Machu Picchu est une ancienne cité inca du XVe, perchée sur un promontoire rocheux sur le versant oriental des Andes centrales. Son nom aurait été Pikchu ou Picho.
Selon des documents du XVIe siècle, trouvés par l'archéologue italien Lucas Pittavino, Machu Picchu aurait été une des résidences de l’empereur Pachacútec. Cependant, quelques-unes des plus grandes constructions et le caractère cérémonial de la principale voie d’accès démontreraient que le lieu fut utilisé comme un sanctuaire religieux. Les deux usages ne s’excluent pas forcément. En revanche, les experts ont écarté l’idée d’un ouvrage militaire.
Abandonnée lors de l’effondrement de l'empire inca, Machu Picchu, oubliée durant des siècles, est considérée comme une œuvre maîtresse de l’architecture inca. Ses caractéristiques architecturales et le voile de mystère que la littérature a tissé sur le site en ont fait une des destinations touristiques les plus prisées de la planète. Depuis 1983, le site est sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO.
Les 172 constructions s’étendent approximativement sur 530 mètres de long et sur 200 mètres de large. On peut accéder au Machu Picchu par différents chemins de randonnée. Le plus emprunté, le chemin de l’Inca, est soumis à un contrôle strict et ne peut être parcouru qu’avec une agence de voyage. Le village le plus proche du Machu Picchu est Aguas Calientes, à 400 mètres en contrebas. Aucune route ne dessert Aguas Calientes : les visiteurs du Machu Picchu doivent utiliser la ligne de chemin de fer qui traverse le village.
Histoire
La région du Machu Picchu, située aux marges des Andes et de la forêt amazonienne, fut peuplée par les montagnards des régions de Vilcabamba et de Cusco, toujours en recherche de nouvelles terres cultivables. L’emplacement ne présente aucune trace de constructions avant le XVe siècle.
Epoque inca (1438-1534) : La ville a dû être construite sous le règne de l’empereur Pachacútec peut-être en 1440. Machu Picchu dut avoir une population variable comme la majorité des llactas incas : entre 300 et 1000 habitants appartenant probablement à une élite religieuse et/ou politique. Le travail agricole était effectué par des travailleurs amenés des différentes provinces de l’empire. Les vallées avoisinantes formaient une région densément peuplée et qui avait augmenté de façon spectaculaire sa production agricole à partir de la période inca en 1440. Les Incas construisirent là de nombreux centres administratifs et des complexes agricoles avec des cultures en terrasses. Machu Picchu dépendait de ces complexes pour son alimentation mais leur production était insuffisante, nécessitant des importations depuis d’autres provinces. La communication entre les régions était rendue possible grâce au réseau formé par les huit chemins incas qui allaient à Machu Picchu. La petite cité se différenciait des populations voisines par la singulière qualité de ses grands édifices. À la mort de Pachacútec, cette situation se serait poursuivie sous les règnes de Tupac Yupanqui (1470-1493) et Huayna Capac (1493-1529). Machu Picchu dut perdre de son importance en raison du désintérêt des empereurs successifs et aussi de l’ouverture d’un chemin plus sûr et plus large entre Ollantaytambo et Vilcabamba.
Epoque de transition (1534-1572) : La guerre civile inca (1531-1532) et l’arrivée des Espagnols à Cuzco en 1534 vidèrent les activités de Machu Picchu de sens, une fois disparue l’aire géographique sacrée de Cuzco. En outre, la résistance inca dirigée par Manco Inca en 1536 appela les nobles des régions proches à rejoindre la cour en exil de Vilcabamba, et il est fort probable que les derniers nobles de Picchu aient alors abandonné la ville. Les paysans de la région étaient essentiellement des mitmas, issus des différents peuples conquis par les Incas et déplacés de force sur ces terres. À la chute du système économique inca, ils retournèrent sur leurs terres natales. Picchu et sa région devinrent tributaires de l’encomienda espagnole de Ollantaytambo : le premier chef en fut le conquistador Francisco Pizarro. Ceci ne signifie pas que les Espagnols montèrent jusqu’à Machu Picchu, ni qu’ils connaissaient son importance passée, mais ils connaissaient le lieu, probablement déjà en partie déserté.
