C'est la grande antienne du moment, les ouvriers auraient déserté le Parti Socialiste pour se réfugier dans un vote FN. J'ai déjà démontrer dans ces pages que dire des ouvriers qu'ils votaient massivement pour le FN était largement erroné. Mais dire de ces derniers qu'ils soutenaient massivement le PS est également une erreur. Le Parti Socialiste n'a jamais été un parti de masse, mais un parti de notables. La moitiè des militants PS sont élus, et la plupart d'entre eux sont issus des classes moyennes, notamment les milieux enseignants. Historiquement, le parti de la classe ouvrière c'était le PCF et non pas le PS. Ce dernier a d'ailleurs une histoire plutot chaotique avec le monde ouvrier.
En 1936, c'est bien le socialiste Léon Blum qui dirige le gouvernement du Front Populaire, mais toutes les avancées sociales qui seront octroyées aux classes populaires ne le seront que grâce à la pression de la rue et des millions de grèvistes partout dans le pays. Lesquels grèvistes sont alors soutenus par le PCF et la CGT.
Souvenons-nous aussi de Jules Moch, socialiste qui fut ministre de l'Interieur pendant la quatrième République et qui n'hésita pas à faire tirer sur les mineurs en grève en 1948, faisant ainsi 6 morts, des dizaines de blessés et procèdant à 3000 licenciements.
Rappelons-nous encore qu'en 1981, si le 10 mai les ouvriers ont massivement voté pour François Mitterrand, c'est Georges Marchais plutot que le candidat socialiste qu'ils avaient préféré au premier tour. Depuis lors, si au second tour ils se reportent toujours à gauche, au premier tour, avec l'effondrement du PCF, le vote ouvrier oscille entre abstention et éparpillement, la part dévolue au PS s'amenuisant d'années en années.