Avec 96 heures, Frédéric Schoendoerffer poursuit dans son registre favori, les films de gangsters et de flics (Switch, la série Braquo, MR73…). Son film est une sorte de huit-clos à la sauce Garde à vue (film de 1981 de Claude Miller avec Lino Ventura).
Le commissaire Carré (Gérard Lanvin)
Mais dans cette version, c’est le personnage du flic qui est mis en garde-à-vue pour 96 heures par un truand, Victor Kancel, joué par Niels Arestrup (vu il y a quelques mois dans le rôle du général von Choltitz dans Diplomatie, ou dans le rôle d’un parrain de la pègre corse dans Un Prophète). Dans ce film, les rôles sont donc inversés, ce n’est plus le bandit qui est enchaîné à une table mais bien le commissaire Carré, patron de la BRB (Brigade de Répression du Banditisme), interprété par Gérard Lanvin (vu lui aussi, dernièrement, dans Angélique) qui se retrouve dans une cave sordide, menotté à un lit en ferraille et ébloui par un projecteur.
Victor Kancel (Niels Arestrup)
En effet, Kancel est persuadé qu’un membre de sa bande est un mouchard, et qu’il a permis à la police de l’appréhender en flagrant délit de hold-up, lui faisant perdre trois ans de sa vie. Il organise donc son évasion, grâce à l’enlèvement du commissaire Carré par ses trois associés, encore en liberté, Abdel (Slimane Dazi), son bras droit, Sacha (Jochen Hagele) et Joseph (Pierre Kiwitt) deux gros bras d’Europe de l’Est. Arrivés derrière les murs d’une grande maison, véritable forteresse, l’interrogatoire peut commencer.
Abdel (Slimane Dazi) et Carré (Gérard Lanvin)
Le film répond à tous les critères du polar, il y a le flic, vieux de la vieille, le truand sadique et paranoïaque, les gros bras un peu ours, et la cavalerie arrivant après la bataille (Sylvie Testud, déjà bien malmenée dans 24 jours), sans parlé de l’avocat véreux (Cyril Lecomte) et de la belle à sauver (Laura Smet). C’est même un peu cliché. On peut aussi regretter qu’une scène permette de découvrir la taupe au milieu du film. Le dernier bémol du film est l’interrogatoire. On comprend vite que Lanvin ne craquera pas et rien n’est vraiment fait dans ce sens. Peut-être auraient-ils du regarder La vie des autres ?
Carré (Gérard Lanvin), Camille Kancel (Laura Smet) et Victor Kancel (Niels Arestrup)
Malgré tout, ce film se laisse regarder. Il ne révolutionnera pas les films policiers et la dernière minute nous laisse plutôt dubitatifs. L’aspect psychologique des personnages est assez développé, même si l’enchaînement du scénario ne nous laisse pas assez l’appréhender. L’intrigue est intéressante et l’inversion des rôles assez bien trouvée. L’aspect huit-clos aurait mérité d’être plus prégnant et l’interrogatoire plus développé, comme c’est le cas dans Garde à vue où le jeu de questions-réponses est le centre du film et où la torture et le conditionnement psychologique sont très poussés. Les acteurs, quant à eux, sont tout à fait dans l’action surtout Lanvin et Arestrup qui excellent dans les rôles dramatiques.
Thomas Waret
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