et peut-être visiter les endroits dans lesquels nous jouons. Nous avons tous les deux traversé cette même sorte de merde, et je sais que nous pouvons nous aider réciproquement, mais surtout Eric, je sais que cela peut donner quelque chose de grand. Tu dois savoir maintenant combien Yoko et moi admirons ta musique, ainsi que toi-même. J'ai toujours gardé un œil sur ce que tu faisais. Nous ne te voulons pas avec nous pour ton nom, mais pour ton esprit. Ce que nous voulons, c'est révolutionner le monde à travers la musique, nous aimerions aller jouer en Russie, en Chine, en Pologne, etc. Nous pouvons changer le monde, et prendre du plaisir à jouer en même temps. Ca pourrait prendre de trois à six mois. Tout dépend de ce que l'on a envie de faire. Si tu veux nous en parler, appelle-nous ou viens nous voir à New York( nous paierons toutes tes dépenses bien sûr !) ou écris-nous. Au moins réfléchis à notre proposition, s'il te plaît n'aie pas peur, je comprends trop bien la paranoïa pour l'avoir vécue, je pense que cela ne peut que te faire du bien de travailler avec des gens qui t'aiment et te respectent, et c'est ce que nous sommes. »
John Lennon pensait commencer le voyage d'Angleterre, débarquer dans le Pacifique Sud, aller à Los Angeles, en Australie. Aller dans les îles de Tahiti, de Tonga en Nouvelle Zélande.
Eric Clapton lit la lettre, la repose sur son tas de courrier (ouverts ou non), et repart finir une maquette d'avion. Il ne répondra jamais à John Lennon. N'importe qui aurait rêvé d'un tel projet. Si Clapton avait reçu cette lettre, même en étant avec Cream, il aurait accepté et même tout donné et tout plaqué par çà. Mais en 1971, il est devenu radicalement différent. Il ne croit à rien. Devant ce mutisme de Clapton, John et Yoko abandonneront leur projet. Ce sera l'un des derniers contacts entre John Lennon et Eric Clapton. John Lennon ne cherchera plus à recontacter Eric Clapton et sera plutôt chagriné par cette attitude.
Eric Clapton se tait. Ne voit plus personne. Il joue un soir à Londres avec Leon Russell. Mais au bout de dix minutes, il quitte la scène. Et Leon Russell n'aura plus de nouvelles. Cette année là, Clapton est seul. Face à la drogue.
Dr John, THE SUN, MOON AND HERBS, 1971
Avec Mick Jagger et George Harrison, Eric Clapton joue sur ce disque de Dr John (il y'a aussi Doris Troy dans les chœurs. L'album devait inclure George Harrison parmi les musiciens mais il déclina l'offre à ce moment là, occupé par All Things Must Pass et les disques de Billy Preston et Doris Troy. Mais en revanche, il s'est rendu de temps en temps en studio pour jammer avec tout ce petit monde. Il semble toutefois qu'aucune partie de guitare n'ait été retenue.
1972
Clapton traverse cette année 1972 seul, reclus chez lui, le nez perpétuellement poudré, incapable de projets tangibles. Seul Pete Townshend des Who parvient à dialoguer avec lui pour lui redonner confiance, mais la tâche est rude. Clapton pensait cacher à tous son état de santé déplorable mais il n'en est rien. Il vit toujours avec Alice et patiemment, pendant six mois de disputes, de rechutes, de colères, Clapton se laisse diriger par Pete Townshend. Il reprend confiance en lui et le père d'Alice, aide Clapton à organiser un concert prévu pour janvier 1973.
En Août 1972, George Harrison et Eric Clapton se retrouvent à Friar Park pour jouer deux chansons, « You've got to stay with me » et « When every song is sung ». Cette dernière deviendra par la suite « I'll Still love you », qui sera donnée à Ringo pour le disque Rotogravure. La première chanson, plutôt ambiguë peut être vue comme un appel à Pattie pour rester mais elle n'est jamais sortie. Dans les chœurs, on trouve Cilla Black.
John Lennon, SOMETIME IN NEW YORK CITY
Le 16 septembre 1972, John Lennon et Yoko Ono décident d'inclure dans leur manifeste politique engagé, deux extraits de leur concert pacifiste, enregistré le 15 décembre 1969 au Lyceum de Londres. A ce concert, Eric Clapton participait aux côtés de George Harrison, Billy Preston, Nicky Hopkins, Jim Gordon, Alan White, Keith Moon, Klaus Voormann, Bobby Keyes ainsi que la troupe Delaney and Bonnie. Les morceaux sélectionnés sont « Cold Turkey » et « Don't Worry Kyoko ». Néanmoins, les versions sont nettement plus cacophoniques que celle de Live Peace In Toronto.
1973
Concert du retour......
Lord Harlech se démène pour organiser un concert avec Clapton, Pete Townshend, Ronnie Wood, Rick Gretch, Steve Winwood et Jim Capaldi. Le concert aura lieu au Rainbow Theater au Nord de Londres à Finsbury Park où tout le gratin du rock, Pink Floyd et Led Zep au grand complet, Elton John, Joe Cocker. George et Ringo seront eux aussi de la partie pour soutenir ce Claptonthon.
Grande surprise, le concert est remarquable. Clapton a gardé toutes ses facultés intactes. Les interprétations sont absolument soufflantes. Tout ici respire le génie. Il sortira de ce concert un disque ERIC Clapton'S RainBOW CONCERT. « Let It Rain », « Layla », « Bell Bottom Blues », « Badge »....que des perles.Le disque sera réédité en 1995 dans une excellent versionCD. Mais hélas, Clapton ne sort plus de chez lui, dépense environ 500 euros par jour pour sniffer de l'héroine. Il se nourrit de chocolat, grossit à vue d'œil, pense même plus à Pattie. Il voit de moins en moins de monde. George arrive quand même à le voir une ou deux fois. Mais il est encore plus reclus qu'en 1972. Il n'assure que quelques jours de lucidité et passe le reste de l'année dans un état second dangereux. Un état qui aurait dû avoir raison de lui.
George Harrison, LIVING IN THE MATERIAL WORLD
Tandis qu'Eric Clapton se terre à Hurtwood Edge, George Harrison passe une bonne partie de l'année 1972 et 1973 à composer de nouvelles chansons pour son futur disque attendu au tournant : Living In The Material World.George avait proposé à Clapton de l'aider pour le disque mais ses messages ne recevaient plus aucune réponse à ce moment là. Aussi pour la première fois depuis quelques années, hormis Electronic Sounds, Eric Clapton n'est plus associé à un projet de George Harrison. En revanche, dans la photo de la pochette intérieure de l'album, on peut voir attablé autour d'un banquet présidé par George Harrison, Eric Clapton se saouler copieusement en compagnie notamment de Ringo Starr.
1974
Finalement, Clapton accepte en 1974 de se faire soigner par un médecin qui pratique une électrothérapie. Il doit arrêter de se droguer et c'est dans un tel état de manque, que Clapton fouille son tapis à la recherche de grains restant. Il se sent malade, anxieux. Il régresse même à un stade incoryable où il se comporte comme un enfant ne sachant plus quoi faire sans le médecin. C'est dans un état puéril que Clapton, celui qu'on nommait Dieu, aborde cette année de transition.
Les enfants de son médecin vont lui redonner goût à la vie. Clapton joue aux petites voitures mais parvient à compenser son manque en sifflant en douce des bouteilles de whisky. Il Va aussi faire écouter tout son répertoire à son médecin. Celui finit par lui faire admettre que tout ce qui a résulté de ses excès de drogue, n'était que bouillie musicale, au regard des gloires passées de Cream ou Blind Faith. Seule « Layla » à la rigueur trouve grace à ses yeux.
Et en mars 1974, Clapton décroche de l'héroine. Il est ensuite invité un mois en pleine campagne dans une ferme agricole, où il se lève au chant du coq, retourne la terre, nourrit des bêtes et se promène en bottes. Eric Clapton va quand même chaque soir au pub du coin pour boire jusqu'à plus soif. Il a trouvé un produit de substitution à l'héroine : l'alcool.
Mais surtout, il a enfin les idées claires, et toute sa vie ressurgit enfin. Il veut rejouer de la musique, faire un disque. Et surtout, revoir Pattie.
Et c'est à ce moment là qu'il apprend que George Harrison a trompé Pattie avec Maureen Starkey, que Pattie a même eu une liaison avec Ronnie Wood, que Ringo envisage de divorcer avec sa femme. Il apprend même comment un soir Paul et Linda étaient reparti de chez George après l'avoir entendu dire qu'il aimait Maureen.
Alice ne compte plus lorsque George Harrison revient un soir de mars 1974 à Hurtwood Edge avec Pattie. Eric ne cache pas ses sentiments. Alice Ormsby-Gore est effondrée. Elle retourne dans sa clinique de désintoxication et ne donnera plus de nouvelles à personne. Elle devient alcoolique, ne sachant plus comment se défaire de son addiction. Et elle meurt à 43ans en 1995, seule d'alcoolisme agravé.
Le soir du 10 avril 1974, Eric Clapton a invité pour une petite fête un grand nombre d'amis comme Steve Winwood, Elton John, George et Pattie, Rick Gretch, Ronnie Wood et bien sûr Stigwood qui régale tout ce petit monde. Eric prend George à part et lui avoue qu'il aime Pattie. George répond le plus simplement du monde « tu peux aller avec ma femme et moi avec ta copine ». Clapton est estomaqué que George ne soit pas plus furieux que çà. Pattie l'apprend et quitte la soirée en larmes. Clapton s'envole alors pour Miami et va enregistrer à nouveau, là même où il avait conçu le disque LAYLA. L'adresse du studio est « 461, Ocean Boulevard ».
Ce sera le titre d'un des meilleurs disques de Clapton. Carl Radle et Tom Dowd sont de la partie une fois de plus. Il y'a aussi Yvonne Elliman, qui fut l'une des choristes de JESUS CHRIST SUPERSTAR, une des plus belles réussites encadrée par Robert Stigwood. Clapton imporvise dans une ambiance très relax, aux antipodes de LAYLA. Il écoute surtout le disque BURNIN' de Bob Marley et il se prend de passion pour cet artiste, qu'il peut écouter des heures durant. Un titre le titille perpétuellement : « I Shot The Sheriff ». Sur ce disque remarquable, on trouev aussi « Let It Grow » et d'autres très bonnes ballades évoquant entre autres son addcition comme « Give Me Strength ». La voix est plus posée, plus nonchalente. Et pour la première fois, on n'entend plus du tout de soli qui sont pourtant sa marque de fabrique. Il y'aura tout de même une belle palette de variations dans ce disque. Et Clapton se satisfait de ne plus jouer à « Slowhand ».
Ringo Starr, Clapton, TOMMY, LISZTOMANIA
Ces deux films mis en scène par Ken Russell et supervisés par Roger Daltrey des Who, mettent en scène respectivement Eric Clapton dans TOMMY qui joue de la guitare dans une cathédrale avec les Who et Ringo Starr dans LISZTOMANIA qui lui joue le rôle d'un pape très sournois. Un diptyque savoureux. TOMMY n'est autre que l'adaptation de l'opéra rock paru en 1969. Eric Clapton devait jouer dans le second volet de Ken Russell mais il a décliné l'offre.
Clapton joue donc dans le premier volet de TOMMY. Il joue un prêtre que rencontre Tommy, un taré du flipper. Clapton en profite pour se saoûler copieusement en compagnie de Keith Moon et Pete Townshend. Si au départ le tournage l'amuse, au bout de quelques temps, Clapton tente de saboter le tournage, faisant louper des scènes.
Le film sera à l'affiche en 1975 et restera longtemps un succès en salles. Tina Turner, les Who, Clapton sont au générique. C'est une folie incroyable.
Clapton bosse aussi un peu pour la bande originale du film.
Soirée de lancement de Dark Horse
Entre temps, Eric Clapton assiste le 23 mai à une petit fête donnée par George Harrison pour la création de son label Dark Horse. Clapton arrive totalement éméché et s'effondre avec deux bouteilles de whisky. George est bien sûr fier d'annoncer que parmi ses poulains officiels, il y'a le musicien Ravi Shankar.
Un soir, après une séance de studio, il invite Pete chez George et Pattie où Eric décide de venir à l'improviste. Pete et George discutent donc ce soir de juin 1974 pendant très longtemps, d'Inde, de mysticisme et George sympathise alors encore plus avec le guitariste fou des Who. Pendant tout ce temps, Eric et Pattie avaient disparu de leur vue. George et Pete les découvrent dans leur cuisine entrain de cuisiner une soupe. George, qui bosse sur Dark Horse chez lui, invite Pete à lui faire écouter des demos et pendant ce temps Eric tente de convaincre Pattie de quitter George Harrison.
Clapton trouve à ce moment là en Roger Forrester un allié de poids. Cette figure de la RSO va devenir le manager d'Eric Clapton pour de longues années. Une tournée américaine est prévue par Robert Stigwood pour Clapton. Mais ce dernier n'est guère enthousiaste de remonter sur une scène, fût-ce américaine et européenne.
Clapton joeu moins de solo et a même un deuxième guitariste. Il chante avec moins de conviction mais l'alchimie opére quand même bien. Par contre, pour se donner du cœur à l'ouvrage, il ingurgite toujours d'immenses quantités d'alccol.
En Juillet 1974, Pattie rejoint Eric sur la tournée américaine. C'est enfin le triomphe intégral pour Clapton. Amaigri, de retour pour sa plus grande tournée, entouré de sa conquête de toujours, il ne peut qu'être heureux. Il bat pourtant des records de cuites, de concours de Brandy-alexandra avec Ringo Starr, qu'il revoit pendant cette tournée.
Pattie explique alors qu'après la discussion avec Clapton, elle avait décidé de quitter George. Celui-ci ne laissa rien transparaître, que ce soit en colère ou tristesse. Pattie avait donc rejoint sa sœur Jenny à Los Angeles. Jenny s'étant mariée avec Mick Fleetwood, le batteur de Fleetwood Mac. Elle rejoint ensuite Eric et elle est en proie à une terrible dépression nerveuse. Clapton ne l'épaule que très peu et elle se met à boire très vite.
George Harrison, DARK HORSE, « Bye Bye Love », “So Sad”
Même si la séparation avec Pattie n'est pas aussi douloureuse que prévue, George Harrison laisse quand même s'exprimer sa rancœur et son ressentiment en reprenant « Bye Bye Love » ce standard des Everly Brothers. Pour le peine, il crédite sur ce titre Pattie Harrison et Eric Clapton qui ni l'un ni l'autre n'ont aidé George en quoi que ce soit. Pour l'occasion, George Harrison avait même obtenu l'autorisation de changer les paroles de la chanson afin d'adapter « Bye Bye Love » à sa situation personnelle. Pour la peine, il traite Eric Clapton de « Old Clapper », le crédite du solo de guitare et attribue à Pattie Harrison les harmonies vocales. Il fait référence à Pattie dans les paroles par « Our Lady ». Une vision véritablement emblématique de cette nouvelle idylle, qui durait depuis quelques temps.
Sur Dark Horse, George composa aussi « So Sad » pour dépeindre son état intérieur à la suite de sa rupture avec Pattie Boyd. La chanson avait déjà été esquissée en 1973 pour Living In The Material World. Mais George, n'étant pas encore sûr de sa rupture avec Pattie, refusa de sortir la chanson sur le disque. Alvin Lee avait enregistré une version de cette chanson en 1973 sur le disque ON THE ROAD TO FREEDOM.
Clapton apparaît sur scène, ivre, incapable de se relever parfois sans l'aide des autres. Il se fait siffler par une énorme partie du public. Il chante faux, se trompe dans ses solos. Il arrête parfois de jouer pour se mettre à rire dans son coin ou réapparaître en colère. Le public finit par quitter les stades de la tournée américaine, déçu par cette attitude désinvolte et ethylique.
Mais parfois, quand John Mayall débarque, le niveau se réhausse. Et quand Keith Moon intervient, c'est pour tout détruire et faire des concours d'alcool avec Clapton, qui boit désormais deux bouteilles de Ballantines par jour.
En juillet sort le single « I Shot The Sheriff » qui sera l'un des plus grands succès en single de Clapton. Il recevra de la part de Bob Marley un appel téléphonique d'une heure pour le féliciter. Et deux ans plus tard, il rencontrera Marley dans un nuage de fumée où il était impossible de distinguer le moindre visage à moins de quelques centimètres tant la fumée était épaisse. L'une des meilleures rencontres de sa vie.
461 OCEAN BOULEVARD entre dans les charts en Août 1974 et restera le disque le plus vendu de Clapton pendant un certain temps. C'est en effet une succession de succès incroyables et une très grande réussite. Les jeunes découvrent Cream tandis que les critiques jugent bien sévèrement l'album, accusant Clapton de s'être encrouté davantage.
A la fin de cet été là, son disque est numéro 1 partout et il décide de partir en Jamaique pour enregsitrer à nouveau un disque, encouragé par Bob Marley bien entendu. Eric et Pattie partent même plusieurs jours en amoureux de l'autre côté de l'île pendant quelques jours.
Puis c'est à Kingston que va être enregistré un nouvel album aux couleurs reggae, avec notamment « Don't Blame Me » qui est dans la lignée de « I Shot The Sheriff ». THERE'S One IN EVERY CROWD sera traité quand même de disque qui se traîne. Avec des moments de langueur, il est quand même un beau témoignage de reggae (évidemment pas un chef d'œuvre mais un album solide). Mais le disque ne sortira qu'en 1975 parce que le précédent fonctionne beaucoup trop bien pour le moment.
Clapton poursuit une tournée en 1974 et ses concerts sont alternativement des grands moments ou des catastrophes ambulantes. C'est après un concert de décembre 1974 à Londres que Mick Taylor annonce à Mick Jagger qu'il quitte les Stones. Jagger propose tout de suite à Clapton de venir jouer pour les Stones mais il se refuse, tout comme Lennon lui avait proposé à plusieurs reprises de devenir un « presque Beatle ».
Puis courant décembre, Clapton décide de se reposer un peu dans sa propriété de Hurtwood Edge. Il revoit George Harrison. Le divorce est consommé et il sera prononcé en 1977. George a quant à lui déjà eu des vues sur une secrétaire de son label, une mexicaine du nom d'Olivia Arias. Le 5 novembre 1974, Ringo Starr invite Clapton et Pattie chez lui pour une soirée sans rancune à Tittenhurst Park.
John Lennon, WALLS AND BRIDGES, “Nobody Loves You”
John Lennon compose "Nobody Loves You when you're Down And Out", un titre qui est un emprunt (et non un plagiat) au titre d'Eric Clapton « Nobody Knows You when you're down and out" de LAYLA. Dans Walls And Bridges, Lennon s'attaque à ses vieux démons, exprime certaines désillusions, parfois des cousins éloignés (en termes de paroles) à ce que Clapton exprimait dans LAYLA.
