Le temps, le temps

« Le temps, le temps »

SUTER Martin

(Bourgois)

« La transformation crée l’illusion du temps. La répétition est sa mort. Un jour où tout serait identique à la veille serait la preuve qu’en réalité c’est le temps qui ne se manifeste pas. Et encore plus si c’est un jour identique à un autre, remontant à des années. »

Knupp va, à partir de cet axiome, convaincre son voisin, Peter Taler, de recréer un « jour identique » à celui au cours duquel est décédée sa femme. Une quinzaine d’années auparavant. Alors que Peter Taler, lui, essaie de résoudre l’énigme de l’assassinat de Laura, son épouse. Un crime commis un an plus tôt. Les deux hommes s’associent dans cette folle aventure, y consacrant tout leur temps et leurs maigres ressources, et en faisant preuve d’une exceptionnelle ingéniosité. Parviendront-ils à atteindre leur objectif ? Ne prennent-ils pas le risque, et l’un et l’autre, de révéler des pans de mystères qui pourraient ne pas arranger leurs affaires ?

Le Lecteur s’est régalé à suivre les agissements des deux protagonistes, à s’extraire du temps en acceptant l’idée a priori farfelue de « reconstruire » la journée fatale au terme de laquelle Knupp se retrouva veuf. Vaguement inquiet lorsque Laura sembla tout-à-coup s’abstraire du récit. Mais fasciné par l’exceptionnelle mise en scène orchestrée par les deux hommes. Avec, et bien évidemment, un ultime rebondissement qui ne peut que ravir celles et ceux qui, à l’instar du Lecteur, aiment le cinéma d’Hitchcock.