Vue de l’étranger, la France ressemble parfois à un village vacances, et ce n’est pas uniquement à cause des 35 heures. L’activité économique y est, en effet, rythmée par des événements exogènes atypiques, comme les vacances scolaires. Voici en effet à quoi ressemble notre calendrier, quand on y réfléchit bien, et sans passer pour un horrible patron rétrograde.
- Janvier: retour des vacances de fin d’année, période de séminaires, de kick-offs, de galettes des rois et autres joyeusetés
- Février: vacances d’hiver, réparties de telle façon qu’au moins un tiers de la France est en congé. Déborde souvent sur Mars, comme en 2014.
- Mars: a priori le mois où on peut travailler sans trop d’interruptions. En plus, c’est une fin de quarter.
- Avril: vacances de Pâques, durée moyenne de deux semaines.
- Mai: période parsemée de jours fériés (1er mai, 8 mai, jeudi de l’ascension), et lors de laquelle les entreprises demandent aux salariés de solder leurs jours de congé.
- Juin: commence par Roland-Garros, finit une année sur deux par un championnat de foot (Europe ou coupe du monde). Période d’examens, et notamment du bac.
- Juillet: début des grandes transhumances, la moitié de la France est en congés
- Août: fin des grandes transhumances, l’autre moitié prend ses « quartiers d’été » tandis que la première revient pour profiter du calme olympien qui règne dans les bureaux
- Septembre: rentrée scolaire, qui ne dure que deux ou trois jours, mais crée un tel traumatisme qu’on a l’impression qu’elle s’étale sur un mois. (Et à titre personnel, période terrible de jours de congés à répétition).
- Octobre: commence correctement, mais s’interrompt violemment avec les congés de la Toussaint (10 à 13 jours).
- Novembre: commence par un jour férié (souvent agrémenté d’un pont), ce qui n’est pas de bon augure, et se poursuit 10 jours après par la célébration d’un armistice datant d’un siècle (c’est vous dire la modernité de nos jours de congé).
- Décembre: tous les esprits sont focalisés sur la seconde quinzaine de ce mois, qui promet d’être festive. Autant dire qu’une majeure partie de la population est démobilisée.
On voit donc que le mois le plus favorable est celui de Mars.
Mais ce n’est pas tout. Car quand on couple cela avec des restructurations annuelles, qui se déroulent traditionnellement durant les fêtes de fin d’année, on arrive même à casser la dynamique de mars. En effet, les trois derniers mois de l’année sont consacrés aux prises de pari sur qui fera quoi l’année suivante, alors que les trois premiers sont dédiés à la mise en place de la nouvelle organisation, qui dure parfois jusqu’à juin… Bref, mettez-vous à la place de filiales de groupes français à l’étranger, et vous réalisez immédiatement ô combien il peut être parfois difficile de travailler avec le siège.
Bref, si l’on veut remettre la France au travail, il va falloir repenser les congés et autres freins inhérents à notre calendrier. Un travail de titan, irréalisable puisque ceux-là même qui devront le mettre en place risquent de ne pas trouver le moment adéquat pour s’y consacrer…