Ce matin, l’événement sur BFM TV et RMC était l’interview du Président de la République François Hollande par Jean-Jacques Bourdin. Attendu de longue date, l’entretien (scindé en deux parties) a duré environ une heure. L’occasion, dans un dispositif assez inédit, de confronter la parole présidentielle à un nouveau style.
Précision : ici je ne vais m’attarder que sur quelques éléments de forme de cette interview, le fond et les commentaires politiques ou encore idéologiques n’ont pas leur place dans cet article ni dans les commentaires. Merci.
Chez RMC / BFM TV ont connaît la mécanique qui fonctionne. Pas de fioritures et de courbettes, on martèle, on (sur)vend et l’on fait du bruit quitte à brasser pas mal d’air. Autant dire qu’avant que l’interview de François Hollande ne débute on pouvait redouter un choc des cultures entre le style frontal de BFM TV et les habitudes très feutrées que l’on donne par habitude à la parole présidentielle.
L’interview s’est déroulée en deux parties, un entretien tout d’abord en face à face entre François Hollande et Jean-Jacques Bourdin puis des questions d’auditeurs / citoyens directement posées au Président. Dans chacune de ces configurations, il a fallut que le Président puisse développer un propos en cohérence avec le ton du média via lequel il s’exprime. Face aux nombreuses questions assénées au pas de charge par Jean-Jacques Bourdin, François Hollande a du adopter un rythme beaucoup plus soutenu qu’à l’ordinaire. Là où le silence est fréquemment utilisé pour asseoir un propos, ici nous étions dans le registre de la concision du propos. Face à la multiplication des questions il a fallu, à plusieurs reprises pour le Président, réorganiser les interrogations pour pouvoir y apporter des réponses précises.
Par ailleurs, un élément intéressant dans la mise en scène de cette interview est à retrouver dans la configuration de « duel » que la radio / télévision a voulu instaurer. Mettant à mal les dispositifs cérémonieux habituellement dévolus à ces prises de parole, ici la configuration est restée la même, même plateau, mêmes (fameux) micros, etc. Deux différences notables, la présence dans le fond vert des drapeaux de la France et de l’Europe ainsi qu’une utilisation régulière de plans en champ contre champ.
http://www.dailymotion.com/video/x1ta0ij
Le dispositif tel qu’employé ici, fait tout à fait référence à la notion de « duel« . D’un côté, François Hollande représentant d’un Etat contesté, de l’autre, Jean-Jacques Bourdin, vox populi. Chacun affronte l’autre en face à face, les yeux dans les yeux, chacun profite d’un gros plan massif de dos qui donne une carrure et une dimension supplémentaire. Effets renforcés par les très légers zooms opérés dans ces instants de défiance. Ces mêmes séquence rapportés aux propos énoncés, donnent à ceux-ci une force et une vigueur supplémentaire.
Dans la seconde partie de son interview, c’est cette fois-ci en contact direct avec des auditeurs-téléspectateurs-citoyens que s’est retrouvé le Président de la République. Chaque citoyen étant représenté par un insert nominatif à l’écran.
http://www.dailymotion.com/video/x1ta59y
Dans ce registre, c’est une fois encore le vocabulaire qui a le plus donné à un remaniement de la forme. Face à des situations personnelles, la parole du Président a du se faire pédagogue, précise, sans fioritures et sans généralités qui dépassent le cas personnel. A l’inverse d’une remise en question des choix politiques opérés depuis deux ans auquel s’est attelé Jean-Jacques Bourdin. Ici, c’est à une attaque en règle et concrète, basée sur des cas précis que s’est confronté le Président. La justification a toujours trouvée sa place, mettant l’empathie en premier plan avec des appropriations des problèmes personnels et un examen (promis comme) personnel de plusieurs cas énoncés.
Au final, la parole de ce matin s’est voulue proche des citoyens et l’a semble-t-elle était. Adéquation entre les médias, le dispositif, l’intervieweur et les intervenants. Le Président s’est retrouvé mis en difficulté par un ton assez choc, des accusation pas du tout feutrées, qui, dans un certain imaginaire de défiance des puissants, a dû contenté nombre de citoyens a défaut de résoudre dans l’immédiat tous leurs problèmes.
BFM TV Bourdin Hollande Politique Réflexion RMC 2014-05-06 jotbou Partager !