1976
Au début de l'année, Ron Wood, l'ex aventure de Pattie Boyd, suggère à Clapton une réunion des membres du Band aux studios de Los Angeles le Shangri-La. Les séances commencent pour un nouvel album et George Harrison va s'y rendre une fois en mars de cette année là. Jeff Beck débarque aussi et joue avec Clapton qui a convoqué entre autres Tom Dowd et Jesse Ed Davis, un habitué des disques de John Lennon.
Bob Dylan se joint à ce petit monde pour une chanson « Sign Language » et Rick Danko (qui fera partie du premier All Starr Band en 1989) apporte « All Our Past Times ». Il ne faut pas plus de temps à Clapton qu'il tient aussi quelques bons morceaux (comme « Hello Old Friend ») suffisamment bons pour contrebalancer THERE'S ONE IN EVERY CROWD. On ignore si George Harrison joue sur NO REASON TO CRY car moult musiciens (comme Pete Townshend ou Van Morrison) ont aussi rendu visite à Clapton à ce moment là. De même que Billy Preston aurait aussi participé à l'enregistrement.
Par contre, George Harrison est remercié à la fin dans les crédits de NO REASON TO CRY.
Il existe bel et bien des « jam » inédites de Clapton et Harrison de cette époque mais rien de tangible n'a vu le jour. Robert Forrester est plutôt satisfait de ce nouvel album mais il s'inquiète de voir Clapton offrir une frénésie de boissons alcoolisées pendant l'enregsitrement du disque aux autres musiciens.
Qu'importe. Clapton s'éloigne un peu encore de Cream mais il a recentré son style vers la country, le folk avec des compos de bonne tenue. Clapton a une fois de plus repris le chemin du studio dans une ambiance débonnaire et sans avoir vraiment de chansons de côté (comme la plupart des cas).
A cette même période, pour échapper au fisc britannique, Eric et Pattie décident de revenir en Angleterre après quasiment une année passée aux Caraibes. Eric Clapton reprend alors ses habitudes aux pubs du coin. Pattie a cessé de boire et déplore que les amis de Clapton le forcent à boire pour faire exprès de rendre la rock-star dans un état pitoyable. Clapton drague aussi beaucoup et Ramène même parfois des inconnues à Hurtwood Edge.
Clapton reprend les routes anglaises en Août 1976. Le 5 Août à Birmingham, sur un trait d'humour incompréhensible, il tient les propos suivants : « Avons-nous des étrangers dans la salle ? Si oui, levez la main s'il vous plait. Je crois que nous devrions voter pour Enoch Powell. La Grande Bretagne doit cesser d'être colonisée. »
Cet homme politique d'extrême droite avait prononcé un discours particulièrement raciste et Clapton (qui devait sûrement espérer faire de l'humour) est tout d'un coup taxé du même racisme. Un discours irrationnel et stupide pour un homme qui aime le blues des noirs, qui a chanté « all you need is love » et qui a tenu à rencontrer Bob Marley en personne.
Clapton prend tout à la rigolade mais ne se rend même pas compte du tollé médiatique qu'il vient de créer. A tel point que des manifestations anti-Clapton naissent. La presse rock est éberluée et le reste du monde véritablement choqué. Clapton ne plaisante qu'à moitié. Il est certes ivre mort pendant cette tournée anglaise. Mais il adhère quelque peu aux théories anti-immigrantes du moment. Il finira par rendre des excuses publiques.
Un autre fait est relaté. Clapton explique qu'à ce moment là, il a découvert que Pattie était stérile et que cet état de fait a déprimé Clapton. Mais qu'en plus, un étranger avait fait une remarque sexiste à Pattie dans un hôtel à ce moment là. Et que le sang de Clapton ne fit qu'un tour sur scène. Sans avoir montré de signe de xénophobie, le geste de Clapton déroute. Et montre qu'à trop s'enfermer dans une chambre pour jouer, Clapton n'a jamais réellement développé de conscience politique particulière. Et qu'en la matière, il changea souvent de camp. Certains ne pardonnèrent jamais à Clapton ces propos. D'autant plus qu'à ce moment où émerge le punk, Clapton et la génération sixties font figure de « vieux » que les Sex Pistols sont entrain de dynamiter allègrement.
Le Rock Against Racism naît..involontairement et de nombreux groupes punk y jouent régulièrement. Et tout çà quand sort NO REASON TO CRY qui reçoit des critiques acerbes. Sans doutes alimentées par les récents propos douteux du guitariste.
Au mois de septembre, Clapton va quand même ne pas se laisser déboussoler et écrire ce qui est sans doute l'une de ses plus belles ballades : « Wonderful Tonight ». Une chanson dédiée à Pattie qui un jour se préparait pour une soirée et reçut ce compliment de la part de Clapton. Pendant que Pattie se préparait un soir, Clapton a pris sa guitare et composa en cinq minutes ce titre phare. Suivra à la fin de l'année 1976 une tournée américaine des stades.
Le soir du 26 novembre il participe au concert d'adieux du Band où il retrouve Ringo Starr. Clapton joue « All Our Past Times » et « Further Up On The Road ». Il rejoint l'ensemble des participants pour "I shall Be released" avec entre autres Ringo.
Ringo Starr, RINGO'S ROTOGRAVURE, "This Be Called A Song"
Eric Clapton est l'auteur de cette chanson. John Lennon a écrit « Cookin in the kitchen of love ».Paul est l'auteur de "Pure Gold" et George Harrison joue et interprète "I'll Still Love you » qui était autrefois « When every song is sung », une demo enregistrée en 1972 avec Clapton. Le disque sera la dernière réunion de quatre ex-Beatles sur disque et force est de constater que le nom d'Eric Clapton y est encore une fois associé.
1978
Devant le succès des ventes de SLOWHAND, Forrester prévoit une tournée américaine copieuse en shows. C'est aussi à ce moment là que Clapton sombre encore plus dans l'accolisme et qu'il va laisser Forrester dicter sa vie, ses concerts, ses heures de sommeil. Même si Clapton n'en fait qu'à sa tête, il aime finalement se faire encadrer par son manager et ne s'occupe que de ses solos.
Cette même année, il se rend avec Nigel Carroll, son futur beau-frère, le mari de Paula Boyd, à des matchs de football. Clapton aime se mêler à la classe ouvrière et adopte de plus en plus ses codes.
Il embraie avec Bob Dylan pour une tournée de festivals en Europe où les deux hommes s'en donnent à cœur joie dans la démesure. Et peu après cette mini tournée, Dylan offre des démos à Clapton. Ce dernier, qui a pris l'habitude d'enregistrer un disque par an, va commencer les sessions de BACKLESS.
BACKLESS qui signifie « avoir des yeux derrière la tête », hommage à Dylan qui obersavit et devinait énormément de choses. Mais le problème, c'est que tous les membres du groupe de Clapton (Carl Radle en tête) sont en proie à des problèmes d'alcoolisme, de drogues, de casino et tout le monde traîne des pieds alors que Glyn Jones s'arrche les cheveux pour en tirer quelque chose. Nous sommes en Août et Septembre 1978. Et Clapton traîne des pieds. Ca se sent sur ce disque pas franchement réussi. Juste à sauver quelques titres de Dylan comme « If I don't Be there By Morning ». et l'excellent « Tulsa Time ». Mais le reste est plutôt dans un style amorphe et manquant cruellement d'inspiration.
Clapton se dispute avec Marcy Levy, sa chanteuse qui sera remerciée en cours de route.Mais elle rejoindra Clapton dans les années 80. Son guitariste George Terry quitte lui aussi le navire mais de son propre chef.
Au même moment, Eric Clapton est invité par Paul McCartney pour rejoindre le fameux Rockestra qui va enregistrer deux titres. La crème des musiciens est réunie sur deux titres à la puissance extrême « Rockestra Theme » et « So glad to see you here ». Clapton décline l'invitation prétextant que son nouvel album l'occupe beaucoup. Paul sera très vêxé par ce snobisme de la part de Slowhand. Il ne lui en voudra malgré tout pas plus que çà.
BACKLESS sort en novembre 1978 et les critiques sont très moyennes. Une tournée européenne va suivre ce disque. Une tournée peu banale avec un train spécial affrété par les soins de Robert Forrester. Le Rolling Hotel est né. Un peu comme une sorte de MYSTERY TOUR ambulant dans un train.
Muddy Waters, le grand bluesman, assure les premières parties et les concerts sont de bonnes tenue. La présence du vieux bluesman contraint Clapton à jouer correctement sur scène. Néanmoins, les scène de vie quotidienne du train sont filmées et un film sera monté mais jamais diffusé (à cause de l'état désastreux d'Eric Clapton).
Documentaire avec George et Elton John, Eric Clapton and his Rolling HOTEL
Pour les besoins d'un documentaire nommé Eric Clapton and his rolling Hotel, George Harrison et Elton John jouent avec Clapton sur le titre « Further On Up The Road" le 7 décembre 1978. Ils jouent tous ensemble au Civic Hall de Guilford, non loin de Hurtwood Edege. Une vidéo de ce documentaire devait paraitre en 1980. Dans ce documentaire, on peut aussi apercevoir Ron Wood de temps à autres.
Le film comporte aussi une scène filmée d'une rare violence, une discussion entre Clapton et Robert Stigwood où Eric Clapton l'accuse d'avoir lancé les Bee Gees avec l'argent de Brian Epstein et de Cream. Stigwood finira par avouer bien entendu.
The last waltz, martin scorsese, 1978
Le groupe The Band, mythique formation qui s'était illustrée aux côtés de Bob Dylan, décide de filmer un concert d'adieux auxquels Ringo Starr et Eric Clapton se retrouvent ensemble. Il y'a aussi Bob Dylan, Neil Young, Joni Mitchell, Neil Diamond, Emmylou Harris, Van Morrison, Muddy Waters, Dr John, Ronnie Hawkins et Paul Butterfield. Aucune tristesse au programme si ce n'est une excellente performance collective. Entendre Neil Young et Clapton ensemble avec Bob Dylan en fond sonore est toujours intéressant à écouter.
Martin Scorsese, qui avait été le chef monteur du film du concert de Wood stock, n'a pas reçu de commande particulière pour ce film. La part d'intervention du cinéaste est assez considérable. Il a réussi à s'entendre avec tout le groupe, qui pour la plupart ont aimé son film « Taxi Driver » avec Robert De Niro. Scorsese à ce moment là représentait un nouveau souffle dans le cinéma américain, une figure souvent dérangeante qui ne montrait pas vraiment les aspects les plus reluisants de l'Amérique « pro-Viet Nam ».
Sa Mise en Action du rock a donc été très simple.
Voici ce qu'écrivait Michael Henry, critique du journal « Positif » dans le numéro 208 :
« Scorsese a pris le parti inverse de WOODSTOCK : il ignore superbement le public, masse indistincte reléguée à l'arrière-plan ou hors-champ. Pas de plans de « réaction » : ce sont les anecdotes du Band qui tiennent lieu de commentaires, le montage « cut » qui tisse des rapports affectifs entre ces commentaires et les chansons. La salle ne participe que par effractions au dialogue qui se noue sur scène entre le Band et ses invités. Les caméras de Scorsese en sont les seuls témoins, qui s'attachent aux musiciens et à leurs instruments, qui collent à leurs visages comme pour y suivre une intrigue indicible, qui préfèrent aux vues d'ensemble le cadrage serré privilégiant un élément du groupe, le plus « déchaîné » bien sûr. Il est des exceptions à la règle : ainsi lorsque Paul Butterfield fait face à la salle noyée dans les ténèbres à la fin de « Mystery Train » ou que les spectateurs debout apparaissent au dernier plan de « Further in up the road », ou encore lorsqu'une série de zooms arrière embrasse le podium où l'ensemble des participants entonne « I shall be released ». Mais ces intrusions font l'effet d'un retour à la réalité après une longue immersion onirique.
Le maître de ballet contrôle si bien sa troupe qu'il est toujours là où se produit l'inattendu. Il lui arrive même de retourner à son avantage un accident imprévu comme pour « Mannish Boy », filmé en plan-séquence par la seule caméra en place à ce moment-là. Ce triomphe de la mise en scène n'est jamais aussi apparent que dans les trois numéros enregistrés après coup en studio sur un plateau de la MGM. Dans le calme de son laboratoire, Scorsese procède alors à une recréation toute expérimentale des chorégraphies visuelles chères aux music halls d'antan. Dépouillant le genre de ses pompes traditionnelles, et notamment de son pittoresque décoratif, il compose par la seule vertu des jeux d'ombres et des mouvements d'appareil, un univers autonome, abstrait, à la limite du fantastique, qui ne doit plus rien au chaos de la vie. Une magie qui justifie, en dernier ressort, cette « damn impossible way of life ».
The Last Waltz est sorti en VHS et en DVD seulement en 2002.
A la fin de cette année 1978, Eric Clapton renoue avec George Harrison qu'il n'a pas revu depuis quelques temps. Clapton fait la connaissance d'Olivia et ils vont régulièrement ensemble au cinéma de Henley On Thames. Ils dînent les uns chez les autres et George Harrison invite souvent Clapton dans ses studios de Friar Park pour les sessions de son disque GEORGE HARRISON.
Par contre Pattie en a elle assez de l'alcoolisme notoire d'Eric Clapton et passe en 1978 un Noel absolument sinistre. Elle fait ses valises et quitte Clapton. C'est la première brouille du couple en quatre ans. Et Pattie se remet à boire de son côté.
1979
George Harrison, GEORGE HARRISON, « Love Comes To Everyone »
George Harrison invite une nouvelle fois Eric Clapton à venir jouer sur l'un de ses disques. Mais la seule contribution de Clapton sera la superbe introduction à la guitare de « Love Comes To Everyone ». Eric Clapton a l'occasion de rejouer avec Steve Winwood, son compère de Blind Faith, qui est omniprésent sur le disque avec ses nappes de claviers et d'orgue Hammond relaxantes. « Love Comes To Everyone" reste l'une des plus belles chansons d'amour de George Harrison et les chœurs du refrain comptent parmi les plus belles choses jamais enregistrées sur l'un de ses disques.
Pour l'occasion, George Harrison reprend aussi « Not Guilty », enregistrée à l'époque du WHITE ALBUM dans une version beaucoup plus lente agrémentées de solos de synthétiseurs de Steve Winwood.
« Love Comes To Everyone" sort en single le 20 avril 1979 tandis que le disque GEORGE HARRISON était sorti le 16 février 1979 sur le label Dark Horse.
En ce début d'année 1979, Eric Clapton embauche Albert Lee, un guitariste prodige qui assuera les parties de guitare complexes et musclées que Clapton affectionne. Il informe donc les Tulsa Tops de cette nouvelle recrue mais en parallèle, Clapton commence à envisager de renouveler ses musiciens. Ces américains avec qui il joue depuis si longtemps.
Eric Clapton adopte des humeurs maussades. Il se rabiboche avec Pattie pour derechef avoir une liaison avec Jenny McLean, un top modèle britannique. Pattie est en larmes tous les soirs en rentrant à Hurtwood Edge. Elle décide alors de faire ses valises, prend un avion et part s'installer à Los Angeles. Pour elle, sa liaison avec Eric Clapton semble être terminée tandis qu'Eric Clapton embarque pour une tournée anglaise et irlandaise.
Jenny McLean est de la partie mais Eric se rend compte un peu tard qu'il aime toujours Pattie. Pendant cette tournée, Clapton se lie encore plus avec Albert Lee et délaisse ses amis, notamment Carl Radle qui consomme de l'héroine en grandes quantités.
Il revient donc à Hurtwood Edge et passe beaucoup de temps avec son manager Robert Forrester. Ce dernier lui suggère de ne plus voir Jenny McLean. De peur que leur idylle n'apparaisse dans les journaux. Forrester pense même que c'est déjà en préparation dans les tabloids, qu'un paparazzi a sûrement pris une photo. Clapton lui assure que c'est impossible.
Forrester lui parie 10 000 livres que pas plus tard que le lendemain, la vie de Clapton serait étalée au grand jour dans la presse. Clapton est sûr de gagner son pari
Mais le lendemain, la une ne titre pas sur sa liaison avec Jenny McLean. Il est écrit « Eric Clapton va se marier avec Pattie Boyd à Tucson, Arizona, mardi prochain ».
Eric Clapton est furieux. Il se rend chez Forrester et l'étrangle à moitié en lui demandant pourquoi il a écrit un tel communiqué. Mais Forrester lui explique qu'il doit être clair sur ses sentiments. Et Clapton finit par avouer qu'il aime Pattie et que son manager a en fait raison.
Mariage d’Eric Clapton et Pattie Boyd, le 27 mars 1979
Eric Clapton tente alors de contrer le décalage horaire et fait sa déclaration à Pattie Boyd par téléphone. Mais au bout de quelques minutes, Eric Clapton a quand même l'honnêteté d'expliquer la combine de Forrester, que Pattie ne trouve pas élégante du tout.
Le 27 mars devant 15 personnes, (dont notamment ses musiciens), Eric Clapton épouse donc Pattie Boyd à l'Apostolic Assembly of Faith in Christ Jesus à Tucson en Arizona. Une fois de plus, ce mariage prouve la dépendance de Clapton a son manager. Il aura choisi le mode de vie de Clapton. Mais aussi, le nom de sa femme, le lieu du mariage, les vêtements et même le déroulement de la cérémonie et de la soirée qui suivit.
Malgré tout, la tournée continue aux USA et le 28 mars 1979, il invite Pattie sur scène pour lui chanter « Wonderful Tonight ». C'est la première fois que Pattie est invitée sur une scène. Mais au bout de quinze jours, Pattie est remerciée par son mari et doit retourner en Angleterre pour l'attendre dans le salond e Hurtwood edge.
Clapton consomme alors deux bouteilles et demi de cognac par jour. Il doit être réveillé à coup de grandes tasses de café pour pouvoir jouer. Il s'évanouit souvent. Il ne mange plus rien et ne se nourrit que d'alcools, voire parfois de pilules. Son état est vraiment déplorable et il n'arrange pas celui de Carl Radle par exemple. Forrester n'a jamais été aussi inquiet et s'arrache les cheveux. Clapton qui aurait dû être heureux de par son mariage s'enfonce dans la dépression la plus absurde. Clapton a l'alcool triste et surtout il n'arrive plus à diminuer ses doses d'alcool. Son mariage le rend d'humeur maussade et il reprend vite le chemin des pubs. Pattie est désespérée.
