par
Jennifer Delrieux
Sept centres de loisirs sont restés fermés hier. Le mouvement de protestation de la CGT contre la réforme et la dégradation des conditions de travail continue aujourd’hui.
« Nous devons travailler ensemble », ont rappelé Jean-François Fountaine et Janick Cerfontaine, adjointe à l’éducation.© PHOTO XAVIER LÉOTYCentres de loisirs fermés, effectif réduit dans les cantines… La reprise du chemin de l'école après les vacances de Pâques a été mouvementée dans les 42 établissements de maternelle et primaire rochelais. Suite à l'appel à la grève de la CGT des fonctionnaires territoriaux de la CdA, du CCAS et de la Ville de La Rochelle pour protester contre la réforme des nouveaux rythmes scolaires et la semaine de quatre jours et demi (au lieu de quatre actuellement) qui seront mis en place à la rentrée prochaine à La Rochelle, sept centres de loisirs municipaux sur les neuf que compte la ville sont restés fermés hier. Le mouvement de protestation, prévu pour durer jusqu'au 30 mai, a également touché la cantine, même si celui-ci a été peu suivi. Une manifestation est d'ores et déjà prévue pour cet après-midi. Un rassemblement aura lieu à 15 h 30, devant l'hôtel de ville.Manque de concertation« Réforme bricolée, enfants en danger ! » Dans les rues de La Rochelle, le personnel municipal du service de l'enfance a également parlé d'une seule voix hier après-midi. Une quarantaine d'animateurs, d'Atsem (agents spécialisés des écoles maternelles) et de personnel travaillant dans la restauration scolaire se sont rassemblés à 16 h 30 devant l'hôtel de ville.Reprochant à la Ville un manque de concertation durant ces deux dernières années, les manifestants ont ensuite rejoint la Communauté d'agglomération pour réclamer une entrevue avec le maire Jean-François Fountaine, qui a reçu quatre représentants du syndicat, en présence de Janick Cerfontaine, adjointe à l'éducation et aux affaires scolaires.Rappelant que la nouvelle équipe municipale venait d'être mise en place, le maire et son adjointe ont proposé de revoir les manifestants « mardi 20 mai pour poursuivre les échanges et travailler en concertation [avec eux] sur cette réforme, qui est dans l'intérêt de l'enfant, même s'il y aura forcément des améliorations à y apporter plus tard ».Contre les intérêts de l'enfantMais leur proposition n'a pas satisfait les grévistes. « On nous a parlé d'ajustements à la marge mais pas de transformation. La Ville ne remet pas la réforme en cause et persiste à dire que celle-ci va dans l'intérêt de l'enfant alors que nous pensons le contraire », reproche Jérémy Cordeau, animateur en centre de loisirs et délégué du personnel à la CGT qui distribuera des tracts ce matin devant les centres de loisirs.Dans le collimateur des manifestants : une réforme qu'ils jugent inadaptée, inégalitaire et allant à l'encontre des intérêts de l'enfant. « Pour aménager les rythmes scolaires, on a étalé les heures de classe sur cinq jours et on a créé des temps périéducatifs pour pallier le manque d'heures. Au final, les enfants passent encore plus de temps à l'école et sont encore plus fatigués donc moins réceptifs. Et en se déchargeant sur les collectivités, cela crée des inégalités d'une commune à une autre. À titre d'exemple, en région parisienne où les nouveaux rythmes scolaires ont été mis en place à la rentrée dernière, des enfants font du poney à Versailles pendant que d'autres font des ateliers goûter à Vitry », souligne Jérémy Cordeau.Pour Nathalie Bailly, directrice du centre de loisirs Bernard-Palissy à La Rochelle, « l'heure n'est plus au débat “pour ou contre” cette réforme. On sait qu'elle sera mise en place. On veut juste limiter la casse pour les enfants et pour les agents. Benoît Hamon a proposé de regrouper le temps périscolaire sur trois heures, une fois par semaine. C'est déjà plus intéressant pour faire quelque chose de crédible et de moins coûteux. »Emplois du temps morcelésÉgalement en ligne de mire des manifestants : la dégradation de leurs conditions de travail due à l'application de la réforme. « D'une école à une autre, le fonctionnement n'est pas le même. Certains établissements proposent de faire des activités de quarante-cinq minutes à quatre reprises dans la semaine. D'autres préférèrent faire deux activités hebdomadaires d'une heure et demie chacune. Conséquence : nos emplois du temps sont éclatés et morcelés, et notre temps de présence est allongé alors que nous sommes là dès 7 heures le matin », explique Jérémy Cordeau.Les manifestants regrettent aussi la perte de certains acquis sociaux, tels que la prise en charge des repas du midi par les collectivités, suite aux changements d'emplois du temps des animateurs. Les fonctionnaires territoriaux CGT redoutent également une augmentation de la précarité avec les besoins supplémentaires en personnel qui, selon eux, bénéficieraient de contrats de 4 à 8 heures maximum. « L'Éducation nationale a besoin d'une réforme mais pas de celle-ci, insiste Jérémy Cordeau. Aujourd'hui, personne n'y trouve son intérêt. »