En France, nous (re)connaissons Beatrice Martin (Cœur de pirate) pour la chaleur d’un accent capable de délivrer des mélodies simples mais d’une douceur remarquable. Surtout, on l’admire pour avoir fait le choix de partager les vers de ces airs dans une langue Francophone bien souvent monotone. Trois années auparavant son CD "Trauma" intégralement en Anglais, sorti en Janvier 2014, l’artiste Québécoise avait déjà prouvé des talents d’adaptation : celui de faire des choix musicaux et des projets. Une pareille démonstration est sortie discrètement en 2011 dans un registre de prédilection, celui qui permet de définir et de cerner une part de l’identité "Cœur de pirate". En s’associant avec Jay Malinowski, autre artiste Québécois et fondateur du groupe Bedouin Soundclash, le duo Armistice est né.
Une fresque en 5 morceaux où les deux artistes se placent dans le rôle d’un couple. Parait-il qu’aux yeux de Beatrice Martin, ces 5 réalisations et ces scènes de ménage ne pouvaient avoir de meilleure traduction que celle de la cession des combats; et non pas d’une fin de guerre. Belle métaphore qui n’eut, malheureusement, qu’une répercussion somme toute limitée dans l’hexagone. Faute à une tonalité différente ? Une association qui nous parle que trop peur ? Un changement trop radical par rapport au succès de "Comme des enfants" à commencer par le choix de l’Anglais comme une 2e corde à l’arc de Cœur de Pirate ?
Le Clip de "Jeb Rand" et du single "Armistice Bells" ont été tournés en Californie.
L’association musicale a surtout été discrète, un essai basé sur la complicité, comme une prolongation à la demande de Jay Malinowski pour son clip "Life is a gun" pour un album solo. et un souhait amicalement accepté par l’artiste Québécoise. L’écoute de Jeb Rand et Armistice constituent les tentatives les plus saillantes de l’œuvre édifiée par les deux artistes. Quand bien même il s’agit de 5 pistes brillantes, ce sont véritablement 2 incontournables musicaux. Le temps de 3mn à 4mn, nous plongeons dans un rythme soutenu, cuivré, rappelant un décor de cinéma où le Western Spaghetti est un théâtre entre les deux protagonistes en duel. Les voix s’unissent, s’accordent, s’harmonisent … Où est le désaccord dans un duo que tout semble unir, ou du moins, se compléter idéalement musicalement ? On sent pourtant que le texte suggère une part de dispute et pourtant, comme un soupçon de musiques traditionnelles aux airs presque mexicains assure un air efficace, vivifiant et pourtant placé dans le désert, l’aridité d’un décor et des sentiments.
L’EP semble avoir été un essai, pourtant bien engagé, mais ayant trouvé peu de public en France?
De discrets cuivres ponctuent momentanément Jeb Rand, le jeu de la guitare celui d’un homme recherché, où la fuite et la crise se retrouvent exprimés par les deux interprètes. On imagine facilement nos deux musiciens se voir pour la dernière fois, "avant qu’il ne soit trop tard". Contrairement à ce que Beatrice Martin a pu montrer jusqu’alors, les guitares sèches, le sens dramatique d’autres instruments à corde autre que le piano soulignent adéquatement une voix qui élève avec facilité une autre mélodie. Un registre qui lui permet entre autres de prouver que le style "Cœur de Pirate" se plie aux exigences de textes "différents" composés par Jay Malinowski et elle-même.
3 ans auparavant le CD "Trauma", Beatrice Martin (Cœur de Pirate) nous prouve des talents jusqu’alors méconnus.
Ce sont 5 compositions originales qui auraient eu leur place dans de brefs accompagnements cinématographiques, sans mal aucun. L’association entre les deux musiciens apparait semblable à des témoignages respectifs de ce que chacun et chacune peut mettre en œuvre et proposer pour le plaisir et par plaisir d’un travail certes bref mais assumé jusqu’au bout. Si l’on atteint à peine 15 minutes au total en regroupant les 5 pistes, l’écoute et la réécoute se font avec aisance. Les rythmes jouent des accords traditionnels, mais d’une subtilité qui pourrait réconcilier les quelques réfractaires au capital sympathie des titres habituels de "Cœur de pirate".
Le prix conseillé de cette "démo" est généralement de 8€. Un plaisir certes court mais transportant et inhabituel par rapport à ce que l’on peut connaitre de chaque artiste.
Le projet a été celui d’une découverte, identique à une nouvelle empreinte sur les Curriculum Vitae des deux auteurs-interprètes d’un CD édité avant tout pour le marché Américain. Une écoute gratuite et intégrale de l’ensemble des morceaux est assurée par le site officiel d’une formation musicale malheureusement temporaire. L’incroyable discrétion médiatique ne doit pas cacher une ambition musicale certaine; une expérience particulièrement grisante qui associe des savoir-faire qui n’ont parfois juste pas eu le temps de trouver le public ou le temps. Des influences certaines, mais aussi beaucoup d’habileté ont été nécessaires en proposant une formule à mi-chemin entre l’envie de la musique pour exprimer une part inhabituelle, inspirée et qui, pour notre part, sur le Blog La Maison Musée, nous a déjà séduit il y près de 2 ans.