À rebours d’une vision simpliste du libéralisme des autorités européennes, l’économiste Dominique Plihon (Attac, Atterrés) désigne le pouvoir d’obstruction des élites financières et politiques contre les indispensables réformes du système bancaire, singulièrement en France…Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Dominique Plihon professeur d’économie financière à l’Université Paris XIII, membre du conseil scientifique d’Attac et des Économistes atterrés, dresse le bilan de l’action de l’Europe dans le domaine bancaire et financier, et pointe les résistances au changement qui s’exercent au sein des principaux pays de l’Union européenne.Regards. Quel bilan peut-on faire de l’action de l’Europe en matière de réformes bancaires et financières ?Dominique Plihon. On doit sortir de la vision trop simpliste selon laquelle les autorités européennes sont le chantre du laisser-faire dans le domaine bancaire et financier. Au contraire, au moins depuis la crise de 2008-2009, la volonté d’avancer de la Commission a été assez nette. Dès le début 2009, le rapport de Jacques de La rosière commandé par José Manuel Barroso exprime une prise de conscience assez forte que la crise est due, en partie, au fait que la régulation est très insuffisante. Le nombre de réformes initiées au niveau européen est important. Michel Barnier, le commissaire en charge de ce domaine est une personnalité de droite qui appartient à la tradition gaulliste, partisan d’une régulation financière forte. Une position minoritaire, y compris dans son propre camp. Même si les projets mis sur la table par Michel Barnier ne vont pas assez loin, ils traduisent une véritable volonté de réforme qui se heurte à l’opposition des élites bancaires financières et politiques dans les principaux pays de l’Union européenne, et singulièrement des autorités françaises depuis le ministre Pierre Moscovici jusqu’au gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. Et ce sur des questions aussi essentielles que la séparation des banquesou la taxation des transactions financières.
Magazine Politique
Dominique Plihon : « Les réformes européennes ne s’attaquent pas à la financiarisation »
Publié le 06 mai 2014 par Blanchemanche
Entretien, par Bernard Marx|
À rebours d’une vision simpliste du libéralisme des autorités européennes, l’économiste Dominique Plihon (Attac, Atterrés) désigne le pouvoir d’obstruction des élites financières et politiques contre les indispensables réformes du système bancaire, singulièrement en France…Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Dominique Plihon professeur d’économie financière à l’Université Paris XIII, membre du conseil scientifique d’Attac et des Économistes atterrés, dresse le bilan de l’action de l’Europe dans le domaine bancaire et financier, et pointe les résistances au changement qui s’exercent au sein des principaux pays de l’Union européenne.Regards. Quel bilan peut-on faire de l’action de l’Europe en matière de réformes bancaires et financières ?Dominique Plihon. On doit sortir de la vision trop simpliste selon laquelle les autorités européennes sont le chantre du laisser-faire dans le domaine bancaire et financier. Au contraire, au moins depuis la crise de 2008-2009, la volonté d’avancer de la Commission a été assez nette. Dès le début 2009, le rapport de Jacques de La rosière commandé par José Manuel Barroso exprime une prise de conscience assez forte que la crise est due, en partie, au fait que la régulation est très insuffisante. Le nombre de réformes initiées au niveau européen est important. Michel Barnier, le commissaire en charge de ce domaine est une personnalité de droite qui appartient à la tradition gaulliste, partisan d’une régulation financière forte. Une position minoritaire, y compris dans son propre camp. Même si les projets mis sur la table par Michel Barnier ne vont pas assez loin, ils traduisent une véritable volonté de réforme qui se heurte à l’opposition des élites bancaires financières et politiques dans les principaux pays de l’Union européenne, et singulièrement des autorités françaises depuis le ministre Pierre Moscovici jusqu’au gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. Et ce sur des questions aussi essentielles que la séparation des banquesou la taxation des transactions financières.
À rebours d’une vision simpliste du libéralisme des autorités européennes, l’économiste Dominique Plihon (Attac, Atterrés) désigne le pouvoir d’obstruction des élites financières et politiques contre les indispensables réformes du système bancaire, singulièrement en France…Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Dominique Plihon professeur d’économie financière à l’Université Paris XIII, membre du conseil scientifique d’Attac et des Économistes atterrés, dresse le bilan de l’action de l’Europe dans le domaine bancaire et financier, et pointe les résistances au changement qui s’exercent au sein des principaux pays de l’Union européenne.Regards. Quel bilan peut-on faire de l’action de l’Europe en matière de réformes bancaires et financières ?Dominique Plihon. On doit sortir de la vision trop simpliste selon laquelle les autorités européennes sont le chantre du laisser-faire dans le domaine bancaire et financier. Au contraire, au moins depuis la crise de 2008-2009, la volonté d’avancer de la Commission a été assez nette. Dès le début 2009, le rapport de Jacques de La rosière commandé par José Manuel Barroso exprime une prise de conscience assez forte que la crise est due, en partie, au fait que la régulation est très insuffisante. Le nombre de réformes initiées au niveau européen est important. Michel Barnier, le commissaire en charge de ce domaine est une personnalité de droite qui appartient à la tradition gaulliste, partisan d’une régulation financière forte. Une position minoritaire, y compris dans son propre camp. Même si les projets mis sur la table par Michel Barnier ne vont pas assez loin, ils traduisent une véritable volonté de réforme qui se heurte à l’opposition des élites bancaires financières et politiques dans les principaux pays de l’Union européenne, et singulièrement des autorités françaises depuis le ministre Pierre Moscovici jusqu’au gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. Et ce sur des questions aussi essentielles que la séparation des banquesou la taxation des transactions financières.