L'Euro-tartufferie du PS

Publié le 06 mai 2014 par Despasperdus

En ces temps difficiles, le site officiel du parti socialiste est résolument optimiste :

« Jean-Christophe Cambadélis a défendu un nouveau traité social en Europe qui permettra aux salariés, aux exclus, étudants, jeunes, de pouvoir vivre décemment dans une Europe solidaire. »

L'espoir renaît, pas vrai ? Un nouveau traité social... Je n'étais pas au courant qu'il y avait déjà eu un traité social... Entendre Europe et traité social dans une même phrase me semble suspect de la bouche du 1er secrétaire du PS qui a veillé au grain pour permettre l'adoption de plus de 50 milliards euros de coupes budgétaires et autant de cadeaux au patronat.

L'UE n'est qu'une Europe de marchands, faite par des marchands, pour des marchands. De gros marchands qui délèguent le sale boulot d'exécution à leurs gens du PPE et du PSE. L'UE est une machine de guerre capitaliste avec le zéro inflation pour garantir la rente du Capital, et la concurrence libre et non faussée partout pour détruire les droits sociaux. [1]

Certains ont répondu vivement à l'enfumage socialiste:

« Voici venu le temps des euro-tartuffes. Drapés de la vertu des européens convaincus, ils n’ont jamais de mots assez forts à Paris ou à Berlin pour pourfendre les reculs de l’Europe politique et sociale et dénoncer les politiques mises en oeuvre à Bruxelles. Ils peuvent ainsi rappeler, des trémolos dans la voix, devant un Parlement européen enthousiaste, la nécessité d’un budget européen sérieux et ambitieux et celle de grands plans d’investissement pour, quelques semaines plus tard, déserter en rase campagne et faire voter au Parlement - pour la 1ère fois de son histoire -un budget en baisse. »

Et de souligner :

« Ce sont encore les mêmes qui viennent enflammer en pleine campagne électorale les tréteaux des salles parisiennes, pour dénoncer les choix austéritaires d’une Europe, dont ils ont pourtant voté et défendu tous les plans successifs, y compris en acceptant sans broncher le mandat donné à la Troïka pour mettre en couple réglée la Grèce, l’Espagne, Chypre et le Portugal. »

J'espère que ce parler cru et dru de Pascal Durand n'a pas trop heurté les âmes sensibles qui, il y a peu encore, préféraient se laisser berner bercer par Hollande, plutôt que d'écouter au même moment l'exposé de Mélenchon sur le TSCG et le Grand Marché Transatlantique.

A mon avis, le temps des euro-tartuffes ne date pas de ces dernières semaines... mais au moins des précédentes élections et du dernier mandat.

Je me rappelle qu'à l'époque, je m'étais astreint à analyser le Manifesto, le programme du PSE. Torture que je ne m'inflige pas cette année.

Depuis la troïka a révélé de façon plus flagrante le vrai visage de l'UE. Sa vraie nature, antidémocratique. Son seul objectif, l'extension du domaine des privilèges de l'oligarchie. Sa vraie politique étrangère, le valet de l'empire étasunien.

Depuis aussi deux ans de purge hollandaise à la sauce Ayrault puis Valls, j'ai estimé que la lecture du nouveau programme du PSE était totalement inutile. Pourquoi lire un copier-coller du Manifesto - alors que nous sommes dans l'austérité et la régression sociale, la stagnation économique et la désindustrialisation, la perte de souveraineté populaire et le déni démocratique depuis plus de vingt ans à cause de l'incompétence économique, de la cécité sociale, de la soumission idéologique et du caractère oligarchique du PS et de l'UMP, et de leurs amis européens ?

L'UE ultra-libérale et antisociale (désolé pour le pléonasme) est le fruit de la collaboration active du PPE et du PSE qui, devant les citoyen-ne-s, n'assument même pas l'UE qu'ils ont construite, puisque, le temps des élections, le 1er veut "une autre Europe" et le second "réorienter l'Europe".

Bref, réorienter l'Europe est un slogan pour réorienter une partie de l'électorat socialiste qui s'abstiendra ou votera pour les listes du Front de gauche, d'EELV, de Nouvelle donne ou du NPA... Il est vrai que voter PS reviendrait à approuver cette UE et la politique de Hollande, mais aussi à envoyer des députés roses pâles et à donner des moyens financiers supplémentaires au PS...

Note

[1] Je renvoie à la lecture du discours de Pierre Mendès-France en 1957 et de L'Europe sociale n'aura pas lieu.