De la colonisation à la république (XVIIe - XIXe siècles) : Après la chute du royaume de Vilcabamba en 1572 et la consolidation du pouvoir espagnol dans les Andes centrales, Machu Picchu devint un lieu à part, éloigné des nouvelles routes et axes économiques du Pérou. La région fut pratiquement ignorée par le régime colonial qui ne fit édifier ni église ni cité importante dans la zone. La population andine ne semble pas avoir eu la même attitude ; le secteur agricole de Machu Picchu ne paraît pas avoir été totalement abandonné. Par contre, les constructions de la zone urbaine n’ont pas été occupées et furent envahies rapidement par la végétation.
XIXe siècle : En 1865, le naturaliste italien Antonio Raimondi passa au pied des ruines sans les voir et mentionna la population clairsemée de la région. En 1870, l'Américain Harry Singer indiqua pour la première fois sur une carte le Cerro Machu Picchu et le Huayna Picchu. Sur la carte de 1874 de l'Allemand Herman Gohring, les deux sites sont mentionnés avec exactitude. Le voyageur français Charles Wiener affirmait en 1880 qu'il y avait « des ruines à Machu Picchu », mais sans pouvoir se rendre sur le lieu. Les premières références directes, actuellement connues pour ce site, indiquent qu'Augustin Lizarraga, originaire de Cuzco, arriva dans la ville le 14 juillet 1902 guidant Gabino Sanchez, Enrique Palma et Justo Ochoa. Les visiteurs laissèrent un graffiti avec leurs noms sur les murs du Templo de las Tres Ventanas. Hiram Bingham, un historien américain de l'Université Yale qui effectuait des recherches sur la ville perdue de Vilcabamba, entend parler de Lizarraga et de Machu Picchu. Accompagné par ses guides, il se rend à Machu Picchu le 24 juillet 1911. Il fut très impressionné par ce qu'il vit et sollicita l'Université Yale, la National Geographic Society et le gouvernement péruvien pour pouvoir commencer rapidement l'étude scientifique du site. Il participa aux premières fouilles sur le site. En 1913, la National Geographic Society consacra entièrement le numéro d'avril de son magazine au Machu Picchu. Au sens strict, Bingham n'a pas découvert Machu Picchu, mais il a le mérite d'être le premier à reconnaître l'importance des ruines, de les étudier avec une équipe multidisciplinaire et de divulguer les résultats.
Depuis 1915 : Depuis l'ouverture en 1948 d'une route qui permet d'aller de la gare aux ruines, Machu Picchu est devenue le principal lieu touristique du Pérou. Durant les deux premiers tiers du XXe siècle, l'intérêt pour l'exploitation du site fut plus grand que celui pour la conservation ou l'étude des ruines ; ceci n'a tout de même pas empêché quelques recherches importantes sur le site. C'est à partir de 1970 que de nouvelles générations d'archéologues, d'historiens, d'astronomes et d'anthropologues fouillèrent les ruines et leur passé. L'établissement d'une zone de protection écologique autour des ruines en 1981, l'inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1983 et l'adoption d'un plan majeur pour le développement soutenu de la région en 2005 ont été les points forts d'une action visant à conserver Machu Picchu et ses alentours. Mais les mauvaises restaurations, les incendies de forêt et les conflits politiques ont entaché cet effort de l'État pour gérer au mieux les ruines...
En 2004, quelque 400 000 touristes visitèrent le Machu Picchu, et l'UNESCO a depuis exprimé ses craintes que leur nombre trop important ne dégrade le site. Selon les autorités péruviennes, l'éloignement et la difficulté d'accès au site imposent d'eux-mêmes des limites naturelles à l'expansion du tourisme. Régulièrement, des propositions sont faites pour installer un téléphérique pour rejoindre le site, mais elles ont toutes été rejetées jusqu'à présent.
Le 12 juillet 2006, le Congrès du Pérou vota la loi 28778 concernant le retour des objets archéologiques formant l'essentiel de la collection Machu Picchu du musée Peabody (abrité par l'Université Yale) ; ceux qui avaient été autorisés à sortir du pays par le décret suprême 1529 du 31 octobre 1912 et le décret suprême 31 du 27 janvier 1916.
