Comment choisis-tu tes vins ?

Par Elmarco

Lorsqu’un copain amateur de vin me rend visite, nous descendons à la cave et choisissons une bouteille ensemble. Selon le copain, le processus est plus ou moins rapide, et peut s’éterniser si nous comparons nos expériences et points de vue sur nos achats. Il y a quelques jours, mon visiteur s’intéressant peu au vin m’a simplement dit de prendre ce que je voulais mais il m’a demandé comment je choisissais mes vins. Euh… attends, c’est simple en fait, je… ben non, ce n’est pas si simple vu qu’il m’a fallu une bonne demi-heure pour répondre et nous avons retenu une dizaine de critères pertinents.

  • Quelle quantité sur base de ma consommation réelle? En 15 ans, mes goûts ont évolué, mais surtout, ma consommation a diminué et changé. Je n’ai plus trop envie d’avoir 24 bouteilles du même vin, mais plutôt 12×3 bouteilles. 3 bouteilles, c’est l’idéal, cela permet d’en goûter une en petit comité, pour se faire une bonne idée du vin, et les 2 autres sont consommées lors d’un repas ou dans le contexte jugé idéal.
  • Penser à acheter du blanc, du rosé et des vins effervescents. Parce que je me laisse souvent tenter par quelques bouteilles de tel ou tel vin rouge, et elles s’amassent dans la cave, alors que les bouteilles dont j’ai besoin, pour partager un petit verre au pied levé, avec un visiteur, pour l’apéro ou célébrer une bonne nouvelle, ce sont plutôt les blancs, les rosés et les bulles, pas les grands vins rouges qui sommeillent déjà depuis un moment en cave, dans l’attente de la grande occasion qui ne vient jamais.
  • Avis des professionnels, avis des consommateurs et avis des copains. Si tout le monde est d’accord, je fonce et achète mes 3 bouteilles, ça devrait le faire, lorsqu’il n’y a que les professionnels qui vantent un vin, l’expérience m’a démontré que je n’étais pas à l’abri des déceptions, ils n’ont pas le même goût que moi et n’ont pas bu le vin dans le même contexte ni au même moment. Quand les consommateurs sont emballés, je suis rarement floué, et quand les copains recommandent une bouteille, c’est généralement un bon plan.
  • Le prix? Entre 5 et 15 euros, c’est la règle générale. Aujourd’hui, je pense qu’il y a énormément de vins très plaisants, qui me donnent un excellent ratio plaisir/prix dans cette gamme de prix. En-dessous de 5 euros, il n’y a pas de vérité absolue, mais il fréquent que le vin me déçoive. Idem pour les vins plus onéreux, qui sont certes intéressants mais pas toujours les champions du plaisir.
  • Qu’est-ce qu’on mange? J’aime beaucoup boire le vin seul mais lorsqu’il est invité à table, je tiens toujours compte de ce l’on mange. Il est même fréquent que je choisisse la bouffe en fonction du vin que j’ai envie d’ouvrir. Mais bon, j’ai enfin compris que ça ne sert à rien de remplir sa cave de grands vins rouges si on est tout parti des sushis, tapas, plats asiatiques, plateaux de fromages,…
  • Dans quel contexte? Il faut varier les couleurs et types de vin, c’est logique, mais j’essaie d’aller un rien plus loin. Des rouges légers et fruités, des rouges puissants et fruités, des rouges taniques, des rouges sucrés (ben oui, ça existe et c’est vachement bon, tout seul, ou avec un morceau de chocolat),… ça dépend de ce que l’on mange, mais aussi du climat. Le même vin ne fait pas le même effet par 25° en terrasse ou au coin du feu au coeur de l’hiver.
  • Pour boire quand? Je ne sais pas vous, mais moi, je me suis laissé tenter plus d’une fois par quelques caisses vendues à bon prix, genre l’opportunité que je n’avais pas le coeur de rater, et je me retrouve avec trop de vin qui n’est pas encore à maturité aujourd’hui (donc rien à boire pour le moment) et des dizaines de bouteilles qu’il faudra boire au même moment dans quelques années. Les vins de garde, c’est super, soit parce que les vins  bonifient vraiment en évoluant quelques années en cave, soit parce que vous rêver (comme moi) que vos enfants apprécieront également le vin dans quelques années et que ce serait top d’ouvrir des bouteilles de leurs années de naissance dans 10-15-20 ans. Pour le très long terme, pas le choix, il faut des grands vins, ou des vins particulièrement aptes à la garde, comme les Portos, les vins liquoreux ou les vins jaunes du Jura (parmi mes favoris, mais on passe allégrement la barre des 15 euros et ils ne plairont pas à tout le monde). Dans les autres cas, acheter le vin quand les bonnes occases se présentent (il y en a souvent) sur base de votre estimation de consommation pour les 6 à 12 mois suivant est le meilleur plan.
  • Curiosité et découvertes. Le piège, c’est d’acheter encore et encore les mêmes vins, ou les mêmes producteurs, ou les mêmes appellations. Un peu comme si vous n’alliez qu’au Quick, jamais chez Mc Donals, KFC, Burger King, Frites Jourdan ou même au Kebab du coin. Non, franchement, le plaisir du vin, c’est aussi la découverte. Ecoutez les conseils de vos amis et tentez de nouvelles expériences, cela décuple le plaisir, renforce l’impression de voyage, renforce l’effet de surprise (bonne ou mauvaise).
  • La règle, c’est qu’il n’y a pas de règle. Dans le vin, comme dans tous les plaisirs de la vie, je pense qu’il faut exclure la cohérence, ou la ligne de conduite rectiligne. J’ai été « Bordeaux », puis « Rhône », ensuite « Espagnol », par après « Jura » et maintenant, honnêtement, je suis un peu de tout, avec un coup de coeur pour les vins du Beaujolais (plaisir, qualité et doux pour portefeuille) et les portos (c’est la faute des #winelover ‘s) car j’adore les découvertes, le chouette vin de terrasse à 5 euros, et la bouteille de Sauternes hors de prix qui me fait planer toute une soirée.
  • Mais je n’aime pas les arnaques. Et les vins proposés à 6 + 18 bouteilles gratuites, à – 70% par rapport au prix producteur (qui ne vend pas au domaine) ou le vin qui score 98/100 dans un guide inconnu, non, très peu pour moi, si c’est bon, je ne vois pas pourquoi ce serait bradé Donc, je compare les prix, je ne rechigne pas à payer le prix chez le caviste ou le vigneron qui prend le temps de m’aider et me fait découvrir de nouveaux horizons, mais les prix déments spécial bobo, non merci.
  • Il y a du bon vin partout. J’achète du vin en grande surface (surtout en Belgique et au Luxembourg, plutôt durant les foires aux vins), sur internet, chez les cavistes de mon quartier, dans les domaines visités,… un peu partout parce que je ne crois pas en les théories fumeuses selon lesquelles on ne trouve de bon vin que dans tel ou tel type de point de vente.

Je ne suis pas certain que ceci vous aidera mais bon, c’est un peu comme ça que je fonctionne quand j’achète du vin, et si vous voulez plonger dans la liste de mes découvertes, il suffit de suivre le hashtag #top201404, #top201403,… et ainsi de suite sur Vinogusto