Imaginez–vous un matin, réveillé par l’air frais dans un parc mondialement connu, mais à presque 6000 kilomètres de vos souvenirs de la veille. Au bout du bras une menotte. La deuxième est attachée au bras d’un inconnu endormi. Flippant, isn’it ? Guillaume Musso pose les bases directement d’un roman tout en trous noirs, flashs back et souvenirs lacunaires. Alice Schäfer, inspecteur de la police parisienne va avoir toutes les peines du monde à démêler l’écheveau des dernières 24heures, voir des trois dernières années de sa vie. Et ce n’est pas Gabriel Keyne, son compagnon d’infortune, jazzman américain, tout aussi largué qu’elle, qui va pouvoir éclairer ses zones d’ombre.
On est clairement dans un livre sombre, un thriller aux multiples rebondissements et avec une fin qui jusqu’aux dernières pages nous tient en haleine. Guillaume Musso dépressif ? Je ne crois pas. Il se serait plutôt amusé de jouer avec nos sentiments, peurs, empathies envers Alice, jusqu’au dénouement final, qui loin d’être la mélodie du bonheur, garde la signature habituelle de l’auteur. Il est à la hauteur de ce que j’attendais, sans être la surprise totale, si ce n’est cette ambiance parfois très glauque du passé d’Alice. J’ai eu besoin de temporiser par moment, et les va-et-vient entre passé et présent étaient les bienvenus pour me permettre de souffler un peu. Attention, je ne suis pas une adepte du roman d’horreur ou gore, je suis une petite nature. Là où des scènes m’ont fichu le frisson tard le soir, vous risquez de vous demander un peu pourquoi si vous êtes fan de situations rudes.
Niveau décor, on est toujours dans la fascination parisienne et new yorkaise de l’auteur, à laquelle s’ajoute un road trip dans des terres plus sauvages, au fil des pérégrinations d’Alice et de Gabriel. Les États-Unis tels qu’on les voit dans l’excellent documentaire J’irai dormir à Hollywood d’Antoine de Maximy et ses rencontres improbables. Et la musique toujours si présente, non seulement en élément d’ambiance, mais aussi subtilement dans le dessin des personnages.
Les personnages sont bien définis et gardent une ligne de conduite cohérente. Ce qui n’est pas gagné vu le développement de l’histoire. Mais Guillaume Musso sait toujours là où il va et ça se sent. On s’attache facilement à leur pas, leurs doutes, leurs peurs, leur rage et c’est d’autant plus dur de les laisser, pour éteindre la lumière. Mais en même temps je n’aurai pas vécu les retournements de situation aussi intensément, si je l’avais lu d’une traite. Il fait partie de ces romans qui se savourent, tel un gourmet et qui a besoin de respirer comme le bon vin.
Est-il utile de préciser que je vous le recommande ?
Central Park de Guillaume Musso, aux éditions XO, mars 2014.