La fête pour le mariage d’Eric Clapton et Pattie Boyd, le 19 mai 1979
Le couple nouvellement marié n'a pas encore fêté l'événement avec les amis et proches de famille. Ils envoient donc un carton d'invitation qui précise : « Chers Amis, Mr et Mme se sont mariés l'autre jour mais c'était en Amérique, alors on a décidé de donner une boum dans le jardin le samedi 19 mai, à partir de 15 heures, pour tous nos potes ici à la maison. Si vous êtes libres, essayez de venir, on va sûrement se marrer. A bientôt. Eric et Pattie Clapton. PS : Vous n'êtes pas obligés d'amener des cadeaux si vous n'en avez pas envie »
De la famille. Des amis d'enfance. Mais surtout une profusion inédite de rock-stars se massent à Hurtwood Edge. Rien moins que Paul, George et Ringo avec bien sûr Olivia et Linda. Et ce qui est rageant, c'est que John Lennon a reçu son invitation trop tard et qu'il n'a pu prendre d'avion pour venir. Mais il téléphona longuement à Eric Clapton, lui certifiant qu'il lui rendrait sûrement visite et qu'il était toujours le bienvenu au Dakota Building. Dommage, car pour peu les Beatles auraient pu être réunis à nouveau tous les quatre depuis 1969.
On trouve aussi l'intégralité des Rolling Stones moins Ron Wood qui a eu un empêchement. Pete Townshend est bien sûr présent de même qu'Elton John, Steve Winwood, Jeff Beck, Rod Stewart, Jack Bruce et Lonnie Donegan. Et tous vont jouer ensemble pour un concert improvisé. Des duos, des quatuors défilent sur une scène pour le plus grand bonheur de tous.
Paul, George et Ringo ont-t-ils joué ensemble ? Il semble que la prestation du mariage fut une longue jam session improvisée, sans aucun but précis. Et sans souci de professionnalisme particulier.
Seul Jack Bruce voulut mettre sur pied un concert où chacun devrait jouer au maximum de ses capacités. Mais les autres ne sont là que pour s'amuser et rien d'autre. Et RIEN N'A ETE ENREGSITRE ce jour là. Jack Bruce finira la soirée seul dans son coin, humilié par les autres, tous bien imbibés d'alcool.
Peu après cette fête mémorable, la tournée de Clapton se poursuit aux USA. Et c'est une catastrophe perpétuelle. Eric Clapton boit de plus en plus. Ne se nourrit plus.
Et surtout il commence à délaisser son groupe au point de s'interroger. Il joue toujours le même style musical à une heure où même quelqu'un comme Paul McCartney tente une incursion punk avec BACK TO THE EGG. Voyant tous ses pairs jouer des morceaux musclés, influencés par le disco, la pop synthétique et le mouvement punk, Clapton décide en Août 1979 de congédier ses musiciens.
Dick Sims, Jamie Oldlaker et Carl Radle reçoivent un télégramme de remerciements sans que Slowhand ne se donne la peine de les rencontrer. Si les deux premiers se remettent de leurs émotions, en revanche Carl Radle, qui connaît Clapton depuis la divine période de Delaney and Bonnie s'enfonce davantage dans la drogue. Le 30 mai 1980, il meurt d'une overdose d'héroine dans l'Oklahoma à Tulsa. Ron Wood va traiter Eric Clapton de salopard et sera en froid avec lui, le rendant responsable de sa mort. Clapton, bien des années plus tard, reconnaîtra ses torts et regrettera d'avoir eu cette attitude.
En Août 1979, changement de personnel pour Clapton pour une tournée européenne où Chris Stainton (aux claviers), Henry Spinetti (batterie) et Dave Markee(basse) sont de la partie. Le premier est un claviériste d'exception qui a beaucoup joué avec Carl Radle, Jim Gordon et Leon Russell. Le groupe attérit un soir en Pologne où la Police réprimande les jeunes qui s'approchent de trop près. C'est une bérézina totale. Les spectacles sont annulés et quelques jours plus tard, le groupe s'enfuit littéralement de ce pays où leur manager a même contracté un mandat d'arrêt.
Il s'en suit une excellent tournée en Asie qui sera enregistrée en décembre au Japon pour le futur disque JUST ONE NIGHT. Un live d'une qualité extraordinaire. Avec des enregistrements de premier choix et Clapton est particulièrement en forme à la guitare comme à la voix. C'est sans aucun doute une réussite. Tous les titres (« After Midnight », « Double Trouble » en tête) sont d'éclatantes réussites. Albert Lee participe aussi à ce concert qui est probablement l'un des meilleurs qui soient de Clapton. Il y'a aussi une superbe version de « Cocaine » mais aussi une reprise d'un nouveau groupe, Dire Straits, « Setting Me Up »
Clapton s'enfonce malgré tout dans l'alcoolisme le plus extrême. Il ne soufre pas encore physiquement mais çà ne va pas tarder. A la fin de cette année, il demande à son ami Gary Brooker, qui a un emploi du temps plus relax depuis la dissolution de Procol Harum.
1980
Gary Brooker décide de commencer l'année en invitant tout le groupe de Clapton pour des sessions chez lui. De quoi remonter le moral des troupes et de ne pas perdre le rythme acquis pendant la précédente tournée.
En mars 1980, des sessions sont organisées pour un nouvel album studio, TURN UP DOWN. Glyn Jones et Gary Brooker supervisent tout si bien que Clapton finit, à grandes rasades de Whisky, de traîner les pieds pour venir jouer. Mais toutes les chansons sont enregistrées très vite et c'est un travail d'équipe réel. Gary Brooker est un peu le Steve Winwood de Blind Faith et Eric Clapton s'en accomode plutôt bien. Sauf que c'est plus un travail de groupe qu'un nouveau disque de Clapton et qu'en plus, les demos paraissent horriblement mollassonnes aux pontes de la RSO.
Clapton délègue. Il fait partie d'un groupe. Sauf que les titres sont refusés et Clapton le prend très mal. Il vire Glyn Jones et suggère de partir à Nassau pour enregistrer d'autres titres avec Tom Dowd. Pour la première fois, Eric Clapton essuie un échec cuisant, à titre interne et il en ressort encore plus perturbé.
Une tournée s'en suit en Angleterre avec tout le personnel et se termine au Civic Hall de Guilford avec Jeff Beck, qui donne avec Clapton un extraordinaire concert.
Puis vient l'été et Tom Dowd a réservé les studios de Nassau pour le groupe de Clapton. Tout est à refaire pour Clapton et des titres enregistrés seule une poignée d'entre eux est gardée. Clapton conservera aussi par la suite « Freedom » qui apparaîtra dans le film WATER, produit par George Harrison.
Et finalement, les sessions se passent plutôt pas mal. L'album comprend beaucoup plus de parties de guitares qu'à l'accoutumée et se révèle être assez solide. Il s'appelle ANOTHER TICKET et sortira en 1981. Pour le moment, c'est JUST One NIGHT qui est à l'honneur et les critiques sont excellentes en général. Fin Août 1980, l'album est mis en boîte en un temps record.
Eric Clapton recommence à ne rien faire. A boire sans soif. Sans limites. Il mène une vie très dure à Pattie (qu'il surnomme Nello). Sauf que cette fois ci, tout le monde est inquiet de voir l'état de délabrement d'Eric Clapton. Il ne tient plus debout la plupart du temps et pique des crises de nerf pas possible. Clapton tourne un peu en Scandinavie puis il retombe dans l'oisiveté ethylique la plus primaire. Pour le détourner de ses verres, Gary Brooker l'initie à la pêche. Sport nouveau pour Clapton qui se prend de passion subite. Mais entre pub et pêche, Pattie est délaissée constamment.
C'est à ce moment là qu'il revoit Phil Collins, qu'il n'a pas revu depuis 1970 à l'époque de All Things Must Pass (Phil Collins jouait des percussions sur « Art Of Dying »). Eric Clapton joue sur FACE VALUE et naît alors une amitié longue et fructueuse (polluante diront les amateurs de bon rock). Eric Clapton sombre pourtant dans un état suicidaire et finit même par arroser ses verres de médicaments. Il est un jour hospitalisé pour avoir avalé un tube de Valium. Et un événement tragique ne va rien arranger.
L’annonce de la mort de John Lennon
D'après son manager, Roger Forrester, Eric Clapton est rentré dans une colère noire en apprenant l'assassinat de John Lennon. Sa première réaction fut celle de la colère et son manager ne l'avait jamais vu rentrer dans un tel état de rage. Il a vraiment accusé le coup.
Pour Clapton, perdre Lennon fut comme perdre Hendrix. C'est un choc immense pour le monde entier et bien entendu pour Slowhand qui a tant collanoré avec Lennon et qui a joué avec lui à de maintes reprises. C'est aussi la fin du mythe de la reformation des Beatles. Et le glas des années 60 a sonné.
Eric Clapton n'a jamais été aussi proche de sa situation de 1972. Mais cette fois-ci il a dix ans de plus et plus la même santé.
1982
Eric Clapton rentre dans une unité à Minneapolis où il va devoir partager un dortoir, faire son lit le matin, réciter des prières et se faire sevrer au plus vite. Il supporte plutôt bien ce nouveau traitement et va tenir le coup. Puis la thérapie inclut aussi une réflexion sur le comportement alcoolique. Il envoie une lettre à Pattie et celle-ci explique aussi que pas un jour depuis leur mariage Eric Clapton n'avait été sobre. Il avait toujours été ivre et Pattie découvre une toute autre personne à ce moment là. Sobre, chic, propre...Presque avenant. Eric Clapton prend surtout conscience des déboires qu'il a pu comettre, de ses excès et de sa violence à l'encontre de Pattie. C'est un choc énorme et irréversible.
Clapton ne boit plus une goutte d'alcool et se met même en colère contre Pattie, qui elle boit toujours un peu pour noyer son chagrin. Clapton est sobre et triste.
Dans la foulée, il rompt son contrat chez Polydor et d'avec la RSO pour fonder Duck Records ainsi que Pattisongs ( !). Le 6 janvier 1982, le nouveau label est effectif.
Clapton décide de se réactiver et part en juin 1982 aux USA. Le look n'est plus le même. Clapton est clinquant, costumes Armani et très peu sûr de lui. Les sets sont médiocres mais pas non plus cahotiques. Clapton joue même une dernière fois avec Muddy Waters, qui meurt en 1983.
Clapton décide de se remettre à écrire, mais les disputes avec Pattie au sujet de l'alcool de cette dernière font que Clapton part seul au pays de Galles pour écrire un nouvel album.
Mais arrivés au studios avec Tom Dowd, Clapton est nerveux. Il ne tire rien de substantiel avec ses musiciens qui sont toujours Stainton, Spinetti, Brooker, Markee et Albert Lee Il décide de les virer. Sa sobriété ne laisse plus rien passer du tout en ce mois de septembre. Il embauche Donald Dunn et Roger Hawkins. Il convoque Ry Cooder ainsi que bien sûr Albert Lee. Chris Stainton est même réembauché pour l'occasion.
Tous les textes de MONEY AND CIGARETTES tournent autour de Pattie dans l'ensemble. Notamment « The shape you're in", "Ain't going down" ou bien "pretty Girl".
Dans l'ensemble, le disque apparaît comme moins spontané que les prédécesseurs. Il a été enregistré sur plusieurs mois et tout est lisse, légèrement poli. Un bon album sans non plus la verve d'antan et qui est un peu une transition, un premier jet dans une nouvelle vie.
Mais pendant ce temps Pattie boit, énormément et ils se disputent. Clapton s'approprie la compagnie d'autres femmes et délaisse Pattie. Il se brouille avec Pete Townshend, Gary Brooker et quelques autres connaissances.
Un soir de septembre, tout ce petit monde aide Ringo Starr pour une chanson, « everybody's in a hurry but me ». Clapton joue donc à nouveau de la guitare pour celui qu'il considère comme un très bon ami. Ce sera pour le disque OLD WAVE, qui ne sera distribué en 1983 qu'au Canada faute d'être convainquant.
Clapton est à la guitare, Chris Stainton aux claviers, John Entwistle des Who à la basse et Joe Walsh à la guitare aussi.
Clapton délaisse ses anciens amis (même George Harrison) et passe quelques temps avec Ringo Starr qui a pour habitude de détendre l'atmosphère. Ainsi finit l'année 1982.
George Harrison, GONE TROPPO, “Mystical One”
George Harrison adresse sur le titre « Mystical One » un clin d'œil à Eric Clapton en l'évoquant par son surnom « Slowhand ». Eric Clapton, qui se remet de ses émotions après une opération intestinale, ne participe pas à l'enregistrement de Gone Troppo, sûrement le disque le plus faible de la carrière de George Harrison.
1983
MONEY AND CIGARETTES paraît en février 1983. C'est un semi-succès critique qui est malgré tout salué comme l'album d'un retour. Clapton décide de la promouvoir dans une tournée mondiale qui commence ce mois-là aux Etats-Unis. Il garde le personnel de son groupe et vire son batteur pour jouer avec Jamie Oldlaker.
Il tient Pattie à distance de sa nouvelle vie et cette dernière n'assiste qu'à peu de concerts de son mari. Mais Eric Clapton prend du plaisir à jouer sur scène et invite parfois même Jimmy Page et Phil Collins sur la même scène.
Il va également participer à un excellent disque de Roger Waters, THE PROS AND CONS OF HITCH HIKING. Un disque fabuleux aux solos bien supérieurs à ceux de MONEY AND CIGARETTES. Il joue avec David Sanborn, Andy Newmark (qui joue sur Double Fantasy), Ray Cooper (le percussionniste de George Harrison) et Michael Kamen.
Le 20 septembre 1983, un concert de charité est organisé par Glyn Jones, le producteur de Let It Be, qui réunit Clapton, Steve Winwood, Bill Wyman, Charlie Watts, Paul Rodgers, Jimmy Page et Jeff Beck. Ce sera un immense succès. George Harrison avait été invité mais il n'a pas donné suite. Le concert se déroule au Royal Albert Hall et se répète même le lendemain en présence de Ringo Starr et des membres des Yardbirds.
Paul et Ringo iront avec Clapton deux jours plus tard, le 22 septembre, au concert du retour des Everly Brothers au Royal Albert Hall.
Tout le groupe fabuleux joue aussi avec Ronnie Lane et décide de se grouper ensemble pour une tournée américaine fabuleuse. Joe Cocker les rejoint en cours de route et c'est un succès énorme et de très haute qualité.
Ringo Starr, OLD WAVE
L'album qui paraît en 1983 comprend donc une chanson enregistrée avec Clapton du nom de « Everybody's in a hurry but me ». La chanson est cosignée par tous les musiciens qui participent au titre.
1985
En ce début d'année 1985, Eric Clapton devient le père d'une petite Ruth mais son histoire avec Yvonne Kelly est achevée. Pattie se réconcilie avec lui et ils subviennent aux besoins alimentaires de la petite fille. Pattie va même reprendre de la place dans la vie d'Eric Clapton pour un temps. Elle tourne avec son mari dans le clip de « Forever Man ». C'est le premier clip d'une titre de Clapton et le système de clip n'emballe pas forcément le guitariste.
Pattie prend les photos de Clapton pour la pochette intérieure de BEHIND THE SUN et elle part même en tournée avec son mari. Une grande première. Le couple est à nouveau heureux de vivre en harmonie, plus sereine. Pattie a aussi diminué sa consommation d'alcool. L'album sort en février 1985 et c'est un succès immense.
Eric Clapton est en grande forme, continue une tournée aux Etats-Unis, fait publier sa biographie officielle, SURVIVOR. Il a 40ans et c'est pour lui le plus bel âge. Il redore son blason et reprend une popularité sans précédent depuis les années 70. A tel point qu'à ce moment là, il n'y a bien que Paul McCartney et les Rolling Stones qui soient les figures de proue rescapées des années 60.
Il va même embaucher Macy Levy qui chante seule avec Clapton et ses musiciens sur scène, une version lente de « She Loves You » des Beatles. Tout est pro, huilé, consistant. Un peu trop parfait même. Mais en réalité, Clapton a repris des drogues et de l'alcool, pas grand chose, mais il replonge petit à petit.
Clapton rejoue aussi « White Room » de Cream et il se fait plaisir à réinterpréter un peu de tout, reprises blues et grands classiques. Et un soir à Toronto, le 15 mai 1985, il joue un concert tandis qu'à quelques kilomètres de la salle meurt Edward Fryer, son père, qu'il n'a jamais connu. Et un père qui n'a jamais su que Eric Clapton était son fils. Clapton apprendra par la suite qu'il a 4 demi frères et sœurs, qu'il n'a jamais vus et qui tous ont eu des difficultés pour pouvoir s'en sortir dans l'existence.
Peu après, il collabore avec Michael Kamen pour EDGE OF DARKNESS.
Projet solo avorté de Ringo Starr
Au milieu de l'année 1985, Ringo Starr décide de réaliser un nouveau disque solo faisant suite à OLD WAVE. Il choisit Chips Moman pour ces sessions. Et il réussit à réunir un casting absolument incroyable à savoir Eric Clapton, Ronnie Wood, Keith Richards et Elton John. Et c'est un désastre. Il y'a trop de bons musiciens et l'addition de ces génies aboutit à une étrange soustraction artistique. Ringo sombre aussi dans l'alcoolisme le plus aigu pour ne rien arranger et les sessions tournent au désastre. En 1987, Ringo tentera de les réarranger mais sans succès, il refuse de sortir ce disque inédit. Son producteur Chips Moman ne l'entend pas de cette oreille et va faire son maximum pour que le disque voie le jour. C'est sans compter sur les avocats de Ringo Starr qui empêcheront le disque de sortir en janvier 1990 après un procès long de quelques mois.
Le Live Aid, 13 juillet 1985
Ce jour là a lieu en simultané dans le monde un concert faramineux, débordant de stars du rock parmis lesquelles Paul McCartney en Angleterre et Eric Clapton aux Etats-Unis. Paul jouera à Wembley une version de « Let It Be » pendant laquelle il y'aura des coupures de courant. C'est le final du concert et il chante entouré de Freddie Mercury, David Bowie, Bono, Pete Townshend ou encore George Michael.
Le même jour aux Etats-Unis, Eric Clapton et Pattie rencontrent Madonna, Neil Young, Mick Jagger, les Simple Minds, Crosby,Stills and Nash, Tina Turner ou encore Jimmy Page et Robert Plant, Black Sabbath, Joan Baez...Il joue « White Room », « She's Waiting » et « Layla » repris en chœur par 100 000 personnes.
Tout comme en Angleterre, les musiciens prennent des décharges électriques et la scène est proprement stressante pour tous. Mais c'est un événement inoubliable qui a fait en 2004, l'objet d'une sortie en 4 DVD.
