Les 16 ministres du gouvernement Valls sur le perron de l'Elysée. ©WITT/VILLARD/SIPA
Les politiciens doivent-ils être des professionnels de la politique pour l’exercer ?Il y a ceux qui affirment que la politique est égalitaire; que tous les citoyens peuvent, et doivent, y participer. Que les professionnels de la politique ont perdu le sens des réalités et des conditions de vie de leurs concitoyens (exemple en date : Anne Hidalgo proposait -durant les municipales- un câble téléphérique pour franchir la Seine entre les gares de Lyon et d'Austerlitz… / programme page 63). Il y a ceux aussi qui considèrent que l'exercice du pouvoir est une fonction à plein temps, un métier trop complexe pour être confié à des non professionnels.
Les professionnels, donc, seraient des hommes et des femmes avec pour seule activité la politique, souvent passés par l'Ecole nationale d'administration (ENA) - une exception mondiale qui cristallise à elle seule une partie des critiques : "Tous pareils", "même langage, même codes, même milieu". Une grande partie de ces diplômés français sont issus de cette école pour hauts commis de l'Etat : François Hollande, Ségolène Royale, Laurent Fabius... La liste, impressionnante, est disponible sur Wikipedia.
Nicolas Sarkozy revendique haute et fort le fait de ne pas être passé par la grande institution. "Je ne ressemble pas aux élites françaises, je n'ai pas fait l'Ena", déclarait-il sur le plateau de "Des Paroles et des Actes", (mardi 6 mars 2012). "Vous savez, moi, je n'ai pas fait l'ENA, dans ma vie je n'ai jamais eu à défendre un statut. Ce que j'ai eu, je l'ai eu par le travail", répétait-il deux jours plus tard. Pourtant, Nicolas Sarkozy est bel et bien un professionnel de la politique. Il n'a pas fait l'ENA mais s'est engagé dès 1974 (au sein de l'UDR). Et, mise à part sa carrière d'avocat, l’homme n'a jamais vraiment quitté la politique depuis lors.
Marine Le Pen, elle aussi professionnelle de la politique, n'a jamais manqué de dénoncer "l'arrogance des énarques et des hauts fonctionnaires".De son côté, le candidat du NPA (Nouveau parti anticapitaliste) Philippe Poutou, ciblait explicitement les "professionnels de la politique". Dans son livre "Un ouvrier c'est là pour fermer sa gueule" (Textuel), il revendiquait sa "candidature anonyme (...) qui romprait socialement avec ce qui se pratique dans la plupart des partis politiques" et qui, selon lui, "se situe à l'opposé des ambitions et des obsessions personnelles (...) et des carrières des professionnels de la politique".
L'éditorialiste du Figaro, Yves Thréard, soutient que la politique est une affaire de professionnels. Il avait pris pour exemple les difficultés d'Eva Joly dans la campagne présidentielle de 2012. Certains ministres provenant de la société civile, ne maîtrisant pas tous les codes du sérail politique, ont connu des carrières ministérielles particulièrement difficiles à l'instar des ministres de l'Education nationale Claude Allègre, scientifique, ou Luc Ferry, professeur de philosophie. Ministre des Finances de 2005 à 2007, Thierry Breton est quant à lui retourné diriger une grande entreprise.FG