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Technikart n’aime pas les ‘petits romans français’ , ça tombe bien moi aussi…

Publié le 16 mai 2008 par Fred Desbordes

Posté par fdesbordes dans : coup de gueule , trackback

Technikart n’aime pas les ‘petits romans français’ , ça tombe bien moi aussi…

Mon adorable maman (bouquinophile invétérée) et moi-même, avons depuis longtemps fait une trêve littéraire. Alors que nous partions invariablement dans des discussions sans fin sur notre perception de la littérature française (plutôt moribonde pour ma part, encore fringuante pour la sienne) nous avons décidé d'un commun accord d'élargir respectivement nos horizons : je lui prête Doris Lessing, Bret Easton Ellis, Paasilina, Fante et elle me fait découvrir Bernard Weber, Gavalda, Schmit ou Reims.

Mais quand elle m'a passé les 368 pages de l'élégance du Hérisson de Muriel Barbery, j'ai frémi. Comment allais-je pouvoir lire un bouquin qui équivaut pour moi à une boîte de Tranxène ?? Alors quand je le lui ai rendu je n'ai pu m'empêcher de hausser les épaules pour signifier " tout un foin pour ça, moué, bof ". Idem pour Gavalda : pour moi c'est sympa pour lire à la laverie mais c'est tout. Mais pour ne pas rompre notre pacte diplomatiquement littéraire, je remballe mes critiques acerbes et mes envies d'autodafé dans ma poubelle de cuisine.

Et puis ce mois-ci, Technikart, magazine indépendant sur la culture et la société qui n'a pas la langue dans sa poche (assez rare de nos jours) titre " la France s'emmerde " et à l'intérieur un grand article sur ces fameux écrivains trentenaires qui trustent allégrement le top 10 de l'express, où comment le phénomène des " petits romans français " s'écoulent à plusieurs milliers d'exemplaires. J'avais enfin trouver un écho à mon envie d'autodafé !

Alors qu'est ce qu'un " petit roman français " ? Pas petit par son poid (640 pages pour la consolante d'Anna Gavalda), ni par son prix (24,50€ pour la consolante), le petit roman français est surtout petit par son histoire. Des histoires de petits rien narrés par des gens bien et qui racontent la vie de gens ultras normaux. Comme le souligne le critique Pierre Jourde " l'amour des petites choses de la vie, c'est très bien, ça ne donne pas que des textes exécrables. Le problème, c'est que ces livres sont vendus avec le label 'roman de qualité' par les libraires alors qu'au fond, la plupart sont calibrés au millimètre pour plaire, sans rien qui puisse vraiment heurter ".

Voilà de quoi jeter un pavé dans la marre, de 640 pages en l'occurence. Car le problème est bien là, aujourd'hui on fabrique du bouquin comme du yaourt : du lactose stylé bien consistant pour rassurer le lecteur, un enrobage de douceur pour faciliter la digestion et un label 'enrichi en bonne culture'. Mais à force de vouloir plaire à la célèbre ménagère de moins 50 ans, ces 'petits romans français' finissent par devenir sans consistance. Vous mangez du yaourt qui a un drôle d'arrière goût de tromperie. L'éditeur n'est plus ici un passionné qui cherche la perle parmi tous les manuscrits qu'il reçoit mais bien un entrepreneur qui doit absolument faire du chiffre d'affaire, un maximum de chiffre même. Mais les grands éditeurs jouent encore sur l'imagerie populaire " saint germain des prés " où la littérature n'était pas une industrie en soi. Mais oui, maintenant même les romans sont marketés comme les yaourts pour plaire à LA cible.

Est-ce que quelqu'un sait si la consolante est imprimé en papier recyclé ? parce que 300 000 exemplaires à 640 pages ça fait combien... 192 000 000 de pages !


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