« Do They Know It’s Christmas ? »
Eric Clapton et Paul McCartney participeront au single « Do They Know it's christmas"/ "feed the world". L'impact du LIVE AID est tel sur Clapton que ses anciens disques LAYLA et DISRAELI GEARS de Cream se vendent à nouveau. BEHIND THE SUN aussi. Et c'est un cortège de stars qui se presse pour jouer avec Eric Clapton sur sa tournée américaine. Il devient une superstar auprès d'une nouvelle génération de fans et de musiciens aussi, comme Steve Ray Vaughan. Buddy Guy et même Lionel Richie vont croiser la route de Clapton cet été là.
Marcy Levy quittera malgré tout le navire puisqu'elle ne supporte plus ce regain de popularité où toutes les interviews sont axées autour des anciens problèmes de drogue d'Eric Clapton. C'en est trop pour elle.
Pendant l'été 1985, Pattie et Eric replongent à nouveau dans une consommation frénétique d'alcool sans pour autant atteindre les quantités des années 70. Mais c'est brutal et le couple se chamaille à nouveau pendant une bonne partie de l'été.
La tournée reprend à l'automne 1985.
WATER, bande originale
WATER est l'un des nombreux films produits par Handmade films, la société de distribution cinématographique créée par George Harrison. Courant 1984, George Harrison accepte un petit rôle dans le film : Il apparaît dans le film avec Ringo Starr et Eric Clapton en jouant un concert en faveur de l'indépendance de l'île de Cascara. Les dirigeants de l'île rencontrent les Nations Unies et un concert est organisé en leur honneur. George Harrison avait mis en boîte 5 titres dans ses studios de Friar Park en 1984. Eric Clapton avait donc joué avec George Harrison, Ringo Starr, Chris Stainton (qui est un musicien de Leon Russell) et également Billy Connoly, Chris Tummings et The Singing Rebels Band. Cinq titres ont été mis en boîte à savoir, « Freedom », « State Of Independance », « Water », « Focus of Attention » et « Celebration ». La première du film eut lieu à Londres le 18 janvier 1985 en présence de George Harrison.
« Freedom » (qui n'a rien à voir avec le titre de Paul McCartney contre les attentats du 11 septembre 2001) fait partie d'une compilation, BEST OF BRITISH MUSIC qui est paru en 1985.
La première du film a lieu le 18 janvier 1985. Un clip pour « Freedom » sera tourné où l'on voit George et Ringo avec Eric Clapton. George Harrison a aussi co-écrit deux autres chansons du disque à savoir « Celebration » et « Focus of Attention ». C'est Jimmy Helms qui joue les parties de guitare dans le film tandis que George enregistre la bande sonore. Un single paraît le 25 janvier avec « Freedom » et « Celebration ».
Carl Perkins show, le 18 octobre 1985
Pour fêter les trente ans de chanson de Carl Perkins, on décide de faire appel à un génial show retransmis à la télévision anglaise. Eric Clapton, devenu omniprésent depuis de longues années, joue avec George Harrison, Ringo Starr, Dave Edmunds, Roseanne Cash et les membres des Stray Cats. Paul McCartney avait été invité à l'émission mais il était en froid avec les deux autres membres du groupe en ce 18 octobre 1985. Il faut dire que le récent rachat du catalogue Nothern Songs par Michael Jackson avait Jeté un froid entre les ex-beatles. George Harrison chante « Glad All Over" qu'il connait par coeur. Ce jour là, aux studios Limehouse sur Canary Wharf à Londres, George et Ringo jouent devant 250 invités triés sur le volet pour une émission du nom de BLUE SUEDE SHOES, destinée à rendre hommage à Carl Perkins, star adulée par toute la classe rock des années 60. Il y'a donc Clapton, Roseanne Cash et Dave Edmunds avec les membres des Stray Cats. Ils joueront ce jour là « Glad All Over » (George chante le titre) ; « Your True Love » (George et Carl Perkins le chantent en duo) ; « Blue Suede Shoes » ; « Gone Gone Gone » ; « Whole Lotta Shakin' Goin' On » ; « That's All Right Mama » ; « Blue Moon Of Kentucky" ; "Night Train to Memphis" ; "Honey Don't" (chanté par Ringo) ; "Matchbox" et « Mean Woman Blues » (chantés par Clapton et doublés d'un superbe solo, qui impressionne tout le monde). Il y'aura aussi deux titres inédits à savoir « Sure To Fall » et « Right String But Wrong Yo Yo ».
Le programme A ROCKABILLY SESSION WITH CARL PERKINS AND FRIENDS sera diffusé le 1er janvier 1986 sur Channel 4. George et Ringo donneront de nombreuses interviews pour ce show.
La tournée européenne se poursuit en octobre 1985 jusqu'en décembre. Eric Clapton tombe amoureux de Lory Del Santo et s'affiche même avec elle dans la presse people. C'en est trop pour Pattie qui quitte le navire de Hurtwood Edge en décembre 1985. Lory Del Santo tombe enceinte et cette fois-ci, Eric Clapton accepte d'endosser une paternité digne de ce nom. Même si parfois il prend peur et ose proposer un avortement à Lory Del Santo.
Clapton est pris en photo à Milan lors d'un concert avec Sting et la presse people ne tarde pas à remarquer l'absence de Pattie.
Clapton finit l'année en jouant à un concert de Dire Straits. Il va aussi donner quelques concerts avec les Stones à la suite du décès de Ian Stewart. Il se rapproche de ses anciens amis, revitalisé par sa future paternité (qu'il rejette aussi de temps en temps). Et il reparle à Pete Townshend et Gary Brooker à nouveau.
1986
Eric Clapton est à nouveau tourmenté. Il accepte assez mal sa future paternité. Alors il se réfugie dans une déprime qui le hante quelques mois. Jusqu'à ce que débutent en mars 1986 les sessions d'un nouvel album entièrement dirigé par Phil Collins AUGUST. Un recueil de titres complètement insipides (écoutez « Hold on ») où les synthés sont encore plus présents que sur BEHIND THE SUN, où les bribes de guitares se battent en duel. A la même période Phil Collins fait aussi partie du casting pour Press To Play de McCartney qui n'a rien à envier au nouvel album de Clapton. Le son est trop lisse, voulant coller à la mode des années 80, c'est sans doute le disque le plus inconsistant de toute la carrière d'Eric Clapton et c'est dommage de le voir se commettre ainsi dans des chansons trop légères.
L'album est achevé rapidement en mai 1986. Pendant ce temps, Clapton se rapproche de Lory Del Santo et finit par accepter sa future paternité avec plus de légèreté et d'envie.
Prince’s Trust Concert, le 20 juin 1986
Le 20 juin 1986, un immense concert de charité est organisé par le Prince Charles. Pour l'occasion il convoque un pare terre de stars, dont Paul McCartney et Eric Clapton qui se retrouvent officiellement pour la première fois ensemble sur une même scène. Paul McCartney joue « I Saw Her Standing There", "Long Tall Sally" et "Get Back" (en duo avec Tina Turner). Eric Clapton joue de la guitare sur « Get Back » de même que Paul est accompagné par David Bowie, Dire Straits, Phil Collins, Elton John, George Michael, Rod Stewart, Paul Young....
Eric Clapton jouera « Tearing Us Apart » avec Tina Turner, "Money for nothing" avec Dire Straits et "In The Air Tonight" avec Phil Collins.
Un album paraîtra le 24 avril 1987 mais l'album ne contient que « Get Back ». En revanche, il existait un très rare 45 tours bonus qui comprend les trois reprises de Paul. Le groupe qui joue avec lui est particulièrement en forme ce jour là. Et la version de « Get Back » est exceptionnelle. L'édition CD du concert paraît le même jour et comprend « Get Back » et « Long Tall Sally ».
La pochette de l'album montre Tina Turner entourée par Paul McCartney, Clapton et une foule de stars
On murmure qu'Eric Clapton, pendant le concert, tenta de calmer la colère de Paul McCartney à l'encontre de George et Ringo mais sans succès. Le rachat du catalogue des Beatles par Michael Jackson trouble profondément Paul. Et Clapton n'y peux rien.
Eric Clapton part en tournée avec Phil Collins pendant tous l'été. Il est accompagné aussi par East et Phillinganes. Et comme les trois musiciens plus jeunes que Clapton sont des fans de Cream, ils obligent Clapton a rejouer le répertoire du groupe. Et l'impensable se produit. Un groupe qui a produit un album aussi pauvre que AUGUST redonne un sérieux coup de fouet à la guitare de Clapton. Toutes les versions de « Sunshine Of Your Love » à « layla » sont percutantes et Clapton est obligé de donner le meilleur de lui-même. De ces concerts sortira ERIC Clapton WITH FRIENDS, qui demeure un bon live.
Les concerts sont intenses. Clapton est même dynamique sur scène et c'est une véritable résurrection qui s'opère pour lui (en dépit de l'alcool).
Eric Clapton s'occupe de sa nouvelle compagne qu'il installe à Londres pour l'occasion.
Il se met aussi au cricket et fait des frayeurs à Warner qui a assuré les doigts de Clapton. Il se casse un doigt mais sans importance, à l'issue d'un match. En juillet 1986, il a comme supporters entre autres George Harrison, Elton John ou Ron Wood. Ringo Starr va même participer à des matchs dans l'équipe de Clapton aux côté aussi de Barry Gibbs des Bee Gees ou encore Bill Wyman. Ils se nommeront les Bunburys, du nom d'un lapin célèbre et une association caritative en découlera. Un disque sera même enregistré par tout ce petit monde. George Harrison composera avec Ravi Shankar « Ride Rajburn », l'une de ses meilleures compositions de musique indiennes avec Dhani dans les chœurs. Un titre absolument magnifique, gorgé de sitars, de tablas. L'album sortira en 1992.
Le 21 Août 1986, naît Conor, le fils d'Eric Clapton. C'est une nouvelle qui le remplit de joie. Il demande à Pattie de cohabiter à Hurtwood Edge avec Lory et son fils. Mais Pattie s'éffondre en larmes et décide de faire ses valises de façon définitive.
La fin de l'année 1986 fourmille de projets entre deux calins avec son fils. Il compose la musique de LA COULEUR DE L'ARGENT de Martin Scorsese (il avait joué dans THE LAST WALTZ). Il termine EDGE OF DARKNESS. Il joue avec Lionel Richie, avec Bob Dylan en studio. Il rencontre Chuck Berry qu'il trouve prétentieux. Et il joue quelques concerts avec Phil Collins dans le cadre de la sortie de LA COULEUR DE L'ARGENT, qui est un carton au box office. Eric Clapton est radieux. Et il termine cette année en participant à la bande originale de L'ARME FATALE, son plus gros succès en bande sonore avec au casting Mel Gibson et Danny Glover.
1987
En 1987, malgré sa nouvelle paternité, Eric Clapton reprend la route et les tournées avec les mêmes musiciens mais sans Phil Collins. Il joue avec le batteur Steve Feronne. Il embauche aussi Mark Knopfler de Dire Straits pour quelques dates. De temps à autres, ils jouent avec Sting, Steve Winwood ou encore Phil Collins. L'alchimie est proprement exceptionnelle entre eux et les concerts sont d'un très bon niveau. Mark Knopfler s'attire l'admiration d'Eric Clapton, il le considère comme un nouveau rival mais un rival cool et décontracté.
Clapton sort un titre cosigné avec Michael Jackson, « Behind the sun ». Il enchaîne en renouant avec Jack Bruce pour un très bonWILLPOWER. Les deux compères se sont réconcilié. Clapton joue ensuite pour Sting sur NOTHING LIKE THE SUN avec Mark Knopfler.
Par contre à la même période, Clapton apprend à devenir père et ce n'est pas chose facile pour lui, qui n'a jamais eu de véritable père. Alors la relation avec Lory devient parfois houleuse. Et le petit Connor finit par moins voir Clapton. Par contre, il revoit quand même sa fille Ruth lors de l'enregistrement du disque de Sting.
Il s'en suit une longue tournée aux USA pendant laquelle Clapton reboit beaucoup d'alcool et où il devient de moins en moins sobre.
Prince’s Trust Concert 1987, 5 et 6 juin 1987
Eric Clapton joue avec George Harrison, Ringo Starr, Elton John, Jeff Lynne et Phil Collins aux Arènes de Wembley à Londres. C'est Eric Clapton, qui en pleines séances de l'album Cloud Nine, proposa à George Harrison de participer à ce concert de charité organisé par le Prince Charles. Un an plus tôt, Eric Clapton avait rejoint Paul McCartey, David Bowie et Tina Turner pour une reprise de « Get Back ». A la dernière minute, George Harrison accepta de participer au concert avec Ringo mais aucune de leur participation ne fut annoncée officiellement.
Une série de répétitions eurent donc lieu à l'académie de Brixton à la fin du mois de mai 1987 avec Ringo, Clapton, Elton John et Jeff Lynne. Midge Ure (qui organisait le concert) a rejoint ce super groupe avec Phil Collins. Et le résultat est excellent. ITV tourna une vidéo de ces répétitions ainsi que le concert du 5 juin 1987. Le succès fut tel qu'un deuxième concert était prévu le 6 juin. Paul McCartney avait une nouvelle fois été appelé à venir chanter avec eux mais il refusa tout net malgré des appels répétés d'Eric Clapton.
George Harrison était mort de trac en arrivant sur scène. Le groupe chante une version de « While My Guitar Gently Weeps », une de meilleures reprises de « Here Comes The Sun » (en duo avec Jeff Lynne). Puis le concert se terminait par une bonne reprise de « With a Little Help From My Friends » chantée par Ringo Starr. Au rappel sur scène, le groupe a repris « Stand By Me » avec Ben E. King en personne.
Une diffusion internationales eut lieu le 20 juin 1987 (Antenne 2 en France relaya l'événement avec Michel Drucker). Une vidéo fut mixée et sortit un an plus tard, le 14 juillet 1988 et s'intitule THE PRINCE TRUST ROCK GALA. Deux ans plus tard, un vidéodisc laser fut édité mais il ne comprend pas les deux reprises de George Harrison.
25ème anniversaire du label Island, 4 juillet 1987
label Island. Ringo Starr est de la partie ce jour là. Il joue « I Shot The Sheriff" et il est accompagné par Bill Wyman, Robert Palmer, Joe Cocker, U2 et un certain Stanley Dural surnommé Buck, un musicien noir de Louisianne. Mais le musicien a fait des milliers de kilomètres et en arrivant, il apprend que c'est Ringo et Clapton qui doivent jouer à sa place. Pas démonté, il arrive quand même sur scène sous les yeux médusés de Ringo Starr pour enflammer son orgue Hammond. Et c'est alors que Buck et Clapton se livrent à un duel de notes incroyable, où Ringo tente de survivre tant bien que mal. Et Clapton ne le connaissait pas. Au bout de plus d'une heure, Clapton fait connaissance avec lui tandis qu Ringo a bel et bien des ampoules aux doigts, façon « Helter Skelter ».
George Harrison, CLOUD NINE, 2 novembre 1987
Eric Clapton est une nouvelle fois du voyage sur ce très beau disque qui marque le retour du succès commercial de George Harrison.
Les futures chansons destinées à Cloud Nine avaient en fait vu le jour dès 1986 mais sans aucune contribution d'Eric Clapton à la guitare. Tandis qu'en 1986 George Harrison supervisait le tournage de SHANGHAI SURPRISE et qu'il calmait les esprits échaudés de Madonna et Sean Penn. Et en mars 1986, George Harrison composa « Zig Zag » et « Hottest Gong in town » pour les besoins du film, avec des tonalités années 30. Toujours à la même période George tint une conférence de presse où il affirma que le film était terminé. Il commençà le mois suivant une série d'enregistrement à Los Angeles avec Jim Keltner à la batterie, Prescott Niles à la basse, Laurence Juber (un ancien membre des Wings) à la guitare électrique, Kevin Savigar (un ancien compère de Rod Stewart) aux claviers. Le groupe enregistre les premières pistes de « Shanghai Surprise », « Breath Away From Heaven » et « Someplace Else ».
Durant l'été 1986, d'autres parties musicales ont été reprises avec Bruce Gray ( à la batterie) et Emil Richard aux percussions. A la fin du mois d'août 1986 George déposa ses titres, mais devant l'échec du film SHANGHAI SURPRISE, l'album de la musique du film ne sortit jamais.
George Harrison aimait pourtant les titres qu'il avait enregistré et souhaitait un jour les faire paraître. En plus, pendant quelques années, George Harrison ressentait une réelle rancœur à l'encontre des maisons de disque qui licenciaient à tout va les artistes pas assez vendeurs. Les contraintes marketing de certains labels l'avait même poussé à écrire « Blood From A Clone » sur l'album Somewhere In England.
Aussi, pour un prochain album, il ne souhaitait plus les mêmes producteurs et c'est au début de l'année 1986 qu'il fit la connaissance de Jeff Lynne, le fondateur du groupe Electric Light Orchestra, fan des Beatles jusqu'à la moelle. Pendant un certain temps, George Harrison et lui s'invitaient mutuellement et se voyaient souvent. Jeff Lynne avait notamment donné quelques conseils de production à George pour les quelques titres de la bande originale de SHANGHAI SURPRISE.
Enthousiaste, George Harrison proposa alors à Jeff Lynne de composer de nouveaux titres et les séances d'enregistrement commencèrent le 5 janvier 1987 à Friar Park avec une nouvelle console 24 pistes. Eric Clapton répondit immédiatement présent à cette nouvelle proposition de collaboration. Les séances de CLOUD NINE ont aussi rassemblé Elton John, Ringo Starr, Gary Wright aux claviers, Jim Keltner à la batterie, Ray cooper, Jim Horn (ancien membre de Delaney and Bonnie) aux saxophones et Bobby Kok au violoncelle de « When We Was Fab ».
En avril 1987, l'ensemble des titres étaient enregistrés et « Someplace Else » avait été réenregistré. « Breath Away From Heaven" était par contre resté tel quel.
Le guitare d'Eric Clapton est particulièrement bien mise en avant sur de très nombreux titres comme « Cloud Nine ». Un superbe morceau de blues où George Harrison et Eric Clapton entrecroisent à merveille leurs jeux de guitare respectifs.
Dans la suivante, « That's What it Takes », Eric Clapton fait à nouveau des merveilles à la guitare et chante des chœurs très discrets avec Jeff Lynne, Elton John et Gary Wright (qui tient ici le piano). C'est une splendeur avec entre autres du dobro joué par George Harrison.
