La nuit du chasseur - 8/10

Un film de Charles Laughton et Robert Mitchum (1955 - USA) avec Robert Mitchum, Shelley Winters, Lilian Gish, Billy Chapin - en N.B.

Excellent.

L'histoire : Le révérend Powell est un illuminé, obsédé par le péché de chair et la luxure, qu'il combat... en tuant des femmes, tentatrices sataniques. Il est aussi fort sensible à l'appât du gain. Emprisonné pour un délit mineur, il rencontre en cellule un homme, condamné à mort pour meurtre, suite à un cambriolage qu'il effectuait pour sauver sa famille de la misère. Après l'exécution de ce dernier, le révérend, libéré, se rend dans la ville où habitait son compagnon. Sa femme, ou ses enfants, doivent bien savoir où il avait caché le magot avant d'être arrêté... Manipulateur, mielleux, il séduit la jeune femme et l'épouse. Mais le petit garçon et la petite fille, seuls détenteurs du secret de leur père, refusent absolument de parler...

Mon avis : Un film surprenant, d'une étonnante modernité. La pellicule et la technique ont beaucoup vieilli, mais l'esthétisme et la mise en scène sont prodigieusement modernes. On sent que chaque plan a fait l'objet d'un soin immense : composition, cadrage, éclairage, premiers plans/arrière plans (beaucoup d'animaux, comme dans un conte)... les images sont de toute beauté, empreintes d'une étrange poésie. On a sans cesse l'impression d'être face à une symbolique... que chacun interprétera à sa façon. Je pense d'ailleurs que je reverrai ce film plusieurs fois pour mieux l'analyser !

C'est dans ce film qu'on voit les célèbres tatouages "Love" et "Hate" dessinés sur les doigts du personnage principal incarné par Robert Mitchum, une idée qui a fait le tour du monde et que l'on voit encore aujourd'hui partout reprise, avec des variantes contemporaines.

Très curieux aussi le propos : on croit au début à une histoire de serial-killer, de sale type, mais peu à peu l'accent est mis sur le petit garçon et la prodigieuse résilience enfantine : courage, détermination, adaptation à toutes sortes de situation. Un hommage à l'enfance. Pas courant, et magnifique.

Dans le rôle du grand méchant loup, Robert Mitchum est extraordinaire, inoubliable. Il m'a d'autant plus terrifiée qu'il reste bien sûr très séduisant ! Heureusement comme dans tous les contes, il y a une bonne fée... merveilleuse Lilian Gish ! 

J'en connais un qui s'est inspiré de cette image, non ?

J'ai été saisie par ce film, qui à l'époque a connu un échec cuisant... sans doute à cause de l'originalité qu'il dégage, sur la forme et sur le fond, et qui a été appréciée longtemps après, au fil des années. Une splendide découverte. A noter que c'était la première réalisation des acteurs Charles Laughton et Robert Mitchum. Et (hélas) la seule, vu l'échec commercial du film et la pluie de critiques amères du public...

Un petit bijou.