Il y a maintenant quelques années, commençait avec l’arrivée d’internet une ère nouvelle. Une ère technologique que nous subissons en toute impuissance. Une ère dénuée de sens finalement. Depuis qu’elle a planté son campement, un seul protocole prévaut : rester en ligne.
Une société constamment connectée !
Aujourd’hui, tout se fait via internet. Echange avec la famille et les amis, sessions shopping, paiement des factures, commandes pour manger, etc. Une génération à la fois virtuellement connectée et humainement déconnectée !
Je le confesse, je suis un pur produit de la culture "online". J’ai près de 600 amis sur Facebook, 241 abonnés sur Twitter, 140 et quelques contacts sur Hellocoton et pourtant, il y a des jours où je me sens seule. Alors certes, grâces aux smartophone et aux tablettes, le contact se fait en temps réel, mais qu’advient-il des relations de visu ?
Le temps file à une vitesse monstre et je me rends compte qu’à force de balancer des "on se Skype ?", "inbox now", "tchek tes mails", "consulte ton Whatsapp", " Viber demain", "je te tweet ça dans l’heure" etc, je me laisse finalement embarquer dans la voie de la facilité. Triste constat de se dire qu’..
Aujourd’hui, pour raconter ses vacances, il n’est plus question de se fixer rendez-vous dans le café du coin comme au bon vieux temps. En un clique, tu postes toutes tes photos sur les réseaux sociaux de ton choix , tu te géolocalises et tu attends. Tu attends avec avidité les "like" et les commentaires qui dépassent rarement les 20 caractères.
Aujourd’hui, tu n’envoies plus de carte postale à ta grand-mère pour lui rappeler que tu penses à elle depuis le Bangladesh. Tu te contentes de prendre une photo que tu retouches sur Instagram, puis tu Snapchat le chef d’oeuvre avec pour seul message un pauvre "coucou".
Aujourd’hui, pour consoler un(e) ami(e) en bad, il n’est plus question de prendre ton vélo pour débarquer chez la personne qui habite à à peine 15 minutes de chez toi. Tu dégaines machinalement ton smartphone pour envoyer un pauvre SMS ou au mieux, tu appelles (en omettant bien évidemment de préciser que tu es en même temps en plein délire sur Chatroulette).
Aujourd’hui, tu ne vas plus au cinéma pour regarder le dernier Scorsese. Tu te branches devant Youtube ou Dailymotion pour visionner ton film.
Aujourd’hui, tu ne penses pas plus à aller profiter en chair et en os d’une visite au Musée. Tu t’accommodes d’une excursion virtuelle que t’auras torchée en moins de deux !
Aujourd’hui, tu dis " je t’aime " avec des émoticônes et tu te fâches avec des "wizz".
Aujourd’hui, pour dire à un(e) ami(e) qu’il/elle te manque, tu écris sur son "mur" et, pour te donner bonne conscience, dans je ne sais quel élan d’amour, tu le/la tagues sur une photo de vous deux prise il y a trois siècles.
Orwell, sacré visionnaire !
A l’heure des débats sur la vie privée, le voyeurisme est à son comble. L’intimité bat des ailes. Nous sommes surveillés, tout le monde le sait. Quand tu as 5 pages de pub pour des sites pas très catholiques qui s’affichent parce que tu as malencontreusement mis un "c" à nouille dans tes recherches Google.. Tu comprends vite.
C’est là que tu commences à réfléchir à deux fois avant d’effectuer une recherche. T’auras beau être en cm2 avec sur les bras un exposé qui porte sur les victimes de guerre en Irak, il y a de fortes chances pour que tu vois débarquer chez toi Chuck Norris, la CIA, la NSA, la NAZA, Interpol, le FBI, le SWAT, les Experts Miami-Manhattan-Los Angeles, les Power-Rangers, les Teletubbies et toute la cavalerie !
1984 c’était il y a peu de temps. C’est avant tout le roman d’anticipation de George Orwell avec le polémique « Big Brother is watching you ». Ce livre, qui a favorisé la renommée de son auteur, dénonce dans un premier temps le mensonge et la violence qui domine une société de masse. Il accuse, dans un second temps, l’intrusion médiatique et technologique. Saluons la clairvoyance du p’tit Georges qui avait vu juste ! Hip Hip Hip pour Georgy !
Je suis constamment connectée. J’aime ma vie 2.0. Je trouve la manière dont la technologie rapproche les gens incroyablement géniale. Malgré tout, y a des jours… Je l’avoue… il y a des jours où la correspondance papier me manque. Il y a des jours où les rencontres hasardeuses dans la rue me manquent. Il y a des jours où aller chez Kodak pour développer les photos de mon appareil photo jetable me manque. Il y a des jours où la griffe du tourne disque me manque.
Il y a des jours où j’aimerais décrocher. Il y a des jours où j’aimerais revenir en arrière.