« Fish On The Sand", ici c'est la guitare slide qui domine mais Eric Clapton s'immisce aussi par endroits. Un single potentiel mémorable et qui ressemble légèrement à « This Is Love ». Une chanson qui plait beaucoup à George Harrison et qu'il sélectionnera quand même pour ses concerts au Japon de décembre 1991.
« Just For Today » comportait une belle partie de guitare jouée par Duane Eddy mais elle n'a pas été retenue au final. Rappelons quand même que c'est grace au morceau « Raunchy » de Duane Eddy, que George Harrison réussit à impressionner John Lennon en 1958 pour avoir le droit de faire partie des Quarrymen. Ringo Starr donne un son très Beatles à « Just For Today » et cette ballade à la « Imagine » est l'une des plus belles réussite (encore méconnue) signée George Harrison.
« This Is Love » est essentiellement l'œuvre de Jeff Lynne et George Harrison même si on peut y entendre Eric Clapton. Un clip de ce titre a été enregistré en mars 1988 à Hana, sur lîle de Maui à Hawaii où George Harrison possédait une maison. Ce fut aussi le troisième single de l'album.
« When We Was Fab" est la seule et unique fois où l'on peut entendre et voir George Harrison parler avec nostalgie des Beatles, chose suffisamment unique pour être relevée et appréciée ( l'autre occasion de l'entendre parler des Beatles reste le film ALL YOU NEED IS CASH des Rutles). Ici, les allusions aux Beatles sont multiples et évidentes. Avec ce violoncelles à la « Strawberry Fields Forever » ou encore un rythme général qui rappelle « I'm The Walrus ». Eric Clapton est de la partie à plusieurs endroits tandis que Jeff Lynne joue des riffs de piano dans le refrain. La faute grammaticale du titre avait été proposée par Derek Taylor et Ringo Starr joue ici dans un style particulièrement Beatles. Paul et Linda McCartney auraient reçu une invitation à ce titre mais ils étaient très en froid avec George Harrison. L'autre allusion à « I'm The Walrus » reste aussi ce « sample » d'une voix étrangère (comme l'extrait du Roi Lear dans le titre des Beatles). On peut donc entendre à la toute fin du morceau « 45 70 00, vous pouvez nous appeler jusqu'à trois heures du matin »...en français !!!
Il existe une version de la chanson nommée « reverse end » avec un passage final à l'envers...que certains trouvèrent amusant. Référence aux innombrables fans qui passèrent des disques des Beatles à l'envers pour y déceler des messages secrets.
Le 18 novembre 1987, George et Ringo se retrouvèrent pour le tournage du film de promotion avec Elton John et Jeff Lynne. Curieusement, on n'y voit pas Eric Clapton. On peut voir à un moment le personnage du morse que Paul représentait dans Magical Mystery Tour jouer de la basse de la main gauche. George regretta vivement que Paul ait refusé sa proposition de venir jouer dans le clip et la chanson. De même qu'en janvier 1988, Paul sera absent de la récompense octroyée aux Beatles au Rock Hall Of Fame. Les poursuite judiciaires à l'encontre de Paul McCartney et le rachat du catalogue Nothern Songs n'y étaient pas pour rien.
La chanson est parue en single en janvier 1988 avec Zig Zag en single. La version « Reverse End » est sortie en maxi 45 tours.
« Devil's Radio ». Ici Eric Clapton joue le solo de la chanson et réalise une attaque cinglante à la guitare. C'est aussi l'un des meilleurs titres du disque avec un emprunt évident à des groupes comme Eurythmics. George n'était pas assez doué techniquement pour jouer les notes du solo que Clapton joue à la perfection.
« Someplace Else » a été réenregistrée pour les besoins du disques car la précédente version n'aurait pas été cohérente dans le disque.
« Wreck of the Hesperus » est un excellent rock avec Eric Clapton, Elton John et Ringo Starr à la batterie. Le morceau est tiré d'un poème de Henry Wadsworth Longfellow que tous les écoliers américains apprenaient dans leur enfance. Notons aussi que la tour Eiffel fait partie des références du titre (comme dans « I'm The Walrus »).
« Breath Away From Heaven" a été enregistrée à nouveau avec Jeff Lynne et George Harrison joue de tous les instruments dans une ambiance orientalisante.
« Got My Mind Set On You" a été composé par Rudy Clark, un compositeur des années 60. Son tube le plus connu est « The Shoop Shoop Song » que Cher a repris en 1991. George Harrison avait décidé pour la première fois de faire des essais de « sampling » avec la batterie de Jim Keltner. Et dès qu'il entendit le résultat il repensa à la chanson qu'il connaissait depuis longtemps et qui pourrait faire un tabac. C'est à tel point que la chanson reste aujourd'hui encore celle qui est la plus diffusée à la radio et qui porte (à tort) le nom de George Harrison( peu de monde sait qu'il s'agit d'une reprise).
Eric Clapton joue les quelques notes que l'on entend au milieu de la chanson dans le refrain instrumental). Il joue aussi dans la version longue que George Harrison publia en novembre 1987.
« Got My Mind Set On You" est sorti en single en novembre 1987. La face B est « Lay His Head" où l'on entend de très belles parties de guitares signées Eric Clapton.
Deux clips ont été tournés pour le titre. Le premier par Willie Smax n'est pas connu et fut tourné en septembre 1987 avec Eric Clapton. Les musiciens jouent tandis qu'un adolescent regarde le clip dans une machine à sou tout en draguant une fille. Au final, le couple se met à danser devant les musiciens.
Un deuxième clip a été tourné en octobre 1987 à Los Angeles et il met en scène George Harrison dans une sorte de maison hantée avec des objets mouvants qui se mettent à chanter avec George Harrison. Très original, on peut même voir un cascadeur, coiffé et habillé comme George, faire des acrobaties et des chorégraphies. C'est Kathryn Ireland qui a réalisé ce deuxième clip où l'on ne voit que George Harrison et aucun des autres musiciens.
L'album paraît le 2 novembre 1987 et ne reçoit que des critiques élogieuses. Curieusement, le son n'a que peu vieilli (malgré les boîtes à rythme et les effets) et c'est de tous les disques de George Harrison celui qui possède la plus belle fraîcheur et sans doute le seul qui donne envie de danser. La réédition de 2004 permet encore plus d'apprécier la richesse des parties de guitare et le mixage est exceptionnel. Il donne au disque un son encore plus percutant que l'original.
Eric Clapton est encore de la partie et cumule décidément parmi les meilleures productions solo des ex-beatles. Cloud Nine est considéré après All Things Must Pass comme le meilleur album de George Harrison et il joue sur la quasi totalité des deux albums.
Clapton termine son année 1987 en tournée au Japon mais dans un état alcoolique plus que critique par moments. Il enregistre même une version de « After Midnight » de JJ Cale. Et c'est un succès surtout que le nouveau claviériste s'appelle Alan Clark et non Greg Phillinganes.
Il termine cette année en cure de désintoxication à Minnéapolis, là où il fut hébergé en 1982. Il se repose, se ressource et soutient les autres. Il décide de stopper définitivement l'alcool et ne boit plus que de l'eau.
1989
1989 commence à nouveau par une tournée anglaise où Clapton change de look. Il se coupe les cheveux, se fait une frange et a l'air rajeuni de quelques années. En mars de cette année, il commence les sessions de JOURNEYMAN, son premier véritable disque depuis AUGUST ; Mais cette fois-ci, exit Phil Collins pou le producteur Russ Titlelman, qui avait produit le disque GEORGE Harrison en 1978.
Au départ, c'est la panne sèche pour Clapton alors il décide de reprendre des titres de blues pour l'occasion. Clapton joue avec Robert Cray, avec Hugo Palladino et aussi Jim Keltner. Clapton se tourne à nouveau vers le blues grâce notamment au sang neuf apporté par Cray ou encore Steve Ray Vaughan. Le disque sera néanmoins légèrement commercial aussi par endroits, et c'est plus ou moins un disque de transition que l'auditeur tient entre ses mains en 1989. Une bonne moitié de reprises excellentes et une collection de titres mineurs.
Eric Clapton, JOURNEYMAN, “Run So Far”
George Harrison avait proposé le titre "That Kind Of Woman" qu'Eric Clapton refusa malgré tout. Pas rancunier pour un sou, George Harrison garda ce titre bien au chaud et l'offrit à Gary Moore, un guitariste surdoué, pour l'album STILL GOT THE BLUES paru en 1990.
Dans un deuxième temps, George proposa « Cheer Down » qu'Eric Clapton suggéra pour les besoins du film L'ARME FATALE 2.
George proposa enfin « Run So Far », qui avait été enregistrée et produite dans un premier temps par Russ Titleman, pour l'album GEORGE Harrison. Clapton réenregistre le titre avec George Harrison durant le printemps 1989 pour le disque JOURNEYMAN. C'est la seconde fois que George Harrison joue véritablement sur un disque d'Eric Clapton. Et malgré tout, les critiques jugent très froidement « Run So Far » avouant que ce n'est pas la chanson la plus mémorable de ce nouvel album d'Eric Clapton.
Mais avec ce disque c'est comme si Clapton reprenait goût à sa musique. Qu'il marquait à nouveau des points auprès du public le plus connaisseur.
LETHAL WEAPON 2, Cheer Down, 10 Août 1989
Il s'agit de la bande originale signée par Eric Clapton pour le deuxième volet des aventures de Mel Gibson et Danny Glover. Clapton accepte avec joie de composer la majeure partie des compositions du film. George Harrison enregistre en juillet 1989, le titre « Cheer Down » qui est cosigné avec Tom Petty, qui a aussi aidé George Harrison aux paroles de la chanson. En toute logique, ce titre aurait pu être une chanson des Travelling Wilburys car bourée d'humour. Humour que George Harrison avait apprécié dans le premier volet de l'Arme Fatale, malgré un déchaînement de violence.
Cette chanson avait été proposée dans un premier temps à Eric Clapton pour son disque JOURNEYMAN. Mais Clapton ne la retint pas pour le disque. En revanche, c'est bien lui qui incita Harrison à la garder au chaud pour la bande originale de l'arme Fatale 2. « Cheer Down » se termine par une belle partie de guitare et c'est tout naturellement à Eric Clapton que George Harrison pensait pour enregistrer le titre. « Cheer Down » est sorti en 45 tours en Août 1989 et fut le dernier véritable succès commercial de George Harrison
Le reste de la bande originale, Clapton la grave avec Michael Kamen et David Sandborn. Un travail qui fait plaisir à Clapton et qui a sympathisé avec Mel Gibson depuis. La bande originale du film comportera aussi « Cockamammie Business » de George Harrison, sorte de « Brainwashed » avant l'heure.
Clapton joue avec Elton John, avec Cyndi Lauper avec Zucheroo et Carl Perkins.
Clapton rajoute aussi « Bad Love » sur JOURNEYMAN et participe à l'album BUT SERIOUSLY de Phil Collins.
Clapton part pour quelques dates de concert notamment en Israel, en Afrique du Sud. Il participe à une foule d'apparitions sur les concerts de moult amis allant des Stones à Tina Turner. Il sort avec Carla Bruni (hey oui...). Il donne des concerts et se rapproche de son fils et de Lory.
A la fin de l'année sort JOURNEYMAN et c'est un succès public. Clapton envisage de rompre son contrat à la Warner mais le président l'en dissuade en lui offrant la perspective d'enregistrer un disque de blues. La décennie finit donc plutôt bien pour Eric Clapton.
The best of dark horse
Compilation allant de 1976 à 1989 soit de THIRTY THREE AND A THIRD à LETHAL WEAPON 2. Eric Clapton fait bien sûr partie des musiciens qui jouent sur les titres à savoir « Got My Mind Set On You », « Cloud Nine », « When We Was Fab », « Love Comes to Everyone ». La compilation comprend également « Cheer Down ».
1990
Le succès de JOURNEYMAN laisse Eric Clapton dans un état de grâce scénique. Il joue au début de 1990 en Angletere quelques uns de ses meilleurs concerts.
Il a fait disparaître les nappes de synthétiseur et il a décidé de rendre au blues ses lettres de noblesse. Ce sera une consécration incroyable. Tous les anciens titres sont redorés au blason blues et il y'aura même des incursions en musique classique. Buddy Guy apparaît de temps à autres et Robert Cray n'est pas pour rien dans cette ambiance survoltée qui laisse entrevoir un Clapton rennaissant. Les soirées avec l'orchestre se terminent en février 1990.
Clapton part en tournée en Europe puis aux Etats-Unis.
Le succès de JOURNEYMAN laisse Eric Clapton dans un état de grâce scénique. Il joue au début de 1990 en Angletere quelques uns de ses meilleurs concerts.
Il a fait disparaître les nappes de synthétiseur et il a décidé de rendre au blues ses lettres de noblesse. Ce sera une consécration incroyable. Tous les anciens titres sont redorés au blason blues et il y'aura même des incursions en musique classique. Buddy Guy apparaît de temps à autres et Robert Cray n'est pas pour rien dans cette ambiance survoltée qui laisse entrevoir un Clapton rennaissant. Les soirées avec l'orchestre se terminent en février 1990.
Clapton part en tournée en Europe puis aux Etats-Unis.
Le 1er Mai 1990, George Harrison et Eric Clapton jouent ensemble dans le cadre des concerts d'excellente qualité organisés par Clapton pour sa fondation contre l'alcoolisme. Au LA Forum de Los Angeles, George monte sur scène, sans avoir été annoncé et joue avec Eric Clapton « Crossroads ».George joue également une très bonne reprise de « Sunshine Of Your Love » avec Clapton et ses musiciens.
KNEBWORTH, 30 juin 1990
Eric Clapton joue au plus grand concert caritatif jamais encore enregistré à savoir le Nordoff-Robbins Music Therapy qui se déroule le 30 juin 1990 à Knebworth en Angleterre. Il s'agit d'une nouvelle thérapie destinée à soigner les enfants et ce en utilisant la musique. Pendant près de douze heures, on peut voir défiler ainsi Robert Plant et Jimmy Page, Phil Collins, les Pink Floyd, les Shadows avec Cliff Richard, Status Quo, Tears for Fears. Paul McCartney joue « Coming Up » et « Hey Jude ». Paul jouera bien d'autres chansons de son répertoire (quasiment toute l'intégralité de son set) et il gardera « Birthday » pour Tripping The Live Fantastic et « Good Day Sunshine » pour le single « Birthday » qui sortira en 1990. De son côté, Clapton et Mark Knopfler se livrent à une véritable furie en guitare absolument géniale, « I Think I Love You Too much ». Ils jouent aussi « Solid Rock » et « Money For Nothing ». Tout se termine par un « Sunshine of Your Love » d'exception.
Eric Clapton poursuit sa tournée aux Etats-Unis avec entre autres Stevie Ray Vaughan, Robert Cray, Jimmie Vaughan et Buddy Guy. Les soirées sont fabuleuses et Eric Clapton a un mal fou à rentrer sur scène après Steve Ray Vaughan. Depuis Hendrix, il n'a plus jamais ressenti ce genre de pression là. La tournée se termine le 26 Août 1990 à Alpine Valley dans le Wisconsin. Mais hélas, les musiciens décident de repartir à Chicago par hélicoptère et celui dans lequel se trouve Steve Ray Vaughan s'écrase en pleine nature. Clapton monte lui aussi dans un hélicoptère qui traverse des averses violentes et qui finalement arrive à bon port.
C'est un choc immense pour le guitariste que de perdre Steve Ray Vaughan.
Et pourtant la tournée se poursuit inlassablement cette année là aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Asie. Clapton enchaîne près de 125 concerts et cumule une somme rondelette de cachets sans parler de sa célébrité qui est désormais au plus haut.
Il sort avec Michelle Pfeiffer et délaisse à nouveau Lory et Conor.
NOBODY'S CHILD, ROMANIAN ANGEL APPEAL
Depuis la chute en décembre 1989 du couple Caeucescu, tous les projecteurs étaient tournés vers la Roumanie en cette fin de décennie. Le mur de Berlin venait de tomber. Olivia Harrison fut prise d'un assaut de solidarité et de générosité. Elle fonda le Romanian Angel Appeal en 1990. George Harrison devint un membre actif de l'association aux côtés également de Ringo Starr et Barbara Bach. Yoko Ono et Linda McCartney apportèrent aussi un immense soutien financier et pour lancer et faire connaître l'association, elles posèrent toutes les quatre ensemble.
George Harrison proposa à la Warner Bros l'enregistrement d'une compilation. Il choisit le morceau « Nobody's Child » que les Beatles avaient repris avec Tony Sheridan à la période de Hambourg. Le disque comprend « Homeward Bound » enregistré avec Paul Simon au Saturday Night Live de 1976. Et George est aussi à la guitare sur « That Kind Of Woman », une chanson initialement offerte à Eric Clapton.
De même que George Harrison joue sur « The Trembler » avec Duane Eddy.
On trouve aussi sur le même album Van Morrison, Stevie Wonder Dave Stewart and the spiritual cowboys, les Bee Gees, Elton John, Billy Idol, Eddie Brickell and the Bohemians, Ric Ocasek, Mike and the Mechanics et même les Guns and Roses !!!
"Nobody's Child" est sortie en 45 tours en juillet 1990.
En 1999, le bureau londonien et new-yorkais de l'association ont été fermés mais l'association existe encore en Roumanie à Bucarest. Elle dirige des programmes d'éducation et de santé destiné à soutenir les enfants roumains. Et notamment des actions de prévention contre la transmission du virus du SIDA.
Très régulièrement, Paul et Ringo feront des dons à cette association et George reversa une partie des ventes de Live In Japan pour le Romanian Angel Appeal.
Encore aujourd'hui, Olivia Harrison se rend fréquemment en Roumanie pour soutenir moralement l'association.
1991
Le 20 mars 1991, sans qu'on sache se qui s'est vraiment passé, Conor Clapton chûte par la fenêtre du 53ème étage de l'appartement et meurt sur le coup. Lory appelle Eric Clapton tandis que leur femme de ménage, qui jouait à cache cache avec Conor est congédiée.
Eric Clapton, qui se trouvait en studio avec Russ Titelman est mis au courant..et c'est un choc épouvantable, dont il ne laisse rien paraître. Eric Clapton est même un temps mis en cause par la presse people pour ne pas avoir installé de barres de protection aux fenêtres de l'immeuble. En vain. Clapton se terre dans un silence profond et plonge dans une phase de détresse immense.
Le 28 mars 1991, Conor est enterré en Angleterre à Ripley. George Harrison se rend à l'enterrement avec Olivia et Dhani. Eric Clapton reçoit une foule de lettre du monde entier. Paul, Ringo, George Martin et Yoko Ono lui écriront tous une lettre de réconfort. John Mayall, tous les membres des Yardbirds, Jack Bruce, Ginger Baker, la famille Kennedy, le Prince Charles, tous écrivent pour soutenir Slowhand. Cet accès de sympathie réchauffe Clapton. Il passera de très nombreux jours chez George Harrison ce printemps là et se brouille avec Lory.
