Depuis plus de dix ans, Mr Flash est dans l’ombre du label Ed Banger. Première signature du label, le DJ entretient cette place en étant producteur de nombreux artistes comme Kanye West, Mos Def ou Sebastien Tellier. Pourtant, Gilles Bousquet, de son vrai nom, passe à la lumière avec la sortie de son premier album, Sonic Crusader. A l’image de son parcours, ses compositions témoignent d’un éclectisme assez impressionnant.
Sonic Crusader s’ouvre avec The Tale, un titre introductif tout en puissance et en grandeur avec la combinaison de voix robotiques et de grands orchestres rappelant les productions du compositeur Hans Zimmer. Surprise, l’écoute s’enchaîne avec le funky Motorcycle Boy sorti quelques années auparavant sur le label de Pedro Winter. La claque est immense et accrue par la grosse artillerie de Mr Flash : batterie percutante, solo de guitare, trompette et voix hypnotisante de be-bop. Number One stimule notre mémoire et ravive le souvenir que le DJ fut beatmaker pour des grosses écuries américaines. Les phrasés de Oh No, Cities Aviv et, à ma plus grande joie, d’Action Bronson se suivent et rendent parfaitement hommage au beat minimaliste de Mr Flash. Ce fut une grande surprise de retrouver Action Bronson sur une production française mais un vrai régal tant le rappeur rouquin se montre efficace et dévastateur. Un hommage est, il me semble, rendu au Velvet Underground avec une reprise électro tout en effets psychédéliques de Venus In Furs. Mr Flash dévoile une palette musicale tout en éclectisme en passant de la funk au hip hop ou à l’électro plus doux comme sur Dazzle In The Dusk, évoquant son statut de producteur pour l’album My God Is Blue de Sebastien Tellier. Comme avec Motorcycle Boy, Mr Flash propose des titres déjà sortis chez Ed Banger avec également le double morceau Domino dont la première partie est une longue ballade électronique alors que la seconde évoque chez les plus anciens les belles heures des Bains Douches. L’agréable présence de Surahn, sur Midnight Blue, donne une tournure seventies et laisse croire à une version 2.0 des Bee Gees. La basse et les synthés groovent, les percussions encadrent l’ensemble et la guitare funky colore l’ensemble. Immanquablement, l’envie de danser se profile. Le titre éponyme, Sonic Crusader, emplit l’air de synthétiseurs électroniques complètement fous. Mr Flash prouve qu’il n’a rien à envier aux Daft Punk ou à Etienne de Crécy. L’instrumentale hypnotique et sauvage de Bagheera sert de bande-son à Lady Leshurr, mi-rappeur mi-panthère. Drill, titre idéal pour les nuits sous substances illicites, sera plus familier à ma génération avec un électro costaud, une voix délirante et des effets dévastateurs. L’album se conclut sur trois titres Parliament Of The Brooks, Apocalypso et The Wake, profondément cinématographiques et ramenant Mr Flash à son premier amour, le 7ème Art.
Avec Sonic Crusader, Mr Flash nous fait regretter sa trop longue présence dans l’ombre de la scène électronique. Ses compositions témoignent d’une culture musicale assez titanesque et ses collaborations ont de quoi laisser rêveur, notamment avec l’imposant Action Bronson. Entre électro, funk et hip hop, Sonic Crusader permet de satisfaire tous les publics.
Informations complémentaires
- Artiste(s): Mr Flash
- Album: Sonic Crusader
- Label: Ed Banger
- Date de sortie: Juin 2014