En septembre 2007, l'Université Yale a promis de rendre les 4000 pièces archéologiques trouvées par Hiram Bingham pour le 31 décembre 2012. Une partie a été rendue mais à ce jour, je ne trouve aucun article confirmant que tout ait été restitué...
Description
De par sa richesse architecturale, Machu Picchu est l'un des sites archéologiques les plus importants de l'Amérique latine.
Le site est divisé en deux grands secteurs : la zone agricole formée par un ensemble de terrasses de cultures qui se trouve au sud ; et la zone urbaine qui est celle, on le suppose, dans laquelle vivaient ses occupants et où se déroulaient les principales activités civiles et religieuses. Cette zone urbaine comprenait le quartier sacré, le quartier populaire et le quartier des nobles et des ecclésiastiques.
Zone agricole : Les terrasses de cultures de Machu Picchu apparaissent comme de grands escaliers sur le flanc de la montagne. Ce sont des constructions formées par un mur de pierre et un empilement de couches de matériaux divers (grandes pierres, pierres plus petites, fragments de roches, argile et terre de culture) qui facilite le drainage en évitant que l'eau puisse miner la structure (la région subit une forte pluviosité). Ce type de construction a permis que les cultures se poursuivent jusqu'au XXe siècle sans problème. D'autres terrasses de moindre largeur se trouvent dans la partie basse de Machu Picchu, tout autour de la cité. Ce sont des murs de soutien. Cinq grandes constructions se trouvent sur les terrasses à l'est de la route inca qui conduit à Machu Picchu depuis le sud. Elles servaient de magasins.
Un mur de 400 mètres de long sépare la ville de la zone agricole. La zone urbaine a été divisée par les archéologues en groupes d'édifices numérotés de 1 à 18, mais Chavez Ballon en 1961 l'a divisée en deux secteurs : un haut (hanan) et un bas (hurin). Cette répartition est plus en accord avec l'organisation de la société et le système andin de la hiérarchie.
Zone urbaine : Deux axes découpent la ville : le premier est matérialisé par une place large, construite sur des terrasses à plusieurs niveaux. Le deuxième est un large escalier qui fait office de rue principale, avec une série de fontaines d'eau. À l'intersection de ces deux axes se trouve la résidence de l'inca, le temple-observatoire du torreon et la plus grande des fontaines. La zone sacrée est principalement dédiée à Inti, le dieu soleil, divinité principale du panthéon inca, après Huiracocha le dieu créateur. C’est ici que se trouvent les trésors archéologiques les plus importants : le cadran solaire ou astronomique (Intihuatana) et le temple du Soleil. Dans le quartier des nobles se situe le Torréon, sorte de tour conique composée de blocs finement travaillés. À l'intérieur, les traces d'un grand incendie sont visibles. Le Torréon est construit sur une grande roche en dessous de laquelle se trouve une petite cavité : c'était peut-être un mausolée pour les momies. Dans la tour se trouvent plusieurs autels sacrificiels. À proximité se trouvaient 142 squelettes, probablement les restes de personnes sacrifiées pour célébrer le culte du Soleil. Toutes les constructions du Machu Picchu sont de style classique inca, c'est-à-dire avec les constructions ayant une surface légèrement plus importante à la base qu'au sommet, ce qui leur confère une bonne résistance aux séismes. Quelques rares murs sur le site sont composés de pierres parfaitement ajustées, mais l'ensemble des constructions est constitué, contrairement aux autres sites de la région, de pierres non ajustées. Les Incas ne faisaient pas usage de ciment sur leurs sites mais sur celui du Machu Picchu, la majorité des murs et des édifices sont constitués de pierres très irrégulières, disjointes et remplies de terre entre elles. Le granit des pierres utilisées pour la construction du site provenait de carrières éloignées, ce qui demandait une ingénierie très évoluée pour faire monter des blocs de pierre pouvant peser plusieurs tonnes jusqu'au sommet de la montagne.
Le plan des constructions semble avoir la forme d'un animal. Il est parfois admis que les Incas donnaient à leurs cités la forme d'animaux sacrés (puma, condor...) Au Machu Picchu, plusieurs formes sont distinguées. La plus fréquente est celle d'un condor, les ailes déployées.
A voir un jour !
D'après Wikipédia