"... On présente un grand auteur du nom de Micha, et on l'installe bien en vue de son auditoire.
- Micha n'a pas encore fait de prison, s'excuse Youri dans l'hilarité générale. Mais avec un peu de chance, on l'y enverra avant qu'il ne soit trop tard, et comme ça, il pourra se faire publier à l'ouest."
"... Plusieurs jeunes auteurs prometteurs d'environ 60 ans entrent, écoutent un instant et ressortent, emportant avec eux leurs profondes réflexions. Zapadny désigne ceux qui sont récemment sortis de prison, et ceux qui les y remplaceront bientôt, espère-t-il..."
Je n'ai pu m'empêcher de penser à ces extraits de La Maison Russie, un roman d'espionnage de John le Carré, narrant les aventures d'un éditeur britannique dans le Moscou de la perestroïka, lorsque j'ai vu à l'entrée de la motte castrale de Saint-Omer, cette affiche indiquant que des travaux de rénovation étaient en cours pour la transformer en résidence d'artistes. Bien sûr, on ne comprend pas l'ironie de la situation si l'on ignore que pendant longtemps, le bâtiment construit sur cette motte castrale a servi de prison, et que l'on y voit encore parfaitement les cellules et leurs lourdes portes de bois.
Comme quoi certaines époques ne sont peut-être pas si révolues que cela, même s'il faut reconnaître que le site, surplombant la cathédrale de Saint-Omer, est superbe. Mieux encore, le projet avait été lancé par l'ancienne municipalité socialiste de Saint-Omer ! On verra bien si l'inspiration viendra aux artistes.
Mais la véritable question est : les Audomarois regretteront-ils à la longue le sens de l'humour parfois involontaire de leurs anciens édiles socialistes? A suivre...