L’AC Milan a battu l’Inter 1-0 et a ainsi remporté le derby de la Madonnina. On a assisté à un des derbys les plus laids de l’histoire, pauvre sur le plan technique, avec peu de rythme et d’intensité. Mais gagner un derby reste important et Milan a mérité sa victoire. Les Rossoneri ont montré plus d’envie face à une Inter inexistante et inoffensive, incapable de cadrer un seul tir (cela ne leur était plus arrivé depuis 10 ans tous matches confondus!). Solide et organisée, l’équipe de Seedorf a contrôlé la rencontre et s’est imposée grâce au but d’un grand De Jong, l’homme du match.
C’est une victoire extrêmement importante pour l’AC Milan : remporter un derby provoque une grande satisfaction et les Rossoneri restent en course pour une place en Europa League. L’envie de gagner ce derby était trop grande. Trois ans sans une victoire un était trop long. On ne retiendra que le résultat de ce match franchement ennuyeux. C’est le principal effet de la décadence des deux équipes milanaises, autrefois au top de l’Europe, aujourd’hui méconnaissables et à des années lumières du niveau européen.
MILAN DOMINE, L’INTER S’INCLINE
Seedorf a présenté un Milan différent, aligné en 4-4-2 en losange (comme Berlusconi l’aime), De Jong devant la défense et Taarabt derrière le duo Kakà – Balotelli. Un choix payant au niveau de l’organisation avec une ligne médiane renforcée pour faire face au milieu à 5 de Mazzarri. Sa flexibilité a payé même si elle pourrait ne pas suffire pour le confirmer.
La première mi-temps a été équilibrée, fermée et disputée sur rythme peu élevé, avec par conséquent peu d’occasions. L’équipe de Seedorf a opté pour la possession de balle, assez stérile, celle de Mazzarri s’est regroupée en défense avec l’objectif de partir en contre. Le thème de la seconde mi-temps n’a pas changé et seul un coup de génie ou une phase arrêtée pouvait débloquer cette pauvre rencontre.
C’est ainsi qu’un coup franc parfaitement frappé par Balotelli et repris de la tête pas De Jong s’est révélé décisif. L’Inter est restée incapable de réagir et Milan s’est imposé grâce à sa solidité et la volonté de gagner. Dans un match fermé, le geste individuel (Balotelli et De Jong), l’organisation et la capacité de commettre le moins d’erreur paient : tous ces facteurs ont penché en faveur de Milan, qui sans briller, a remporté les trois points d’une manière méritée. Milan a été meilleur, a attaqué, n’a rien risqué et a provoqué l’épisode pour inscrire le but décisif.
GLOIRE A DE JONG
L’homme du match est sans aucun doute Nigel De Jong, un travailleur de l’ombre qui a trouvé la gloire lors d’un derby à son image : solide et déterminé. Son premier but à San Siro, lors d’un derby et sous la Curva Sud est la juste récompense à l’immense travail accompli tout au long de la saison et à la prestation exceptionnelle livrée lors du derby, tant en récupération de balle qu’en relance.
Les tifosi apprécient ce genre de joueur, qui se bat et donne tout. C’est lui le symbole du nouveau Milan de Seedorf, plus solide, concret et travailleur. Lors du derby il a couronné son aventure à Milan en offrant aux tifosi la grande joie de retrouver la suprématie citadine. En tant qu’un des meilleurs joueurs milanais de la saison, De Jong a mérité cette joie personnelle. Dans ses déclarations comme sur le pelouse, il s’est une nouvelle fois montré le meilleur allié de Seedorf.
SEEDORF TOUJOURS MENACÉ
Malgré des résultats nettement en sa faveur, Mister Clarence reste sur la sellette. Il a remporté un derby qui manquait depuis 3 ans, a obtenu 6 victoires lors des 7 derniers matches, un total de 32 points en 17 matches (Allegri 22 en 19 matches), a construit un Milan solide qui est revenu dans la course à l’Europe. Ses choix sont parfois discutables mais sa moyenne de points parle en sa faveur.
Il a commis des erreurs mais a appris et les a corrigé. Il tente aussi de recoller les morceaux avec la société. Il a revu ses idées, il a joué en 4-3-1-2 lors du derby, il a relancé De Sciglio, Poli, a fait entrer Pazzini et fait preuve d’humilité dans ses déclarations : « J’apprends un peu plus tous les jours, j’ai progressé depuis mon arrivée« . Traduction : « J’avoue avoir commis des erreurs mais je mérite de rester. Je suis prêt à revoir un peu mes idées et m’adapter à vous. Et vous? ».
Malgré la tempête médiatique, Mister Clarence se montre serein et souriant, se déclare tranquille, fort de son contrat de deux ans. Il a la conscience tranquille, la balle passe à la société. Ses rapports avec la société restent compliqués car sa gestion ne plait pas ni la (trop) forte personnalité de quelqu’un qui veut révolutionner tout très rapidement (méthodes de travail, présence du psy, longs discours…), imposer ses idées et n’en faire à sa tête.
Ses choix sont considérés comme mauvais, à l’origine d’une dévaluation de l’effectif et de la division du groupe en plusieurs clans. Ces erreurs semblent avoir été fatales bien qu’il tente de se racheter en s’alignant un peu plus sur les idées de la société (« Taarabt et Rami? La société décidera »). Seedorf fait preuve de bonne volonté.
Les dirigeants connaissaient le personnage et savaient qu’il n’avait aucune expérience. Comment lui reprocher toutes ces erreurs sans lui donner une seconde chance en s’appuyant sur ses bons résultats? Personne ne prend sa défense. Mais comment Galliani expliquerait son limogeage face à la presse et aux tifosi, qui eux, ne peuvent voir que le rendement (positif) sur la pelouse?
COURSE A L’EUROPA LEAGUE
La victoire de Milan face à l’Inter a redistribué toutes les cartes dans la course à l’Europa League. L’Inter a perdu son avantage confortable, Torino, Parme et Milan se sont fortement rapprochés et ont pris un léger avantage sur Lazio et Verona. Les chances des Rossoneri restent assez minces.
En excluant un suicide de l’Inter à San Siro face à la Lazio puis contre Chievo (0 ou 1 point sur 6), on retrouve Torino à 55 points, Parme et Milan à 54 points. La prochaine journée proposera Torino – Parme alors que les Rossoneri affronteront l’Atalanta (redoutable à domicile mais moins ces dernières semaines).
Seul un match nul entre Torino et Parme couplé à une victoire de Milan permettrait à l’équipe de Seedorf d’atteindre la 6° place avant la dernière journée. Autrement ce sera très difficile d’espérer un faux pas de Torino à Florence (assuré de sa 4° place) ou de Parme à domicile face à Livorno (probablement déjà relégué).
Il y a peu de possibilités mais toujours un espoir et une seule certitude : Milan devra obtenir 6 points sur 6 face à Atalanta et Sassuolo. Tout dépendra ensuite des résultats de Torino et Parma. Le championnat laissera ensuite place aux grandes manoeuvres… En attendant, cette victoire du derby apporte finalement un peu de satisfaction à ce Milan tourmenté.