Il continue néanmoins à produire son album live et à partir de l'été 1991, il compose une foule de chanson au sujet de Conor. Il retrouve le processus créatif de LAYLA qui fait suite à de fortes émotions. C'est souvent dans ces moments de détresse immense que Clapton se révèle.
Eric Clapton compose des chansons sur son père, Edward Fryer, « My Father's Eyes ».
Clapton sort avec Tatum O'Neal. Il refait des concerts avec Buddy Guy. Il sort de sa retraite. Compose la musique du film RUSH. C'est incontestablement sa meilleure bande originale. Il compose notamment « Tears In Heaven » pour Conor et c'est un titre exceptionnel. Eric Clapton semble dans ce titre regretter d'avoir survécu à la mort de Conor et de ne pas être au ciel avec lui. Les paroles sont extrêmement touchantes
Finalement en septembre 1991 sort 24 NIGHTS, un disque live d'une excellente qualité et c'est Peter Blake qui conçoit la pochette (c'est aussi lui qui avait dirigé celle de SGT PEPPER'S et qui en l'an 2000 collaborera avec Paul McCartney pour Liverpool Sound Collage). Le disque est exceptionnel et les versions de JOURNEYMAN sont toutes supérieures à l'original.
George Harrison, tournée japonaise de 1991
En cette fin de l'année 1991, Eric Clapton ne s'est toujours pas remis de la mort de son fils Connor. La scène lui ferait du bien mais les concerts qu'il veut faire doivent être avec ses meilleurs amis. Et Clapton ose penser à George Harrison. C'est donc sous la pression amicale mais ferme d'Eric Clapton que George Harrison est approché pour cette tournée. Or dans un premier temps, George refuse. Il se souvient en effet avec beaucoup de peine sa prestation de 1974 lors de la promotion de Dark Horse. Il n'aime pas les ambiances complètement dépravées des concerts qu'il avait pu côtoyer durant la Beatlemania. Mais Eric Clapton annonce un groupe de rêve qui connaît bien le répertoire de George Harrison, surtout Steve Ferrone et Ray Cooper, le percussionniste des Travelling Wilburys. Eric Clapton n'avait pas beaucoup de projets à ce moment là et il se dit que le Japon ne pouvait être qu'un endroit rêvé pour George car le public y est plus respectueux qu'ailleurs. En plus tous les membres du groupe sont des fans des Beatles. Et Clapton promet aussi un disque Live sans fioritures. En plus, George Harrison perdait de l'argent avec Hand Made Films et cette tournée lui serait réellement lucrative.
Alors à bouts d'arguments, George Harrison accepte la proposition d'Eric Clapton qui n'en revient pas. Dès le 15 octobre, 4 concerts sont prévus à Osaka les 2, 3, 10 et 12 décembre. Trois Concerts à Tokyo. Mais les billets se vendent si vite que des dates sont rajoutées à la dernière minute en novembre 1991. Du 4 au 24 novembre, George Harrison et Eric Clapton répètent aux Bray Studios dans le Berkshire, le fameux studio qui abrite les séries Unplugged de MTV. La télévision japonaise vint même filmer un documentaire des répétitions. Le 23 novembre 1991, Ringo Starr, Steve Winwood et Jim Capaldi sont invités pour un concert exclusif du groupe. Ringo se joint même à la batterie sur de très nombreux titres tandis que Steve Winwood pianote un peu.
Le 28 novembre, George et le groupe arrivèrent au Japon à Tokyo. Le lendemain, une conférence de presse était organisée à l'Hôtel Capitol de Tokyo. Le 30 novembre eut lieu la dernière répétition aux arènes de Yokohama sans qu'il n'y ait aucune caméra.
La tournée fut un énorme succès pour tous. La critique fut unanime. George Harrison jouait ici un niveau musical de qualité et chantait bien plus juste que lors des concerts avec les Beatles donnés au Japon en 1966. En plus les conditions de la tournée étaient réellement des plus agréables. Tout le monde dans leur entourage était aux petits soins avec George Harrison et surtout tout le monde savait le mettre à l'aise, malgré une timidité maladive.
Pendant la tournée, George chanta une version de « Taxman » remise au goût du jour avec entre autres des allusions à John Major, à George Bush Senior, à Boris Eltsine et il parle également de la TVA qui n'existait pas en 1966 à la sortie de Revolver. Il chante aussi un nouveau couplet de « Piggies » qui n'avait pas été retenu pour l'original des Beatles :
En février 1992, un mixage des six derniers concerts de la tournée fut opéré aux studios Mills à Cookham en Angleterre.
Le disque Live In Japan fut commercialisé le 14 juillet 1992 et ce fut, hormis la réédition de All Things Must Pass, le dernier disque de George Harrison sorti de son vivant. Le disque devait sortir en mai 1992, mais comme le début de « Taxman » comporte le décompte original de la chanson, EMI ne donna son accord qu'en juin 1992. La pochette présente le visage dessiné de George en surimpression réfléchie mais sur un fond noir très sombre. EMI dut même apposer plusieurs stickers sur la pochette pour préciser que c'était bel et bien un disque de George Harrison. Le disque se classa à la 200ème place et ne s'est absolument pas vendu. Pourtant, le niveau de l'interprétation est de bonne facture bien qu'un peu terne de temps à autres. C'est pourtant le témoignage d'une belle tournée, plutôt émouvante, la deuxième et dernière de George Harrison en solo.
Pendant ce temps, Eric Clapton compte sortir un disque composé uniquement de chansons dédiées à son fils et finalement le projet ne prendra pas forme dans l'immédiat. Clapton a en effet de nombreux titres en stock et pendant la tournée avec George Harrison, il peaufine plusieurs titres pour un nouveau projet, la série d'émissions Unplugged de MTV.
1992
Le 16 janvier 1992, Eric Clapton donne sur MTV aux studios Bray de Windsor, l'une de ses meilleures prestations, qui soit. Barbe courte, lunettes pour la première fois, polo serré, il joue « Signe » puis « Before you accuse Me ». Il y'a de superbes versions de chansons jamais encore chantées et toutes dédiées à Conor comme « The Circus Left Town », « Lonely Stranger »..Le tout mélangé à des reprises de Robert Johnson, d'obscures reprises, de jams complètement improvisées et seule « Layla » fait figure de classique mais retravaillée dans une version jazzy. C'est un triomphe où Clapton est constamment à deux doigts de d'effondrer en larmes. Seul avec une guitare, le chanteur timide parle de ses douleurs les plus profondes et grave sans doute son disque le plus émouvant. Une performance exceptionnelle.
A ce moment là, Clapton donne quelques concerts de la même veine en Angleterre et parvient surtout à classer « Tears in Heaven » en tête des ventes de single.
Il continue l'année 1992 avec Elton John pour l'album THE One. Et il renoue avec les BO populaires en composant l'excellent générique de l'ARME FATALE 3 avec Mel Gibson, le titre « Probably Me ».
Concert du 6 avril 1992
Ce jour là, George Harrison joue avec le groupe d'Eric Clapton sur scène au Royal Albert Hall pour la première fois depuis la séparation des Beatles et ce au profit du Natural Law Party, un parti politique dont les doctrines sont dictées par le Maharishi et piochant dans la méditation et la spiritualité. George avait évoqué à Paul McCartney l'organisation de ce concert et ce dernier était plié de rire à l'idée d'une telle oorganisation.
Eric Clapton est de la partie et dans les premiers jours d'avril 1992, il répète les morceaux issus de la tournée japonaise. Le jour du 6 avril, Ringo Starr est aussi à Londres pour promouvoir l'album Time Takes Time mais il affirme dans une interview qu'il ne compte pas se rendre au concert et encore moins y jouer.
George va donc interpréter tout son répertoire à savoir « I want to tell you », « Old Brown Shoe », « Taxman », « Give Me Love », « Something », « What Is Life », « Piggies » (avec des paroles en plus, datant de 1968), « Got My Mind Set On You », « Cloud 9 », « Here Comes the Sun », « My Sweet Lord », « All Those Years Ago », « Cheer Down », « Isn't It A Pity », « Devil's Radio » et pour clôturer le concert, Ringo Starr apparaît pour "While My guitar Gently Weeps" et une superbe version de "Roll Over Beethoven".
George jouera avec Steve Ferrone, Ray Cooper, Dhani Harrison, Joe Walsh, Gary Moore, Zak Starkey, Tessa Niles, Greg Phillinganes, Kate Nilsson, Andy Fairweather-Low, Will Lee, Chuck Leavell et Mike Campbell.
Dans le public, on peut apercevoir Mary McCartney, Pattie Boyd, Maureen Starkey, Cynthia Lennon, Julian Lennon. Des rumeurs affirment que Paul et Linda se trouvaient dans le public avec Stella et James.
Le concert est excellent et augure de rumeurs de tournées et d'albums. Mais George Harrison, lui, n'aspirera qu'à la sérénité de Friar Park et c'est sans appel, son ultime concert.
Du mois d'avril au mois d'Août1992, Eric Clapton parcourt les Etats-Unis et l'Europe en compagnie d'Elton John pour une tournée placée sous le signe de l'émotion. Les apllaudissements finissent d'ailleurs par donner la nausée à Clapton qui finit par se laisser happer par ses hommages à Conor sans pouvoir rien dire. Le récent show Unplugged a surtout permis à une jeune génération (comme l'effet du LIVE AID) de (re)découvrir Clapton et ce avec des compositions populaires et de qualité. La tournée qui suit est un succès monstre, de par la mort de Conor affirment les mauvaises langues.
En septembre 1992, sort le disque Unplugged, qui sera la plus grosse vente de Clapton puisque 6 millions d'exemplaires se vendent en un an et près de 15 millions à aujourd'hui. Clapton qui pensait réaliser un disque acoustique revient de cette tournée sans vouloir continuer plus en avant les hommages à son fils. Il abandonne donc son projet de graver en studio les nouvelles chansons pour son fils.
LIVE IN JAPAN
Le 13 juillet1992 sort le Live In Japan de George Harrison. L'album se sera pas un franc succès notamment à cause de sa pochette sombre (voulue par George ???) et fait même office aujourd'hui d'épitaphe. Les versions des chansons apraissent molles et sans grand intérêt même si certains passages sont réussis comme « While My Guitar Gently Weeps ».
BUNBURY TAILS
En 1992, George Harrison décide de sortir ce qui est sûrement l'une de ses plus belles chansons méconnues : « Ride Rajburn ». Cinq minutes de musique indienne avec flutes célestes, sitar, tablas. Ravi Shankar et George Harrison chantent à tour de rôle et dans les chœurs, on peut y entendre Olivia et Dhani Harrison. Un titre réellement enchanteur qui est à découvrir de toute urgence. A la base de la chanson, il s'agit d'une pièce musicale écrite par Ravi Shankar en l'honneur de Dhani Harrison.
Sur le disque pour la bande son de BUNBURY TAILS, on retrouve aussi une chanson d'Eric Clapton et une d'Elton John.
Concert pour Bob Dylan, le 16 octobre 1992
Pour fêter les trente ans de carrière de Bob Dylan, un gigantesque concert se tient le 16 octobre 1992 au Madison Square Garden de New York. Du 12 au 14 octobre 1992, des répétitions ont lieu aux studios SIR. George et Eric Clapton ont l'occasion de renouer avec Neil Young, qu'ils apprécient et connaissent de très longue date.
C'est la dernière apparition de George Harrison sur scène à New York. Sony Music est l'inspirateur de ce très grand concert qui pour l'occasion réunit sur scène, Bob Dylan, George Harrison, Eric Clapton, Neil Young, Lou Reed, John Mellencamp, Johnny Cash, Stevie Wonder, Chrissie Hynde, Eddie Vedder, Mike McCready, Willie Nelson, Kris Kristofferson, Tracy Chapman, Johnny Winter, Tom Petty and the Heartbreakers, The Band, Ron Wood, Richie Havens, The Clancy Brothers, Robbie O'Connell, Tommy Makem, Mary-Chapin Carpenter, Roseanne Cash, Shawn Colvin, les O'Jays, Roger McGuinn...
Avec Eric Clapton, Neil Young, Bob Dylan, Roger McGuinn et Tom Petty, George Harrison chante « Absolutely Sweet Mary/ My Back Pages ». George Harrison se joint avec l'ensemble des musiciens pour une magnifique reprise de « Knockin' on Heaven's Door » (que les Guns and Roses avaient repris cette année là dans un single à succès).
Ce soir là, Clapton est en très grande forme à la guitare et c'est sûrement lui qui vole la vedette à Dylan. Car Slowhand est un inconditionnel du guitariste folk et c'est avec une fougue effrayante qu'il interprète « Love Minus Zero, No Limit ». Et c'est encore plus impressionnant dans la reprise blues de « Don't Think Twice, It's All Right ». Personne ne s'attendait à cet hommage ahurissant et très digne. Ainsi est Clapton, loin d'être rangé de tout.
Un disque fut tiré de ce concert et sortit en février 1993.
A la fin de cette année 1992, qui fut riche en événements plutôt positifs, Clapton rentre chez lui, et sort dans les night-clubs ou les restaurants où il ne commande que de l'eau minérale. Il collectionne à nouveau les femmes de Naomi Campbell à Lady Di. Il joue aussi de temps à autre comme sur MY WORLD de Ray Charles. A la fin de cette année là, il joue un concert improvisé dans son village avec la complicité de Chris Stainton et de Gary Brooker.
1996
Clapton n'a fait que jouer du Blues en 1994 et 1995 et comme tout a une fin, cette overdose lui donne la nausée et le cafard. Il décide subitement de changer de cap et de se réfugier dans la pop et la variété. Il veut aussi rejouer ses chansons et coller à son époque car ne jouer que du Blues n'est plus tendance pour lui à ce moment là.
Il se met à écouter la radio toute la journée et s'achète des disques de musique électronique et de R&B, de rap américain. Il se prend de passion pour le hip-hop et délaisse tout d'un coup le Blues.
Ce changement de ton se ressent dans ses concerts anglais du début de l'année où il picohe davantage dans ses compos des années 80 et fin des années 70 que dans le Blues.
Mais au lieu de se lancer dans une nouvelle tournée, il décide de donner de son temps pour aider des associations ayant pour but de surmonter l'alcoolisme. Eric Clapton organise des groupes de paroles, se rend dans des cliniques, peut passer plusieurs jours à discuter avec des patients.
Il rencontre aussi à cette époque un certain Simon Climie qui entraîne Eric Clapton dans des rave parties, des boîtes de nuit et des concerts de rap. Et avec l'aide de Climie, Clapton décide de rattraper le temps perdu. Il compose plusieurs titres expérimentaux qu'il met en boîte au printemps 1996. Clapton joue aussi pour la BO du film PHENOMENON avec John Travolta.
Puis en juin 1996, il participe au concert de charité WAR CHILD avec Pavarotti. A l'origine de ce concert de charité pour la Bosnie, il y'avait un disque auquel Paul McCartney avait collaboré avec Paul Weller et Noel Gallagher d'Oasis (le 4 septembre 1995, ils avaient enregistré une reprise de « come together »). Lors de ce concert, il rencontre Sheryl Crow avec qui il entame une liaison qui fait grand bruit dans la presse.
Clapton participe aussi à un concert de charité avec les Who et Bob Dylan où il livre une très grande prestation. Et c'est à ce moment là que Clapton obtient un nouveau hit avec « Change The World » de l'album PHENOMENON.
En septembre, les sessions d'enregistrement commencent pour le futur album de Clapton avec Steve Gadd à la batterie, Greg Phillinganes aux claviers et Nathan East à la basse. D'autres musiciens sont aussi de passage dans les studios. Eric Clapton s'affiche avec Sheryl Crow et chante parfois en duo avec elle « Tearing Us Apart » notamment lors d'un défilé pour Armani pour lequel Claton compose de la musique d'ambiance.
Tout comme Paul McCartney emprunte le pseudonyme The Fireman pour ses projets expérimentaux, Clapton devient Sample X dans le groupe TDF. Il s'agit d'un duo avec Climie et de onze titres qui constituent le fond sonore du défilé pour Giorgio Armani. Le projet plait beaucoup à un certain Ritch Fitzgeral de Warner qui décide de faire enregistrer un album de ce style à Clapton. Ce sera RETAIL THERAPY. En même temps il joue en concert avec Sheryl Crow aux USA et il semble qu'avec la chanteuse il soit arrivé à une sorte d'équilibre.
RETAIL THERAPY est en bonne voie puisqu'il reçoit à la fin de cette année quelques participations notamment de Sheryl Crow et même la voix de BB King est samplée pour l'occasion.
L'album sortira en mars 1997 sous une pochette étrange et le grand public est consterné par cette incrusion. Pendant ce temps Clapton continue à composer ses futures chansons. Il aime se cloîtrer en studio.
Kula Shaker, K, 1996
Ce groupe d'origine indienne se fit connaître en Angleterre en reprenant le titre « Govinda », auquel George Harrison avait participé au sein du Radha Krishna Temple. Cette reprise figure sur le disque K et il est à noter que George Harrison avait composé ce titre en 1970 en présence d'Eric Clapton (qui n'a jamais joué dessus). Le titre figurait sur le disque GodDESS OF FORTUNE paru en 1971. Kula Shaker fut donc contemporain d'Oasis et Blur quand la presse rock commença à parler de la Brit Pop. Le groupe anglais s'était crée en 1991. Pendant près de cinq ans, le leader et chanteur du groupe, Crispian Mills, avait séjourné en Inde. De retour en Europe, il a choisi d'inclure dans ses chansons du Sankrit et de très nombreuses références à l'hindouisme.
Ils étaient devenus populaires et proposèrent bien évidemment de l'aide dès que se fit entendre une remasterisation du disque Wonderwall Music. Deux ans plus tard, en mars 1998, le groupe Kula Shaker enregistre donc le titre original « Radhe Radhe » mais qui comprenait un extrait de « Ski-Ing », précisément un riff de guitare composé par Eric Clapton. Aussi, pour ne pas s'exposer à d'éventuelles poursuites, le groupe décida de cosigner le titre avec Clapton pour des raisons légales. Clapton ne fit aucun commentaire pas plus que George Harrison ou lui même ne se donna la peine de les rencontrer.
1997
Mais en réécoutant ses ancinnes bandes, Clapton décide de tout refaire et de reprendre à zéro tous ses titres. Et donc la quasi-totalité des bandes enregistrées partent à la poubelle au grand dam des musiciens qui avaient donné de leur temps pour Eric Clapton, notamment Steve Gadd qui a été shunté pour des séquenceurs.
