Faut-il miser sur les petits ecommerçants ?

Publié le 07 mai 2014 par Accrodushopping @lacrodushopping

Le titre de cet article fait un peu « lutte des classes », mais il y a un moment où il faut bien se poser la question « à qui s’adresse mon offre ? ».

Viser les petites ecommerçants ne sera pas du tout le même job que travailler avec les sites à plusieurs millions d’euros de CA.

Aussi bien dans les tarifs proposés, parfois pour une même prestation. Une grande entreprise accordera plus de confiance à une agence qui prend 1500€ la journée de consulting qu’un free lance qui facture 100€ de l’heure. Même si le travail effectué est le même. L’argent appelle l’argent…

Mais aussi dans le marketing de notre boite. Rien que les codes couleurs ne sont pas les mêmes. Oubliez le jaune et le orange si vous voulez vous positionnez dans le luxe ! Créez vous une image d’expert dans votre domaine et ne sympathisez pas avec vos potentiels clients. Faites même une sélection parmi les demandes et refusez l’accès à certains avec des critères drastiques pour créer l’envie de travailler avec vous. Plus l’accès est sélect et plus vous aurez de clients « haut de gamme ». Quand je dis haut de gamme, je parle de ceux qui suivent les tendances, sont à l’affut de tout ce qui peut les valoriser auprès de leur clientèle ou amis, qui veulent travailler avec celui ou celle dont tout le monde parle.

On fait tous souvent le choix de s’adresser aux petits. Par souci éthique, empathique, parce que nous aussi on a été petit et qu’on aurait bien aimé avoir une offre dédiée à notre statut. Parce que c’est plus simple aussi. Notre réseau de débutant est généralement composé de petits entrepreneurs, comme nous, qui aimeraient avoir des prestations « abordables » qui feraient décoller leur business. Quoi de plus simple que de proposer une offre low cost à notre réseau ? Car ils seront clients c’est sûr, vu qu’on les connait, qu’on sait ce qu’ils veulent et ce qu’ils sont prêts à payer nos services.

Sauf que… Les gens parlent beaucoup, rêvent beaucoup et la plupart ne sont pas prêts à lâcher ne serait-ce que 50€ pour avoir un conseil, alors qu’ils « peuvent le trouver gratuitement partout ailleurs ». La culture du service, du conseil, de l’accompagnement est très peu présente dans les TPE. C’est ce qui fait qu’elles restent des TPE d’ailleurs. Car développer une success story en ne dépensant pas un centime, je pense que tout le monde a compris que c’est impossible

Jusqu’à présent je me suis toujours adressée aux petits ecommerçants, parce que j’en étais une, parce que je connaissais leurs besoins, parce que je savais à peu près combien ils pouvaient investir dans une prestation. Or ce que je ne savais pas (enfin ma petite voix intérieure le savait elle…), c’est que JAMAIS, ils n’allaient payer une presta quel qu’en soit le prix (hormis du SEO peut-être et encore…), encore moins du marketing, ou de l’accompagnement en branding et stratégie sociale. Car ils savent le faire tout seul, il suffit qu’ils posent une question dans le groupe des cybers et plus besoin de prendre une prestation payante. Je comprends, chacun ses choix de développement.

L’erreur a été de maintenir coute que coute mon cap dans cette direction. Bien heureusement je suis ravie des clients que j’ai actuellement, mais ceux-ci veulent devenir grand, pas rester à 100 000€ de CA et ils se donnent les moyens d’y arriver !

Ce n’est pas non plus en créant un syndicat des petits ecommerçants qui, alors que le syndicat n’en n’est qu’à l’ébauche, reçoit déjà des revendications dignes du NPA : faire abolir la loi Hamon, mettre la pression à Paypal à propos des litiges ou encore faire baisser les tarifs de la Poste. Autant vous dire que si j’arrivais à faire cela, je me présente aux prochaines élections ^^ Pour quels retours en plus ? Des mécontents, des gens qui se sentent volés de leur cotisation annuelle à 50€, d’autres qui me trouvent illégitime car je ne suis plus ecommerçante ou encore ceux qui pense(ront) que j’ai profité du syndicat pour ma notoriété personnelle. (un jour j’ai du dire que je voulais être la Mère Thérésa du ecommerce et personne ne l’a oublié je crois…)

Donc ces projets sont abandonnés, après une semaine de réflexion, de pause numérique, de fin de grand ménage dans ma vie pro et perso, je commence à savoir ce que je vais créer et ce que je vais laisser de côté, à qui je vais m’adresser, ce à quoi je peux prétendre, pour qui je n’ai plus envie de me battre ou encore à qui je ne proposerai plus de participer à des projets. Et je peux vous assurer qu’en visant petit, on reste petit, quelque soient nos compétences…

Un jour j’ai lu que dans la vie, et surtout quand on est entrepreneur, il fallait persévérer mais ne pas s’entêter : c’est exactement cela

S’entêter c’est aller contre son instinct, contre son intuition et aller droit dans le mur, alors que persévérer c’est aller là où notre chemin doit aller, vers la vie qu’on veut vraiment avoir. A chacun de faire ses choix, de parfois revenir dessus, et de les assumer…