C'est en substance ce que révèle l'annonce de l'intégration de la solution de Ripple par le trublion allemand de la finance Fidor Bank (qui double ainsi la mise après ses premières aventures avec le bitcoin « original »). A la clé, il s'agit ni plus ni moins que de mettre un terme aux monopoles créés à une époque où les réseaux d'échanges monétaires propriétaires coûtaient des fortunes, justifiant des frais importants pour leurs clients, tandis que les délais de traitement se comptaient en jours…
La réponse apportée par Ripple – revenu de son modèle initial d'échange de dettes en P2P (de « pair à pair ») – est un protocole de communication, directement inspiré par une partie du socle technologique Bitcoin. En effet, en adoptant son concept de « blockchain », qui représente un journal de toutes les transactions exécutées, et en le mettant au service d'échanges d'information quelconque, la startup rend possible la création d'un réseau de transfert de devises P2P universel.
Plus concrètement, les plates-formes qui implémentent ce protocole – Ripple n'étant pas seule dans ce cas, car il est mis à disposition publiquement, en licence libre – se chargent de gérer le carnet d'ordres de leurs clients. Un algorithme (décentralisé) réalise une compensation des demandes d'achats et ventes individuelles enregistrées partout sur la planète, en optimisant les cours appliqués (en cas de change). Lorsque l'activité est suffisamment soutenue, l'exécution devient quasiment immédiate pour l'utilisateur final. Enfin, la nature du réseau P2P rend le coût des transactions marginal.
Bien entendu, si vous souhaitez profiter dès maintenant de cette technologie révolutionnaire, vous devez passer par un intermédiaire auprès de qui vous déposez ou retirez les devises que vous voulez transférer (dollar américain, euro, yen, livre… mais aussi bitcoin ou encore la monnaie virtuelle spécifique de Ripple, XRP). Or, dans le cas d'une banque telle que Fidor, cette étape disparaît et ce sont alors tous les virements qui peuvent être pris en charge par le système, sans frais, en temps réel et en toute transparence.
Tant que le nombre de banques participantes sera réduit, la portée de la nouveauté restera évidemment limitée – aux transferts entre clients et avec les passerelles existantes. Mais l'ambition de Ripple est bien de convaincre d'autres institutions financières de passer à une technologie du 21ème siècle pour gérer leurs mouvements de fonds (pas uniquement ceux de leur clientèle, d'ailleurs). Et la prédiction (provocatrice) d'une disparition de Swift d'ici 3 ans prend donc encore un peu de poids !