Pour la première fois, Eric Clapton décide de peaufiner tous les titres, de les retravailler à l'infini, de créer parfois dix variantes pour une même chanson et la Warner finit par s'inquièter de la tournure des événements. Jamais Clapton n'aura été aussi méticuleux et loin de toute spontanéité.
Clapton vénère aussi à cette époque Curtis Mayfield, qui sera une influence énorme pour le disque en cours, nommé PILGRIM.
Cette année là il s'embarque aussi pour une tournée nommée Legends, qui comprend une base de jazz-blues avec Steve Gadd, Joe Sample et David Sandborn entre autres. Et les improvisations sont multiples au cours de ces très bons concerts.
Clapton change de look, il s'est coupé les cheveux ras, porte des tee-shirts larges, des jeans baggy, des sweats à capuche.
Il joue aussi sur des albums de Bill Wyman, qui vient de créer les Rythm Kings avec Albert Lee et Gary Brooker, de Jimmy Rogers, de BB King et il tourne même pour une scène dans le film BLUES BROTHERS 2000 avec entre autres Steve Winwood, Dr John, Bo Diddley...
Concert pour Montserrat
En septembre 1997, une éruption volcanique détruit complètement la capitale Plymouth de l'île de Montserrat où George Martin possède un studio d'enregistrement. C'est notamment là que furent conçu une bonne partie de Tug Of War et Pipes Of Peace.
Eric Clapton y avait conçu lui le disque BEHIND THE SUN et sa fille Ruth y vit encore. Aussi quand George Martin appelle Clapton pour jouer un concert au profit de l'île, ce dernier accepte immédiatement l'offre.
Le 15 septembre Paul McCartney et Eric Clapton se retrouvent sur scène avec aussi Elton John, Mark Knopfler, Carl Perkins, Phil Collins et Sting. Clapton joue ce soir là « Money For Nothing » avec Knopfler, puis « Broken Hearted », « Layla » et « Same Old Blues ». Il accompagne Paul pour jouer "Golden Slumbers », « Carry That Weight », « The End » et « Hey Jude ». Paul joue aussi une version acoustique de « Yesterday ».
Le concert se termine par une reprise de « Kansas City- Hey Hey Hey Hey » Le programme est filmé au Royal Albert Hall et il permet de récolter plus d'un million de livres pour Montserrat.
Clapton porte la touche finale à PILGRIM, et fait quelques concerts en extrême Orient.
Mais en cette fin d'année là, Clapton décide aussi de créer un centre nommé Crossroads à Antigua dans les Antilles destiné à venir en aide aux alcooliques et aux toxicomanes de l'île.
1999
Au début de cette année là, Clapton décide de congédier sans ménagement, son manager Roger Forrester. C'est la fin de plus de trente années d'amitié et surtout d'épaulement dans les moments les plus difficiles. Forrester part donc en retraite anticipée et lui qui aura épaulé Clapton et qui aura sans doute été l'élément dominant pour le faire décrocher de la drogue est remercié sans délais.
Qu'importe Clapton décide de voler de ses propres ailes et finit par gérer Duck Records en compagnie de quelques hommes d'affaires. Clapton décide de se mettre aussi au parfum des négociations en tous genres...Et çà lui réussit plutôt bien.
Il prépare un disque avec BB King pour se remettre en jambes et en attendant participe à la chanson « the calling » sur le disque SUPERNATURAL de Carlos Santana qui sera l'une des plus grosses ventes d'album de la décennie.
On le voit aussi jouer avec John Lee Hooker lors d'un excellent concert en février 1999.
Rock Hall Of Fame, boeuf avec McCartney, le 15 mars 1999
Pour la 14ème édition, Päul rentre donc au Rock Hall Of Fame. C'est Neil Young qui lit le speech d'introduction et Paul apparaît devant quelques centaines de personnes parmi lesquelles Eric Clapton, Lou Reed, Elton John, Jimmy Page, Julian Lennon, U2, George Martin, Bonnie Raitt et Ray Charles.
Paul dédie bien sûr la récompense à Linda qu'il aimerait avoir à ses côtés. Amaigri et fatigué, Paul est épaulé par Stella qui porte un tee-shirt « About Fucking Time » (« il serait temps »). Il déclare aussi « Maintenant que John et Moi font partie du Musée, qu'est-ce qui est prévu pour George et Ringo ? »
Paul joue ensuite « Blue Suede Shoes » avec Clapton et Billy Joel, « What I'd Say » avec Ray Charles et « Let It Be ». Une chanson de Curtis Mayfield "People get ready" est ensuite interprètée par entre autres Melissa Etheridge et Bruce Springsteen. Puis avec Billy Joel, Bono, et Clapton à la guitare, Paul joue une nouvelle fois « Let It Be ».
Clapton joue aussi « I've Been Trying » de Curtis Mayfield
Ce soir là Paul est intrônisé aussi avec George Martin, Bruce Springsteen, Curtis Mayfield, Dusty Springfield, Billy Joel.
Mais Clapton va passer la majeure partie de son temps à faire progresser le centre Crossroads au profit du traitement de l'alcoolisme. Alors pour cela, Clapton passe de longs mois à Antigua pour finaliser le projet. Mais les infrastructures demandent des sommes d'argent colossales. Et Eric Clapton va alors se sacrifier comme jamais : il décide de vendre 100 de ses guitares chéries en signe de solidarité et d'engagement. Un geste qui fait hurler les fans mais qui reçoit de nombreuses acclamations de toutes parts.
Vente aux enchères le 2 juin 1999
Ce soir là Christie's organise à Londres une réception qui précède la vente pour près de 600 000 livres Sterling, de 100 guitares d'Eric Clapton au profit du centre Crossroads, qui doit venir en aide aux alcooliques. George Harrison et Eric Clapton entonnent quelques airs à la guitare pour le plus grand bonheur de la presse. L'événement ne dure que quelques minutes mais George suivra la vente des guitares avec une Attention non feinte.
Dans la salle ce soir là se trouvent Olivia Harrison ainsi que Pattie Boyd, événement particulièrement rare.
Finalement le 24 juin 1999, les 100 guitares sont vendues et notamment la fameuse Fender Stratocaster nommée « Brownie » que l'on peut observer sur la pochette du disque LAYLA. Pour Clapton ce geste est un acte de rédemption intense après des années de déboires éthyliques en tous genres. Elle sera la guitare la plus chère du monde vendue à près de 500 000 dollars.
En trois heures, Clatpon Ramasse presque 5 millions de dollars, une somme inattendue avec des prix de guitare qui sont parfois cinq à six fois plus élevés que la mise de départ. Il ne se déplacera pas à la vente et la suivra de loin dans un studio de Los Angeles, bien à l'abru des regards et des flashs.
Un déchirement salvateur et qui curieusement va marquer un nouveau tournant dans la vie de Eric Clapton.
Un concert au Madison Square Garden suivra le 30 juin suivant pour financer encore le centre Crossroads. Un peu à la manière des Bridge School Concerts lancés par Neil Young, Eric Clapton invite un pareterre grouillant de stars à venir jouer et parmi lesquels on trouve Bob Dylan (en tournée perpétuelle), Sheryl Crow, Mary J Blige et David Sandborn.
Le reste du temps, Eric Clapton gère les inscriptions du centre Crossroads et paie de sa personne pour animer et accueillir les patients. Il dirige des groupes de paroles et accompagne de nombreux paumés qui comme lui vingt ans plus tôt n'arrivent pas à décrocher de l'alcoolisme.
BUDDY HOLLY PARTY 7 septembre 1999, à New York
Paul inivte Eric Clapton à sa fameuse Buddy Holly Party qui se tient au Roseland Ballroom de New York en présence de Phil Collins et de Christopher Reeve, récemment décédé. Paul et Stella sont chargé d'animer l'événement.
Paul monte sur scène avec les Cricktes pour jouer « Rave On ». Mais ce sera tout et aucune autre star ne montera sur scène. Stan Perkins, le fils de Carl, décédé en 1998 montera lui aussi sur scène pour jouer avec les Crickets. Mais c'est tout ce qui se passe ce soir là. Paul reste dans son balcon à l'abri de tous et n'adresse quasiment pas la parole aux autres.
Et de temps à autres, il compose des chansons plutôt mièvres pour des bandes originales de films come JUST MARRIED ou encore THE STORY OF US. De temps à autres, il joue avec Sheryl Crow ou pour un concert de charité organisé par Bill Clinton avec BB King. Il fait une rapide tournée au Japon, sort une compilation du nom de CHRONICLES et organise un cocnert à la fin de l'année devant un public composé uniquement d'alcooliques anonymes.
Le 30 décembre 1999, George Harrison est poignardé chez lui. Olivia Harrison a pu sauver George Harrison de la mort grace à un coup de chandelier asséné à Michael Abram. C'est un choc énorme pour Eric Clapton. Tellement effrayant que le guitariste ne laissera rien paraître mais finira quand même par mainfester sa sympathie à George, soulagé qu'il n'y ait rien de grave. Mais en cette fin d'année et de réveillon, le spectre de l'assassinat de John Lennon plae pour la génération de chanteurs des années 60 et 70. Et c'est un constat bien amer.
2000
Eric perd un ami très cher, Curtis Mayfield et jouera un hommage vibrant en février 2000 avec les Impressions et Steve Wonder.
L'année 2000 commence en fanfare avec BB King en studio avec Clapton pour des versions jouissives du King et au final un disque, RIDING WITH THE KING, d'un excelle t niveau, voisin de FROM THE CRADLE. Une succession délicieuse de reprises du répertoire de BB King jouées avec beaucoup de passion et de respect.
Les voix des deux bluesmen sont particulièrement chaudes et sensuelles. C'est une très grande réussite pour Eric Clapton, enregistrée dans la spontanéité.
Il rencontre en janvier 2000 une jeune fille de 23ans, nommée Melia McEnery qui ne connaît quasiement pas le répertoire de Clapton. Et c'est le coup de foudre immédiat. Le couple devient inséparable et Clapton se sent revivre du jour au lendemain.
Rock Hall of Fame, discours de Paul McCartney, le 6 mars 2000
Ce jour là Eric Clapton doit être introisé le même jour que James Taylor. Paul McCartney prononce un discours devant l'assemblée émue et il passe ensuite la main au guitariste qu'il avait contribué à faire connaître à l'époque d'Apple.
Eric Clapton revoit donc Paul et rencontre Heather Mills pour la première fois ce jour là. Il joue avec Robbie Robertson ce jour là.
Clapton a reçu un accueil critique excellent et va par contre se prendre quelques semaines de bon temps avec Melia. Il joue de temps à autres avec Carlos Santana, Dr John ou Bobby Whitlock, son compère de LAYLA qu'il n'a pas revu depuis presque trente ans
RIDING WITH THE KING sort en juin 2000 et se vend remarquablement bien. Il dépasse entre autres des records de vente sur Internet.
Si du côté professionnel tout sourit à Eric Clapton, sa realtion avec Melia connaît des revirements de situations. Il se dispute avec elle et se sépare même temporairement de la jeune femme.
Cet été là à Los Angeles, Eric Clapton réunit dans son studio Billy Preston et les Impression pour jouer ses nouvelles compositions. Des chansons axées sur la perte d'êtres chers (son oncle Adrian venait de décéder) et le résultat de ces enregistrements est plutôt encourageant. Clapton possède quatorze titres enregistrés en seulement quelques semaines. Il joue un blues influencé notamment cette fois-ci par la musique Brésilienne, la Bossa-Nova et le jazz n'est même jamais très loin. Les Impressions font de très belles parties vocales et le disque qui sort de ces enregsitrements s'appelle REPTILE, un hommage à Ripley et à sa famille.
Un hommage plutôt réussi qui reçoit un accueil critique malgré tout mitigé.
Le disque et son livret en format CD sont truffés de photos de la famille d'Eric Clapton et c'est bien la première fois que sa famille transparaît de façon aussi forte dans un disque après Conor sur le disque PILGRIM.
Ce décès le rapproche de sa tante Patricia mais aussi du coup de Melia. Eric Clapton semble ne toujours pas savoir comment partager clairement sa vie avec une personne et ce coup-ci, il décide de s'investir en septembre 2000 avec le jeune Melia.
Eric Clapton apprend un mois plus tard que sa compagne est enceinte et il est fou de joie. Il décide aussi alors de fêter tout çà en repartant en tournée mondiale pour la première fois depuis dix ans. Une tournée massive.
Revoit peu Harrison après son agression
Pendant toute cette année 2000, George Harrison se remettait progressivement de son agression qui selon des proches comme Charlie Watts ou Ravi Shankar, l'avaient traumatisé. La voix changée, la respiration hésitante, George décide néanmoins de ressortir le disque All Things Must Pass et réenregistre même « My Sweet Lord » pour l'occasion.
Eric Clapton est lui absorbé par son disque REPTILE et par Melia et il ne revoit pas Harrison pendant toute cette année. En novembre 2000 devait sortir la réédition mais elle sera repoussé au 23 janvier 2001 car c'est One qui occupe les charts. Et George ne déisre pas concurrencer directement la fabuleuse « compilation- poule aux oeux d'or » des Beatles.
2001
Une vaste tournée débute en février 2001 en Angleterre après un concert au Carnegie Hall en janvier 2001. Le groupe de Clapton comprend entre autres les Impression et Steve Gadd. Mais le public finira par être un peu lassé de ces concerts joués et chantés sans véritable passion. Clapton vieillit, et assure ses sets avec professionalisme mais comme si il devait accomplir une tâche pénible. Et les mêmes morceaux reviennent à tous les concerts, moitié standard, moitié hits. Il joue notamment « Badge » chaque soir.
La tournée continue en Eurpoe en mars-avril puis aux Etats-Unis en mai. C'est aussi à ce moment là que Clapton menace de ne plus jamais rejouer après cette tournée qui est promise pour être la dernière. Menace sérieuse ? l'avenir nous prouvera que non car en 2004, Clapton repartira à nouveau en tournée.
REPTILE sort en mars 2001 et l'accueil est plutôt mitigé mais pas négatif pour autant.
Et le 11 juin 2001, Eric Clapton devient le père d'une petite Julie Rose, premier enfant donné par Melia. Il est fou de bonheur et décide d'achever en Août 2001 sa tournée. Il consacre au moins un mois de son temps au bébé.
GOOD ROCKING TONIGHT-THE LEGACY OF SUN RECORDS
Paul avait enregistré en mars 2000 une reprise de "That's all right Mama" avec DJ Fontana et Scotty Moore. Eric Clapton participe à ce projet commun avec Paul en jouant une reprise de « Just Walkin in the Rain ». L'album sort à la fin de l'année 2001 et d'autres duos de très grandes qualités sont ajoutés (notamment Jimmy Page, Robert Plant, Johnny Hallyday (qui s'en sort remarquablement bien), Sheryl Crow, Tom Petty, Jeff Beck....
Le concert pour New York, 20 octobre 2001
Lorsque les tours du World Trade Center s'effondrent à New York le 11 septembre 2001, Paul McCartney se trouve dans le hall de l'aéroport Kennedy et c'est du tarmac qu'il peut voir chuter en direct les deux tours. Il se rend immédiatement sur les lieux et débarque même dans les casernes de pompier de la ville afin d'apporter un soutien moral.
Dans les jours qui suivent la catastrophe, Paul compose « Freedom », un manifeste très engagé contre le dictat des terroristes. Il décide aussi d'organiser un concert en soutien aux victimes du 11 septembre au Madison Square Garden de New York le 20 octobre 2001. Eric Clapton, qui est en tournée en Amérique du Sud, répond immédiatement présent à l'appel de l'ex bassiste des Beatles. Il n'arrive aux répétitions du concert que le 16 octobre 2001, le temps de peaufiner « I'm your hoochie coochy Man » dans une très belle version. Paul McCartney parvient à réunir un parterre de stars telles que David Bowie, Mick Jagger, Keith Richards, les Who (avec Zak Starkey à la batterie), Elton John, James Taylor, Billy Joel, Melissa Etheridge, Bon Jovi, les Backstreet Boys, John Mellencamp et une pléiade d'acteurs tels que Jim Carrey et Robert de Niro pour rendre un hommage de plus de six heures.
Paul McCartney cloture le concert avec Gabe Dixon, Rusty Anderson et Abe Laboriel Junior. Ils jouent « I'm Down », « Yesterday » et "Freedom". Puis ils appellent pour « Let It Be » l'ensemble des participants. Billy Joel double la partie d'orgue avec Gabe Dixon tandis que surgit Eric Clapton pour un excellent solo au milieu de la chanson. Et à la fin du titre, Paul McCartney pousse même le vice à en redemander et ordonne à Clapton : « Un solo Eric s'il te plait ». La prestation se termine par une reprise en chœur de « Freedom », sur lequel Eric Clapton décide d'improviser un magnifique solo à la surprise de Paul. Le CD et le DVD du concert sortent en décembre 2001.
Paul McCartney, Freedom, 5 novembre 2001
Le concert de New York permet à Paul McCartney de se rapprocher d'Eric Clapton alors que les deux hommes n'ont jamais été très proches. Mais le plaisir de jouer ensemble au concert était palpable et la prestation d'Eric Clapton estomaque littéralement Paul McCartney et son groupe de scène. Aussi, il décide d'enregistrer « Freedom » à New York et la séance d'enregistrement est prévue le 25 octobre 2001. Ce jour là suffit à Paul McCartney de graver pour l'éternité son manifeste contre Ben Laden. Et c'est aussi la première fois qu'Eric Clapton enregistre une chanson composée par Paul McCartney seul. Paul décide de sampler le bruit de foule et de le passer en boucle en guise de percussion. Le titre, particulièrement puissant, est même saturé à la fin. Eric Clapton irradie une fois de plus un titre d'un ex-beatle avec sa six cordes. Paul décide de sortir le single en urgence alors qu'EMI avait déjà prévu de sortir le single « From A Lover To A Friend » le 26 octobre 2001. « Freedom » sort le 5 novembre 2001 couplé aux deux remixes de « From A Lover To A Friend ». Les ventes du single sont reversées aux familles des pompiers de New York. Eric Clapton peut enfin se targuer d'avoir joué sur un disque des Beatles et sur au moins une chanson écrite par un ex-beatles. Il avait joué « Give Peace A Chance » à Toronto et joue aussi sur « Freedom », le cousin éloigné du slogan de John Lennon.
