Je crois à d’abrupts à-pics, à l’orage sur le lac
en 1949, aux vents glacés, aux piscines vides,
au sentier invisible menant à la rivière, à l’ail frais,
aux pneus usés, aux bars, aux saloons, aux tavernes,
aux litrons de vin rouge, aux fermes abandonnées,
aux massifs de lilas rabougris, aux culs-de-sac de routes
en gravillon, aux tas de broussailles, aux fourrés, aux filles
qui n’ont pas viré complètement barjot,
aux tourbillons, aux bateaux en bois qui fuient, à l’odeur
de l’huile de moteur usagée, aux rivières turbulentes,
aux lacs sans cottage perdu dans les bois,
aux primevères poussant dans un crâne de vache,
aux milliers d’oiseaux à qui toute ma vie j’ai parlé,
aux chiens qui m’ont répondu, aux corbeaux de
Chihuahua qui me suivent lors de longues marches.
Le serpent à sonnette fuyant l’eau froide du tuyau,
les dieux inconnus voltigeurs que je vois presque
à gauche de mon oeil aveugle, qui luttent pour leur vie
dans un monde qui les écrase sous sa botte.
*
I believe in steep drop-offs, the thunderstorm across the lake
in 1949, cold winds, empty swimming pools,
the overgrown path to the creek, raw garlic,
used tires, taverns, saloons, bars, gallons of red wine,
abandoned farmhouses, stunted lilac groves,
gravel roads that end, brush piles, thickets, girls
who haven’t quite gone totally wild, river eddies,
leaky wooden boats, the smell of used engine oil,
turbulent rivers, lakes without cottages lost in the woods,
the primrose growing out of a cow skull, the thousands
of birds I’ve talked to all of my life, the dogs
that talked back, the Chihuahuan ravens that follow
me on long walks. The rattler escaping the cold hose,
the fluttering unknown gods that I nearly see
from the left corner of my blind eye, struggling
to stay alive in a world that grinds them underfoot.
***
Jim Harrison (né en 1937) – A la recherche des petits dieux (In Search of Small Gods, 2009)