Paul McCartney, DRIVING RAIN, 13 novembre 2001
"Freedom" est une chanson qui tient particulièrement à cœur à Paul McCartney. Il décide à la dernière minute qu'elle figurera sur son disque Driving Rain. Mais les impressions du livret sont déjà terminées quand le titre est inclus dans le disque. Aussi le titre n'est mentionné nulle part dans le livret de Driving Rain, excepté sur le sticker rouge de promotion apposé sur le disque à sa sortie. Beaucoup considèrent malgré tout que ce sursaut de conscience branché sur l'actualité du moment semble opportuniste et critiquèrent McCartney sur ce point. D'autres expliquent que le titre n'est guère mémorable et qu'il ne s'inscrit pas dans le même son de « Rinse The Raindrops » qui termine l'album. Qu'importe, Driving Rain est un disque qui ne peux être dissocié du contexte post 11 septembre qui l'a vu sortir. Et les critiques contre « Freedom » sont les mêmes que celles qui soulevaient le manque d'engagement des textes de Paul McCartney.
SMALL WORLD, BIG BAND, Jools Holland, 19 novembre 2001
C'est sur ce disque que George Harrison chante pour la dernière fois de son vivant en compagnie de Sam Brown, Jamiroquai, Paul Weller et Marc Almond les 1er et 2 octobre 2001. Dhani Harrison participe également au titre « Horse To The Water ». Sur ce disque, on retrouve également un duo avec Eric Clapton.
La mort de George Harrison
Lorsque Eric Clapton apprend la mort de George Harrison, le 30 novembre 2001, il continue sa tournée mondiale de promotion de l'album REPTILE au Japon. Un proche collaborateur explique que Clapton ne laisse rien transparaître à l'annonce de cette nouvelle. Clapton perd un être cher et c'est la présence de sa fille et de sa future seconde femme qui lui rendent cette perte supportable. Durant toute la tournée japonaise, presque dix ans jour pour jour après la tournée japonaise de 1991, Eric Clapton ne fera aucun discours d'hommage en interview laissant le soin à Paul McCartney, Ringo Starr ou Yoko Ono de s'exprimer. En revanche, il dédie chaque soir le titre « Badge » à un ami cher, titre qu'il joue systématiquement les yeux fermés. Ainsi est la douleur et la pudeur du guitariste.
2002
Le 1er janvier 2002, Eric Clapton épouse Melia McEnery à Ripley. Une cérémonie extrêmement discrète est organisée pour le mariage. On pense que Olivia et Dhani Harrison s'y sont rendus. Ringo Starr a aussi fait parvenir une lettre et un bouquet de fleurs par la suite.
Après cela, Eric Clapton décide de ne plus rien programmer du moins pas avant le mois de juin.
Le concert du Jubilée de la Reine, 3 juin 2002
Eric Clapton fait naturellement partie des invités qui participent au jubilée de la Reine, destiné à fêter les cinquante ans de règne d'Elizabeth II. Il arrive à Londres pour les répétitions le 2 juin 2002 et passe la soirée en compagnie de Paul McCartney et de Brian Wilson. Le lendemain, après la prestation d'Elton John et d'Ozzy Osbourne, il monte sur scène pour rejoindre Brian Wilson sur le titre « The Warmth Of The Sun », qu'il agrémente de très beaux soli. Il reste sur scène pour « God Only Knows » chanté en duo avec Emma Bunton des Corrs et « Good Vibrations ». C'est ensuite son tour de jouer et il offre une somptueuse version de « Layla » avec entre autres Phil Collins à la batterie. Steve Winwood, l'un de ses grands amis, le suit avec « Gimme some lovin » du Spencer Davis Group. Joe Cocker chante ensuite sa plus belle version de « With A Little Help From My Friends » à froid. Ray Davies fait répéter "Lola » à toute l'assistance. Rod Stewart arrive puis Paul McCartney joue « Her Majesty » et "Blackbird". C'est alors que George Martin arrive sur scène pour rendre un magnifique hommage à George Harrison. Yoko Ono peut voir tout le spectacle depuis la tribune d'honneur aux côtés de la reine et de Tony Blair. Paul et Eric Clapton se lancent ensuite dans une très belle reprise de « While My Guitar Gently Weeps » que Clapton chante tandis que Paul joue du piano et chante les chœurs. couplet. Après une stupéfiante reprise de « Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band », Clapton et tous les invités dont notamment aussi Cliff Richard et les Corrs, accueillent la reine et le Prince Charles sur scène avant de reprendre « All You Need Is Love ». Rod Stewart, Joe Cocker et Paul McCartney chantent chacun le couplet. Eric Clapton et tous les invités reprennent « Hey Jude » en chœur. Puis la soirée se finit par « I Saw Her Standing There ».
Un DVD ainsi qu'un CD, Party AT THE PALACE, sortent en septembre 2002. Ils comprennent « Layla », « All You Need Is Love" et "Hey Jude". Ce concert permet à Eric Clapton de sympathiser avec Brian Wilson qui l'invite l'été suivant pour quelques concerts aux Etats-Unis. Et Eric Clapton renoue également ses liens amicaux avec Paul McCartney. Malgré cela, Clapton ne se rendra pas au mariage de Paul et Heather Mills célébré le 11 juin 2002 en Irlande.
Le concert pour George Harrison, 29 novembre 2002
Mais en 2002, c'est très certainement l'organisation du concert en hommage à George Harrison qui va occuper Eric Clapton. Olivia Harrison, qui est souvent en contact avec l'ancien guitariste, lui propose l'organisation intégrale du concert qui servira d'hommage à George Harrison. Clapton, qui s'est fait un peu la main avec les concerts de Crossroads destinés à lever des fonds pour sa clinique, accepte avec un plaisir non feint et va concocter un concert absolument somptueux et émouvant.
Il choisit délibérément de ne contacter que des participants que George Harrison connaissait bien. Des proches, amis musiciens vont se réunir comme au bon vieux temps du Concert du Bangladesh et offrir une qualité musicale exceptionnelle. Courant septembre 2002, Clapton demande donc en catimini à divers artistes de bien vouloir réserver trois semaines consécutives en novembre 2002 pour pouvoir répéter le spectacle qui doit se tenir le 29 novembre 2002 à Londres au Royal Albert Hall. En septembre 2002, Olivia Harrison apprend d'Eric Clapton la liste impressionnante d'invités qui ont répondu présent. Aussi elle envoie à chacun d'entre eux une maquette de Brainwashed, l'album posthume de George Harrison, qui sera publié le 29 novembre 2002. A l'écoute du disque, Eric Clapton est resté sans voix, subjugué par le travail de Jeff Lynne et la beauté des compositions. Au début des répétitions en novembre 2002, Olivia organisa une séance d'écoute du disque qui marqua profondément l'ensemble des participants. L'émotion du disque était palpable tout comme le Souvenir de George Harrison. Et tous promirent de se surpasser. Dont acte.
De l'avis de beaucoup, George Harrison aurait adoré ce concert. Au lieu d'un mouroir et d'un hommage larmoyant, la simplicité, l'émotion et la qualité ont été préférées. Clapton a réussi à réunir rien moins que Paul McCartney et Ringo Starr, chose suffisamment rare pour être évoquée. Dhani Harrison contribue aussi à la guitare à rendre hommage à son père. Parmi les invités, Clapton a choisi Ravi Shankar et sa fille Anoushka qui pour l'occasion ont crée une pièce de musique indienne en hommage à George Harrison. Jeff Lynne, Billy Preston (sur le superbe « Isn't It A Pity »), Tom Petty et même les Monty Python sont réunis sur la même scène. Toutes les reprises sont absolument superbes et très authentiques. Lorsque Paul McCartney sort son ukulélé, c'est parce que George Harrison lui en a souvent joué certains soirs après un dîner. Lorsque Billy Preston entonne « Isn't It A Pity », c'est tout le wall of sound de All Things Must Pass qui renaît. Eric Clapton y livre un solo profondément époustouflant de virtuosité et d'émotion. Gary Brooker s'essaie à une reprise périlleuse de « Old Brown Shoe » qui fait mouche. Tom Petty et les Heartbreakers font des miracles sur entre autres « I Need You ». Quand Jeff Lynne reprend « The Inner Light" avec l'orchestre indien, c'est pour coller au mieux à la musique enregistrée à Bombay.
Tous les musiciens se réunissent à la fin de la prestation pour une très belle reprise de « All Things Must Pass », un extraordinaire « While My Guitar Gently Weeps » et un « My Sweet Lord » réellement enchanteur. Joe Brown conclut le concert par « I'll See You In My Dreams" car il sait que c'est la chanson favorite de George Harrison
Le moment le plus émouvant du concert reste sans doute cette magnifique adaptation signée « Clapton-McCartney » de « Something ». Paul reprend ici la version de « Something » à l'ukulélé qu'il avait déjà offerte à son public pour la tournée américaine de 2002. Eric Clapton prend le relais et embraie sur le solo : la transition opérée a de quoi donner des frissons. Cette version retravaillée avec Clapton parvient à égaler l'original notamment avec la combinaison de la voix de Paul et celle d'Eric Clapton. Le reste de l'orchestration est somptueux et c'est sans doute le plus beau moment du spectacle.
Il donne surtout à voir Paul McCartney qui se fait un point d'honneur à ne surtout pas jouer le clou du spectacle. Il fait au contraire preuve d'une grande modestie. Sa version de « For You Blue » est absolument remarquable à bien des égards. De même qu'en 2003 puis en mai et juin 2004, il saura restituer avec beaucoup de justesse « All Things Must Pass » dans sa tournée européenne. Eric Clapton, de son côté, irradie littéralement « Wah Wah » comme si il devait le jouer pour Phil Spector dans le studio des sessions de All Things Must Pass.
Un dernier détail. Les orchestrations sont dirigées par Michael Kamen qui semble s'être fait greffer le cerveau de George Martin pour concocter de superbes arrangements. Malheureusement, Michael Kamen meurt le 20 novembre 2003 à l'âge de cinquante-cinq ans.
Eric Clapton peut être fier d'avoir réussi un hommage humble, sincère et de très grande qualité musicale. La cohésion est spectaculaire malgré la concentration de « poids lourds » de l'industrie du disque. Mais tous ont bien connu George Harrison. Tous étaient proches de l'ex guitariste des Beatles et tout ici respire l'authenticité. Tout comme le concert pour le Bangladesh était de très bonne facture musicale parce que possédé par une bonne cause, ce concert est exemplaire à bien des égards. Commémorer un artiste n'est jamais chose facile car parfois les invités n'ont pas véritablement connu le créateur. Ici ce n'est pas le cas et c'est Eric Clapton, le meilleur ami de George, qui a pris les reines. Un choix judicieux pour une éclatante réussite.
A la fin de l'année 2002, Eric Clapton fait praître One MORE CAR, One MORE RIDER mais le live est très décevant, sans aucune magie. Eric Clapton pris entre sa nouvelle famille et son centre Crossroads à Antigua semble assurer ses concerts comme une formalité et çà se ressent beaucoup sur ce disque décevant.
2003
Le 22 janvier 2003, Melia donne naissance à un second enfant, Ella May.
Ringo Starr, « Never Without You », RINGORAMA, 25 mars 2003
La mort de George Harrison laissa Ringo Starr dans une tristesse profonde. En mai 2002, Ringo commença à écrire « Never Without You », un titre qui rappelle la beatlemania et l'amitié de George et Ringo pendant près de quarante ans.
Quelques jours après le concert en hommage à George Harrison à Londres, Eric Clapton accepte de jouer de la guitare sur une chanson de Ringo Starr, « Never Without You », qui rend ainsi un hommage à George Harrison. Les paroles offrent un florilège de références aux Beatles et à George Harrison avec des morceaux de musique indienne et des parties de guitare imitant le jeu de George. Eric Clapton livre une très belle performance, tout en retenue, tandis que Ringo égrène les allusions à la vie de George sur un fond de chœurs Beatles. Une belle réussite similaire à « All Those Years Ago » et sur un disque, RingoRAMA, qui de l'avis de beaucoup est considéré comme la deuxième plus belle réussite de Ringo Starr derrière le disque RINGO ou Time Takes Time.
Le titre est un rappel de « Within you, Without You », que Ringo rappelle dans le refrain à plusieurs reprises juste avant une très bonne partie de guitare de Clapton. « Here Comes The Sun", "Here Today" de Paul McCartney, "All Things Must Pass", "I Dig Love" sont aussi évoqués. Un bel instant d'émotion que Clapton rend encore plus émouvant.
Ringo n'a voulu donner d'invitation qu'à Eric Clapton car il est à ses yeux le meilleur ami de George Harrison. Et c'est dans les premiers jours de décembre 2002 qu'Eric Clapton accepte l'invitation de Ringo Starr. Eric Clapton en profite pour prolonger son séjour avec Ringo et joue également sur « Imagine Me There ».
RINGORAMA paraît le 25 mars 2003 et il comprend en édition limitée un DVD de 40 minutes qui retrace l'élaboration du disque. On peut y voir Eric Clapton jouer sa partie de guitare lors de la session de « Never Without You ». Pour ce très bon disque, Ringo reçoit aussi l'aide de David Gilmour et de Willie Nelson, l'un des grands noms de la country.
En décembre 2003, une DELUXE EDITION en édition limitée comporte trois titres supplémentaires de Ringo Starr ainsi que le clip de « Never Without You » où l'on peut apercevoir Eric Clapton à l'œuvre. Le clip n'est pourtant quasiment pas diffusé et sur le site officiel de Ringo Starr, on peut en voir quelques extraits à partir de janvier 2004.
Eric Clapton déborde à nouveau d'énergie et va jouer lors de très nombreux concerts cette année là. Il joue entre autres avec Willie Nelson, dans des fêtes pour le lycée de sa fille Ruth, avec Luciano Pavarotti, lors de spectacles de blues et de jazz. Mais la plus grande retrouvaille de 2003, c'est avec John Mayall et les Bluesbreakers à Liverpool le 19 juillet où Eric Clapton joue un extraordinaire set avec son ancien mentor.
Puis il renoue avec Bill Wyman et décide de stopper sa carrière de joueur de cricket.
En septembre 2003, Eric Clapton décide de repartir en tournée mondiale avec dans ses bagages des reprises retravaillées de Robert Johnson. Les compos habituelles ainsi que les reprises de Robert Johnson seront testées fin 2003 pour le public asiatique
Concert for George Harrison, 29 novembre 2003
Le CD et le DVD du concert pour George Harrison sortent le 29 novembre 2003, soit un an jour pour jour après le concert. Curieusement, Eric Clapton ne participera pas aux premières du film à Los Angeles le 24 septembre 2003alors que par miracle Paul, Yoko, Ringo et Olivia avaient fait le déplacement pour l'occasion et avaient presque posé tous ensemble avec aussi Barbara Bach, Heather Mills (encore enceinte de Beatrice) et Dhani Harrison. En revanche, on l'aperçoit à Londres pour la première du film du concert le 10 octobre 2003.
SMALL WORLD BIG BAND, Jools Holland, 9 décembre 2003
Cet album de l'incontournable Jools Holland réunit sur le même disque Ringo Starr qui reprend « Boys » comme au bon temps de Please Please Me. Eric Clapton répond présent et reprend ici avec Soloman Burke, deux titres à savoir « Message To My Son » et « Mabel ». L'album est de très bonne tenue et aussi agréable à écouter que son prédécesseur qui comprenait « Horse To The Water », l'une des dernières chansons enregistrées par George Harrison le 1er Octobre 2001.
2004
Depuis Août 2003, Eric Clapton est entré en studio pour graver ME AND MR JOHNSON. L'album paraît en mars 2004 et même si il ravit la presse rock, l'attente de nouveaux morceaux se fait pressante.
Il annonce aussi une vaste tournée mondiale pour 2004 qui passera notamment le 6 avril 2004 à Bercy. Eric Clapton joue avec Billy Preston, Steve Gadd et Chris Stainton aux claviers. Et c'est un succès bien plus flagrant que la tournée de 2001. Clapton est en grande forme.
Rééditions du catalogue DARK HORSE, le 24 février 2004
Le 24 février 2004 sortent les rééditions du catalogue Dark Horse. Le son qu'Eric Clapton a pu graver sur GEORGE Harrison, Cloud Nine et Live In Japan sont donc immortalisés dans un son absolument superbe. Le mixage de Cloud Nine est particulièrement soigné et les solos d'Eric Clapton sont d'une limpidité à donner des frissons. De la belle ouvrage qui permet d'apprécier encore plus les interventions de tous les guitaristes, sans parler des voix bien entendu. Le Live In Japan paraît aussi beaucoup moins terne que la précédente édition particulièrement bâclée.
Intronisation de George Harrison au Rock Hall Of Fame, le 23 mars 2004
Paul, Ringo et Eric Clapton brillent par leur absence. C'est Jeff Lynne et Tom Petty qui font le déplacement pour honorer George Harrison au Rock Hall Of Fame. Eric Clapton, qui est à ce moment là en tournée pour promouvoir son disque ME AND MR JOHNSON, explique qu'il préfère rendre hommage à George Harrison sur scène en interprétant « Badge » à chacun de ses concerts. Cette décision est d'autant plus curieuse qu'Eric Clapton était présent à celle de Paul McCartney cinq ans plus tôt.
Brian Wilson, GETTING IN OVER MY HEAD, le 22 juin 2004
Suite aux bonnes relations entre Brian Wilson et Eric Clapton nouées lors du concert du Jubilée de la Reine et lors de la tournée estivale qui suivit, c'est avec un évident plaisir qu'Eric Clapton accepte de prêter main forte à l'ex Beach Boys sur son nouvel album, GETTING IN OVER MY HEAD qui paraît le 22 juin 2004. Eric Clapton joue sur le titre « City Blues ». Paul McCartney fit de même sur ce disque en enregistrant avec Brian Wilson le titre « A Friend Like You ». Et Elton John prête aussi main forte au chanteur des Beach Boys en chantant le duo « How Could We Be Still Dancing ». Brian Wilson a réussi un véritable tour de force : réunir sur le même album trois des musiciens anglais les plus mythiques. L'album est une réussite acclamée où les récentes interprétations de SMILE ont laissé Brian Wilson en état de grâce.
Durant l'été 2004, il court une rumeur selon laquelle Eric Clapton et Paul seraient en studio à tour de rôle pour épauler Jerry Lee Lewis sur le nouvel album qu'il prépare. De même qu'à l'heure où Eric Clapton va devenir à nouveau père de famille et qu'il est décoré par la reine d'Angleterre, il court une rumeur d'une reformation plus que probable de Cream pour l'année 2005. Il y'a fort à parier que la très longue liste de collaboration ne s'arrêtera pas de sitôt. Déjà quarante ans fort bien remplies, mémorables...La suite ne peut qu'être passionnante si Clapton ne décide pas d'arrêter tout à 60ans comme il l'indique souvent lors de sa tournée européenne. Wait and see...